Plongées souterraines dans le jura

 

Jean-Claude Frachon et Pierre Petrequin – 1971

 

 

La visite des siphons constitue une activité complémentaire de nos travaux spéléologiques ; Aussi , nous a-t-il paru intéressant de publier régulièrement les résultats de nos diverses plongées. […]

La sécurité imposerait des plongées avec l'équipement désormais classique : double bouteille et double détendeur. Mais pour des raisons financières, nous n'avons à notre disposition que des monobouteilles 2,1m3, avec détendeur unique. Ce fait réduit évidemment la marge de sécurité, donc les distances techniquement susceptibles d'être parcourues en siphon, ainsi que le moral des plongeurs ; Toutefois, nous limitons les risques en plongeant en équipe de deux plongeurs demeurant en liaison à vue.

Nous utilisons de préférence le détendeur Aquilon : tuyau unique et résistant, détendeur placé devant la bouche, deux étages de pression, encombrement réduit. Le détendeur Mistral, bien que très souple d'utilisation est mal protégé : ses tuyaux annelés s'accrochent facilement, le détendeur fixé sur la bouteille est exposé aux chocs, la membrane plus grande est assez fragile.

Notre éclairage consiste en classiques torches étanches type « SuperAquaflash », fixées aux avant-bras par des brassards en caoutchouc, ainsi que d'un phare « Sirio » de la Spirotechnique, dont la luminosité et la maniabilité sont excellentes, mais qui est fragile.

Nous utilisons un dévidoir (simple tambour de contre-plaqué) contenant 200m de cordelle nylon de 2 mm, que le plongeur de tête déroule lors de sa progression. Son équipier se guide par la cordelle grâce à un mousqueton fixé à son poignet par une dragonne.

Nous avons renoncé à enrouler la cordelle sur le dévidoir lors du retour : cette méthode est lente et les « sacs de nœuds » fréquents. A notre point d'arrêt, nous coupons la cordelle et la récupérons si possible, en la tractant à notre retour en surface. Dans les rivières souterraines , il est toutefois préférable d'amarrer la cordelle au point d'arrêt : lors de notre plongée à la source de la Loue, le courant violent entraîna la cordelle vers l'aval ; elle vint s'enrouler en longues boucles autour des deux plongeurs, qui furent bientôt prisonniers de 50m de nœuds inextricables, situation aggravée par le fait qu'un des équipiers avait perdu son poignard lors d'une fausse manœuvre.

Dans les siphons de type vauclusien, nous équipons la branche descendante d'une corde lestée, fixée à un canot pneumatique. Cette technique permet d'éviter le placage de la cordelle à la voûte, et elle est parfois utile pour se stabiliser, lors des paliers de décompression.