Grotte du Runladou Par Georges Erôme du GRPS (69) en 1975.

Depuis trois hivers, les habitants du hameau de la Sarrazine ont l'habitude d'entendre des détonations qui n'ont rien à voir avec une quelconque partie de chasse.
Ce sont nos camarades du Spéléo-Club des Vans qui effectuent une désobstruction (une de plus !!!). Et quelle désobstruction : 30 mètres dans le rocher en suivant un mince filet d'air. Mais au-delà, quelle récompense :

Plusieurs raisons nous poussèrent à entreprendre des explorations subaquatiques dans ce réseau durant notre camp d'été 1975.

· Tout d'abord la proximité du Peyraou des Rouveyrolles, énorme vauclusienne plongée sans résultat par le GRPS qui dut arrêter la progression à -40 en 197 ?
· L'immensité du bassin d'alimentation : en effet, le plateau des Ramades s'avère être plus étendu encore que celui du complexe Sauvas - Peyrejal - Cocalière.
· La visite durant le camp 1974 de la cavité par cinq membres du GRPS qui furent émerveillés par le lac de la salle terminale aval.

Trois jours seront nécessaires pour essayer d'atteindre notre double objectif :
· Plonger et explorer le lac terminal ;
· Essayer de shunter la trémie obstruant la partie amont du réseau, ceci par un siphon situé pratiquement à la verticale de cette dernière.

Nous nous employons le premier jour à équiper le réseau jusqu'au lac et à acheminer le matériel (monos 2,3 m3, petites bouteilles cristal 0,6 m3, sacs texair, le dérouleur). Pour éviter d'amener trop de matériel et avoir à lui faire parcourir la diaclase avant le lac (diaclase qui se passe en opposition) Denis et Henri plongeront " à la ficelle ".

Les plongées :
Dans le lac :
Denis et Henri effectuent des rotations et s'enfoncent progressivement, visitent toutes les parois mais sans résultat ; Le lac semble communiquer avec le Peyraou des Rouveyrolles et nous ne pensons pas devoir axer nos efforts dans cette direction.
Cependant, voir nos deux copains qui évoluent dans ce lac ennoyant une salle de quarante mètres de diamètre pour une hauteur de voûte de trente mètres sera pour nous un spectacle inoubliable.
Pendant ce temps, Georges, Henri (l'autre) et Serge auront fort à faire face à des ampoules de flash particulièrement faiblardes et à des copains toujours aussi coopératifs quand il s'agit de photos.
Un peu déçue, l'équipe se dirige alors vers le siphon amont. Nous repassons la diaclase et après une centaine de mètres de progression, arrivons en tête d'un puits de 10 mètres.

Au bas de ce puits, le départ du siphon n'est pas très grand. Des lames d'érosion le partagent en deux. Henri reste en assurance, Denis et Serge s'engagent. Bientôt, ils se trouvent dans une très grande diaclase (cinq mètres sur vingt environ). Les voilà maintenant au fond à moins vingt-cinq mètres.

La visibilité est excellente, Denis aperçoit la suite. Malheureusement au bout d'une vingtaine de mètres, le plafon drejoint le plancher : c'est le colmatage par de l'argile et du gravier.
Un départ négligé à l'aller reste la seule continuation possible. Ce conduit cylindrique d'1,5m de diamètre est très net et légèrement descendant.
Denis s'engage, Serge le suit, mais au bout de quelques mètres, le fil d'Ariane leur parvient de plus en plus difficilement, finalement, il se bloque et empêche d'aller plus loin.
Coup d'oeil au profondimètre : -27m.
Il faut se rendre à l'évidence, bloqués par le câble et n'ayant que des bouteilles de deux mètres cubes, la sagesse impose le retour. La remontée et l'émersion se fait sans problème.
Nous ramenons le plus de matériel possible vers la sortie et rejoignons le camp avec la ferme intention de ne pas en rester là.
Le troisième jour sera consacré au déséquipement complet de la grotte et au nettoyage en rivière de notre matériel qui, le pauvre, en a sérieusement besoin.

Conclusions et leçons à tirer de cette expédition.
Il s'est avéré à l'usage que dans les cavités où il est nécessaire d'engager du matériel spéléo, l'expédition s'effectue avec un maximum d'efficacité et de rapidité si l'équipement des passages difficiles a été fait préalablement. Que de tergiversations et de polémiques ainsi évitées !!!
De par sa profondeur, le siphon amont devra être plongé avec des bouteilles de 3 m3. Ce que nous comptons faire le plus rapidement possible.

Ont participé à l'expédition : Balland D., Bougnol H ., Boyer G., Erome G., Erôme M., Gadilhe S., Lorrain D., Mercoli P., Piegay R., Protto H. .