Risques et Autonomie

en Plongée Souterraine

 

par Philippe Brunet - décembre 2000

 

 

 

Introduction

La différence principale de la plongée souterraine par rapport à la plongée en eau libre, est qu’il est impossible d’interrompre sa plongée à la verticale du point atteint. En général, il est obligatoire pour le retour, de refaire le chemin parcouru à l’aller. Il est donc indispensable de disposer de la quantité de mélange respiratoire nécessaire tout au long de ce parcours. Si le parcours du retour est équivalent à celui de l’aller et si tout se passe bien tout au long de la plongée (ou plutôt si tout se passe de façon équivalente au retour), la consommation pour ressortir est équivalente ou parfois moindre que celle de l’aller. Dans cette hypothèse, il suffirait pour pouvoir ressortir de consommer à l’aller la moitié du stock d’air (soit la moitié de la bouteille) le solde étant dévolu pour la sortie !.

Le risque pris serait alors maximal, inacceptable. En effet, le moindre incident va inéluctablement se transformer en cauchemar mortel. Il est donc nécessaire de prendre des mesures qui permettent d’envisager sereinement le retour.

Les questions qui se posent pour revenir sereinement d’une plongée souterraine, compte tenu des aléas pouvant survenir, sont :

1)     Quelle est la quantité de gaz nécessaire pour assurer l’intégralité du retour,

2)     Sous quelle forme ce gaz doit il être conditionné afin d’être certain d’en avoir la disponibilité tout au long du parcours de retour.

Cet article est une ébauche de l’étude du risque en plongée souterraine et des règles de sécurité qui doivent en découler quant au choix du matériel et de celui de la réserve de gaz à emporter. Nous trouvons encore trop souvent la règle dite de redondance et celle dite « des tiers », comme règles de sécurité,…., absolues. Ces « règles » se retrouvent partout et dans toutes les têtes, principalement dans celles des moins concernés. Hors ces « règles » deviennent vite ineptes si elles sont utilisées en dehors de leur champ (fort restreint) d’application.

Nous nous efforçerons de lister de façon exhaustive les incidents pouvant se produire, leurs conséquences, et donc les remèdes et les démarches préventives à appliquer. Pour être complet, il faudra améliorer l’exhaustivité de la liste et déterminer les probabilités de survenance.

 

I) Le risques d’incidents au retour

La quantité de gaz pour le retour doit correspondre à la consommation spécifique du retour que multiplie la durée du retour.

Gaz = consommation x durée.

 

Trois aléas peuvent se produire au retour et devenir critique:

·       a) La réserve de gaz a diminué (ou ne peut pas être utilisée),

·       b) La consommation est plus importante,

·       c) La durée du trajet est plus longue.

Les problèmes pouvant être rencontrés sont dus :

·                     au matériel de plongée,

·                     au plongeur (problèmes physiques, physiologiques ou techniques),

·                     au milieu.

Il faut évaluer le risque que représente chacun des incidents possibles, en termes de probabilité d’apparition (fréquence) durant la plongée, ainsi que les conséquences ( gravité) de chacun de ces incidents.

risque =  fréquence d’apparition  x  gravité de l’incident (conséquences)

fréquence probable d’apparition = probabilité d’apparition x temps de la plongée

 

Nous allons classer les incidents qui peuvent se produire au cours d’une plongée en étudiant leurs conséquences, leur probabilité de survenance et la stratégie palliative à mettre en œuvre.

Aussi morbide que cela puisse paraître, il est intéressant de connaître les délais qui nous séparent de la mort dans des conditions extrêmes. Nous survivons 1 mois à l’absence totale de nourriture, 1 semaine à l’absence totale de boisson, environ 1 heure au froid, 3 minutes à l’absence d’oxygène mais seulement quelques secondes à la peur ou à un malaise !

Il n’existe aucune parade, aucune échappatoire à un malaise brutale. Il est donc nécessaire de ne s’aventurer sous terre qu’en parfaite condition physique et dans des circonstances que vous pourrez correctement maîtriser. De même, il est nécessaire de posséder le vécu nécessaire pour affronter sans stress excessif les situations pouvant se rencontrer lors de plongées souterraines dégradées (peur). Il ne faut pas aller trop loin. L’expérience viendra peut à peu élargir votre champs d’activité (distance, durée, profondeur, turbidité, étroiture, courant,…).

Les dangers représentés par l’utilisation de mélanges respiratoires spécifiques (hyperoxie, hypoxie,…) ou par la plongée profonde (narcose, essoufflement, SNHP,…) ne seront pas traités ici.

Moralité, à condition de…..  ne pas mourir avant !, le risque principal en plongée souterraine est bien le manque d’air quelles qu’en soient les origines.

 

II) Perte de la réserve de gaz

La diminution (ou perte) de la réserve de gaz peut parfois être brutale, quasi immédiate :

·         perte de bouteilles

a) Bouteilles principales : Ce cas de figure peut sembler impossible, pourtant il est possible de perdre le bi dorsal. Il suffit pour cela que le brelage se détache. Impossible ? C’est que vous n’avez jamais plongé avec vos bouteilles dans un kit bag spéléo dont une bretelle se détache, avec un tendeur spancet qui lâche, un cerclage inox qui se dessoude. Au delà, j’ai vu des sanglages de « jacket » trop justes se défaire. La situation devient rapidement cocasse dans un puits.

Conséquences : Dans les cas les plus simples, vous avez moins de 2 minutes pour retrouver la bouteille. Si oui, le retour peut se passer parfaitement ou avec un temps plus long (scaphandre non optimisé), sinon, le jeu s’arrête rapidement.

Remède, prévention : Refaire sous l’eau une fixation provisoire avec des élastiques et du fil d’ariane. Vérifier le brelage.

Facteurs aggravant dus au milieu : portage long du scaphandre monté avant la plongée (par exemple en post siphon)

b) Autres bouteilles : Ce cas est beaucoup plus probable, il suffit (1) de ne pas retrouver le relais (ou la bouteille secours ou la bouteille palier), (2) de rentrer par un autre chemin. Au Ressel un plongeur est ressorti avec la bouteille d’un autre car il croyait que celle-ci était oubliée. Au Mexique, à 1,8 km de l’entrée, j’ai pris un passage plus large… juste là où se trouvait un relais !!

Conséquences : Une partie du stock d’air nécessaire au retour fera défaut.

Remède, prévention : 1) Identifier chaque bouteille (statut, utilisateur,…)

2) Relier le relais au fil d’Ariane et le placer à un endroit stable et visible.

3) Sauf exception, utiliser le même chemin au retour.

Facteurs aggravant dus au milieu :  siphon sale, turbide, avec sable, plongée en mer, autres plongeurs présents dans le siphon…

·         robinetterie :

c) Rupture du corps, dévissement : ce cas extrêmement rare peut survenir après un choc violent (j’ai possédé une robinetterie qui s’est fissurée à la suite d’un choc et qui se mit à fuir. Je l’ai remplacée avant une rupture explosive).

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Vérifier le matériel avant la plongée. Utilisation de protection de robinetterie.

d) Rupture du robinet : à la suite d’un choc, le volant de conservation ou le volant de réserve peut se rompre. Selon le modèle de robinet, cette rupture met en relation avec l’extérieur l’air sous pression. Pour les robinetterie de type « Poséidon », la présence d’une tige de liaison assure une parfaite sécurité, le volant de conservation reste dans sa position initiale.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit 1200 l/mn).

Remède, prévention : Utiliser une robinetterie type Poséidon et/ou une protection de robinetterie.

Facteurs aggravant dus au milieu : siphon bas, avec lames,…Plongée en fond de trou ou post siphon.

e) Rupture de la liaison bouteille-premier étage : Phénomène (joint qui saute sur un étrier) extrêmement classique pour qui plonge avec une robinetterie de type internationale (INT) répandue en France, au USA, au Mexique, Japon,… Spontanément ou à la suite d’un choc, le joint s’extrude.

Conséquences : Palliatif = fermer la bouteille, la bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Utiliser une robinetterie DIN et/ou une protection de robinetterie.

f) Fermeture du robinet : le robinet en frottant sur la paroi se ferme peu à peu. La fermeture finale se produit en général dans un passage resserré, c’est à dire une étroiture. Fréquence importante.

Conséquences : Absence d’air, en général sur expiration ?

Remède, prévention : Réouvrir la bouteille (robinetterie accessible), utiliser une protection de robinetterie (limite le phénomène).

Facteurs aggravant dus au milieu : siphon bas, étroit.

·         débit constant :

g) givrage 1er étage : la détente de l’air consomme de l’énergie donc refroidi fortement les pièces en contact.

[air détendu + énergie à air comprimé + chaleur

air comprimé + chaleur à air détendu + énergie (pneumatique)]

L’eau refroidie peut geler, la glace en se dilatant appuie alors sur le mécanisme du premier étage, permettant la sortie permanente d’air

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit 800 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, premier étage à membrane, qualité de l’air (sécheur), protection anti-froid, respirer lentement.

Facteurs aggravant dus au milieu : eau froide, plongée profonde,

h) coincement 1er étage : Des particules (saleté, argile, sable, dépôt de calcaire, de sel,…) coincent le fonctionnement du mécanisme du premier étage (piston bloqué,…)

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit 800 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, entretien du matériel, détendeur à membrane

Facteurs aggravant dus au milieu :  siphon sale, turbide, avec sable, plongée en mer,…

i)     débit constant 2 ème étage : L’augmentation de la moyenne pression provoque un débit constant au premier étage. 1) Des particules (saleté, argile, sable, dépôt de calcaire, de sel,…) coincent en partie le fonctionnement du mécanisme du premier étage (piston bloqué,…). 2) Le siège de soupape de 1 er étage est usé, marqué ou trop vieux. 3)

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit 800 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, entretien du matériel, détendeur à membrane

Facteurs aggravant dus au milieu :  siphon sale, turbide, avec sable, plongée en mer,…

·         rupture de flexible:

j)     Raccord flexibleHP : A la suite d’un choc, la jonction entre le premier étage et le flexible HP se casse net. L’air comprimé est en contact avec le milieu extérieur.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, utiliser une protection de robinetterie.

Facteurs aggravant dus au milieu : siphon bas, avec lames,…Plongée en fond de trou ou post siphon.

k)   Raccord flexibleHP : Le filetage du flexible HPsur le premier étage s’arrache. Le manomètre se sépare du détendeur.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, vérifier l’état et la compatibilité des filetages

l)     Sertissage HP : De façon tout à fait soudaine, le flexible HP forme une hernie et explose juste au niveau du sertissage. En fait, cet incident traduit une blessure interne accidentelle du flexible provoquée lors de la liaison avec la pièce métallique (sertissage trop fort) lors de la fabrication du tuyau.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, série défectueuse, prendre un flexible robuste, vérifier le matériel avant la plongée (peu visible), prier !.

m)      Usure du flexible HP : A la suite de frottements et de chocs répétés, le flexible HP se rompt net. L’air comprimé est en contact avec le milieu extérieur.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 1200 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, utiliser une protection de flexible, protection spirale (gaine fil électrique souple, spirales), flexible plus solide :Pebac (Scubapro), vérifier le matériel avant la plongée.

Facteurs aggravant dus au milieu : Plongée fréquente en fond de trou ou post siphon, passage d’étroitures, décapelages fréquents,...

n)       Raccord flexibleMP : A la suite d’un choc, la jonction entre le premier étage et le flexible MP se casse net. L’air comprimé est en contact avec le milieu extérieur.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 800 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, utiliser une protection de robinetterie.

Facteurs aggravant dus au milieu : siphon bas, avec lames,…Plongée en fond de trou ou post siphon.

o)       Usure de flexible MP : A la suite de frottements et de chocs répétés, le flexible MP se coupe puis explose. L’air comprimé est en contact avec le milieu extérieur.

Conséquences : La bouteille se vide en quelques minutes (débit jusqu’à 800 l/mn).

Remède, prévention : Palliatif = fermer la bouteille, utiliser une protection de flexible, protection spirale (gaine fil électrique souple), flexible plus solide, vérifier le matériel avant la plongée.

Facteurs aggravant dus au milieu : Plongée fréquente en fond de trou ou post siphon, passage d’étroitures, décapelages fréquents,...

 

III) Perte partielle et progressive de la réserve de gaz

Ces pertes sont bien moins graves, sauf information contraire, on peut évaluer leur impact de 1 à 3 normo litre par minute, c’est à dire de 5 à 15 %.

·         Rotule de flexibe fuite au 1er étage (caillou dans la chambre humide)

Conséquences : Fuite permanente. Un déplacement supplémentaire peut augmenter la fuite.

Remède, prévention : Vérifier le serrage correct.

·         détendeur fuite au 1er étage (caillou dans la chambre humide)

Conséquences : la moyenne pression augmente et le deuxième étage se met à fuir. En général la situation n’empire pas. Cependant un déplacement du caillou ou gravier peut provoquer un débit constant.

Remède, prévention : peu de remède, ni de prévention, les systèmes de filtres (bas, tissus) autours modifient les paramètres de fonctionnement du détendeur.

Facteurs aggravant dus au milieu : faire attention quand ramping en décapelé dans le gravier.

·         détendeur fuite au 2ème étage. Le siège du clapet du premier étage fuit.

Conséquences : la moyenne pression augmente et le deuxième étage se met à fuir. En général la situation n’empire pas.

Remède, prévention :Pas de remède. Ouvrir progressivement ses bouteilles pour ne pas marquer les sièges, changer les sièges lors des révisions et comme prévu par le fabriquant.

·         détendeur fuite au 2ème étage. Le siège du clapet du deuxième étage fuit.

Conséquences : Une fuite se produit en permanence. En général la situation n’empire pas.

Remède, prévention : En palliatif, baisser la moyenne pression et dérégler l’assistance venturi pour réduire ou annuler la fuite. Ouvrir progressivement ses bouteilles pour ne pas marquer les sièges, changer les sièges lors des révisions et comme prévu par le fabriquant.

·         détendeur fuite au 2ème étage. Le système de levier actionnant le clapet du deuxième étage est tordu, usé ou encrassé

Conséquences : Une fuite se produit en permanence. En général la situation n’empire pas.

Remède, prévention : si encrassement, possibilité de nettoyage sur les cyclon 300 et 5000, possibilité également de détordre légèrement les leviers ! !

Facteurs aggravant dus au milieu : attention au portage, ramping et escalade post siphon, garder les détendeurs accrochés autours du cou.

·         Tuyau, présence de bulles sortant des flexibles. Très petites et alignées le long du tuyau.

Conséquences : légère perte d’autonomie. Peu de conséquences.

Remède, prévention : pas de remède, ni de prévention, ces micro fuites sont fonctionnelles et évitent des hernies plus graves.

Facteurs aggravant dus au milieu : Aucun.

·         Robinetterie, bulles sortant du col de la bouteilles ou du volant de conservation

Conséquences :. Peu de perte d’autonomie, peu annoncer un problème plus grave (robinetterie desserrée, joints usés, )

Remède, prévention : Entretenir régulièrement le matériel, robinet graissé à la graisse oxygène (et pas à sec).

Facteurs aggravant dus au milieu : faire attention aux chocs si bouteille non protégée.

·         Inflateur, des bulles apparaissent à la jonction.

Conséquences : pertes limitées d’autonomie mais annonce de problèmes plus graves tels que débit constant dans la bouée ou impossibilité de gonfler.

Remède, prévention : Entretenir régulièrement le matériel.

Facteurs aggravant dus au milieu : Aucun.

·         Bouées et autres moyens de flottabilité, Une fuite apparaît à la jonction Inflateur/Bouée ou sur la soupape. La fuite peu être modique ou conséquente, brutale ou régulière.

Conséquences : Purge continuelle du système de flottabilité d’où une progression peu efficace, risque d’essoufflement et sur consommation d’air. Ceci peut conduire à un essoufflement fatal.

Remède, prévention : Entretien du matériel, utilisation de blocs équilibrés (pas de gonflage intempestif de bouée), corde placée dans les puits..

Facteurs aggravant dus au milieu : cavité à tendance verticale.

 

IV) Augmentation de la consommation durant le retour

Pour tous ces cas, l’augmentation de consommation est de l’ordre de + 25 à + 100 % par rapport à la consommation habituelle.

·         Fatigue, efforts dus au courant, au portage,…

Remède, prévention : Entraînement, corde dans les puits et les passages utiles, positionnement du fil astucieusement (là où on peut se tracter sur la paroi),..

Facteurs aggravant dus au milieu : Cavité à tendance verticale, présence de courant, un cas particulier à proscrire est la perte (courant de face au retour), cavité longue (supérieure à 300 m).

·         Stress, un triplement instantané de la consommation à été constaté en stage. Des déclenchements de givrage sur un supra artic ne peuvent s’expliquer que par ce même triplement de conso !!

Remède, prévention : Entraînement et expérience, respirer calmement, faire demi tour dés qu’une sensation d’angoisse s’installe, le siphon sera plus accueillant le lendemain. Ne pas plonger avec un partenaire afin de ne pas ajouter une angoisse du à ce qui pourrait lui arriver.

Facteurs aggravant dus au milieu : Cavité nouvelle.

·         Froid,

Remède, prévention : avoir une tenue adaptée, limiter les durée de plongée, au matériel utilisé. Entraînement, être reposé avant la plongée.

Facteurs aggravant dus au milieu : Cavité froide, présence de courant.

·         Essoufflement (consommation supérieure à 40 l/mn)

Remède, prévention : Ne pas plonger profond, en fonction de la cavité utiliser un mélange respiratoire adaptéà hélium, vérifier son état en adoptant une respiration sur un rythme ternaire, entraînement physique, matériel adapté (flottabilité).

Facteurs aggravant dus au milieu : profondeur, courant, froid.

·         Perte de flottabilité (+ 30 l/m) : le système de flottabilité devient inutilisable.

Remède, prévention : Matériel entretenu, entraînement, corde dans les puits et les passages utiles, positionnement du fil astucieusement (là où on peut se tracter sur la paroi), abandon de bouteille relais si nécessaire, voir de partie lourde de l’équpement.

Facteurs aggravant dus au milieu : Cavité verticale, boueuse,

 

V) Augmentation du temps de la plongée proportionnelle à la durée de celle ci

Pour tout ces éléments la durée de plongée augmente de 25 à 100 %, ce qui augmente d’autant la quantité de gaz nécessaire.

·         Scooter en panne, soit passage de 30 m/mm à 15 m/mn (voir plus si on décide de tracter le fautif ou si on décide de jouer au garagiste à –60 m).

·         Mono palme à palme attachée sur le pied par un élastique en sécurité

·         Crampes à boire + entraînement + sels minéraux

·         Fatigue à boire + manger + entraînement

·         Flottabilité à équilibré chacun des éléments, être le plus lisse possible, prévoir de pouvoir abandonner un relais si nécessaire (donc le consommer totalement au retour avant de poursuivre sur le scaphandre dorsal)

·         Lumière (vitesse divisée par 2) à redondance des lumières, vérifier les autonomies,..

·         La touille (vitesse réduite), nécessité de s’entraîner.

·         Le courant à perte active interdite

·         Le stress, doublement de la consommation instantanément, diminution drastique de la vitesse de progression 10 m/mn

VI) Augmentation fixe de la durée

Prévoir dans la réserve de sécurité le temps nécessaire à résoudre un problème. La consommation correspondante doit tenir compte de la profondeur de survenance de l’incident. Un minimum de 10 mn est raisonnable (ce qui pour des bouteilles de 4 litres représenterait la moitié du stock d’air, à 10 m pour une consommation normalisée à 20 l/mn).

·         Emmêlement = 5 à 10 minutes pour résoudre ce soucis, la consommation supplémentaire de gaz dépend de la profondeur où se produit l’incident.

Entraînement à se démêler

Ne pas s’emmêler est la meilleur solution.

·         Perte du fil = 15 minutes pour le récupérer + stress,  entraînement,.

·         Égarement, pose correct du fil d’ariane, vérification du fil en place, lecture du milieu à l’aller et au retour.

·         Modification du siphon

crue à équiper les profils à risque, vérifier la météo,

effondrement, lecture du milieu, aller vite pour ne pas déstabiliser la voûte. C’est souvent en première que ce risque est maximale.

Touille, aval,

 

VII) Philosophie de sécurité

La philosophie de la sécurité consiste à évaluer le type de risque accepté (inconfort, accident, ici il s’agit de mort) et le taux de risque accepté. Ainsi, en Serbie durant la récente guerre civile, des plongeurs estimaient que les risques étaient plus important dans la rue ou sur le front que dans un siphon en mono bouteille.

Quel est le taux de risque acceptable ?

En France le taux de risque mortel accepté (même si de façon non consciente est celui des accidents de la route : soit 1 mort pour 10.000 habitants par an).
(Nous acceptons tous, quotidiennement un danger mortel annuel de 1,2 pour 100 environ, ce danger mortel c'est tout simplement…. la vie ! )

En plongée spéléo, le risque semble être d’1 à 2 morts pour 500 plongeurs spéléo par an. Il était de 1 pour 50, il y a 30 ans.

Ceci intègre les plongeurs spéléos débutants, les occasionnels, les réguliers et les acharnés.

Il faut impérativement connaître le taux de risque que chacun s’applique. Il ne peut s’agir du même concernant un pilote de course et l’automobiliste classique. Il ne peut s’agir du même pour le plongeur titillant les 200 mètres de profondeur (voir plus) et le visiteur averti de classiques.

Les aristocrates slaves jouaient il y a quelques temps à la roulette russe. Leur chance de survivre était de 6 sur 7. Ils auraient sans doute plongé en mono-bouteille !.

 

La simple possibilité qu’un problème matériel grave puisse se produire implique une règle de redondance, c’est ce que l’on appelle classiquement et trop rapidement « la règle du tiers ». Dans les avions, cette règle de redondance ne suffit pas et certains systèmes sont triplés pour certifier la sécurité, chaque composant étant lui même validé à l’origine et changé préventivement.

 

Cette  « règle du tiers » a été construite dans les débuts de la plongée souterraine. Le matériel était peu fiable et les plongées courtes. Aujourd’hui les plongées ne cessent de s’allonger, le kilomètre est couramment dépassé. Les heures passées sous l’eau se cumulent, les probabilité de pannes se cumulent. Heureusement la fiabilité du matériel a également augmentée tout comme les techniques. Il est cependant temps d’envisager d’autres règles. Si la redondance classique est de 1 bouteille pour 2 dans le cadre de plongées courtes et en considérant simplement les problèmes matériels, combien faut il de redondance lorsqu’il faut 2 relais, ou 3 ? On double ? on triple ? on divise ?. La pseudo « règle des tiers » n’est qu’une règle de panne de matériel.

Il faut aussi tenir compte des problèmes qui peuvent survenir au plongeur, indépendamment de tout incident matériel. Que penser de cette ridicule règle des tiers quand on se trouve à -30 mètres en première avec un bi 3,4 litres et qu’on se prend dans le fil ? Les 200 litres que ce tiers représente permettrait de tenir 2 minutes et 30 secondes. Rapide pour se démêler non ? !

Et que pensez d’une crampe à 2 km dans la Doux de Coly ? intéressant le retour, non ?

A titre personnel, je consomme 15 l/m pour un déplacement de 20 m/m, ce qui donne 0,75 litres par mètre. La norme classique est de 20 l/m pour 15 m/m soit 1,33 l par mètre : ce qui donne quasi le double. Il est sur qu’en cas de méforme, le simple passage à une consommation normale consommerait ma réserve d’1/3.

 

Règle pratique de sécurité

La règle de sécurité doit donc intégrer une redondance induite par la survenance d’une panne matérielle et une réserve de gaz nécessaire pour un problème de surconsommation où d’augmentation de durée.

Tant qu’on est pas capable d’évaluer précisément le risque on prendra comme règle de base 2 fois plus de consommation au retour qu’à l’aller + la règle des tiers pour le matériel ce qui donne la règle des 2/5).

 

 

Pour un siphon connu où la provenance d’incidents est plus faible, une règle plus simple des quarts peut être utilisée, à condition de disposer de bouteilles d’une capacité suffisante.

 

  

Philippe Brunet

 

« Vivre, c’est toujours être en danger de mort. Plonger en siphon c’est vivre intensément. »

 

Jochen Hasenmayer  -1977-