ETUDE SUR LE FONCTIONNEMENT DES DETENDEURS EN EAU FROIDE

Elgoibar, janvier 2003.


Par Miguel Castro, en collaboration avec Carlos Castro
Traduit de l'espagnol par Kino Passevant.


Tous les détendeurs qui ont été testés

 

INTRODUCTION

L'article sur le givrage des détendeurs, http://www.buex.org/articles/art02ag06.PDF, publié au mois d'août 2002 sur le site web de BUEX, prétendait exposer, d'un point de vue théorique, les problèmes qui découlaient de l'utilisation des détendeurs en eaux froides et les différents remèdes apportés par les fabricants.

Dans cette nouvelle étude, complémentaire de la précédente, nous avons cherché à connaître, de manière empirique, la résistance réelle que les détendeurs, présents sur le marché, avaient vis à vis du froid et l'efficacité des différentes solutions techniques que les fabricants avaient adoptées afin de remédier à ce problème.

NOTE IMPORTANTE

Pratiquement tous les détendeurs soumis aux tests étaient homologués pour être utilisés en eaux froides. Malgré ce, l'expérience nous a démontré que, malheureusement, ceux-ci givraient.


Tous les détendeurs qui ont été testés

Alarmés par ces circonstances, et ne pensant qu'à notre propre sécurité, puisqu'une majorité de nos plongées se déroulent dans des environnements exigus où la défaillance d'un détendeur peut être catastrophique malgré la redondance de nos équipements, nous avons décidé de réaliser notre propre test de résistance au froid dans des conditions bien plus dures que celles établies pour la norme EN250, en faisant précisément tout ce que les fabricants déconseillent de faire (refroidir les détendeurs avant de s'en servir, mouiller les deuxièmes étages, utiliser de l'air dont le taux d'humidité dépasse les normes acceptables, les soumettre à des surcharges, introduire de l'eau directement dans la prise d'air du premier étage et bien d'autres tortures variées).

 

La logique évidente tendrait à nous faire penser que, des détendeurs qui se comporteraient au mieux dans ces situations extrêmes, n'en seraient que plus fiables dans des conditions moindres.

Par conséquent, des détendeurs qui n'auraient pas surmonté ces tests, même s'ils avaient surpassé la norme EN250 qui n'est pas, pour le moins du monde, parole d'Evangile, ni même une garantie d'infaillibilité, seraient en principe plus enclin à nous lâcher.

BUT DU TEST

La réalisation de la série de tests sur lesquels nous nous sommes basés pour effectuer cette étude a présenté beaucoup plus de difficultés que ce que nous avions prévu initialement.

Pour pouvoir extrapoler des conclusions valables sur les résultats obtenus, il faut suivre une méthode qui soumette tous les détendeurs aux même conditions d'utilisation. Ce qui n'est pas toujours facile car les variations de facteurs comme la température, l'humidité de l'air ou le débit influencent de façon significative la formation de glace.

Pour cela, nous avons été obligés de suspendre les essais à plusieurs reprises car certains problèmes, qui n'étaient pas prévus dans la planification initiale des tests, apparaissaient.

La température de l'eau durant le test était de 0°C. Cette température est facile à stabiliser par simple addition de glace ou de neige et il faut 80 calories/ gramme d'eau ou de glace pour la faire passer d'un état solide à un état liquide et vice versa. Maintenir des températures constantes au-dessus de 0°C est beaucoup difficile car l'inertie thermique de l'eau à l'état liquide étant moindre, il suffit, seulement, d'1 calorie/ gramme d'eau pour la faire varier d'1°C.


Premier et deuxième étages complètement recouverts de givre après le test

Pour obtenir un débit d'air constant, et, par conséquent, soumettre les premiers étages à un effort similaire, ceux-ci ont été connectés au même deuxième étage. Pour cet essai, nous avons choisi le R190 de Scubapro qui se purge à fond avec son déflecteur venturi en position fermée. Le fait de le purger à fond évite que la pression intermédiaire à laquelle est taré le premier étage, qui peut coïncider ou non avec la tension du ressort qui ferme le clapet du deuxième étage, modifie les résultats.

Entre deux essais, le deuxième étage était plongé dans un seau d'eau tiède pour éliminer la glace formée durant l'essai précédent, laquelle aurait pu restreindre le débit et modifier les résultats. Cette eau chaude servait aussi à réchauffer nos doigts gelés.

Pour décider si un premier étage était givré, nous nous sommes basés sur le fait que le second étage se mettait en débit constant. Comme nous l'indiquons dans le paragraphe précédent, les différents niveaux de réglages des premiers étages impliquent, par exemple, qu'un premier étage taré à 9 b a plus de difficultés à mettre en débit constant un deuxième étage taré à 11 b, qu'un premier étage taré à 11 b.

Pour cela, nous avons connecté un manomètre sur une des sorties moyenne pression du premier étage. Chaque premier étage dont la pression intermédiaire a augmenté de 2 bar au cours du test a été considéré comme givré.

Pour que l'air utilisé pendant les essais soit le plus homogène possible, les 16 bouteilles ont été gonflées par le même compresseur, un Poséidon P 100, dont la cartouche du filtre Triplex a été remplacée juste avant les essais. L'air humide employé dans la dernière série d'épreuves a été fabriqué par un générateur électrique de vapeur avant d'être aspiré par le compresseur.

Très vite nous atteignons les limites que nos poumons ont à maintenir un rythme respiratoire élevé qui nous permettrait de soumettre les deuxièmes étages à un important débit. Pour cela, nous avons simulé la respiration humaine en reliant les embouts des deuxièmes étages au tuyau d'un gonfleur d'une embarcation pneumatique placé sur la position dégonflage. Chaque coup de pédale aspirait 3,5 litres d'air. Pour 20 coups de pédale à la minute, cela nous faisait 70 litres d'air par minute.

Ce test ne s'éloigne pas beaucoup des exigences de l'homologation EN 250 qui sont de 65 litres par minute dans une eau au-dessous de 5° C. En revanche, il s'est vu aggravé par le fait, qu'une fois aspiré, l'air du détendeur n'est plus expiré, humide et chaud, au travers du deuxième étage comme cela se passerait normalement mais par le clapet d'expulsion du gonfleur, excluant la chaleur qui aurait pu éliminer le givre qui pouvait se former à chaque cycle respiratoire. Il faut aussi prendre en compte l'absence d'air humide provenant des poumons mais nous n'avons pas été capables de quantifier jusqu'où un facteur pouvait compenser l'autre.

Tous les détendeurs soumis aux tests, premiers et deuxièmes étages, sauf celui utilisé, mal entretenu, pour le test sur la résistance au froid par rapport à l'entretien, étaient pratiquement neufs ou sortaient de révision.


DESCRIPTION DU TEST

Premiers étages :

Après avoir rempli un récipient d'un volume adéquat d'eau douce et de neige et s'être assuré que la température de l 'eau est de 0° C, on plonge la bouteille et le premier étage à tester qui a été, au préalable, refroidie par son dépôt dans la neige. On connecte au premier étage un deuxième étage Scubapro, le R 190, un manomètre haute pression et un autre pour la pression intermédiaire. On note la pression de tarage du premier étage et celle de la bouteille.

La glace commence à se former sur le point le plus froid et s'étend vers la chambre humide obstruant les orifices d'échange. Sur la photo, un premier étage Scubapro MK 10 avec le kit SPEC.

On purge à fond le deuxième étage en dehors de l'eau durant 5 secondes, on arrête durant 5 secondes et on s'assure que la pression intermédiaire reste stable. Si c'est le cas, on répète le processus durant 10, 20, 30, 40, 50 secondes en vérifiant, à chaque pause, que la pression intermédiaire reste stable avec 2 bar de marge. Il ne faut pas perdre de vue que, si un premier étage a résisté au test des 40 secondes, cela indique qu'il a résisté à 10+20+30+40 soit 100 secondes. De même que, s'il a résisté à celui des 30, il a donc résisté 10+20+30 soit 60 secondes.

Une fois le test terminé, on agit de même avec un autre premier étage tout en passant préalablement le deuxième étage, le même durant tous les essais, dans un bain d'eau tiède pour éliminer la glace.

Tous les premiers étages ont été testés deux fois ; une fois avec une pression supérieure à 100 bar au début de l'épreuve et une autre fois avec une pression inférieure à 100 bar. De cette manière nous avons tenté de minimiser les effets dus à la différence de pression d'alimentation. Les résultats rendus plus loin correspondent toujours aux pires de ceux obtenus.

Deuxièmes étages :
On connecte le deuxième étage correspondant au premier étage. On contrôle et on note la pression intermédiaire du détendeur et celle de la bouteille pour prévenir d'éventuels erreurs dues à un mauvais fonctionnement du premier étage. On immerge les deux dans le récipient et on aspire par le deuxième étage 20 fois 3,5 litres d'air par minute pendant 3 minutes et demi maximum tout en observant si le deuxième étage n'entre pas en débit constant. Les deuxièmes étages ont tous été testés avec le déflecteur Venturi au minimum et la vis de réglage de l'effort inspiratoire, si ceux-ci en étaient pourvus, en position intermédiaire.

Humidité :
Les premiers et deuxièmes étages qui ont le mieux surmonté les essais antérieurs et ceux qui ont donné les pires résultats sont soumis à une nouvelle série de tests dans lesquels l'air était chargé d'humidité.

Maintenance :
On soumet deux détendeurs identiques aux mêmes épreuves. L'un récemment révisé, l'autre, trois ans auparavant, a intensément servi depuis.

Réduction de la pression intermédiaire :
Il paraîtrait que diminuer le tarage de la pression intermédiaire du premier étage réduirait le risque de givrage du détendeur. Pour réaliser ce test, nous nous sommes servis d'un premier étage non compensé Cressi qui permettait de varier facilement le réglage de la pression intermédiaire.

Différents systèmes de protection anti-givre.
De gauche à droite, Dacor Vyper avec sa chambre pleine
d'huile de silicone, Apeks TX50 avec sa chambre sèche,
Scubapro avec le système TIS et le radiateur

RESULTATS DU TEST PAR MARQUE ET PAR MODELE

APEKS :
Apparemment, un des détendeurs les plus prestigieux pour son utilisation en eaux froides.
Nous avons essayé le TX50 dont le premier étage à membrane incorpore un système anti-givre au moyen d'une chambre sèche scellée. Le deuxième étage, également compensé, incorpore un radiateur, un réglage de l'effet Venturi et de la tension du ressort.

Conclusions :
Le premier étage a supporté 50 secondes de purge, égalant ainsi les meilleurs. Au contraire, le deuxième étage a commencé à perdre de l'air après 110 secondes et il a fallu augmenter la tension du ressort pour y remédier. A partir de 150 secondes, pour éviter cette perte, nous donnions quelques petits coups dessus qui dispersaient la glace.

Gréé à la bouteille d'air humide, le premier étage s'est gelé après 20 secondes et le deuxième au bout de 50 tout en lui donnant des coups.

BEUCHAT :
De cette marque française réputée, nous avons testé deux premiers étages VX10 et un VX8. Tous à membrane compensée et pourvus d'un "système anti-givre intégré révolutionnaire" comme le stipule le fabricant. Ce système, à première vue, paraît se composer d'une capsule remplie de graisse de silicone entre la membrane et le ressort principal.

Le VX10 Iceberg et le VXT8 Evolution ont servi pour les tests des deuxièmes étages, tous deux compensés avec un réglage de l'effet Venturi. Le premier des deux intègre, en plus, une couche d'aluminium, un radiateur et un réglage de la tension du ressort. Le fabricant recommande d'utiliser, en eaux froides, le VX10 Iceberg et non le VXT8 Evolution.

Conclusions :
Les premiers étages VX10 ont supporté 30 secondes de purge. Le VXT8 se montre instable dès le début du test avec une pression intermédiaire qui monte à 15,5 bar. Finalement, à une pression stable de 11,2 bar, il a résisté à 20 secondes de purge. D'après ce que l'on nous a dit, il paraîtrait qu'il existe un problème avec les sièges haute pression de certaines unités de cette marque.

Le deuxième étage Iceberg supporte 100 secondes de test inspiratoire sans aucune fuite, et 30 secondes de plus avec la vis de réglage serrée au maximum.

Le deuxième étage VXT8 a résisté au test inspiratoire pendant 50 secondes. Il a été, certainement, affecté par l'instabilité du premier étage. De toute façon, le fabricant ne préconise pas ce deuxième étage pour les plongées en eaux froides.

CETACEO :
Cette firme majorquine, unique fabricant national de détendeurs, nous a fourni un prototype expérimental à membrane pour participer à ce test.

Le premier étage, d'une taille réduite et d'un curieux design, est composé de deux chambres haute pression interconnectées, mais de fonctionnement indépendant. Les deux chambres alimentent simultanément un très petit deuxième étage sphérique équipé d'un clapet oscillant amont.

Cette configuration obéit à l'idée que si on double les chambres haute pression, l'effort auquel on les soumet est réduit de moitié, et par conséquent on diminue aussi les risques de les givrer.

Soumis au test, les premiers étages jumelés supportent 30 secondes de purge. La pression intermédiaire du détendeur est montée jusqu'à 16 bar. Les orifices des chambres de compensation sont d'un diamètre réduit, ce qui peut affecter négativement sa résistance au froid.

La double chambre haute pression, cependant, semble être une bonne idée à développer. Combinée à un mécanisme qui permettrait de l'isoler du deuxième étage, en cas de problème, et cela pourrait devenir un bon compromis pour ce type de plongées.

Le deuxième étage se montre instable depuis le début et, malheureusement, nous n'avons pu le tester.

CRESSI :
Nous avons testé les premiers étages suivants :
. Airtech AC7 à membrane compensée et protection anti-givre de la chambre sèche ;
. MC10 à piston compensé, conforme à la norme EN250 pour les plongées en eaux froides ;
. MC2 à piston, conforme à la norme EN250 pour les plongées en eaux froides, avec réglage manuel externe de la pression intermédiaire ;
. FX3 antique, à piston compensé, non conforme à la norme EN250 pour les plongées en eaux froides mais avec la chambre humide remplie de graisse de silicone ;
Et les deuxièmes étages suivants :
. Airtech compensé, à clapet aval et réglages de l'effet Venturi et de l'effort inspiratoire ;
. FX3 à clapet aval, sans réglage.

Conclusions :
Le modèle Airtech, avec la protection anti-givre de la chambre sèche, se distingue comme l'un des plus efficaces de ce test. Le premier étage avec sa protection supporte 50 secondes de purge continue sans givrer.

Si on retire la protection, il ne tient plus que 30 secondes.


L'intérieur d'un premier étage complètement bloqué par la glace, qui a recouvert le ressort et le piston.


Le deuxième étage supporte également le test respiratoire pendant 2 minutes, il a commencé à fuir légèrement au bout de 3 minutes. Il a suffi de serrer légèrement la vis de réglage pour supprimer ce débit naissant.

Aucun des deux premiers étages à piston, le MC10 ou le MC2, n'a supporté les 30 secondes. Cependant, en considérant qu'ils étaient équipés d'une protection anti-givre, leur comportement n'a pas été des meilleurs.

En mettant à profit le premier étage MC2 à piston non compensé, qui permet de régler extérieurement la pression intermédiaire, on peut essayer de démontrer que celle-ci peut influencer la résistance au givrage.

Réglé à 9 bar, il givre au bout de 40 secondes et à 11,5 bar, au bout de 20 secondes. Avec le tarage initial du premier test, de 10,3 bar et la bouteille tarée à 200 bar, comme nous l'avons vu précédemment, il tient 30 secondes.

Apparemment, il paraîtrait que la diminution de la pression intermédiaire augmenterait la résistance au froid même s'il aurait fallu réaliser plus de test pour l'affirmer avec plus de sécurité. Si c'est le cas, ce premier étage réglable peut se révéler intéressant si nous plongeons occasionnellement en eaux froides.

L'antique deuxième étage du FX3 n'a pas résisté 40 secondes au test respiratoire. Son manque de réglage ne nous a pas permis de compenser l'excès de pression du premier étage, ni d'augmenter la tension du ressort.

L'antique premier étage à piston compensé du FX3 avec sa chambre humide remplie de graisse de silicone tient les 40 secondes.

En gréant le premier étage Airtech sur la bouteille pleine d'air humide, son temps de résistance au froid n'est plus que de 30 secondes. Le deuxième étage fuse dès le début du test malgré quelques coups pour l'aider à fonctionner normalement.

DACOR-MARES :
Nous disposions d'un Vyper Tech Dacor, dont le kit anti-givre est de marque Mares et un vieux MR12 que nous n'avons pas pu mettre au point.
Cette marque utilise comme système de protection une chambre pleine d'huile de silicone protégée par une membrane.

Le second étage incorpore un clapet aval et peut être employé des deux côtés.

Conclusions :
La pression intermédiaire du modèle testé s'est montré instable alors qu'il avait moins de 6 mois. Une fois démonté, nous avons pu constater que le siège de haute pression avait un défaut de fabrication. En le remplaçant par un autre de marque Mares, le détendeur a parfaitement fonctionné.
Pendant le test, le premier étage a supporté 40 secondes de purge et le deuxième étage 90 secondes d'épreuve respiratoire. Par manque de réglage, nous n'avons pas pu déterminer à quel moment il a commencé à fuser.

NEMROD :
Nous avons expérimenté un ancien modèle Saturn dont on se servait depuis 15 ans mais qui était encore en bon état. Le premier étage à piston compensé sans aucune protection anti-givre et le deuxième étage, complètement métallique, avec clapet aval non compensé et réglage du ressort. Nemrod a fabriqué, il y a une vingtaine d'années, un curieux détendeur, plus connu sous le nom "d'harmonica " pour sa forme curieuse qui employait dans son premier étage un mécanisme qui lui permettait de se vanter d'être approprié aux plongées en eaux froides. Malheureusement, nous n'avons pas pu en tester.

Conclusions :
Comme nous le pensions, le premier étage givre au bout de 10 secondes de débit constant. Au contraire, le deuxième étage métallique même couvert de glace a, audacieusement, supporté 2 minutes de test respiratoire. Une fois qu'il rentre en débit continu, nous ne pouvons plus l'arrêter, ceci étant du à une meilleure adhérence de la glace sur le métal que sur le plastique.

POSEIDON :
Nous disposions de deux modèles Jetstream avec le premier étage à membrane compensée et le deuxième étage servoassisté, équipé d'un sélecteur " dive/predive ". Un des modèles est en parfait état et l'autre a été révisé il y a plus de 3 ans.

Nous avons aussi testé un modèle Cyclon 300 avec le premier étage à membrane non compensée et le deuxième étage avec un clapet aval sans aucun réglage.

Le système de protection anti-givre employé par la marque suédoise depuis plusieurs années est un capuchon en caoutchouc qui protège la membrane et le ressort du premier étage. Selon le fabricant, ce capuchon doit être rempli de glycol (mélange de 50% de glycérine et de 50% d'alcool) ou de Vodka ou de toute autre liqueur à fort taux d'alcool. Remplir ce capuchon est plus facile à dire qu'à faire et cela demande pas mal d'habileté. D'autre part, les capuchons, assez fragiles, peuvent se fendre et se vider facilement sans enlever la protection latérale. C'est une rupture de stock qui nous a obligée à tester les deux Jetstream sans capuchon, l'un ayant percuté le plafond d'une grotte en plongeant avec une configuration dorsale et l'autre perdu en plongeant avec une configuration latérale.

Au vu de la fragilité de ces capuchons d'aucuns recommandent de remplir la chambre de compensation avec de la graisse de silicone afin de prévenir les conséquences d'une possible rupture de ces derniers.

Parade efficace que Poséidon a décidé d'utiliser pour son dernier modèle de détendeur l'Xtrem.

Conclusions :
Le capuchon de caoutchouc se montre efficace car le premier étage du Cyclon 300 a résisté sans problème à 50 secondes de débit constant. En revanche, le deuxième étage s'est bloqué en débit continu au bout de 90 secondes de l'épreuve respiratoire. L'absence d'un mécanisme de réglage empêche de l'arrêter.

Les premiers étages compensés, sans les capuchons, résisteront 40 secondes pour le plus neuf et, seulement, 20 secondes pour le moins bien entretenu.

Des deux deuxièmes étages servoassistés, seul celui qui était entretenu a supporté, sans problème, 2 minutes de test respiratoire. Le moins bien entretenu s'est mis en débit constant au bout de 40 secondes. Ces deuxièmes étages restent insensibles à la solution "qui a fait ses preuves" des petits coups.

Nous avons testé avec l'air humide le premier étage du Cyclon 300 qui a givré au bout de 30 secondes. Nous avons aussi essayé le plus neuf des Jetstream qui a également tenu 30 secondes.


SCUBAPRO :
A l'exception du modèle MK5, nous avons testé tous les modèles de cette marque.

Scubapro utilise depuis au moins 5 ans le système T.I.S. (Thermal Insulating System) qui combine un ensemble de dispositifs qui augmentent la résistance au froid. Certains d'entre eux comme les ressorts recouverts de matière antiadhérente, les rondelles de téflon, les manchons isolants, le remplacement du métal par des matériaux composites, les radiateurs et l'agrandissement des passages de l'eau sont améliorés chaque année.
Avant l'apparition de ce système T.I.S., on employait le système S.P.E.C. (Silicone Protection Environmental Cup) qui, au contraire, réduisait le passage de l'eau grâce à des orifices d'échange plus petits et des anneaux ou des capuchons qui empêchaient de perdre la graisse de silicone qui remplissait les chambres humides des premiers étages.
Nous avons testé les modèles à membrane compensée suivants : le MK14, le MK16 et le MK18. Ils ont tous résisté sans problème aux 50 secondes de purge.

Nous avons également testé les modèles à piston suivants : le MK2 (nettoyé pour l'oxygène, sans aucun système de protection), le MK10 avec les systèmes T.I.S. et S.P.E.C., le MK20 avec seulement le système T.I.S, le MK25 avec un système T.I.S plus perfectionné.

Les essais avec les modèles à piston plus traditionnels ne fonctionnent pas bien dans l'eau très froide. Les très basses températures qui s'exercent dans la chambre d'expansion et la tourelle se transmettent, par l'intermédiaire de la tige du piston et du ressort, à la chambre humide qui, si ces pièces ne sont pas isolées, forme un bloc de glace empêchant le bon fonctionnement du piston.

Le MK2, sans protection, se givre au bout de 10 secondes, le MK20 avec la protection T.I.S. au bout de 30. Au contraire, le MK10 avec les systèmes T.I.S. et S.P.E.C., c'est à dire avec la chambre de compensation remplie de graisse de silicone a résisté aux 50 secondes maximum du test.

De la même manière, le dessin du nouveau premier étage MK25 se révèle efficace car, sans remplir de graisse de silicone la chambre humide, il supporte 50 secondes de purge. Une excellente option pour les partisans des détendeurs à piston.

Quant au test de l'air humide, le MK18 défaillait au bout de 30 secondes mais, au contraire, le MK25 et le MK10 supportaient les 40 secondes.

Les deuxièmes étages : nous avons testé les modèles R190, G250, S600 et S550. Le premier un clapet aval classique avec un réglage de l'effet venturi, les deux suivants sont compensés avec des réglages de la tension du ressort et de l'effet venturi et le dernier est un modèle compensé avec réglage de l'effet venturi. Tous sont équipés d'un petit radiateur dans l'écrou de réglage du levier, mais, sans doute pour des raisons esthétiques, il a été recouvert d'un manchon de plastique sur le S550 et le S600.

Résultats : le R190 n'a pas été capable de tenir plus de 40 secondes au test respiratoire. Etonnamment, le S600 a moins bien résisté que son frère le S550. Il a résisté pendant 130 secondes au test respiratoire sans avoir à serrer le ressort mais passé ce cap, il devenu instable.

Le S550 a tenu 160 secondes sans aide extérieure mais au-delà, il fonctionnait grâce aux petits coups.

Le modèle G250, grand classique, s'est le mieux comporté de tous les modèles Scubapro. Il a supporté 3 minutes sans modification de la tension du ressort et à partir de cet instant, il a suffit de le serrer et de lui donner quelques " gifles " occasionnelles pour le faire fonctionner.

 

Différents systèmes de protection anti-givre. De gauche à droite, le Cressi Airtech AC7 avec sa chambre sèche ; le Cetaceo avec sa double chambre haute pression ; le Cyclon 300 avec son capuchon rempli de glycol.

CONCLUSIONS

Il n'y a pas de différence majeure entre les détendeurs soi disant " Eaux Froides " et les détendeurs " Normaux ". Il n'y a pas, non plus, de différences fondamentales dans les prestations des détendeurs qui font valoir leur résistance au froid comme un argument commercial.

De toute façon, le plus important à surveiller pour éviter tout givrage du détendeur est le taux d'humidité dans l'air, même les meilleurs détendeurs givrent rapidement si l'air qui y circule est chargé d'humidité. En cas de plongée extrême, nous recommandons d'effectuer une double filtration de l'air à l'aide d'un sur filtre personnel rempli d'alumine actif.

En principe, les détendeurs à membrane sont plus résistants au froid que ceux à piston sauf l'étonnante exception du premier étage MK25 de Scubapro qui s'est révélé être à la hauteur des meilleurs détendeurs à membrane.

L'option de remplir la chambre de compensation de graisse de silicone est une solution très efficace. Cependant la plongée en eaux froides est liée, sous nos latitudes, à des plongées en haute montagne qui exigent de plus importantes méthodes de décompression impliquant, de ce fait, dans beaucoup de cas, l'utilisation de mélanges suroxygénés.

En conséquence, il ne serait pas prudent de se servir d'un détendeur rempli de graisse, par rapport à ces mélanges, bien que cela puisse dépanner si nous ne disposons de rien d'autre.

Pour la même raison, remplir les chambres de compensation des détendeurs comme Poséidon ou Dacor-Mares avec des matières combustibles comme le glycol ou l'huile de silicone paraît inadéquate et complètement dépassé par les nouvelles techniques appliquées.
Les chambres sèches employées par Cressi et Apeks et le système T.I.S. de Scubapro démontrent être plus efficaces sans qu'il soit nécessaire d'ajouter ni graisse, ni huile.

Quant aux deuxièmes étages, les compensés réglables ont donné de meilleurs résultats. La possibilité d'augmenter la tension du ressort qui maintient le clapet fermé permet de bénéficier d'un meilleur temps de réaction avant que le détendeur se mette à fuser. La compensation des deuxièmes étages minimise les éventuelles augmentations de la pression intermédiaire sans ouvrir le clapet aval.

Nous avons pu établir à quel point les radiateurs et les supports métalliques affectent les deuxièmes étages. De toute façon, il paraît préférable d'éliminer les manchons et les parures en plastique où l'eau stagne et gèle, empêchant le bon fonctionnement des ailettes de radiateur. Il faut souligner, qu'après les essais, ces manchons sont devenus rigides, signe que la glace s'est formée à l'intérieur.


Il n'est pas malvenu de pulvériser des huiles alimentaires à l'intérieur du deuxième étage afin d'éviter que la glace se fixe sur les parties mécaniques. Il faudra, cependant, en trouver qui ne gèleront pas, ni ne détérioreront pas les plastiques et les membranes. Peut-être une huile à base de PTFE pourrait être utilisée bien que nous n'ayons pas pu établir son innocuité. Il ne faut pas perdre de vue que si l'huile empêche la glace de se fixer, elle produit l'effet inverse avec le sable et la terre.

Premier étage testé

Même si les données ne sont pas représentatives, il paraît évident qu'un détendeur mal entretenu givre plus vite qu'un autre bien révisé. Le vieillissement des graisses et les incrustations qui vont se déposer sur les pièces métalliques augmentent les coefficients de friction et par conséquent les risques de givrage. De cette façon, la facilité à mener à bien la maintenance adéquate devrait être un facteur déterminant lors de l'achat d'un détendeur.

Pendant des années, deux fabricants européens, Poséidon et Apeks, ont été les leaders dans la fabrication des détendeurs destinés aux plongées dans un environnement rude : froid, eaux chargées, plongée souterraine.

Cependant, le temps ne s'écoulant pas en vain, les importants développements technologiques et les recherches réalisés par les autres marques ont porté leurs fruits. Actuellement, comme nous avons pu le vérifier dans cette étude, il existe sur le marché de nouveaux détendeurs qui comporte des solutions techniques plus efficaces que celles de leurs prédécesseurs. Sans doute, nous avons démontré les capacités des détendeurs Apeks et Poséidon pour leur utilisation en eaux froides et sales, mais dans quelques cas, ces produits sont obsolètes et d'autres fabricants nous offrent des solutions plus simples et plus efficaces pour ce type de plongée.

Malgré les efforts réalisés pour développer cette étude, nous aurions aimé approfondir des aspects comme la fiabilité et l'efficacité de ces détendeurs dans des conditions réelles de plongée et plus spécialement avec un fort taux d'humidité dans l'air. Nous espérons réaliser de nouveaux tests l'hiver prochain.