Pourquoi la plongée solo est-elle adaptée aux siphons du Royaume Uni ?

 

David Brock le 5 mai 2005

Adapté de l'anglais par Didier Borg

juin 2005 plongeurs solo à Wookey Hole par A. Bennett

 

La plongée souterraine au Royaume Uni trouve ses origines dans les premières plongées de Graham Balcombe et Jack Sheppard à Swildon en 1934. Les procédures développées dans les années 30 ont été formalisées par la fondation du groupe de plongée souterraine (Cave Diving Group ) en 1946. Un thème constant du CDG a été d'adapter les matériels et méthodes de travail et de rester ouvert à toute amélioration.

La plongée souterraine est devenue extrêmement populaire dans le monde entier. La Floride est l'une des régions bénies avec beaucoup sites de plongée souterraine de qualité exceptionnelle et d'accès facile. En conséquence, il y a eu une explosion de la popularité dans la plongée souterraine aux Etats-Unis. On estime jusqu'à 20.000 plongeurs souterrains en Floride uniquement. Ces plongeurs sont organisés en un certain nombre d'organismes nationaux comprenant la National Speleological Society, Cave Diving Section et la National Association for Cave Diving. Le conseil, généralement convenu de cette richesse d'expérience, est que la plongée souterraine aux Etats-Unis devrait être conduite par des équipes de plongeurs dans un système de binômes et que la plongée solo présente un niveau inutile de risque. En dépit de cet avis, le Cave Diving Group continue à recommander la plongée solo comme alternative plus sûre pour plonger au Royaume Uni. Pourquoi?

En 1997 le ministère de la santé commissionne un rapport dans les risques de la plongée, concernant plus de 1.000 incidents [ 1 ]. Une des recommandations pour la plongée souterraine dans ce rapport est de "ne pas pénétrer dans des cavités qui limitent le mouvement dans la mesure où l'aide d'un binôme serait impossible".

Puisqu'il n'y a aucun siphon britannique permettant la plongée en binôme, la recommandation suggère que toute plongée, en siphons au Royaume-Uni, en utilisant le système conventionnel de binôme, est imprudente. Pourtant au cours des 70 dernières années le C.D.G. a édité des rapports de plus de 4000 plongées souterraines dans plus de 1300 sites et a mené beaucoup plus de plongées souterraines non publiées. Ceci suggère qu'un nombre important de plongées souterraines est mené en dehors des recommandations du système conventionnel de binôme.

Le premier point clé cité dans rapports de 1997 du ministère [ 1 ] est :

" 1. Il y a un nombre restreint de causes d'accidents liées à la majorité de morts. Si on éliminait ces causes, le nombre de morts serait tombé de 286 à 8. Puisque toutes les erreurs de procédures sont évitables par un plongeur bien formé, intelligent et alerte, travaillant dans une structure organisée, on peut conclure que le faible taux d'accidents dans la plongée scientifique, dans les plongeurs pompiers, la police, les garde-côte, etc., qui tous utilisent le scaphandre, est dû à ce facteur ."

Le CDG considère que ses procédures de plongée souterraine, développées par amélioration continue sur 70 ans, représentent la meilleure manière d'obtenir un plongeur bien formé, intelligent et alerte, fonctionnant dans une structure organisée et, par conséquent, représente la manière la plus sûre d'aborder les siphons britanniques.

Il y a beaucoup de risques liés à la plongée souterraine. Certains, de ces risques ont été identifiés par le C.D.G. dans le rapport du risque inhérent [ 2 ].Le système de binôme a été développé dans la plongée mer pour réduire au minimum les risques liés au milieu, mais une fois appliqué à la situation britannique de plongée en siphon, la logique du binôme en plongée présente des risques additionnels. Certains des avantages de la plongée souterraine solo sur la plongée souterraine en binôme sont cités dans le rapport "plongée de caverne - modèle britannique" [ 3 ] :

  • Personne ne risque de rester physiquement bloqué dans le passage derrière vous (bloquant de ce fait votre sortie).
  • Personne derrière vous ne risque de s'emmêler dans la ligne, et de la couper - vous laissant sans le guide vers la sortie
  • Personne ne risque de déplacer accidentellement les marques sur les lignes de jonctions (par exemple en une cavité où il y a 10 branches en dehors de la branche principale dans les premiers 500m)
  • Personne ne risque de causer les problèmes de vase / touiller (en dehors de vous-même)
  • Aucune chance que votre binôme ne vous demande de partager l'air - dans d'étroits passages
  • Aucun risque de confusion en matière de communication - la communication dans les siphons va du difficile à l'impossible

Cette personne ne risque –t elle pas d'apporter une fausse impression de sécurité ?

Personne ne s'inquiète de vous en dehors de vous-même - vous pouvez vous concentrer sur votre propre sécurité. La plongée solo atténue les risques présents en plongée en binôme. Un des objectifs du C.D.G. est de développer les pratiques en matière de plongée qui améliorent la sécurité de la plongée souterraine en solo.

La plongée souterraine a un nombre relativement faible de participants au Royaume-Uni et bien qu'elle se soit développée depuis 70 ans, le nombre d'incidents est trop faible pour permettre une sérieuse analyse quantitative des risques objectifs.

En dehors du Royaume Uni , il y a plus d'information sur des risques objectifs disponibles, toutefois la différence de configuration ne permettent pas des comparaisons fiabkes. Avec cet avertissement à l'esprit, il est encore utile de d'analyser les décès en plongée souterraine en dehors du Royaume Uni.

En 1999, la International Underwater Cave Rescue & Recovery a publié une analyse des accidents sur 478 décès en plongée souterraine[ 4 ]. Sur ces 478 cas seulement 47 des plongeurs avait reçu une formation. Ceci souligne le besoin évident de formation adaptée. Sur 40 cas de plongeurs ayant reçu une formation où une cause a été déterminée, les causes les plus fréquentes étaient:

  • Profondeur
  • Formation
  • l'équipement
  • rupture /perte de ligne
  • Plongée Solo
  • Entretien
  • Mélange inapproprié
  • Emmêlement

En raison de la nature relativement peu profonde des siphons britanniques, les mélanges de gaz sont peu susceptibles d'être le risque principal au Royaume-Uni. La plongée solo fait l'objet d'un débat en dehors du Royaume Uni car les programmes de formation de plongée souterraine, hors Royaume-Uni, ne préparent pas des plongeurs pour la plongée solo. Il en découle que les risques les plus significatifs dans la plongée britannique en siphon incluent, sans ordre particulier :

  • Formation
  • Équipement
  • Gestion des lignes ( fils)

Il faut noter que la plongée souterraine en solo n'aggrave pas les risques liés aux risques principaux de l'activité, là où la plongée en binôme pourrait atténuer les risques.

La formation est une partie principale de l'approche du C.D.G. . A ce titre le C.D.G. contribue par l'élaboration du manuel de plongée souterraine [ 5 ]. De plus, le C.D.G. a publié une norme de formation [ 6 ] pour guider les organismes nationaux et internationaux. Le C.D.G. est une organisation relativement petite dont les capacités de formation directe sont limitées. Il existe cependant une très forte éthique de formation par compagnonnage ou par tutorat. Cette philosophie est décrite dans le programme d'éducation de plongeur spéléo [ 7 ]. Il n'y a aucune preuve que la plongée en binôme soit nettement plus efficace dans la cadre de ce type formation.

Contrôler les risques et les risques associés à l'équipement de plongée souterraine relève de la responsabilité individuelle du plongeur. La formation du C.D.G. et la philosophie de tutorat fournissent aux plongeurs du C.D.G. une grande ressource d'expérience en matière de choix et d'entretien du matériel.

Cet aspect est essentiel à une plongée sûre et est fortement souligné par le C.D.G . Il y a également une philosophie forte de redondance complète pour tous les systèmes critiques. Aucun élément ne tend à prouver que la plongée en binôme soit sensiblement salutaire sur le niveau de sécurité de l'équipement de plongée.

Le troisième secteur de risque principal est la gestion des fils d'Ariane. Les difficultés à poser et entretenir des équipements sûrs pour guider des plongeurs dans les siphons britanniques sont énormes. Au cours des années ce secteur de la plongée britannique a énormément innové. Le premier bilan complet a été publié par le CDG en 1981 dans “Line Laying and Following” de Geoff Yeadon [ 8 ]. Cette référence a formé la base de la pose et de la gestion modernes des lignes. C'est un secteur qui évolue constamment et de nouvelles méthodes sont régulièrement éditées dans le bulletin trimestriel du C.D.G . Là encore, aucun élément ne tend à prouver que la plongée en binôme influence positivement la pose et de la gestion du fil .

Le premier colloque britannique de plongée souterraine en 1986 a analysé la question de la sécurité en plongée souterraine [ 9 ]. Les publications sur une plongée sûre ont identifié le solo et comme fortement préconisée " la nécessité du plongeur souterrain d'apprendre l'indépendance et de sentir, quand il plonge, qu'il est en autonomie complète." Les avantages de la plongée en binôme viennent de la notion d'aide réciproque pour regagner la surface tout en comptant sur une aide de surface. Ni l'un ni l'autre de ces avantages ne sont applicables à la plongée souterraine britannique. Le colloque a préconisé une approche intelligente pour la plongée souterraine;

"l'équipement le plus important que le plongeur ait est son cerveau. S'il comprend entièrement les implications d'une plongée, le plongeur expérimenté prendra les précautions nécessaires ou reportera la plongée jusqu'à ce qu'il ait acquis la connaissance, l'équipement ou la compétence exigé ".

La plongée en palanquée garde un rôle à jouer dans la plongée souterraine britannique. Comme pour la construction sous-marine. En plus, il y a une dimension sociale à la plongée souterraine sportive lorsque plus d'un plongeur entre dans un siphon en même temps. Il est particulièrement probable, dans le cadre d'un projet d'exploration post-siphon, où le soutient mutuel peut être vecteur de succès. La philosophie fondamentale du C.D.G. consiste à assumez la pleine responsabilité et responsabilité pour vos actions, une fois que vous entrez dans un siphon britannique. Car tel est le principe, profondément enraciné, qu'une philosophie de la plongée solo est une condition essentielle pour la plongée sûre en siphon au Royaume-Uni. Les palanquées ne sont en fait constituées que de plongeurs solos, où chaque plongeur individuel doit être considéré par tous les plongeurs comme source potentielle de risque. Cette forme de plongée est plus exactement à considérer comme de la plongée de solo en équipe.

La plongée en binôme est très différente de la plongée solo en équipe. Dans le binôme plongeant un binôme de plongeurs est considéré comme une unité, les plongeurs partagent ainsi les responsabilités. La plongée en binôme a été développée et modifiée pour beaucoup d'environnements différents comprenant quelques cas de grottes. Cependant, ce serait une énorme, et probablement mortelle, erreur que d'appliquer un système de plongée non modifié de binôme à la majorité des siphons britanniques. De même il serait incorrect, pour un plongeur formé à la plongée en équipe, plongeant en solo, de se considérer correctement formé avec la plongée en binôme ou de considérer que la plongée solo est adaptée à tous les types de plongée.

Il y a des risques additionnels évidents en binôme, mais la plongée de binôme n'apporte aucune réduction évidente des risques principaux liés à la plongée souterraine. Le C.D.G. estime donc en conclusion que la plongée solo et le solo en équipe sont des techniques appropriées pour l'exploration des siphons britanniques.

Références

1 - Contract Research Report 140/1997, SCUBA diving, A quantitive risk assessment, Prepared by Paras for the Health & Safety Executive

2 - Cave Diving Group Statement of Inherent Risk, 11 th October 2004, www.cavedivinggroup.org.uk/Articles/StatementofInherentRisk.pdf

3 - Cave Diving - British Style, Brian Schofield and Dave Ryall, “ 9-90 - UK Diving in Depth" magazine - Volume 3, Issue 6 (2002). (available online at: www.cavedivinggroup.org.uk/Essays/Scoff.html )

4 - International Underwater Cave Rescue & Recovery Accident Analysis, 1999, www.iucrr.org/fatalities.pdf

5 - Cave Diving – The Cave Diving Group Manual, Mendip Publishing, ISBN 0 905903 14 5.

6 – The Cave Diving Group Training Standard, 13 March 2004, www.cavedivinggroup.org.uk/Articles/TrainingStandard.pdf

7 – Cave Diver Education, 10 th October 2004,
www.cavedivinggroup.org.uk/Articles/Cave_Diver_Education_1-0.pdf

8 - Cave Diving Group Technical Review No. 3 (1981) Line Laying and Following by Geoff Yeadon.

9 - The First British Sump Rescue Symposium. Cave Science Vol. 14, No.1, April 1987, Transactions of the British Cave Research Association pages 7 – 30.