« Descendre pour voir  »

par Alain Oger

 

 

Descendre pour voir

  Pourquoi descendre, disparaître sous l'eau
Pour fuir ce monde et ses tourments ?
Pourquoi chercher l'absolu, un autre eldorado
Pour vivre autrement, être différent ?

  Qu'importe tout cela, qu'importe le vent,
Sous la mer il fait toujours beau.
Pas de mauvais temps, son calme est rassurant
Pas de bruit inutile, du vrai, plus de faux...

Est-ce la soif d'apprendre
Et le goût d'entreprendre
Qui près d'elle me poussent m'invitent à me rendre
A plonger en elle, à me laisser prendre ?

J'aime…
J'aime ses vastes prairies ondulantes
Ses plages dorées d'une lumière pénétrante,
Sa jungle vierge aux êtres étranges
Ses grottes, ses tombants, ses franges...

  J'aime son visage
Qui à chaque visite change
Et s'arrange pour me plaire.
Rien n'est laid sous la mer...

J'aime planer libre dans cet univers,
Survoler la vie, la regarder faire,
S'en approcher et sentir battre son cœur.
J'aime contempler ses formes, ses couleurs,
Effleurer la vie du bout des doigts.
Etre sens, être seul, être en soi
En harmonie le geste et l'esprit
Privilège de mon passage en cet infini…
J'aime ces coupoles de bulles nacrées
De mon scaphandre échapper
En mille étoiles dans le bleu s'éloigner.
J'aime entendre leur fluide chanson
Refrain de mon espoir, de ma passion...

Comment pourriez-vous comprendre ?
C'est au fond qu'il vous faut descendre.
Tout ce que l'on remonte en surface
S'évanouit, se fane, casse, s'efface.
Au soleil, entre vos mains, tout meurt
S'évaporent les rêves dans leur grandeur...