Faire pipi sous l'eau
sans mouiller ses oripeaux

Par Frank Vasseur

On a longtemps pensé qu'une " purge-pipi ", destinée à uriner au-dehors de la combinaison, se justifiait surtout pour des plongées de longue durée.
Or, la durée est une notion relative selon les individus. Elle dépend de la capacité de la vessie, de la température de l'eau et de la qualité (boissons diurétiques) comme la quantité de l'hydratation, avant et pendant la plongée.

Tout le monde s'accorde sur la nécessité d'une hydratation convenable avant, pendant et après la plongée. La qualité de la décompression et l'état général du plongeur en dépendent.
Et si l'on boit ... il faut uriner.
D'autant plus que se retenir longtemps est déconseillé (aïe la prostate !) et que l'immersion (contact de l'eau sur certaines parties du corps, fraîcheur, réaction de l'organisme à la pression) favorise la diurèse.

Des essais avec des poches urinaires, disposées à l'intérieur du vêtement, n'ont guère été concluants. Outre leur capacité limitée elles finissaient par éclater avec la pression.
Il a fallu se rendre à l'évidence et trouver le moyen d'uriner à l'extérieur du vêtement, tout en restant au sec à l'intérieur.
Pour uriner dehors, tous les éléments du système méritent une attention particulière.

La purge
Pour installer la purge, il faut percer la combinaison.
Aussi, le système doit être verrouillable si le tuyau ou l'étui pénien se débranchent, pour éviter de remplir le vêtement avec l'eau de l'extérieur.

Le diamètre de la purge (au raccord du tuyau et au trou d'évacuation) doit être suffisamment large pour évacuer en fonction de la demande.
Trop étroit, il faut "doser" la pression, ce qui n'est pas toujours agréable, au risque de mettre en pression l'étui pénien et de le faire sauter.

le gicleur
C'est le principe le plus rustique, le plus simple.
La combinaison est traversée par une vanne, équipée à l'extérieur d'une vis creuse à travers laquelle transite l'urine.
On dévisse pour ouvrir, on visse pour fermer.
On peut dévisser en début de plongée et fermer en sortant pour ne pas à manipuler la purge à chaque fois qu'on la met à contribution.
L'important dans ce cas est de rendre imperdable la partie vissable.
Des " narines délicates " d'Outre-Atlantique en ont même équipé leurs combinaisons humides.
http://perso.wanadoo.fr/airtess

le gicleur sécurisé
Identique au modèle précédent, avec une soupape anti-retour qui s'active lors de la mise en pression interne. Le gicleur est ouvert en permanence, il intervient uniquement en sécurité en cas de débranchement interne, cumulé à une défaut de fonctionnement de la soupape.
http://www.adventuresdownunder.com/pee_valves.htm
http://www.diveshopper.com/px224x20322yusd/

la purge recyclée
Le modèle le plus original que j'aie croisé : un robinet à bouton-poussoir récupéré sur un cubitainer de vin (rouge). Ca avait l'air de fonctionner, mais nécessitait impérativement une main pour actionner le mécanisme.
http://www.grosrougequitachedechezlesfromagesquipuent.com/goutozob/

les systèmes automatiques
Ce sont des modèles " mains-libres " qui fonctionnent avec des soupapes. Le plongeur n'a rien à manipuler.

la purge classique
On peut mettre à profit une purge de vêtement sec, en adaptant un embout interne pour raccorder le tuyau.

En cas de dysfonctionnement, on ferme la purge en la vissant.
http://www.topstar.fr

les purges compensées
Elles sont équipées de deux soupapes anti-retour pour faciliter le travail. La première empêche l'eau de s'introduire dans le tuyau. La seconde permet à l'air ambiant d'y pénétrer pour équilibrer les pressions entre la purge et le vêtement.

Photos jean-marc belin intérieur et extérieur.
En cas de débranchement du tuyau, la première soupape assure l'étanchéité du vêtement.

http://www.adventuresdownunder.com/pee_valves.htm
http://divebooty.com/online_specials/3755.htm
http://www.extreme-exposure.com/acc/dryaccessories.shtml
http://www.diveshopper.com/px224x20322yusd/
http://www.dive-rite.com/products/dry/urinator.htm
http://www.omsdive.com/dryacces.html
http://www.halcyon.net/exposure/discharge.shtml

nature
Le catheter ne doit pas se plier, ni collapser à la pression. Un passage minimum, une section permanente, un débit réservé quelque soit le degré de pliure ou d'écrasement, doit proscrire les pertes de charges inconfortables, durant lesquelles l'urine (chaude et en pression) décolle progressivement l'adhésif de l'étui pénien et risque de le faire sauter.

Le tuyau trachéal (en caoutchouc avec un ressort métallique intégré) réserve un passage quelles que soient les conditions.
Tube trachéal armé (Latex tracheal tube)
Ref. : 106040 Size : Ch.30
Rüsch-Pilling S.A. 31460 Le Faget

Certains recyclent aussi leurs tuyaux de gazinière, d'autres préconisent des modèles en silicone épais mais souple.

longueur
Les adeptes du chemin le plus court préconisent un branchement le plus " direct " possible. Trop juste, il risque de se débrancher durant certains mouvements, notamment à l'équipement ou pendant les marches d'approche.

Avec une longueur d'une trentaine de centimètres, on favorise une boucle avec un rayon de courbure modéré. Elle remonte puis revient vers l'étui pénien, en s'éloignant de la hanche, trop mobile durant le palmage et génératrice de mouvements susceptibles de malmener l'installation.

l'étui pénien
S'il y a le choix des marques, il faut aussi définir le modèle à utiliser :
- les auto-adhésifs roulés avec une section de la partie intérieure encollée;
- ceux avec une bandelette adhésive double-face qu'il faut d'abord positionner avant de dérouler l'étui par-dessus.
A l'usage, un modèle fonctionne chez certains et pas chez les autres, et réciproquement. Comme il faudra de toute façon passer par une phase d'essais, prévoir de tester les deux pour trouver " chaussure à son pied ".

Des helvétiques collègues utilisent du " Penrose " , une gaine chirurgicale souple, d'un diamètre homogène, connectée, via une pièce en plastique usinée et dotée d'une gorge, sur un tuyau trachéal.
Le " Penrose " est réutilisable, contrairement aux étuis péniens à usage unique.
Leur coût, non négligeable en pharmacie, est tout à fait abordable pour des professionnels du domaine médical. Un bon prétexte pour aller nouer des contacts dans les écoles d'infirmières.

étui penien par Frank Vasseur

maintien
Les mouvements du plongeur peuvent occasionner un coudage entre l'embout de l'étui pénien, au niveau du raccord. Pour éviter ce désagrément, il est nécessaire de garder " la tête haute ".
L'option la plus simple consiste à porter un maillot de bain et à nouer le tuyau avec le lacet.

Plus tech(tek?)nique un "baudrier", simple cône de tissu percé en son extrémité pour y passer l'embout de l'étui pénien, maintenu autour de la taille et entre les cuisses par des lacets.

Emplacement
La purge ne doit pas se situer trop à l'intérieur de la jambe ni trop sur le devant de la cuisse pour ne pas entraver le palmage, ni trop bas sur la cuisse pour ne pas être trop proéminente et rester accessible pour les modèles à gicleur.
Idéalement, on la placera à l'entrejambe, juste sous le pli de l'aine, très légèrement sur l'intérieur.
Mais là aussi, chacun a ses préférences.

Jusqu'à il y a peu, i l n'existait rien de fonctionnel pour les femmes, qui doivaient se contenter de couches-culottes ou de protections pour les incontinences.

Aujourd'hui, plusieurs fabriquants proposent des modèles féminins

http://www.wethorse.nl/SP.html

http://www.sumatec.de/produkte/kondome/kondome.html#female%20pouch

La purge-pipi ne résout qu'à moitié les problèmes d'évacuation. Pour le " gros " besoin, une dépose préalable suffit dans la plupart des cas. Pour des plongées vraiment longues (plus de 5 heures), ou dans les sources polluées (lire "Caverns measureless to man " de Sheck Exley), certains se constipent préventivement à l'Imodium.