EXPLORATIONS SPELEOLOGIQUES EN BOSNIE ET EN CROATIE

EXPEDITION "SPELEORONJENJE 1999"

Expédition nationale de la Commission Nationale Plongée Souterraine
de la Fédération Française d'Etudes et de Sports Sous-Marins.

parrainée par la Fédération Française de Spéléologie (n°3/99).

Coordination du rapport : Frank VASSEUR.

Rédaction et relecture :
Roger COSSEMYNS, Christophe DEPIN, Michel GUIS, Richard HUTTLER,
Jean-François MANIL, Patrick MUGNIER, Roman OZIMEC, Gordan POLIC, Jean-Pierre STEFANATO, Claude TOULOUMDJIAN, Frank VASSEUR et Martial WUYTS.

Décembre 1999

Photographie de couverture :
Jour de pointe à Majerovo Vrelo -
Gordan POLIC

"Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même.

On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou qui vous défait."

Nicolas BOUVIER

 

 

INTRODUCTION

L'expédition "Speleoronjenje 99" s'inscrit dans la continuité de "Notranjska 97" et "Zivjeli 98", durant lesquelles nous avions exploré plusieurs sources et noué des contacts avec des spéléologues croates.

Les objectifs ciblaient l'exploration et la topographie de résurgences repérées et partiellement explorées durant les expéditions précédentes, la prospection de poljés de la région de Lika, la formation des plongeurs croates aux techniques de plongée souterraine et la collaboration avec les scientifiques de la Société Croate de Biospéléologie.

Cette expédition avait un statut d'expédition nationale F.F.E.S.S.M., et les trois projets d'expédition 1999 en Croatie avaient été regroupés sous une unique gestion administrative.
Une équipe réduite (projet Touloumdjian), prospectera le sud de la Bosnie et de la Croatie en vue d'une expédition plus lourde en 2000.
Une autre équipe (projet Dutheillet) après une semaine sur le projet Vasseur, prospectera le littoral de l'île de Hvar du 15 au 21/08.

Pour composer l'équipe du projet Vasseur, nous avons fait le choix d'acceuillir des plongeurs jusqu'au seuil maximal de douze en même temps sur le camp.
Ceci à permis à ceux qui disposaient de peu de congés de participer une semaine, à ceux qui étaient en expé. dans un pays frontalier de se joindre à nous, à ceux qui partaient en prospection plus au sud de se poser un peu et de faire quelques premières avant de migrer et aux copains belges qui voulaient découvrir la Croatie de participer.

Enfin, nous avons proposé une collaboration à la fédération croate de spéléologie, à la commission spéléo du club alpin croate, à la fédération de plongée mer croate, ainsi qu'à la société croate de biospéléologie.
Ceci n'a pas été sans problèmes du fait de puissants antagonismes entre certaine structures et de certaines personnes, détentrices de pouvoirs fédéraux, qui n'ont pas ménagé leur peine pour complexifier voire bloquer certaines situations.
Il a fallu toute la volonté et la ténacité de spéléologues de terrain pour arriver à obtenir des collectivités locales les autorisations nécessaires au bon déroulement de l'expédition.

La poursuite de certaines explorations nécessitaient une mise en oeuvre de moyens conséquents (emploi de mélanges ternaires et suroxygénés, propulseurs).
L'aspect matériel, tout comme la logistique générale et la gestion des plongeurs durant les opérations, ont fait l'objet de préparations préalables afin de gagner en temps, en efficacité et en sécurité.

De même, la préparation administrative d'une expédition où les participants sont géographiquement éclatés dans trois pays et dans différentes régions n'est pas sans une certaine complexité et un certain coût ....

Dans une entreprise de ce genre, il était nécessaire de clarifier les objectifs et certaines modalités d'organisation pour que les 25 membres de l'expédition bénéficient d'un rapport investissement-plaisir équitable au possible.
Ce rapport n'a d'autre ambition que la présentation des résultats de l'expédition, afin qu'ils puissent être utiles à d'éventuelles expéditions ultérieures, qui mériteraient d'être, tant il y a à faire en Croatie, sur le plan des explorations et des collaborations.

Contexte géographique et karstologique

La CROATIE

Le territoire :

La Croatie couvre aujourd'hui un territoire de 56 538 km², et compte cinq millions d'habitants.
Cette ancienne province yougoslave aujourd'hui indépendante, est baignée par la mer adriatique au sud-ouest. Elle jouxte la Slovénie au nord-ouest, la Hongrie au nord, la Yougoslavie au nord-est, la Bosnie-Herzégovine à l'est et à nouveau la Yougoslavie (Monténégro à l'extrème sud-est).

Le pays se présente sous la forme d'un large croissant ouvert à l'est, depuis les plaines agricoles de Slavonie traversées par la Sava, la Drava et le Danube, en passant par les secteurs collinaires jusqu'à la péninsule istrienne, prolongée par la longue côte rocheuse de l'Adriatique.

La population :

Avant la guerre, sur les cinq millions de citoyens que comptait la Croatie, 78 % étaient croates et 12 % serbes. Il existe également quelques petites communautés de musulmans slaves, de hongrois, de slovènes, d'italiens, de tchèques et d'albanais, et quelque 200 000 réfugiés politiques bosniaques.
Un million de croate vit dans les provinces de l'ex-yougoslavie, et encore 2,3 millions sont dispersés dans le reste du monde, essentiellement aux Etats-Unis d'amérique, en Allemagne, en Australie, au Canada et en Argentine.

La Croatie, pays à forte dominante rurale, possède un charme certain. Les principales villes sont Zagreb (1 million d'habitants) au nord, Split (300 000) au sud-ouest, Rijeka (225 000) à l'ouest, Osijek (175 000) à l'ouest et Zadar (150 000).

L'histoire :

Lors de la sécession de l'empire romain, en 395, les actuelles Bosnie-Herzégovine, Croatie et Slovénie restèrent dans l'empire d'occident, alors que les actuelles Macédoine, Kosovo et Serbie revinrent à l'empire d'orient (ou byzantin).
Les grandes invasions du V° siècle conduirent l'empire d'occident à sa chute.

A partir de 625, des tribus slaves en provenance de l'actuelle Pologne migrèrent vers les Balkans. La tribu serbe s'installa dans la partie sud-ouest de la Serbie contemporaine en étendant son influence vers le sud et l'ouest. Les ethnies croates occupèrent l'actuelle croatie constituée principalement de deux anciennes provinces romaines: la dalmatie (côte adriatique) et la plaine pannonienne au nord.

Au IX° siècle, malgré l'adoption du christianisme, les croates septentrionaux glissèrent sous influence franque, alors que les méridionaux étaient reconquis par l'empire byzantin. La communauté fut ensuite harmonieusement réunifiée jusqu'au XI° siècle, puis la partie nord s'unit à la Hongrie.
A compter du XIII° siècle, une succession d'invasions tartares et turques dévasta les contrées.
En 1527, afin de bénéficier de sa protection, la Croatie intégra l'empire des Habsbourg d'Autriche. Le pays demeurera sous leur influence jusqu'en 1918.
Durant cette période, dans un but de protection contre les invasions turques, les autrichiens incitèrent les serbes à s'installer sur la frontière bosniaque (Vojna krajina) en leur laissant l'autonomie de leur administration. Ces "autonomies" ne réintégrèrent la Croatie qu'en 1881.

La Dalmatie, pour sa part, tomba sous contrôle vénitien au XII° siècle et vécut les péripéties navales des corsaires et pirates (bataille du Lepante en 1571).
La conquête par Napoléon (1797) s'accompagna d'une occupation de la Dalmatie (1808) et de la création des provinces illyriennes (Dalmatie, Istrie, Slovénie) qui confortaient le concept d'unité des "slaves du sud".
La défaite de Waterloo (1815) permit alors à l'Autriche-Hongrie de récupérer les provinces littorales.

En 1835, un renouveau de la vie culturelle et politique se renforça en croatie pour aboutir à l'abolition du servage (révolution dirigée par Josip JELACIC).
Avant le début du premier conflit mondial (1914-1918) la Pannonie avait rallié la Hongrie. La guerre allait bouleverser l'équilibre des nations dans les Balkans, en marquant le début de la diaspora croate d'une part (50 000 migrants vers les Etats-Unis), puis en regroupant dans un seul pays des peuples radicalement différents, nourrissant des aspirations antagonistes ( le royaume des serbes, des croates et des slovènes , appelé Yougoslavie en 1929):

  • les serbes, qui avaient arraché leur liberté aux turcs ottomans au cours du 19° siècle et avaient constitué leur propre petit état, agrandi à la faveur de guerres ou d'accords diplomatiques;
  • les croates liés pendant des siècles aux hongrois, mais qui n'avaient pas oublié le royaume croate indépendant du début du moyen âge;
  • les slovènes, peuple alpin dominé par l'Autriche.

Ces trois peuples réunis en un seul état sont effectivement des slaves du sud. Leurs langues (le croate, le serbe et le slovène) sont apparentées, comme le sont le français, l'espagnol et l'italien. La langue serbe et la langue croate étaient si proches que seul l'alphabet les différenciait. Les croates, comme les slovènes utilisent l'alphabet latin, alors que les serbes emploient l'alphabet cyrillique, comme les russes et les grecs.
Depuis les récentes proclamations d'indépendance, chaque nation a sensiblement modifié sa langue pour la différencier des autres.

Mais il n'y a pas que des croates, des serbes ou des slovènes en Yougoslavie. Il y a aussi des albanais, surtout au Kosovo (sud de la Serbie), des hongrois en Voïvodine (nord de la Serbie) et d'innombrables minorités entremélées. Au fil de l'histoire, deux nouvelles nationalités émergent: les macédoniens, linguistiquement proches des serbes et des bulgares voisins et les musulmans de Bosnie-Herzégovine qui parlent le serbo-croate, mais qui se distinguent par leur religion, tant des catholiques croates que des chrétiens orthodoxes serbes.

En 1929, le roi de Yougoslavie, ancien roi de Serbie imposait une dictature royale. Cette organisation territoriale et politique, dirigée par un gouvernement centralisé à Belgrade, fut fermement combattue par les nationalistes croates qui organisèrent depuis Paris l'assassinat du roi Alexandre IV en 1934.

La côte adriatique fut sous domination italienne de 1918 à 1943, suite à un accord conclu durant la première guerre.
Avec l'invasion de la Yougoslavie par l'Allemagne en 1941, un gouvernement fantoche à dominante fasciste (Ustasa) fut instauré en Croatie et Bosnie-Herzegovine. Ustasa, après une première tentative d'expatriation de tous les serbes vers la Serbie stoppée par l'Allemagne, engagea une politique d'extermination des serbes, des juifs, et des tziganes.
Mais tous les croates n'adhéraient pas à cette politique. Le maréchal Tito, d'origine croato-slovène, combattit les fascistes avec des dizaines de milliers de partisans.
Les massacres de croates perpétrés par des serbes Cetnik en Bosnie et dans le sud de la Croatie, incitèrent les croates antifascistes à rejoindre les structures communistes, au sein desquelles de nombreux serbes luttaient contre Ustasa.
Le nombre de morts tombés durant la guerre, conduite essentiellement en Bosnie et en Croatie, est estimé à un million.

Après-guerre, la Croatie obtint un statut de république au sein de la fédération yougoslave. Après s'être brièvement tournée vers l'U.R.S.S., la Yougoslavie reprend son propre chemin, celui d'un état non aligné, dirigé par le parti communiste et le maréchal Tito.
Durant les années soixante, la Slovénie et la Croatie distancèrent économiquement les provinces méridionales, développant par là même leur désir d'indépendance.

Le "printemps de Croatie" en 1971 occasionna un retour en arrière et une purge dans les milieux réformateurs, traduit concrètement par un immobilisme économique.
La mort de Tito en 1980 accéléra la paralysie du système gouvernemental et la présidence fédérale commença à "valser" annuellement entre les républiques.
Pour certains historiens, Tito aurait, pour préserver son pouvoir, freiné le développement démocratique et exacerbé les antagonismes latents en jouant les peuples les uns contre les autres.

En 1989, la répression sanglante contre la majorité albanaise de la province serbe du Kosovo raviva la peur de l'hégémonie serbe, annonçant la fin de la fédération yougoslave.
Encouragés par les changements latents en Europe de l'est, de nombreux croates pensaient qu'il était temps d'en finir avec plus de quarante ans de système fédéral centralisateur et aspiraient à une autonomie totale.
Le résultat des élections libres d'avril 1990 confirmait en reléguant le vieux parti communiste loin derrière l'union des démocrates croates.
En décembre de la même année, une nouvelle constitution modifiait le statut des serbes de croatie de nation constituante en minorité nationale.
Dès les premières décades de 1991, les minorités serbes, attisées par les extrémistes, s'enflammaient et précipitaient le pays dans un conflit guerrier qui ne devait s'achever qu'en 1995 avec la signature, à Paris, des accords de Dayton.

Le karst Croate

La république de Croatie, située dans le sud de l'Europe centrale, a une superficie de 56 538 km2. La silhouette globale comprend une partie septentrionnale orientée est-ouest (bassin pannonien) accolée à une longue et etroite bande littorale méridionale orientée nord-est/sud-ouest.
Hydrogéologiquement, le pays peut être divisé en deux parties de superficie quasiment égale:

  • le bassin pannonien;
  • le sud-ouest dinarique.

Cette dernière partie constitue le karst dinarique.

Dans le bassin pannonien, la géologie est dominée par des marécages avec des dépots alluviaux provenants des rivières Sava et Drava.
A l'opposé, le secteur dinarique est uniquement composé de calcaires fortement karstifiés. Quelques poches karstiques existent également dans le nord du pays, mais sont isolées et d'importance mineure.

L'eau en Croatie

L'eau souterraine est la principale source d'approvisionnement en eau potable. Dans le bassin pannonien, un large aquifère alluvial, disposé le long des rivières Sava et Drava contribue à combler l'essentiel besoins. Dans une bien moindre mesure, des aquiféres karstiques épars répartis en collines et basses montagnes bordant lesdeux rivières.
L'approvisionnement public dans les massifs dinariques, et plus particulièrement dans les régions urbaines les plus peuplées de la côte adriatique, est intégralement pourvu par les aquifères karstiques pour l'unique motif qu'il n'y a pas d'autre apport d'eau douce dans la région.

Les très rares écoulements de surface ne génèrent pas de nappe alluviale. 90% de l'eau potable provient du sous-sol, dont 40% de sources karstiques.
Ces données aident à comprendre l'importance de l'eau souterraine en Croatie, plus particulièrement depuis que le tourisme et les infrastructures associées sont concentées sur le karst côtier.
De nombreuse ressources karstiques de l'ouest du pays n'ont pas encore été préssenties pour la consommation humaine.

Cependant, la qualité des eaux dans les grands aquiféres alluviaux des régions du nord, les plus urbanisées et développées industriellement, s'est considérablement dégradée. De ce fait, des proportions conséquentes ont été abandonnées.
A présent les eaux souterraines ont acquis le statut de ressource stratégique pour l'alimentation en eau potable de demain.

Le karst dinarique de Croatie ne présente pas de vastes zones de dépots superficiels pouvant influencer substanciellement l'infiltration des eaux de surface.
Néanmoins, les poljés du karst ainsi que quelques dépressions peuvent présenter des couvertures denses (>100m), particulièrement là où la couverture Holocène est combinée aux dépots lacustres du Pléistocène.
Cependant, en appréhendant la région du Karst comme un tout, ces secteurs ont un impact géographique et hydrogéologique local.
Le karst dinarique et la portion nord-est des montagnes, à l'extrémité du bassin pannonien, sont moins marqués morphologiquement.
Les caractéristiques de ces aquifères sont presque similaires à celles de l'épikarst. Les plaines de cette région sont recouvertes de sédiments éoliens qui réduisent l'infiltration effective.

Les plateaux sont profondémment entaillés par ces rivières qui constituent des drains pour les aquifères karstiques. Dans les Dinarides, ceux-cis sont très profonds, à l'image de ce que nous connaissons dans d'autres secteurs méditerranéens. Ils sont parfois confinés dans des zones de détente. De ce fait, la plupart des émergences karstiques sourdent par effet arthésien. La profondeur sous la surface des aquiféres est en partie déterminée par les structures géologiques spécifiques des Dinarides, lesquelles se sont formées sur une zone de contact entre la plaque africaine et européenne.
D'autres facteurs intègrent l'alternance de roches karstifiées et intrusives, ainsi que les fluctuations marines de l'holocène.

Ces fluctuations holocènes ont occasionné des transgressions supérieures à 100m, comme il l'a été constaté ailleurs sur le pourtour méditérranéen. Cette action, complémentaire de la tectonique des plaques, a contribué à des karstifications atteignant parfois plus de 100m de profondeur.
Ce type de karst très développé présente des caractères spécifiques des dynamiques de remontées d'eaux profondes. Ceci inclut un courant siphonnant dans les parties profondes des aquifères et le maintien des niveaux phréatiques similaires à ceux des tubes de connection (tubes en u, système des vases communicants).

Les poljés, sources et ponors sont formés sur des bassins de draînage. Aussi coexistent des drains diffus et concentrés depuis l'aquifère karstique vers les circulations profondes.
La majorité des émergences karstiques connaissent des débits supérieurs à 100m3/s durant les périodes pluvieuses. Certaines cependant, s'assèchent à l'étiage.

Le karst dinarique insulaire revêt un intérêt particulier: les îles les plus vastes présentent des systèmes karstiques assez développés alors que les plus petites ont seulement des draînages caractéristiques isolés, activés uniquement durant les crues.
Le karst constitue 54% du la superficie de la Croatie, mais si on considère les zones sous-marines, on peut considérer qu'il couvre 72% du territoire croate.

Nous aurions souhaité présenter ici quelque chose de plus précis et documenté sur les régions fréquentées durant l'expédition. Les représentants nationaux de la fédération croate nous promettent une présentation scientifique depuis trois expéditions. Après de multiples relances et connaissant à présent les personnages, nous savons que nous n'en verrons jamais la couleur, à moins qu'il y ait pour eux un intérêt financier.

Historique de la plongée souterraine au Club Alpin Croate (1959-1985) et à la section "Velebit" (1988-1995) :

D'après Gordan TOMSIC Povijest speleo ronjenja, Velebiten n°18, p.17-19 et Zoran STIPETIC dit Patak Speleo-ronjenja u S.O. P.D.S. Velebit 1988-1995 , Velebiten n°18, p.20-26.

La première plongée souterraine réalisée par un croate eu lieu le 21 juillet 1959. Hrvoje MALINAR, dit Joe, plongea en maillot de bain, une torche electrique à la main, avec un appareil respiratoire anti-incendie jusqu'à -7,5m. dans le siphon de Veternici. Une galerie horizontale ensablée avait arrêté son exploration.

Date

Plongeurs

Cavité

Profondeur

Développement

21/06/1959

Hrvoje MALINAR

Veternica

-7,5

 

26/07/1963

Bruno PUHARIC

Urinjska Spilja

-6

 

08/1969

Bozo PALJETAK

Ponor Kovaci

-40

8 m.

1969

Bozo PALJETAK

Izvor Ricina

-20

10m.

1970

Bozo PALJETAK

Pecina Zira

 

 

1970

Bozo PALJETAK

Izvor Opacica

 

15 m.

1971

Bozo PALJETAK

Ponor Doljasnica

- 30

12 m.

1971-73

Bozo PALJETAK

Izvor Spila

115

70

1971-73

Bozo PALJETAK

Izvor Ljuta

 

80 m.

09/06/1973

S. MACURA, I. SEMENOV.

Tounjcica

-27

 

09/06/1973

Hrvoje MALINAR, S. MACURA

Tounjcica

-33

40 m.

17/06/1973

Hrvoje MALINAR, R. CEPELAK

Bistrac

 

 

01/02/1975

Hrvoje MALINAR, Z. KAMENIC

Golubinka, Ljubacka vrata

 

 

02/02/1975

Hrvoje MALINAR, Z. KAMENIC

Spilja pod Gredom

 

 

01/1981

V. PUHOVSKI

Bistrac, G.Dubrave

4

 

01/1981

V. PUHOVSKI, B. FLORIJANI, I. KARLOVCANIN

Jezero kod Bistraca

 

 

23/02/1983

Hrvoje MALINAR, S. PLEVNIK

Panjkov ponor - Krslje

 

 

15/09/1985

Hrvoje MALINAR,

Zelena Pecina

-3

50 m.

18/09/1988

Téo BARISIC, Robert ERHARDT

Tounjcica, Zadnji sifon

-35

 

07/09/1990

Téo BARISIC, Zoran STIPETIC

Spilja u Kamenolomu, Slonovo pojilo

-10

 

22-23/09/1990

Téo BARISIC, Zoran STIPETIC

Pusto poljé

 

12 m.

23/06/1991

Téo BARISIC, Robert ERHARDT, Zoran STIPETIC

Obajdinova Pecina

S.3 plongé jusqu'à -15

 

05/08/1994

Téo BARISIC, Zoran STIPETIC

Lukina Jama

-6

57 m.

Organisation préalable de l'expédition :

 Responsabilités /Engagements:

L'expédition SPELEORONJENJE 1999 en Croatie est une expédition nationale de la F.F.E.S.S.M. , parrainée par la F.F.S.
Cela signifie que les recommandations de la F.F.E.S.S.M. en matière de sécurité devront être appliquées (techniques de plongée souterraine et de plongée aux mélanges), ainsi que le protocole d'engagement de la F.F.S. (respect et rapport avec les structures spéléologiques locales).

Il conviendra aussi de respecter les engagements induits par ces parrainages (compte-rendus techniques, bilan financier, citation dans les publications...etc.).

L'article 7 du règlement intérieur de la commission souterraine de la F.F.E.S.S.M., relatif aux expéditions nationales, ainsi que le protocole d'engagement de la C.R.E.I. - F.F.S. ont été communiqués aux participants, afin que chacun en prenne connaissance.

Afin de ne pas se trouver en porte à faux avec les plongeurs locaux qui, du fait d'un pouvoir d'achat moins élévé que le notre, plongeraient avec du matériel et des techniques inappropriées, l'expédition sera cautionnée par les commissions "plongée souterraine" de la C.M.A.S. et de l'U.I.S. qui nous ont fourni des courriers rappelant les règles élémentaires de sécurité en plongée souterraine.

Répartition des charges:

L'organisation d'une expédition à l'étranger est en soi une lourde tâche qui revêt de multiples facettes :

  • l'administratif (relations avec les fédérations françaises, contacts avec les fédérations locales, obtention des autorisations necessaires, trésorerie, rédaction des compte-rendus et du rapport ...);
  • les études préalables (définition des objectifs, recherches bibliographiques sur les expés antérieures, recherche d'informations sur les cavités et les secteurs visés par l'expédition, quête des accompagnants locaux...);
  • la préparation du trajet (matériel et participants, optimisation des véhicules et des frais engagés);
  • la préparation du matériel (quantification de la masse et du type de matériel en fonction des objectifs, besoins spécifiques, emprunts auprès des clubs, des commissions régionales et/ou nationales, recherche de sponsors...)
  • l'intendance (évaluation des besoins en vivres quotidiens et d'exploration, achat....)

Aussi, l'esprit d'une expédition étant basé sur le fonctionnement en équipe, chaque membre de l'expédition prendra part à l'organisation en assumant une ou plusieurs tâches.
Toute démarche particulière engageant financièrement ou moralement l'expédition devra être entreprise avec l'accord du chef d'expédition, qui sera régulièrement informé de l'avancement de ces travaux préparatoires.
Il en sera de même en retour d'expé. pour tout ce qui concernera les publications.

Fonctionnement interne :

L'expédition, qui forme un tout sur le plan administratif, regroupe en fait deux objectifs distincts. Chacun des deux responsables gère son équipe et son budget. L'organisation administrative est assurée par le chef de projet.

Frank VASSEUR et son équipe établiront un camp de base dans le poljé de la rivière Gacka, avec pour objectif principal la poursuite de l'exploration et de la topographie de Majerovo Vrelo et la prospection des résurgences des poljés alentours. Le troisième projet en Croatie (projet Dutheillet) est intégré dans cette partie, mais a fait l'objet d'un parrainage F.F.S. spécifique.

Claude TOULOUMDJIAN, en équipe réduite, itinèrera dans le sud du pays (région de Dubrovnik) et dans le sud de la Bosnie, afin de repérer précisément les résurgences du littoral croate et de la vallée de la Neretva en vue d'une expédition lourde en l'an 2000.

La subvention de la commission nationale F.F.E.S.S.M. (40 000 f.) a été répartie ainsi : 23 000 F. pour le projet drigé par Frank, 13 000 f. pour celui de Claude et 4000 f. de frais communs (administratif et édition du rapport).
La contribution de la F.F.S. (environ 3000 f.) sera consacrée à l'administratif (expédition des rapports, relations avec les ctructures du pays).

Fonctionnement en expédition :

Précisions préalables :

Le présent document n'est encore qu'une proposition de fonctionnement qui précise certains aspects d'une expédition spéléologique à l'étranger. Il demeure modifiable, avant le début de l'expédition (date arrêtée au 15/04/1999) en fonction des avis des participants (à l'avance et au consensus). Il est hors de question de revenir individuellement dessus une fois sur place.
Il servira de référence en tant que garant de l'engagement moral de chaque participant.

Durant l'expédition, toutes les décisions seront prises en concertation avec les membres. En cas de litige, le chef de projet, dont la responsabilité est engagée durant toute la durée de l'expédition auprès des fédérations françaises et croates, se réserve le droit de trancher et de prendre les dispositions qui s'imposent à l'égard d'un ou de plusieurs éléments perturbateurs dont l'action ou le comportement seraient de nature à compromettre l'ambiance, l'efficacité et la sécurité de l'expédition.

Il en est de même pour les protocoles et techniques de plongée. Ils seront établis à l'avance et éventuellement modifiables, en en référant au chef de projet, avant le 15/04/1999.
Passé cette date, l'organisation matérielle de l'expédition demandera suffisamment de travail, nous ne reviendons plus sur ce qui aura été défini.

L'équipe sur place :

Une expédition réussie dépend de l'esprit et de la motivation des participants. Pour assurer la nécessaire cohésion entre les membres, il faut respecter:

l'esprit d'équipe: dans la mesure du possible, chaque participant aura droit à sa "part" d'exploration. Le choix des "pointeurs" sera établi en équipe, au consensus. Toutefois, pour les plongées profondes dans Majerovo vrelo, il est préférable de limiter le nombre de plongeurs de pointe à deux, préalablement définis.

l'esprit d'expé.: chaque participant devra être conscient de son rôle dans l'équipe, qu'il devra assumer pleinement. Nous ne manquerons pas de faire la fête et de profiter des moments de repos pour faire un peu de tourisme, mais nous déciderons de ces moments en fonction des objectifs de l'expé et des envies de l'équipe. En clair, chacun ne fait pas au dernier moment ce qui lui passe par la tête, mais gère sa participation aux plongées en accord avec l'équipe et le chef de projet.

Couverture des frais :

Le budget prévisionnel de l'expédition prévoit le remboursement des frais de transport de trois véhicules. L'expédition se déroulant de la sorte:

trois plongeurs monteront trois jours avant le 07/08 avec tout le matériel lourd (compresseurs, gaz, propulseurs, grosses bouteilles) et resteront durant toute la durée de l'expédition;
trois ou quatre plongeurs parisiens participeront à la première semaine;
trois plongeurs méridionaux participeront à la seconde semaine;

les frais de l'équipe "15 jours" qui monte le matériel seront pris en charge (un véhicule type minibus), ensuite, pour les équipes qui ne participeront qu'une semaine, un seul véhicule par semaine pourra être remboursé.

Deux plongeurs belges participeront trois ou quatre jours (non encore définis), et un ou deux croates (dont un plongeur) nous accompagneront durant l'intégralité du séjour.

Les frais de transport couverts par l'expé ne seront remboursés qu'à postériori, sur présentation des factures originales.

En fonction des contraintes budgétaires, une partie de l'hébergement pourra être éventuellement prise en charge par l'expé, là aussi à postériori, sur présentation des factures originales .

Il est bien évident que seuls les participants licenciés à la F.F.E.S.S.M., avant le début de l'expédition, pourront prétendre à cette prise en charge.

Fonctionnement avec les autochtones :

Jusqu'à présent, la population croate a toujours été fort acceuillante et agréable. Il va sans dire que l'accueil en pays étranger dépend grandement de son propre comportement.

Relation avec les fédérations croates :

Au niveau spéléo., il existe deux structures: la Fédération Croate de Spéléologie (HSS) et le Club Alpin Croate (H.P.S.), qui sont informées de notre projet, auprès desquelles j'ai sollicité un parrainage officiel, dans l'optique de ne pas accorder plus d'importance à l'une qu'à l'autre..

Jusqu'à présent, nous avons fonctionné avec la H.S.S. dont nous avons toujours respecté les règles (voir Spélunca n°70), mais qui ne s'est pas toujours montré à la hauteur, et qui n'ont pas restitué toutes les diapositives originales que nous leur avions communiquées.
Aussi, toute relation avec des représentants de ces fédérations devra impérativement être concertée par l'équipe et décidée avec l'accord du chef de projet.

Relation avec la population locale :

Il est bien évident que nous ne débarquons pas en terrain conquis. Le colonialisme, sous quelque forme que ce soit, est totalement banni de l'expé..
Aussi, il faudra peut-être prendre le temps de démêler des embrouilles entre structures spéléologiques locales et prendre le temps d'expliquer aux autochtones les motifs et objectifs de notre présence, le mythe d'Ali Baba restant tenace.
Jusqu'à ce jour, la population a toujours été merveilleusement accueillante, et les autorités ont toujours fini par nous accorder les autorisations de plongée.

Chacun d'entre nous a sa part de responsabilité dans les relations de l'expédition avec les autochtones.

Paramètres techniques :

Plongée profonde en milieu souterrain :

Rappels et notions de bases sur les données physiologiques.

A - 50 mètres, la PPN2 est de 4,7 bar ce qui, au regard des notions généralement admises en immersion est déjà narcotique. Cette narcose peut sembler relativement "gérée" par les individus accoutumés à plonger à cette profondeur à l'air.
Mais la qualité et la précision des opérations à effectuer est altérée plus ou moins sensiblement selon les jours. Particulièrement si l'eau est froide ou si une situation de stress se développe (problème d'orientation, obscurité, incident matériel).

Aussi, nous avons fixé le taux de PPN2 à la profondeur maximale à 3,5 bar.
Dès que la pression augmente ou diminue, les effets de l'oxygène sur l'organisme sont modifiés.

La toxicité de l'O2 au delà de 1,6 bar de pression partielle est constatée lors d'expositions prolongées. Considérant qu'en immersion une syncope sans signes avant-coureurs se traduit par une noyade, il est impératif de maintenir la PPO2 entre 1,6 bar maxi et 0,2 bar mini à la profondeur maximum de la plongée.

Déjà deux conditions se dégagent : PPN2 < 4 b et PPO2 < 1,6 b.

Fiche préparation de plongée

L'utilisation de l'hélium comme diluant, permet d'abaisser les PPN2 et PPO2 jusqu'aux seuils déterminés en fonction des pressions partielles souhaitées à la profondeur maxi.
L'hélium, gaz neutre rend également plus fluide le mélange respiratoire (moins de risque d'essoufflement). Par contre, ce gaz diffuse différemment. Les tissus se saturent et se désaturent beaucoup plus rapidement, ce qui interdit l'utilisation des tables de décompression air standard et encore moins le bricolage à partir de celles-ci.

La conduite de la décompression vise à respirer en permanence un mélange suroxygéné le moins saturant possible et dont le pourcentage d'oxygène est tel qu'il est respiré à une pression partielle de 1,6 bars maximum.

Nota : L'hélium, commence à dégazer dans l'organisme des qu'on commence à remonter. Les tables de décompression pour des plongées à fort pourcentage d'hélium comportent des paliers très profonds et la remontée au niveau du premier se déroulera à la vitesse maxi. de 10 mètres/minute.

Exemples : Pour 25 minutes à -140 : premier palier à -105, ce qui implique la gestion de six gaz différents au cours de la remontée en plus du mélange fond.
Pour 60 minutes à -80 : premier palier à -60 et gestion de trois gaz de décompression en plus du mélange fond (Tables: J.P. Imbert).

Approche pratique :

En Croatie, l'eau est froide (de 12 à 6°C selon les régions), il faut composer avec des paramètres aggravants (section de galeries, courant, mauvaise visibilité...etc) et les profils de plongée, parfois biscornus, sont imposés au plongeur par la morphologie de la cavité.

La conjugaison de ces paramètres, combinée à l'éloignement géographique des structures de traitement des accidents de décompression, nous a conduit a établir une organisation rigoureuse des plongées profondes, tant dans le choix et la confection des mélanges gazeux que sur la planification des plongées, afin de sécuriser au maximum les immersions des plongeurs de pointe et d'assistance.

L'utilisation de mélanges à pourcentage élevé d'hélium permet un plus grand confort inspiratoire (masse volumique du mélange plus faible ), donc un risque d'essoufflement limité, une grande lucidité, sans risque de narcose. De plus, en eau froide, les échanges thermiques au niveau du premier étage du détendeur sont plus rapides et le risque de givrage est diminué.

C'est donc naturellement que nous sommes venus à la plongée au Nitrox puis au Trimix, garantes de sécurité pour la poursuite de l'exploration de certaines cavités.

Techniques :

Paradoxalement, une plongée profonde commence à la maison, avec des choix à faire en fonction du profil de la cavité:

Définition des paramètres de plongée et de la composition du mélange Trimix afin de ne pas dépasser 1,6 bars de pression partielle d'oxygène et 3,5 bars de pression partielle d'azote à la profondeur maximale. Choix des mélanges et estimation des volumes à emporter: calculs d'autonomie (principe de redondance), élaboration des consommations/mélange et répartition des blocs/type de mélange.

Limitation préalable de la profondeur maximale atteinte en pointe en fonction de la nature du mélange.
Choix d'une procédure de décompression et de tables : calculs d'autonomie (principe de redondance), élaboration des consommations/mélange et répartition des blocs/type de mélange.
Analyse des risques et solutions de secours en cas de dérive, d'aggravation du profil.
Limitation préalable de la durée du "temps fond" en fonction des gaz disponibles sur la ligne de décompression.
Choix du matériel (nombre et volume des blocs, positionnement dans la cavité) et matériel spécifique (propulseurs, cloche de décompression...).
Elaboration d'un plan d'intervention (nombre et choix des intervenants en fonction des profils des plongées d'assistance).

fiche suivi de plongée

Alors seulement vient la phase de réalisation des mélanges, d'analyse, d'étiquettage visible et aisément identifiable dans les pires conditions de chaque bouteille (air, nitrox, trimix) avec les pourcentages de chaque gaz et les profondeurs maximales d'utilisation. (Cet aspect mériterait à lui seul une note technique).

Injection d'Argon dans le vêtement lors des plongées au Trimix, afin de limiter les déperditions calorifiques, donc prévision d'une bouteille supplémentaire, équipée d'un premier étage de détendeur (2° étage supprimé afin d'éviter toute confusion, l'argon étant irresrirable) assorti d'une soupape de surppression pour éviter de détériorer le volume en cas de surpression du détendeur.

Utilisation de tables Trimix sportives (Ex.: Jean-Pierre IMBERT ou certains logiciels).
Utilisation de documents de gestion des plongées complexes développé en collaboration avec le Spéléo-Secours Français.

Matériel :

La manipulation de l'Oxygène n'est pas exempte de risques, aussi, nous utilisons des bouteilles et robinets dégraissés et des détendeurs Nitrox pour les mélanges suroxygénés.
Les détendeurs et narguilés utilisés avec l'oxygène pur sont dégraissés et dédiés uniquement à cet usage.

Utilisation de propulseurs quand c'est posible.

Afin de pallier à d'éventuelles défaillances, le matériel spécifique (narguilé O2, lyres de transvasement, analyseurs O2, raccords...etc.) est doublé et disponible sur site.

logistique:

Cette organisation collective visant à explorer le milieu souterrain noyé n'est possible que par l'engagement de toute une équipe, dont la sécurité de chacun des membres est à prendre en compte.

Déroulement d'une plongée spéléo profonde type :

Préalables

1. Sécurisation du siphon (nettoyage des anciens fils-guides, équipement en fil ou cable neuf et décamétré) installation d'une corde dans la zone de paliers pour supporter les blocs de décompression et assurer un confort optimum.

2. Un soin particulier est apporté au choix des équipiers. Les plongeurs interviennent en-deçà de leurs possibilités afin d'assurer la "mission" et éviter un accident. Nous sommes également très vigilant à la banalisation de la profondeur. Ce n'est pas parce qu'on plonge à -100 qu'une plongée à -40 devient anodine.

3. Décompression à l'oxygène pour les plongées de rééquipement et d'assistance.

4. Planification de la plongée profonde à l'avance "run-time" avec prévision d'une procédure de repli en cas de problème ou de dépassement du "temps-fond".

5. Organisation des plongées d'assistance et attribution nominative des tâches et horaires d'intervention.

6. mise en place dans le siphon de la ligne de décompression, des bouteilles de progression et de sécurité (vérification systématique du bon fonctionnement des détendeurs), des plombs de paliers, voire du propulseur si besoin est.

7. Mise en "préalerte" des caissons de recompression les plus proches disposant de personnel spécialisé dans le traitement des accidents de plongée et organisation de l'acheminement d'un accidenté. La liste et les coordonnées des caissons de recompression est disponible sur site.

8. En surface, un kit médical oxygène est opérationnel pour chaque plongée (assistance et pointe).

Plongée d'exploration:

1. Un responsable organise les plongées d'assistance. Il a en sa possession un double des jeux de tables utilisés par le plongeur profond, une calculette, le plan de déroulement de la plongée profonde, une fiche de suivi de plongées, un jeu d'ardoises immergeables équipées d'un crayon taillé des deux côtés, et de quoi écrire.

2. Départ du plongeur de pointe et calage des horaires d'intervention.

3. Deux (l'un suppléant l'autre en cas de problème technique ou humain) plongeurs d'assistance sont équipés pour le premier contact (prise d'infos pour la surface afin de caler les visites suivantes), en cas de retour prématuré du plongeur de pointe en cas d'incident ou d'abandon de l'objectif et un éventuel soutien lors des premiers paliers.

4. Le "gestionnaire" en charge de la tenue de la main-courante et de l'organisation des plongées gère en permanence la surface, il recale et coordonne la mise à l'eau des plongeurs de l'équipe dès que le premier plongeur de soutien remonte avec la plaquette "de jonction", sur laquelle le plongeur de pointe a précisé les informations suivantes:

Recto: Profondeur d'entrée dans la table ? (parfois différente de la profondeur maxi.), Temps d'entrée dans la table ? Profondeur du palier actuel ? Temps restant à cette profondeur ? Prochaine visite d'assistance (profondeur du palier) ? Besoin de quelque chose ?

Verso: Vierge pour informations et développement complémentaires.

5. Pendant la pointe, aucun autre plongeur que le "pointeur" dans le siphon afin d'éviter tout cafouillage.

6. Les plongées d'assistance se font à l'air pour éventuellement intervenir jusqu'à -50.

7. Le plongeur de pointe réalise la topographie de la partie explorée, afin d'optimiser la plongée profonde. La topographie en retour de pointe se combine avec la plongée aux mélanges, dans la mesure où la remontée doit s'effectuer lentement.

8. Après l'intervention du plongeur d'assistance de "jonction", les plongeurs d'assistance suivants se répartissent les visites et sortent au fur et à mesure les bouteilles déjà utilisées.

Si des bouteilles de sécurité n'ont pas été utilisées, elles peuvent rester en place pour une éventuelle pointe ultérieure.

9. Les plongées "balade" ou préparatoires à une pointe ultérieure peuvent commencer.

Après la plongée:

1. Aucun effort dans un laps de temps équivalent à la durée totale de la plongée qui suit la sortie de l'eau (portage, chargement des bouteilles sont proscrits).

2. Bilan physique rapide pour évaluer l'état de fraîcheur, donc la qualité de la décompression.

3. Enregistrement de la description et croquis de la partie explorée dès la sortie de l'eau.

4.Un report des éléments et des consommations sert de base pour la planification de plongées futures.

5. Les Trimix restants peuvent être recyclés (seulement 1 fois) pour la plongée suivante afin d'économiser les réserves et de réduire le temps de préparation.

Un et un seul recyclage sera réalisé.

Nous participons avec le Spéléo Secours Français à l'élaboration de procédures applicables lors d'opération de sauvetage dans des cavités noyées profondes. Ces travaux sont actuellement en cours de validation sur des sauvetages réels et lors de plongées d'exploration.

L'équipe :

 

Participants

Adresse

1.

BASTIN Jean-Pierre

180, av. de la couronne
1050 BRUXELLES - Belgique

2.

BRUNET Philippe

21, rue Louis Fablet
94200 Ivry sur Seine - F rance

3.

CHOCAT Marc

41, rue Emile ZOLA
37000 TOURS - France

4.

COSSEMYNS Roger

61, rue des Goujons, boite 99
1070 BRUXELLES-Belgique

5. et 6.

CVITANOVIC Hrvoje et BALAS Ana

Kurelceva 3
47000 KARLOVAC - Croatie

7

DAWAGNE André-Marie

3, place de Souimont
51540 FLOREFFE - Belgique

8

DEPIN Christophe

35, rue Michelet
92370 CHAVILLE - F rance

9

DUTHEILLET Anne

35, rue Michelet
92370 CHAVILLE - F rance

10

FABRE Francis

le mas blanc, la Tour sur Orb
34260 Le Bousquet d'Orb - France

11

GUIS Michel

194, parc de sainte-Claire
83160 Lavalette - France

12

HUTTLER Richard

18 r. Benedite
30000 NIMES - F rance

13

MANIL Jean-François

rue E.Delires
5150 FLOREFFE - Belgique

14

MARTIN Jérome

17 rue Max Raphel
30900 NÎMES - F rance

15

MOUTARD Nelly

244 av. de Limoges
79000 NIORT - F rance

16

MUGNIER Patrick

6 allée des oliviers
13700 MARIGNANE - France

17

OZIMEC Roman

Bokaceva 11
10000 ZAGREB - Croatie

18

POLIC Gordan

Sveta Kriz 2
51322 FUZINE - Croatie

19

STEFANATO J.-Pierre

244 av. de Limoges
79000 NIORT - F rance

20

TOULOUMDJIAN Claude

125, rue Jaubert
13005 MARSEILLE

21

TOMAC Karlo

Dr. Franj Rackog 70
51322 FUZINE - Croatie

22

TOURTELIER François

88, impasse des muriers
13140 MIRAMAS - F rance

23

VASSEUR Frank

3 imp. des jardins
34130 MUDAISON - F rance

24

VLASTELIC Ivan

77, rue Dunois
75646 PARIS Cedex 13 - F rance

25

WUYTS Martial

135, rue Wayez 1
420 BRAINE L'ALLEUD - Belgique

F.F.E.S.S.M. : Fédération Française d'Etudes et de Sports Sous-Marins.
F.F.S. : Fédération Française de Spéléologie.
H.S.S. : Hrvatski Speleoloski Savez.
U.B.S. : Union Belge de Spéléologie.

Présence sur l'expédition (projet Vasseur)

DEROULEMENT DE L'EXPEDITION :

03/08: 16 heures, premier rendez-vous de l'expédition. Francis, descendu de son piemont orbois, arrive chez Frank, dont le camion est en cours de chargement.
Arrivée chez Patrick, à Marignane, vers 18 heures pour une revue détaillée du matériel afin d'éviter tout oubli.

04/08: Réveil aux aurores.... marseillaises. L'équipe se scinde: Patrick et Francis vont récupérer le camion de location. Là, une surprise les attend, le "Ducato" qui doit faire plus de 4 000 kilomètres chargé comme on l'imagine, a les pneus lisses. Patrick négocie et finalement nous bénéficierons d'un volkswagen TDI rallongé. Avec ça, la route n'aura qu'à bien se tenir ! Il faudra quand même revenir un peu plus tard dans la journée.

Pendant ce temps François et Frank s'offrent une visite dans le centre de Marseille pour laisser leurs véhicules au garage.
Finalement, nous décollons à 16 heures après quelques photos du matériel et une séance hautement technique de chargement de véhicule. La nuit est longue, un peu moins que d'habitude, car le camion de location entraîne inlassablement la 405 vers la Croatie.

05/08: L'aurore n'est plus qu'un enchaînement de formalités douanières entre les douanes italiennes, slovènes et croates, et au point du jour, nous découvrons l'Adriatique, large miroir immaculé qu'aucune vague ne vient rider. Inoubliable ! Avec en fond musical "Exil" de Bernard LAVILLIERS, l'instant est sublime....

Les dernières heures de conduite, le long de la côte sinueuse, sont un peu pénibles, avec la nuit "grise" dans les pattes et la clarté blafarde du petit matin embrumé, pour finir, dans le poljé d'Otocac.

Après un café à Otocac, Franjo, notre hôte, nous ouvre l'étage de sa maison qui nous sera dévolu durant l'expé. Avant de passer en position horizontale, nous ne résistons pas à l'envie d'aller faire le tour du poljé pour voir les résurgences qui nous attendent et les conditions.
De retour au gîte nous retrouvons Jean-Pierre BASTIN, Roger COSSEMYNS et Martial WUYTS, qui, arrivés la veille au soir, ont bivouaqué à proximité. Nous nous accordons quelques heures de sommeil, puis déjeunons à Otocac, où Gordan, le compagnon croate de toutes les expéditions et représentant officiel de la fédération croate de spéléologie, nous rejoint.
Après une première réunion pour faire connaissance, nous préparons les bouteilles à déposer dans Majerovo Vrelo afin d'enchainer par la suite trois plongées au trimix.

06/08: Tout le monde sur le pont pour la première plongée du camp. Aujourd'hui, le programme est chargé pour Majerovo Vrelo: vérification de l'état de la corde installée l'année dernière dans le puits d'entrée, installation des bouteilles d'oxygène de sécurité qui resteront tout le séjour à -6, nettoyage des vieux fils d'ariane dans le conduit principal, équipement en cablette gainée jusqu'à 165m. de l'entrée, portage des bouteilles de décompression pour les pointes futures.

Pendant que Jean-Pierre B., Roger, Patrick, Gordan, François, Frank et Martial barbotent, Ivan (riverain de la source et fournisseur des expés en Slivovice) et un habitant de Sinac conduisent Francis à Serticeva jama.

Une mauvaise interprétation des propositions de notre restaurateur nous conduit à accepter un espèce de cassoulet infâme, qui, cumulé à la chaleur occasionnera quelques régurgitations.

Le soir, Karlo, l'autre accompagnateur croate, qui était en vacances sur l'île de Krk avec sa copine, arrive en bus à Otocac.

07/08: Programme similaire à Majerovo vrelo pour Jean-Pierre B., Roger, Patrick, Gordan, François, Frank et Martial. Le puits d'entrée parallèle est équipé en corde, le reéquipement en cable poursuivi jusqu'à -55 pour y raccorder un nouveau dévidoir métré jusqu'à 500m., nettoyage des anciens fils jusqu'à -55, dépose des dernières bouteilles de décompression air et Trimix jusqu'à -45, essais du propulseur W.K.P.P., première scéance photo., prélèvement de faune.

Karlo et Francis, sur les indications des habitants du village, explorent une grotte argileuse située au-dessus de Izvor Pecine d'environ 150m. de développement. Nous baptiserons cette cavité Pecina jama, riche de trois siphons vierges à plonger.

Jean-Pierre et Karlo se livrent à un rituel traditionnel à Majerovo Vrelo: la dégustation de la Slivovice d'Ivan, propriétaire riverain de la source. La séance se soldera par un carton rouge pour Jean-Pierre qui préfèrera son oreiller au respas du soir.

Vers 21h30, les parisiens Philippe BRUNET, Christophe DEPIN, Anne DUTHEILLET et Ivan VLASTELIC arrivent enfin. L'explication de leur retard est logique pour des métropolitains: les embouteillages.

08/08: A partir d'aujourd'hui, le nombre de participants permettra un "éclatement" quotidien sur plusieurs objectifs :

Roger poursuit l'équipement de la zone profonde de Majerovo Vrelo au Trimix, assisté de Jean-Pierre B. et Martial.

Les parisiens se mettent en jambe dans Majerovo vrelo durant les paliers de Roger.

François, Gordan et Patrick, accompagnés par Francis, effectuent une reconnaissance à Markarova Spilja. Le siphon (75m., -11) est franchi et l'escalade post-siphon s'élève à 7m. .

Température de l'eau: 8,5°c. Température de l'air: 8,8°c.

Frank accompagné par Karlo plonge Izvor Pecine. Il s'agit d'une vaste bassin artificiel destiné à l'alimentation d'une pisciculture il est alimenté par trois sources impénétrables, dont la plus septentrionnale bute à -2 sur un colmatage de blocs. Le bassin, riche d'une abondante végétation, dont le fond oscille entre -2 et -3 m. n'offre rigoureusement aucun départ de galerie.

09/08: Programme multiple et varié :

Poursuite du reéquipement et pointe de Frank à Majerovo Vrelo avec Jean-Pierre B., Roger, Patrick, Gordan, François et Martial.

Arrêt à 375m. de l'entrée (-90)...et ça continue. En sortant, une équipe d'une chaîne de télévision nationale nous interviewe "à chaud". C'est la mairie d'Otocac qui a informé les médias, et nous aurons régulièrement la visite de journalistes de la presse et de la radio. Ceci ne sera pas sans susciter quelques jalousies chez les despotes fédéraux locaux.

Philippe et Ivan, partis pour repérer le départ du S .2, ne sortent pas S.1 de Crnacka Spilja puis se joignent à l'équipe d'Izvor Sinjac.
Christophe, Anne, Francis et Karlo partent en reconnaissance à Izvor Sinjac, afin de se rendre compte des conditions de visibilité et d'inspecter les trois lacs attenants.

Ils confirment que le lac amont est bien celui d'où provient l'écoulement, alors que les lacs médian et aval, respectivement plongés jusqu'à -45 (arrêt sur rien) et -55 sont stagnants.

10/08: C'est au tour de Patrick de "pointer" à Majerovo Vrelo, avec en assistance Jean-Pierre B., Roger, Gordan, François, Frank et Martial. Il poursuit jusqu'à 395m. (-92) dans un conduit chaotique et sinueux.

Francis, après avoir repéré un puits aménagé en aval de Majerovo Vrelo dans le poljé, se rend avec Christophe, Anne et Karlo à Pecina jama. Ils poursuivent l'exploration jusqu'aux siphons terminaux et lèvent la topographie.

Philippe et Ivan plongent le lac amont d'Izvor Sinjac jusqu'à -50 et s'arrêtent en raison de la profondeur.
Martial, accompagné par Gordan, plonge Izvor Zaluznica pour constater que le siphon de cette grotte, déjà plongé par Robert SEEBACHER (Autriche), bute sur une étroiture à tenter en décapelé. Ils reconnaissent ensuite Izvor Podum, dont le siphon, véritable cloaque, serait à voir.

Anne et Christophe plongent ensuite Majerovo Vrelo pour inspecter les voûtes du canyon, à 180m de l'entrée et le début du shunt, sans résultat.

11/08: Pour la dernière éclipse du millénaire, nous ne serons pas aux meilleures loges. Le ciel est noir de nuages, et nous n'apercevrons que quelques instants l'astre voilé.

Jean-Pierre B., Roger et Karlo plongent Crno Vrelo, dans le poljé de Dreznica, qui devrait développer 110m. jusqu'au terminus de -54. En fait, il s'agit de fractures très étroites, à la limite du pénétrable, à revoir avec des bouteilles de petite capacité. Une fois de plus, les informations dont nous disposions (communiquées par le président de la fédération croate) étaient erronnées.

Francis, Patrick, Gordan, François et Francis plongent à Markarova Spilja pour réaliser des images vidéo de protées et faire l'escalade post-siphon (8m.) qui débouche sur de courtes galeries rapidement impénétrables.

Philippe, Christophe, Anne, Frank et Ivan font une séance photo dans Majerovo Vrelo, puis Christophe, Anne, Frank se rendent dans le poljé de Dabar où deux sources, dont l'une est captée pour l'eau potable, sont à plonger.

C'est Christophe qui s'y colle et simmerge dans Izvor Crevarak, la source captée, dont le bassin s'avère impénétrable malgré un débit de 10 l/s. environ. Cette incursion ne plaît guère à quelques personnes du village, malgré l'autorisation écrite du service des eaux d'Otocac dont nous disposons. Après quelques explications, tout rentre dans l'ordre et nous partons pour Izvor Pila, vaste piscine située sous la route, bouchée elle aussi à -2m., malgré un débit d'environ 5l/s. .
Durant la nuit, les éléments se déchaînent et nous assistons à un orage violent, accompagné de chutes de foudre, non loin du gîte.

12/08: Gordan accompagne Christophe et Anne à Markarova Spilja pour y faire des photographies de protée.
Jean-Pierre B., Roger et Karlo se rendent à Izvor Sinjac, où le lac amont leur livre une jolie première:

Roger: "... En chemin, nous découvrons, une fois de plus, les horreurs de la guerre: champs de mines, entonnoirs d'obus, carcasses de chars calcinées... La fin de notre approche est une piste longue de 12 kilomètres. Nous sommes trois pour cette sortie: Jean-Pierre, Karlo, notre guide croate, et moi-même.

Les "trois lacs" sont d'un aspect fort sympathique et font au moins 20 m. de diamètre chacun. Curieusement, c'est le lac le plus éloigné du massif calcaire que semble provenir l'essentiel du débit. Nous convenons d'un plan d'attaque (pacifique !): Jean-Pierre partira une minute avant moi, en emportant un spot de 100 watts, afin de vérifier l'amarrage et de tenter d'apercevoir une éventuelle prolongation. Je le dépasserai ensuite avec le dévidoir de fil pour explorer la suite, si elle existe ! Sitôt dit, sitôt fait: je m'immerge, et je rejoins Jean-Pierre à -42 où nos prédécesseurs ont attaché le bout du fil sur... une épave de charrette! Je raboute mon fil et c'est parti. Jean-Pierre me suit et donne du spot. Nous suivons le fond en pente douce.

Soudain, notre route est barrées par une spectaculaire lame rocheuse. Derrière: le trou noir!

Hélas, il nous faut déchanter: ce n'est que l'ombre de la lame précitée... Nous poursuivons donc la descente en suivant la paroi. Quelques mètres plus loin, le fond d'alluvions est remplacé par un tapis de blocs et de galets roulés: la source n'est plus loin. En effet, nous apercevons le porche d'une galerie de belles dimensions. Nous y pénétrons tout excités. La descente se poursuit. Vers -60, Jean-Pierre, qui a atteint sa limite d'autonomie, fait prudemment demi-tour. Pour ma part, ayant, de façon optimiste, opté pour un bi-bouteilles 2 x 20 litres, je continue encore l'exploration sur une dizaine de mètres. Mais il faut se rendre à l'évidence, je ne verrai pas le fond aujourd'hui: je suis maintenant à -67 et il est grand temps de faire demi-tour. Je coupe mon fil et je reviens en mémorisant au mieux le parcours. Bilan du jour: 30 mètres déroulés, cap 310°, arrêt sur.... rien ! Vu la profondeur et la température de l'eau, nous y effectuerons nos paliers de -6 à l'oxygène pur. Pendant ceux-cis, je songe déjà à revenir, au "trimix" cette fois.

Le soir, au camp, débrieffing de la journée. Tout le monde est emballé. Le "chef", Frank aussi et il nous propose de tenter une pointe dès le lendemain car notre expé touche à son terme. Nous inventorions ce qu'il nous reste comme gaz: Trimix 18/42/40, Nitrox 50/50..... On peut voir venir."

Francis, Patrick, François, Frank et Martial font des images vidéo, que dis-je, une reconstitution historique de la pointe de Patrick à Majerovo Vrelo. La galerie est ensuite inspectée en détail, avec le phare de cinéma (250 watts), pour remonter deux cheminées sans suite (butant respectivement à -28 et -26) à 90m. et 120m. .

François plongera ensuite le puits bati situé en aval dans le poljé (baptisé, faute de mieux, regard sur Majerovo Vrelo), puis Izvor Podum, dont les plans d'eau sont colmatés à -2m.

Durant la nuit, le temps tourne à nouveau à la pluie.

13/08: Très tôt le matin, Karlo et Patrick raccompagnent François à Rijeka où le bus, puis le train le ramènent en France où ses activités professionnelles l'attendent.
Plongée à Izvor Sinjac Jean-Pierre B., Philippe, Roger, Frank, Ivan et Martial.

Roger: "... Retour en force aux trois lacs. Philippe et Jean-Pierre installent une corde destinée à recevoir les bouteilles de décompression: oxygène à -6, Nitrox 50/50 à -21 et air à -30. Pendant qu'ils s'affairent, je m'équipe, si bien que, dès que tout est prêt, je plonge. Je suis vite à mon terminus de la veille, à -67m. Je raccorde mon fil d'ariane et je poursuis vers le fond. La galerie continue à descendre rapidement et j'atteins vite la limite de mes tables. C'est là une des difficultés de la plongée aux mélanges: la profondeur maximum doit être scrupuleusement respectée. A contre-coeur donc je fractionne mon fil sur une arête rocheuse à -78, après seulement trente mètres de progression. La suite est évidente: toujours plus bas dans une belle galerie de plusieurs mètres de haut.... Je fais demi-tour et je suis rapidement à mon premier palier où Martial vient prendre de mes nouvelles. Les arrêts se succèdent et j'arrive bientôt à mon palier oxy de -6m. Là, visite de Jean-Pierre qui m'apporte un thermos de thé bien chaud. Quel luxe ! Bienvenu toutefois, car, malgré une eau plus chaude que dans les autres sources où nous avons plongé (13° au lieu de 8°), j'en ai pour trois heures d'immersion au total.

C'est sur cette belle explo. que s'achèvent nos pérégrinations croates. Nous garderons de ce séjour le souvenir d'une excellente ambiance de camaraderie et d'entraide qui a permis des résultats appréciables."

Christophe, Anne et Karlo retournent à Pecina Jama pour plonger le siphon terminal, colmaté à -10.

Francis, Patrick et Gordan préparent les mélanges pour les pointes trimix futures, puis plongent les antres sources du poljé de la Gacka, dont Tonkovica Vrelo, qui sont toutes impénétrables malgré des débits parfois supérieurs à 4 m3/s. .

Le soir, l'apéro est chargé car c'est le week-end de va-et vient entre les équipes de la première et de la deuxième semaine. Ainsi, nous retrouvons au gîte Nelly MOUTARD et Jean-Pierre STEFANATO, puis André-Marie DAWAGNE (bébé) et Jean-François MANIL (doudou), les spécialistes belges des galeries étroites et des eaux troubles.

14/08: Moment d'installation pour les uns, de rangement pour les autres. Jean-Pierre B., Roger et Martial s'en retournent au plat pays, alors que les parisiens migrent vers le sud pour l'île de Hrvar.

Pour le reste de l'équipe, à moitié reconstituée avec du sang frais, nous montons dans le Gorski Kotar, dans le nord du pays, où nous avons déjà plongé lors des deux précédentes expéditions. Après un déjeuner collectif devant Izvor Licanka, nous nous séparons en deux groupes, pendant que Karlo récupère chez lui, à Fuzine.

Plongée à la Izvor Licanka. Boubou: "Le but était d'aller vérifier si des départs potentiels d'escalade étaient réellement intéressants. Donc, nous plongeâmes... trop plombés, avec un kit trop chargé, et dans de l'eau glacée. Ceci nous permit de mettre au point une toute nouvelle technique de progression subaquatique : le franchissement de siphon en escalade latérale. Si ! Si ! Hormis cette grande découverte, les escalades se sont avérées peu prometteuses. Time ! "

Plongée à Zeleni Vir: Francis, Nelly, Patrick, Gordan Jean-Pierre S. et Frank.

Frank: "Nous espérions une meilleure visibilité que l'an dernier, et bien c'est raté ! Patrick, qui part reéquiper jusqu'à -30, s'enfonce dans les eaux glauques. Visibilité 1,5m. maximum. Après le terminus de l'an dernier, un point bas à -35 dans les blocs semble annoncer une remontée. En progressant dans un enfer chaotique, je reviens en direction de l'entrée le long d'une paroi tapissée de limons et de débris végétaux. A -15, j'atteins mes limites d'autonomie en air, et je manque de plombs pour gérer convenablement ma flottabilité. Arrêt sur cette paroi d'une salle noyée immense et encombrée de blocs à -15. En sortant, nous pensons tous que nous tenons peut-être le chemin d'une éventuelle sortie."

Nous nous retrouvons à Fuzine, animé d'une fête estivale, où devisons un moment avec les personnages du village avec qui nous avons fait connaissance lors des expéditions précédentes.
Le soir, Richard et Jérôme nous retrouvent à Otocac. Nous dînons dans une ambiance de fête, car le restaurant où nous dînons quotidiennement accueille un mariage. Jupettes et jupons à profusion, pour les yeux seulement.

15/08: Dédé et Boubou plongent à Crnacka Spilja. Boubou: "Les données assez obscures que nous avions au sujet de cette cavité nécessitaient une reconnaissance. Ce que nous fîmes... Le siphon 1 prééquipé ne pose aucun problème et donne accès à un magnifique post-siphon, tel que les spéléos en raffolent. De belles galeries, la rivière, des passages aquatiques surprenants. Bien ! Ceci nous a mené face au second siphon qui dès lors existait bien. Il ne restait plus qu'à organiser sa plongée et espérer une jonction avec un gouffre connu en amont. Le retour nous a offert une rencontre avec deux protées. Poétique !?"

Grosse journée à Majerovo Vrelo pour préparer la prochaine pointe avec Francis, Richard, Jérôme, Nelly, Patrick, Gordan, Jean-Pierre S., Karlo et Frank. Les bouteilles de progression et de décompression sont installées de -44 à -18. Richard et Jérôme prennent contact avec la source et tentent quelques clichés et images vidéo, Jean-Pierre S. revoit le shunt et explore une cheminée et un puits, et nous organisons une séance "pédagogique" pour Gordan qui essaye pour la première fois un volume étanche et Karlo qui fait son baptème de plongée. Ils en ressortent emballés.

Marc CHOCAT, qui sort d'une semaine dans le Lot à voir passer les crues, nous rejoint en début d'après-midi. L'équipe de la deuxième semaine est à présent au complet.

16/08: Partis pour plonger Crno Vrelo, qui s'avère impénétrable, Francis, Boubou, Dédé, Richard, Jérôme, Gordan et Karlo découvrent deux cavités butant sur des siphons.

Boubou: "L'entrée de Komarceva jama 1 était au siphon ce qu'une soirée à la Slivo est au réveil du lendemain... Au départ agréable, puis offrant un goùt plus que douteux. La mise à l'eau se situe sous une trémie particulièrement "engageante". Neanmoins, Dédé fouille, touille, s'embrouille et, après un passage qu'il qualifiera par après de "belge", se retrouve dans une eau limpide à tirer du fil au milieu des protées ! Trente mètres sont déroulés, puis retour sur autonomie (2 x 4 litres).

Pour aller dans cette zone, n'oubliez pas vos palmes. Elles serviront entre autres à taper sur les vaches qui broutent vos sièges d'auto ou votre fil. Veillez à vous nourrir convenablement. Les moustiques adorent le sang parfumé."

Patrick part pour une ultime pointe dans Majerovo Vrelo, avec Marc, Nelly, Gordan, Jean-Pierre S. et Frank en assistance.

Mardi 17/08: Alors que Karlo, qui doit passer un entretien d'embauche et Francis, qui enchaîne une expédition spéléo en Espagne nous quittent, Dédé, Boubou, Gordan, Nelly et Jean-Pierre se rendent à Fuzine pour une première pointe dans le S.2 de Izvor Licanka. Une mauvaise surprise, enfin demi-surprise car nous subodorons les magouilles de certains spéléos officiellement bien intentionnés, les y attend.

Boubou: "L'idée de départ était de plonger le siphon terminal de la Licanka. Pour ce, la présence de trois porteurs, un pointeur et d'un soutien moral féminin était requis. Ce beau projet fut malheureusement contrecarré par l'univers Kafkaien de l'administration croate. Nous nous sommes donc reportés surr une source inconnue mais prometteuse (Izvor Kupice). La vasque doit avoir entre 10 et 15 mètres de diamètre et l'entrée de la galerie est à -8. Les deux premiers plongeurs (Manil et Polic) tirent le fil jusqu'à -16 dans une magnifique galerie rectiligne et inclinée à 45°. Il est à noter l'équipement "Tek" des deux premiers plongeurs qui n'hésitèrent pas à plonger en bottes, bi 4 litres et salopette crado dans cette eau limpide. Mon dieu, pardonnez-les !"

Jean-Pierre S. : "A midi, nous sommes sur le pied de guerre devant les grilles de la Licanka à Fuzine, le fief de Gordan, dans l'attente de la confirmation d'une autorisation que nous avons déjà. Mais l'abondance des "nema problema" ne me dit rien qui vaille. De fait, nous sommes finalement déboutés, ce qui met Gordan dans un colère à peine retenue. De rage, il décide de nous emmener plonger une source apparemment vierge près de Delnice.

L'autorisation est obtenue et nous sommes conduits devant l'endroit: une belle vasque circulaire située au pied d'un massif arboré, en bordure d'un torrent à sec où il ne doit pas faire bon séjourner en période de fonte des neiges. Boubou et Gordan, équipés de petites bouteilles, commencent à dérouler le fil pendant que Nelly et moi nous équipons. Ils ressortent enthousiastes : un sourire large comme le Velebit orne le visage de Gordan et Boubou m'annonce une galerie "grosse comme le Ressel avec au moins 15 mètres de visi.". Bigre!

Je me mets à l'eau avec Boubou qui ne résiste pas à m'accompagner jusqu'à son terminus marqué par un retrécissement de 5 x 1,5 m. à -15. Il a bien fait car au moment de commencer à dérouler, après un fractio sur un tronc d'arbre, je réalise que j'ai oublié ma planchette topo. et lui emprunte la sienne. Je progresse ensuite au milieu d'une galerie rectiligne descendante au sol de gros galets, dont je n'aperçois pas les parois. Nelly me rejoint à -36 au moment où je dépose relais et planchette topo. car j'ai le sentiment que plus loin ça va se compliquer.

En effet, cinq mètres plus loin, à -38, le passage est barré par un amas de gros blocs qui occupe la section de la galerie.

Je trouve un passage au ras du sol et progresse d'encore 5 m en me faufilant à travers les blocs jusqu'à -39 pour une distance de 75m. . Je rembobine les derniers mètres de fil et rentre en levant la topo. Arrivé en surface, en décrivant la galerie aux collègues, je réalise que je n'ai pas mesuré la largeur de la galerie.

Je redescend donc à -20, où la largeur est de 10 mètres (la visi etait donc de 5 mètres à l'aller) et la température de 7°. Au moment de noter ces observations, je constate que la feuille de relevés s'est détachée de la planchette topo. . Le report a donc été effectué de tête, mais la pente et la direction sont suffisamment constantes pour que nous nous en contentions."

Marc, Richard, Jérôme, Patrick et Frank se rendent à Izvor Sinjac pour la dernière plongée Trimix de l'expédition. Sur le chemin, nous découvrons une autre facette du pays, que les croates s'efforcent d'oublier, celle qui reste profondément marquée par le récent conflit meurtrier. La route est bordée de champs de mines, signalés des rubans accrochés aux arbres ou des piquets métalliques, de carcasses de véhicules et de chars d'assauts carbonisés, de maisons incendiées aux façades criblées d'impacts de balles et d'éclats d'obus, la route elle-même est oblitérée par des chutes d'obus de mortier. L'horreur atteint son comble lorsque nous croisons, à 4m. du bord de la route, un récent cratère d'explosion, signalé par un ruban rouge "stop police" et orné de bouquets de fleurs. Karlo nous avait informé qu'un homme du village avait sauté sur une mine, il y a seulement quelques semaines de ça ....

Frank : " L'expédition tire à sa fin, et si certaines sources n'ont rien donné, nous serons dans l'obligation de laisser certaines explorations en suspens. Izvor Sinjac sera certainement de celles-là...

En terminant les préparatifs de surface, les copains s'affairent autour de la vasque, sous la gestion bienveillante de Patrick. L'équipe est bien rôdée, et très vite toute la logistique est opérationnelle: documents de gestion et de suivi des plongées, bouteilles de sécurité, ligne de décompression, répartition des tâches.

Il fait vraiment chaud, ici comme au pays des cigales, et j'ai tôt fait de glisser dans l'élément liquide. Marc, encore au palier, m'indique d'un signe que tout est en place, en état de fonctionnement.

Top départ, je file à la verticale dans ce puits à ciel ouvert grandiose, dépose le relais de mélange suroxygéné avec la grappe de blocs, sur la corde à -30, pour atteindre le cône d'éboulis, à -40. Une quantité impressionnante de bouteilles d'alcool jonche la base du puits, reliques d'agapes passées en ces lieux idylliques. Le plus surprenant reste tout de même cette charrette à quatre roues, couchée sur le côté à -42. Les flacons d'air, nécessaires aux premiers paliers de décompression, y sont d'ailleurs accollés.

A partir de -55, la galerie s'engage en un puissant canyon, large d'au moins cinq mètres. Le sol se dérobe en une succession de redans verticaux, constitués de gros blocs effondrés.
Roger a équipé en hauteur, sur la paroi, afin d'éviter un gymkana dans ce chaos. On reconnaîtra là l'expérience de nos collègues d'outre-quièvrain, habitués à évoluer en eau chargée.

-78, terminus du fil. Machinalement, je raccorde mon dévidoir, vérifie le noeud de jonction et prend mon envol pour... pas longtemps..
Cinq mètres plus bas, les parois se referment. La source nous jouerait-elle un mauvais tour ? D'où viendrait le courant ?
En rive gauche, au ras du sol, une langue de sable fin s'échappe d'un sombre interstice.
C'est ce que nous avons coutume d'appeler un laminoir, une galerie plus large que haute. Ici, si sur le côté on distingue à perte d'éclairage, la hauteur jouxte péniblement le mètre.

Fort de l'enseignement de la progression "à la belge", j'évolue à proximité de la rive droite. Du sol, recouvert de sable fin, emergent çà et là des aspérités rocheuses, fort bienvenues pour amarrer le fil d'ariane, évitant ainsi qu'il n'aille se tendre derrière moi dans un passage scabreux.

-96, la voûte vient tangenter le sol. Ici aussi, il est impossible que la source se termine ainsi. Retour en arrière de quelques mètres. Je reviens vers la rive gauche et... gagné !, une belle coulée de sable clair atteste du passage du courant.

Rapide coup d'oeil aux instruments, j'ai encore de quoi avancer un peu en restant dans les confortables marges de sécurité préalablement calculées.

La pente du conduit s'atténue un peu, et, à -101, le plafond se relève. Je file encore jusqu'à une petite arche rocheuse, idéale pour l'amarrage terminal du fil. La dune de sable prend fin au profit d'un sol de gros galets qui file à l'horizontale à perte d'éclairage. Je suis à -103, et le mélange trimix que j'inhale m'accorde une équivalence narcotique similaire à celle ressentie à l'air à -30. Je profite de cette lucidité pour contempler une dernière fois le terminus provisoire de la source et effectuer les relevés topographiques.

Un petit goujon pigmenté croise mes phares à -96. Fidèle, il m'accompagnera durant la remontée, régulière jusqu'à - 57, puis saccadée par les premiers stops de décompression.
Serein, heureux et confiant, je retrouve la charrette et les premières bouteilles d'air. Comme toujours, le passage du trimix à l'air à -45 occasionne une légère narcose, qui s'ajoute à la griserie de la découverte.

Paradoxalement, ce n'est pas pendant l'exploration même que j'apprécie cette fabuleuse expérience qui consiste à découvrir, sur notre planète, des lieux encore inconnus des hommes.
L'esprit est alors trop concentré sur la gestion de nombreux paramètres: recherche du passage, équipement rationnel du fil d'ariane, surveillance des manomètres pour la consommation, de la montre pour les limites en durée d'immersion, alternance des détendeurs...etc, pour savourer pleinement l'instant présent.

Ce n'est qu' aux premiers paliers, une fois les paramètres d'entrée dans les tables de décompression convenablement déterminés, que l'esprit se libère un peu au profit des images fraîches que la mémoire a enregistré.

-36, remontée en pleine eau, alors que les phares de Richard se découpent dans le halo verdâtre du puits d'entrée.
Premier contact avec la surface, il me tend l'ardoise "de jonction" sur laquelle je n'ai plus qu'à remplir les petites cases pour consigner les paramètres de la plongée, afin qu'en surface, les plongées d'assistance suivantes s'organisent.

La suite de la plongée se résume en une succession de stations de plus en plus prolongées, rythmées par les visites des copains qui évacuent les bouteilles vides.
Enfin, dans un dernier instant d'appesanteur, je crêve la surface, accueilli par les mines réjouies des copains. Est-ce le résultat de la plongée, la fin d'une longue journée ou l'heure de la "pivo" (bière) qui approche qui cause tant de joie ?

Peut-être un peu des trois, car le plaisir d'une expédition à l'étranger se nourrit de tous les aspects techniques, humains et matériels."

Le bon professeur docteur Garasic, président de la fédération croate de spéléologie venu nous rendre visite, affichera un "politiquement correct", malgré toutes les manipulations destinées à nous empêcher de plonger dans les sources captées de la région de Gorski Kotar, dont les motifs demeurent complexes et obscurs.

Lors du retour, l'amortisseur avant de la voiture de Richard perd de l'huile. C'est pour lui le début d'un feuilleton mécanico-téléphonique qui lui vaudra un retour en avion et un voyage en Croatie une semaine après le retour de l'expé pour récupérer son véhicule.

mercredi 18 Août: Richard, Jérôme, Patrick et Frank montent en Gorski Kotar pour plonger ZELENI VIR. Richard, dont le véhicule est immobilisé, voyage en passager clandestin dans la caisse du camion.

Richard : "Le parking de ZELENI VIR n'est plus très loin. Je devine, sans l'avoir vue, la route qui nous mène vers notre lieu d'exploration. Il faut dire que les 2 heures et demi de voyage entre Otocac et Skrad furent confortables mais sans lumière et sans paysage.

Seul, bloqué dans la caisse arrière du camion dépourvue de vitre, l'ambiance tient à la veilleuse du plafonnier.
Le camion stoppe. Une main décidée et virile manoeuvre la porte arrière du véhicule, nous sommes arrivés !

La résurgence est captée pour l'alimentation d'une micro-centrale électrique, composée de 2 turbines couplées à 2 génératrices d'une puissance totale de 2 Mégawatts. L'arrêt de la centrale pour raison d'entretien nous permet de contempler la rivière dans son lit naturel.

L'eau est encore laiteuse, mais la visibilité parait être meilleure en comparaison à la plongée effectuée une semaine auparavant par Frank et Patrick.
Une fois revêtus de nos habits de lumière avec la précieuse assistance de Frank et Patrick, nous glissons avec Jérôme vers notre objectif, à 150 mètres de l'entrée.

Après avoir traversé une zone de blocs et une étroiture, la descente est assez verticale. On se retrouve rapidement dans la zone des - 30 mètres. La galerie semble retrouver une certaine cohérence. On distingue une vraie paroi en rive droite et du sable fin dans les parties basses. Plus loin, à - 35 mètres les blocs font leur réapparition. Ils nous accompagnent sur une cinquantaine de mètres à - 24 mètres de profondeur. Là, une paroi inclinée à plus de 60° fait face, nous sommes au terminus. J'amarre le fil et entame une remontée. Rapidement la visibilité se réduit et nous passons à plusieurs reprises à proximité de pierres collées par l'argile ne demandant qu'un effleurement de palme pour dégringoler. A -12 mètres le plafond nous barre le passage. Toute chance de sortir à l'air libre semble compromise. Jérôme décide d'aller chercher dans la zone des - 30 mètres une continuité. Il tirera 40 mètres de fil dans ce qui semble être la suite. Pour ma part, j'ai cherché un hypothétique passage mais je n'ai trouvé que blocs et dunes d'argile. L'impression d'être dans quelque chose de très gros est omniprésent. Le retour se fait sans visibilité. La température de l'eau était de 7°C.

Après 1 heure 50 minutes de plongée nous regagnons la surface, nous partageons ensemble nos impressions: "C'est gros on ne sens pas le courant ! Ca continue, dommage que l'eau ne soit pas plus claire".

Marc, Boubou, Dédé, Nelly, Gordan et Jean-Pierre retournent dans le poljé de Dreznica pour plonger les Komarceva, qui s'avèreront impénétrables. Hrvoje CVITANOVIC, le président du club de Karlovac et rédacteur de Spéléo-Zin, la revue croate de spéléologie et son amis Ana BALAS, ainsi que Roman OZIMEC, responsable de la Société Croate de Biospéléologie, se joignent à eux. Ils nous confirmerons que ces cavités étaient bien inconnues et que c'est la première fois que des protées sont observés dans ce secteur du pays.

Boubou: "Plongées à "Mosquito beach". Bien décidés à râcler la zone, trois plongeurs se retrouvent sur le site. Komarceva jama 1 : nous retournons dans la galerie et nous pouvans enfin observer le départ du siphon, l'eau s'étant clarifiée. Nous avons compris alors que les protées resteraient à jamais tranquilles ! Le passage forcé par Dédé s'ouvrait au milieu d'une énorme trémie instable. Parole du jour: des héros, il y en plein les cimetières.

Komarceva jama 2 : Plongée d'un petit siphon par Marc. Il y a bien une arrivée d'eau, mais elle est impénétrable."

Nous décidons de laisser tomber le poljé de Dreznica, qui n'a pas donné de résultats.

19/08: Dédé, Boubou, Jérôme, Patrick et Gordan partent pour une plongée à Crnacka Spilja.

Boubou: "Et nous voilà partis pour le siphon 2. Cinq hommes dans la force de l'àge prêts à affronter ce verrou liquide dont ils rêvaient toutes les nuits depuis cinq jours.

Raaaaah ! C'était sans compter sur Archimède qui, bien sùr, nous a expliqué que tout corps plongé entièrement dans un liquide reçoit une poussée et tchic et tchac. Mais qui a oublié de nous signaler qu'un kit ça peut couler. On ne peut plus se fier à personne. Toujours est-il que nous sommes revenus breduoilles de première, mais entichis de l'esprit d'équipe dont ont fait preuve les copains. (Ne te tracasse pas pour ça, ça peut arriver à tout le monde, ce n'est que partie remise. Hypocrites va !

Par ailleurs, les recherches en terme de progression subaquatique continuaient. Une technique très particulière, pieds au plafond, sans palmes et bidon étanche sur le ventre est apparue. L'auteur de celle-ci étant un plongeur bien connu de tous, je tairai son nom (néanmoins, il fume la pipe)."

Ana, Marc, Hrvoje, Nelly, Roman, Jean-Pierre S. et Frank se rendent dans la région de Kordun pour plonger Izvor Tounjcica: Jean-Pierre S.: " La grotte aboutit à un lac d'une vingtaine de mètres de diamètre. Le fil en place est amarré sur la paroi opposée à la mise à l'eau. J'accroche une corde qui servira de support à la bouteille d'oxygène pour la décompression. L'ambiance est assez austère : l'eau, sans être trouble, n'est pas franchement limpide, le fil descend en suivant une paroi légèrement surplombante qui constitue le seul repère visible. A -24, le fil disparaît entre deux blocs. A moins d'être particulièrement retors, il est impossible qu'il ait été posé là : les blocs sont tombés après. Y aurait-il quelque chose d'instable à ce point au-dessus de ma tête ?

Après quelques secondes d'hésitation, j'amarre mon propre fil afin de contourner le piège et je reprends la descente. Il y a de plus en plus de blocs, de plus en plus gros. A -38, le fil disparaît entre deux rochers, il ne semble pas fixé à l'autre extrémité, ambiance toujours.
Juste en-dessous, ça s'éclaircit, 10 mètres au moins, gros volume, rochers partout. Je délaisse un passage à gauche vers -40 et continue jusqu'à -45, là où ça me paraît le plus gros.
J'amarre proprement et entame la remontée en rectifiant quelque peu l'équipement pour que Marc soit tranquille.

Arrivé à -10, j'aperçois le cul de la bouteille d'oxygène. La visibilité est donc de 3 mètres dans le puits, jusqu'à -38. Le puits fait probablement une dizaine de mètres de diamètre. T°-11 °C."

Mars fouillera le point bas sans résultat et trouvera, à la remontée, une zone plus claire au sol affecté de ripple-marks à -40.

20/08: Nelly et Jean-Pierre S. prennent la route pour la France via l'Italie. Dédé et Boubou retournent à Crnacka spilja pour récupérer le kit ayant fugué la veille avant de prendre la route pour la Belgique.

Dernière plongée à Majerovo Vrelo pour Jérome et Richard qui font une séance photo, pour Patrick, Gordan et Frank qui font une série de photos de Gordan jusqu'à 70m. de l'entrée, puis dans le canyon, ainsi que pour Marc qui revoit en détail le shunt.
En sortant nous retrouvons Frane, le patron du restaurant où nous dînons, qui est venu s'approvisionner en truites de la Gacka pour le repas du soir, ainsi que l'équipe des parisiens, remontée bien bronzée de Hrvar, qui fait un stop-repas au bord de la vasque avant de reprendre la route.

Après le dernier repas au restaurant, Frane et Josipa, les patrons du restaurant où nous avons diné tous les soir, nous font part du plaisir qu'ils ont eu à nous accueillir et nous offrent à chacun une bouteille de Slivovice.
De retour au gîte, nous trouvons également une bouteille de slivo pour chacun que Franjo, notre hôte, nous offre.

L'hospitalité croate n'est pas un vain mot.

21/08: Marc, bien inspiré, prend la route aux aurores, suivi quelques heures plus tard par Patrick et Frank qui rapatrient le véhicule de location chargé de tout le matériel. Quelques heures de décalage, malgré un départ à 8h30, occasionneront de longues heures d'embouteillages. La galère prendra fin à 18h30 après Venise, où nous pouvons enfin passer la quatrième vitesse.

Richard et Jérôme, plus heureux dans leur malheur, rentreront en avion, aux frais de l'assurance du véhicule, qui bénéficie d'un séjour d'une semaine supplémentaire en Croatie.

22/08: Arrivée vers Marseille vers deux heures du matin. L'essentiel de la journée sera passé en déchargement et rechargements divers, mais tout est revenu à bon port.

BIBLIOGRAPHIE SPELEOLOGIQUE DE CROATIE :

d'après les publications françaises (Spelunca, Info-Plongée, Sifon) et la base de données C.R.E.I. .

par Frank VASSEUR avec la précieuse collaboration de Daniel ANDRE, Maurice LAURES, Jean-Paul HOULEZ, Jean-Paul LIAUTAUD, Roman OZIMEC, Gordan POLIC et Olivier VIDAL.

1 Edouard-Alfred MARTEL: 1896 "La fobia de Pisino, Istrie." Compte rendu de l'Académie des sciences (28/12/1896).

2 Edouard-Alfred MARTEL: 1897 "La fobia de Pisino, Istrie." La nature numéro du 30/10/1897.

Le 21/09/1893, le gouffre de Pisino donnait accès à une grotte renfermant un lac souterrain profond de 13,5m; le 15/10/1896 le gouffre était extérieurement empli d'eau jusqu'à 60 mètres au-dessus du niveau du lac souterrain, dont le fond subissait ainsi une pression de plus de sept atmosphères

3 Edouard-Alfred MARTEL: 1897 "Informations et chronique." Spélunca n°12, p.202-203.

Exploration d'un abîme (-185) obstrué sur le karst triestin entre Opcina et Fernetisch, sur le territoire de Sesana.

Caverne préhistorique en Istrie: Pod Rebar , Pinguente, ossements et silex préhistoriques.

La grotte de Vrlika (Dalmatie) d'où sort une des sources de la Cetina. Description jusqu'à un plan d'eau.

4 Joseph MARINITSCH: 1899 "Nouvelles du Karst - 2° trimestre 1898 et année 1899." Spélunca n°17, 18, 19, 20, p. 30-37.

Section Küstenland du Club Alpin Allemand-Autrichien: Cavernes de la Recca à Saint-Canzian (Istrie) aménagements et observations des effets dévastateurs des crues.

Club Touristi Triestini (d'après les numéros 7 à 12 de 1898 et 1 à 12 de 1899 de "Il tourista") : Les cavernes de Saint-Canzian ; Grotta della Barba (-25) (Italie) ; Fovéa dell'Argilla (-41,5) (Italie) ; Grotte des cristaux , Gabrovizza (-106) (Italie) ; Fovéa delle frane (-20) (Italie) ; Pozzo del campo verde (-33) (Italie) , Fovéa san Primo , Prosecco (-105); Grotte du veau , entre Sessana et Bassovizza (-40); Caverne des fossiles , île de Cherso (-22); Fovéa Termune , Sessana (-107); Grotte aux deux entrées , Sessana (-16); Grottes Velbenza , Krepezava (-44); Fovéa Erghertna (-49).

Societa Alpina Delle Giulie (d'après les numéros 4 à 6 de 1898 et 1 à 6 de 1899 de Alpi Giulie): Trois grottes-abîmes près de Bassovizza profondes de 18 à 80m; Gouffre des Corbeaux , Gropada (-129); Grotte de Presnizza (-49); Grotte de Burian (193m;-25).

Observation d'adaptations de protées à la vie en captivité.

5 Edouard-Alfred MARTEL: 1905 "La Spéléologie au XX° siècle - Etranger - région du Karst." Spélunca n°42 et 43, p.214-230.

Grotte d'Adelsberg : accident de M.SIBENIK, nouvelles recherches; aménagements à Saint-Cazian ; Grotte de Markovsina ; Grotte des surprises ou Lutterhoth , Grotte géante , Opcina (Italie) (-160); Gouffre de Trebic (-322) (Italie) ; Sources du Timavo(Italie) ; Suicides et accidents aux gouffres du karst; Acquetto di Dignano , Istrie (-125); Grotte Noé (504m;-123) (Italie) ; Grotta Lethe (Italie) (topo.: coupe et plan).

6 Jacques ROUIRE: 1957 "Reconnaissance en Yougoslavie." Bul. du S.C.PARIS n°4, p.9.

Croatie: visite des immenses poljés d'Ogulin, de Plaski, d'Otocac et de Gospic parcourus par des cours d'eau à "cours rompu", c'est à dire présentant des alternances de trajet souterrain et de trajet subaérien.

7 Max COUDERC, Bruno JASSE: 1961 "Expédition 1960 en Yougoslavie." Grottes et gouffres - Bul. du S.C.PARIS n°27, p.5-11.

Croatie: Grotte de la Vjetrenjtsa , Lug, Popovo polje (>2000m).

8 J.TISSERANT: 1964 "Activités des groupes - Clan F.F.S.des ardennes." Spélunca 4°année n°3, p.52.

Sur invitation de Egon PRETNER, visite touristique de classiques du Notranjska.

Chaîne dinarique: Ponor Stirovaca (300m;-53), Velebit; Pecina Djtalo (1500m;-130), Korita, bassin d'alimentation de la Trebisnjica.

Rsenicka Pecina; Pecina Mora; Lukavica Pecina; Pecine u Crvenoj Gredi; environs de Cemerno, au nord du Gatacko polje.

Reconnaissance sur le massif du Lebrsnick.

9 7Jo CAVALLIN, Pierre CROISSANT: 1971. G.S.Catamaran: Le nouveau tauping n°1, p.30-39.

Description de cavités explorées, -80 dans la plus profonde sur l'Île de Brac.

10 G.S.d'Alsace: 1971. Sous terre n°18, p.47-49.

Prospection et découverte de petites cavités sur la côte Dalmate (Croatie).

11 G.S.Catamaran: 1972. Tauping n°4, p.3-40.

Croatie, littoral de Split. Compte-rendu d'expédition, description de petites cavités explorées.

12 Andrej KRANCJ: 1973 "L'activité spéléologique en Yougoslavie 1968-1972." Nouvelles diverses, Spélunca N°4 4° série, p.124.

Organisation administrative de la spéléologie en Yougoslavie.

Bosnie et Herzégovine (355 cavités);

Croatie (4750 phénomènes karstiques) Jama Podgracisce II , île de Brac (-363); Jopica jama, Kordun (4500m);

Macédoine (156 cavités);

Monténégro (56 cavités) Todorova jama (-320).

Serbie (160 cavités) Draganov ponor (-224), Resavska pecina (2830m);

Slovénie (4000 cavités) Poloska jama , Karlovica (7200m), Kacna jama (4000m;-300), Najdena jama (4000m), Brezno pri gamsovi glavici (-450), Osoletova jama (-260), Brezno na leupah (-250). Activités de l'A.S.S. et sa section plongée qui a plongé une vingtaine de siphons, dont le plus important: Divie jezero (120m;-50).

13 Claude CHABERT: 1977 "Nouvelles de l'étranger - Yougoslavie" Spélunca n°4, p.186.

Ponor na bunovcu (-534), Podgracisce II (-301).

14 Franc MALECKAR: 1979 "Les plus importantes explorations slovènes en 1977-1978." Spélunca n°4, p.176-178.

SLOVENIE: Poloska jama , Kravrina jama (coupe) , monts Migovec (-306); Brezno pri gamsovi glavici(coupe) (-760), Golerjev pekel (-318); Velika ledena jama v paradani , plateau trnovski gozd (-382); Lipiska jama (coupe), Sezana (-229); Brezno pri leski planini (coupe), Jelovica (-536).

CROATIE: Zankana jama , Istrie (-338); Semicka jama , Lupoglav (-235); Titina jama (coupe), île de Brac (-329 avec un puits de 233m).

Ponor na bunjevcu , Velebit du sud (-534) par le club croate de Zagreb.

MONTENEGRO: Lipska pecina (coupe), Cetinje (2000m;-229); Duboli do (-350); Grbocica , Trnovo (1000m).

15 Jean-Pierre COMBRERET: 1980 "Nouvelles de l'étranger - Yougoslavie." Spélunca n°1, p.38.

Titina jama, Otoku bracu, Croatie (-329).

16 Paul COURBON d'après Franc MALECKAR: 1981 "L'écho des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°4, p.14.

Liste des 10plus profondes cavités yougoslaves (0ctobre 1981).

Jama kod kamenih vrata , monts Biokovo, Split, Croatie (-520); Propast na soleunski glavi , Macédoine.

17 Franc MALECKAR: 1982 "L'écho des profondeurs - Yougoslavie. Activités 81-82 des spéléos slovènes." Spélunca n°8, p.17-18.

Aperçu sur la spéléologie slovène (5000 cavités répertoriées).

Slovénie:

Plongées: Divje jezero (le plus profond siphon du pays), Idrija (200m;-83); Jonction en plongée (club Proteus) entre Magdalena jama et Crna jama , Postojna; Pivka jama, Postojna (640m explorés post-siphon), Planinska jama , Planina (siphon Pivka plongé sur 150m;-40).

Postojnska jama (14600m); Brezno na leupah (coupe) , Plateau de Banjscice (-236); Strmadna , plateau Nanos (-218); Slapenski ledenik , plateau Nanos (-112), Jama na partu , Sezana; Diminice , vallée de Matarsko podolje (4340m + 500m post-siphon).

Montenegro: Zacirska pecina , Cetinje, Plateau Orjen (1300m;-200); Lipska pecina , Cetinje, Plateau Orjen (2400m; -130).

Macédoine: grottes de la région de Debar, sources chaudes (30°).

Liste des cavités les plus importantes (Dénivellation, Longueur, verticales absolues).

Topos (coupes): Majska jama (Slovénie), Brezno na leupah (Slovénie), Jama pod kanenitim vratima (Croatie), Gnojinica (Croatie).

18 Franc MALECKAR: 1983 "L'écho des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°10, p.20.

Slovénie: (5203 cavités répertoriées).

Majska jama , alpes Juliennes (-480); Jesenska jama , alpes savinska (-260); Ledenisko brezno IV , plateau Hrusica (Puits de 160m); Misina jama , plateau Hrusica (370m;-185); Diminice , vallée de Matarsko podolje (6000m dont 2000m post-siphon); Janicja jama , vallée de Matarsko podolje (700m;-92); nouveau gouffre-perte en aval du cours de la Reka.

Croatie: Ponor na bujevcu (-554).

19 Franc MALECKAR: 1985 "L'écho des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°17, p.9-10.

Informations tirées de la rubrique spéléologique du journal "Delo". Activités 84 des spéléos yougoslaves.

Slovénie: Majska jama , alpes Juliennes (1732m;-592); Brezno pri gamsovo vi glavici (-776); M-16 (-547); Brezno pod Skutnikom (-245); Vélika ledena jama (-400); Jesenska jama , alpes de Kamnik (-338); Snezna jama , montagne de Raduha (1000m); Jama pod gradom , Predjama -6500m); Skocjanska jama , rivière Reka; Kacna jama (-267).

Bosnie-Herzégovine: gouffre Jojkinovac , montagne de Grmec (-460).

Croatie: Rivière Ombla , Dubrovnik (-35); résurgence Grudié , golfe de Boka Kotorska; Obodska pecina (200m dont deux siphons); jonction Djulin ponor-Medvedica , Ogulin (>10000m); Pajkov ponor-krslje (9352m); Stara skola , monts Biokovo (-250); Uporna jama , monts Biokovo (-211); Pretnerova jama , monts Biokovo (-252); Villimova jama, monts Biokovo (-400).

Montenegro: chaîne du Durmitor deux gouffres de -380 et -460.

Serbie: chaîne de Prokletije un gouffre de -280. Chaîne d'Orjen un gouffre de -200.

Informations sur les dernières publications, la vie fédérale slovène, les modalités pratiques (autorisations) à remplir pour envisager une expédition en Yougoslavie, adresse pour contact du président de la commission relations avec l'étranger (périmée depuis).

20 Gustav STIBRAYI: 1985 "L'écho des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°17, p.9.

Expédition tchécoslovaque dans les monts de Biokovo (1984): présentation géographique du secteur, présence de très grosses résurgences sous-marines près de Tekla, Vilimova jama (coupe), -396.

21 Franc MALECKAR: 1985 "Echo des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°20, p.15.

Montenegro: Jama na vetrnim brdima , Durmitor (-897,5); Krpanovo brezno , monts Biokovo (-460).

22 Jean-Claude FRACHON: 1986 "Echo des profondeurs - Yougoslavie." Spélunca n°21, p.19.

Nouveautés relatives aux grandes cavités yougoslaves. Listes des grandes cavités yougoslaves (Développements, dénivellation).

Croatie: après jonctions avec Medvedica et Pajkov ponor , Djulin ponor atteint 12085m.

Ponor na bunjevcu (-554).

Montenegro: Vejtrno brdo (-978)

Slovénie: Brezno pri gamsovi glavici; Majska jama; M16.

23 J.C.FRACHON: 1986 "Echo des profondeurs - Etranger - Yougoslavie" Spélunca N°22, p.22.

Info G.STIBRANYI: Gouffre Vilim (coupe), monts Biokovo (-565)

Info R.TASLER: Brezno pod Skutnikem, alpes Juliennes (380m;-234).

24 Jean NICOD: 1987 "En souvenir de Josip ROGLIC (1906-1987) Karstologia n°10.

25 Neven KRESIC; Milena ZLOCOLICA: 1990 "La spéléologie en Yougoslavie" Spélunca n°39, p.37-40.

Carte des types de karst en Yougoslavie, listes spéléométriques, topos.

26 Vlado BOZIC: 1990 "Echo des profondeurs - Etranger - Yougoslavie. Les plus importantes explorations réalisées en Croatie en 1989 et 1990." Spélunca n°40, p.8.

Gouffre Burinka , montagne Velebit, Crnopac (-290); gouffre Munizaba , montagne Velebit, Crnopac (-448); Gouffre Mandelaja , Pgulin (850m;-85); rivière souterraine avec quatre siphons franchis en aval et un siphon amont de 50m à -20.); grotte Spilja u kamenolomu Tounj , Ogulin (8010m); Famtomska jama , montagne Velebit (-478); grotte de Gatica , région des lacs de Plitvice, Kordun (1150m arrêt sur siphon); Rujnica ou Sarica pecina , région des lacs de Plitvice, Kordun (1350m) ainsi que 23 siphons dont 14 à poursuivre; grotte Crno vrelo (600m explorés dont 6 siphons de 40m de long et 17 de profondeur.), grotte Jovac (730m); système des grottes de Panjkov pono r (système hydrogéologique de 15 à 20 km de potentiel); grotte de Susnjar , Petrinja (630m)

27 Mladen KUHTA: 1990 "Echo des profondeurs - Etranger - Yougoslavie" Spélunca n°40, p.9.

Liste des grottes les plus longues et plus profondes de Croatie (Profondeur, développement).

Les grandes cavités de Yougoslavie (Profondeur, développement).

28 Vlado BOZIC: 1991 "Les spéléologues de l'age de bronze en Croatie (Yougoslavie)." Spélunca n°43, p.20-22.

Gouffre Bezdanjaca (1176m;-200), Vrhovine, région de Lika, mont Vatinovac. Archéologie.

29 Vlado BOZIC, Philippe DROUIN, Gregor PINTAR : 1993 "Echo des profondeurs." Spélunca n°51, p.12.

Le coin des grands, la chronique des -1000: Slovénie: Cehi 2 "la vendetta" (-1370); Abisso Véliko Sbrego (-1198); Vandima (-1042).

Croatie : Lukina jama (-1355).

30 Vlado BOZIC: 1993 "Un nouveau -1000 mètres: Lukina Jama (Croatie)." Spélunca n°51, p.38-40.

Localisation, historique, description et observations. Coupe (-1355).

31 Mladen GARASIC: 1993 "Les cavités les plus importantes de Croatie." Spélunca n°51, p.40.

Liste des 10 plus profondes et des dix plus longues cavités croates. 7500 phéno:ènes karstiques recensés en Croatie;

32 Andrej KRANJC: 1993 "MARTEL dans les grottes yougoslaves." Cent ans de spéléologie française - Spélunce mémoires n°17, p.83-86.

Activités et études de Martel sur le karst dinarique: Postojnska Jama, , Skocjanske jame, Kacna jama, source de la Buna, Fojba de Pazin, Obodska Pecina.

33 Vlado BOZIC: 1994 "Echo des profondeurs - Etranger - Croatie" Spélunca n°53, p.18.

Vilimova jama (monts Bioko;-572).

34 139.Philippe DROUIN: 1994 "Bruits de fond - International." Spélunca n°55, p.60.

Le coin des grands: Spéléometrie des 47 "-1000".

Slovénie: Cehi 2 "la vendetta" (-1370); Abisso Véliko Sbrego (-1198); Vandima (-1042).

Croatie : Lukina jama (-1393).

35 140.Branislav SMIDA: 1994 "Echo des profondeurs - Etranger - Croatie" Spélunca n°56, p.8.

Lukina jama (-1350), Manual II (-580; topo) = -1393m, Xanlipa (-250).

36 Vlado BOZIC: 1995 "Lukina jama, le plus profond gouffre de Croatie" Spélunca n°58, p.16-18.

Expédition de l'été 1994, historique, description, biospéléologie, coupe et plan. Lukina jama (plongée des siphons terminaux),

Gouffre Trojama (jonction avec le précédent),

37 Branislav SMIDA: 1995 "Lukina Jama - Les résultats des spéléologues slovaques." Spélunca n°58, p.19-20.

Jonction de Manual II avec Lukina jama à -582, Xantipa (-313).

38 Vlado BOZIC: 1995 "Echo des profondeurs - Etranger - Croatie" Spélunca n°60, p.6.

Explorations dans Lukina jama.

39 Branislav SMIDA: 1996 "Echo des profondeurs - Etranger - Croatie" Spélunca n°63, p.20.

Gouffre Slovaquia (monts Velebit, -1025 arrêt sur rien).

40 Association E.-A.MARTEL: 1997 "La plume et les gouffres - correspondance d'Edouard-Alfred MARTEL." Imp. Causses et Cevenne, 607p..

Slovénie, Croatie, Bosnie, Montenegro: (entre autres courriers) rapport sommaire sur les recherches dans les cavernes du Karst (1893).

41 Philippe DROUIN: 1997 "Le coin des grands - La chronique des -1000m." Spélunca n°65, p.10.

Croatie: Lukina jama (-1392); Gouffre Slovakia (-1025).

42 BARITAUD T. et VASSEUR F.: 1997 "Notranjska 97". Rapport d'expédition en Slovénie et Croatie.

Croatie: plongées dans Spilja Vrelo, Izvor Licanke (Gorski Kotar), Izvor Sinjac, Rovanjska vrulja et Majerovo vrelo (Lika).

43 GARASIC M. (traduit de l'anglais par F.VASSEUR): 1998 "Conditions pour l'organisation d'expéditions spéléologiques en Croatie". Spelunca n°70, p.10.

44 BAKSIC D.: 1998 "Patkov Gust -553m, la deuxième verticale du monde". Spelunca n°70, p.23-25.

Exploration d'un puits de 553m dans les monts du Velebit.

45 Expedition Zivjeli 98 (Croatie) avec les photographies de Gordan POLIC, Spelunca n°71, quatrième de couverture.

46 Frank VASSEUR: 1998 "Expédition Zivjeli 98 en Croatie". Dossier Celadon n°10, 34 p.

Plongées dans Izvor LICANKE, Zeleni Vir, Crnacka Spilja, Majerovo vrelo, Izvor Klanac.

47 Vlado BOZIC (traduit de l'anglais par F.VASSEUR): 1998 "La spéléologie en Croatie." Compte-rendu d'activités n°7, C.R.E.I.p.16-17.

48 Jean-Paul GUARDIA: 1998 " Quelques plongées en Croatie et en Bosnie-Herzegovine en 1996". Info-Plongée n°80 - Décembre 1998, p.23-24.

Vrulja Brela (-55), Vrelo Bune, vrelo Studenci (-63).

49 Frank VASSEUR: 1999. Spéléo et bio "mi poisson, mi humain ?" Océans n°252, p.14.

50 Frank VASSEUR: 1999. Spéléo "Expédition en Croatie" Océans n°252, p.19.

51 Patrick MUGNIER; Frank VASSEUR: 1999. Expédition "Speleoronjenje 1999 en Croatie" Le Fil n°4, p.26-38.

REMERCIEMENTS

Ceux qui nous ont soutenu et aidés pour la partie administrative :

Marc FAVERJON, président de la Commission Relation et Echanges Internationaux de la F.F.S. .

Jean-Jacques BOLANZ, directeur de la commission Plongée de L'Union Internationale de Spéléologie.

Claude MOURET, vice-président de l'U.I.S., pour avoir accepté de parrainer l'expédition.

Arne HODALIC, plongeur slovène multilingue.

Zelko GRGURIC, responsable du département "Gacka" à la mairie d'Otocac pour les autorisations officielles de plonger dans les sources du poljé de la Gacka et de Dabar.

Radijov BELOBRAJIC, pour les autorisations officielles de plonger dans les sources captées par des centrales électriques, dans la région de Gorski Kotar.

enfin, une grand merci à Gordan POLIC, qui se sera dépensé sans compter pour nous accompagner lors de la pré-expédition de Février, négocier les meilleurs tarifs pour l'hébergement et la nourriture, obtenir les autorisations nécessaires auprès des administrations concernées, trouver les coordonnées des caissons de recompression croates, expliquer aux habitants les motifs de notre présence dans leurs sources....etc.

Ceux qui nous ont aidé matériellement et financièrement :

la société AGA pour la gratuité des gaz;

Comex - Pro pour la mise à disposition de matériel;

le magasin "Le Vieux Plongeur" de Marseille, pour le prêt de matériel de plongée;

la Commission Nationale Plongée Souterraine de la F.F.E.S.S.M. pour son soutien financier et la mise à disposition d'un propulseur profond;

la Commission Régionale Plongée Souterraine "Languedoc-Roussillon - Midi-Pyrénées" de la F.F.E.S.S.M. pour le prêt de bouteilles, lyres de transvasement et analyseur d'oxygène;

la société FENWICK pour son soutien financier;

•  L'Association CELADON et le Groupe d'Explorations Karstiques pour leur contribution matérielle;

Ivan KOLAKOVIC, qui habite au bord de la vasque de Majerovo Vrelo, pour son amitié et les nombreux litres de Slivovice (le fameux Fanta croate) qu'il nous a offerts...et que nous avons bus.

Philippe BIGEARD, dit Bibige, pour la réalisation de la feuille de report topo et la confection de dévidoirs spécifiques adaptés au cable;

le C.D.S. 30 pour sa participation financière;

 

Pour la qualité et la chaleur de leur accueil, toute l'équipe remercie expressément :

Franjo TVRDINIC et Drazenka son épouse, nos logeurs,

qui ont mis à notre disposition les locaux dont nous avions besoin et composé des petits déjeuners supérieurs à nos besoins.

Franjo TVRDINIC

Iznajmljivanje soba u domacinstvu

Covici 137a

53224 LICKO LESCE

CROATIE

Tel: 053 / 761 - 182

Pour y accéder:

De RIJEKA , longer le littoral (direction Split, Zadar ) jusqu'à Senj , sur la côte adriatique.

Là, à l'entrée du bourg, tourner à gauche juste après une station service pour monter au col de Vratnik en suivant la direction Zagreb .

Poursuivre jusqu'à Otocac et traverser le bourg direction Plitvice . 700m. après le panneau de sortie Otocac, bifurquer sur la droite en direction de Gospic .

Poursuivre durant 4 200m., on arrive à Covici , jusqu'à une grande maison à deux étages (boisée avec balcons), bordée par un portail noir à armatures rouges. Un panneau "Zimmer-Rooms" indique ce gîte.

Frane et Josipa MARKOVIC du restaurant Mirni Kutak, où nous avons dîné tous les soirs.

Gornja Dubrava

53220 OTOCAC

Tel.: 053 / 771 – 589 Fax.: 053 / 771 - 590

RAPPORT BUDGETAIRE

RUBRIQUES

Détails des dépenses

Dépenses

Recettes

Transport

Carburant et péages voitures

Carburant et péages camion

Location Camion

 

 

 

 

 

17 926 f.

2 586 f.

6 498 f.

 

Carburant sur place: véhicules et compresseurs

 

1 865 f.

 

Hébergement

 

189 nuits-petits déjeuners x 78 k = 14 742 Kunas

13 298 f.

 

Frais pré-expédition

(1 Franc = 1,1263 Kunas)

nourriture = 177,9 K.

Hébergement = 375 K.

carburant = 110 K.

 

580 f.

 

Nourriture

 

189 repas x 47,5 Kunas = 8 977,5 K

8 098 f.

 

Hébergement et Nourriture

de deux accompagnateurs croates

nuits et repas = 3628 f.

divers boissons: 308,8 f.

3 937 f.

 

Matériel fondgible

 

fil (2 000m.) = 578,9 f.

cable (500m.) = 500 f.

corde (200m.) = 801 f.

3 dévidoirs = 2 000 f.

Compas topo. = 1 000 f.

piles = 526,7 f.

marquage fil = 207,1 f.

vivres de course = 443,4 f.

équipement croates = 860 f.

photocopies cartes = 57,8 f.

6 975 f.

 

Gaz

Argon

Helium

Oxygène

 

1 x 20l = 265 f.

3 x 50l = 2760 f.

4 x 50l = 1672 f.

2 x 15l = 456 f.

0 f.

 

sponsoring

 

Défraiement compresseurs

entretiens - révisions

2 311 f.

 

Photographies

pellicules et développement

pellicules = 818 f.

développement et retirages = 1825,15 f.

2 898 f.

 

Administratif

informatique

courriers

téléphone/fax

 

 

129 f.

239 f.

2 345 f.

2 513 f.

 

Rapport

edition

expédition

 

2 500 f.

300 f.

2 800 f.

 

Produits fédéraux

Tee-shirts, tableaux, pochettes, autocollants.

978 f.

 

Frais de l'équipe de reconnaissance en Bosnie.

 

14 015,47 f.

 

Participants

 

 

34 529 f.

C.N.P.S. - F.F.E.S.S.M.

 

 

46 000 f.

C.R.E.I. - F.F.S.

 

 

3 000 f.

C.D.S. 30 - F.F.S.

 

 

750 f.

Fenwick Nîmes

 

 

3 000 f.

TOTAUX

 

87 279 f.

87 279 f.

En guise de conclusion :

De prime abord, il semblait difficile de réunir une équipe aux origines géographiques diverses sans que la cohabitation et les impératifs de l'organisation n'amènent certaines relations conflictuelles entre individus.Au final, chacun est libre de faire son propre bilan, mais ceux faits à chaud durant l'expé ont reflété une satisfaction générale, à une exception près, et déjà des projets d'explorations et d'expéditions futures ont vu le jour.

Sur la partie "sédentaire" de l'expédition, nous avons plongé 22 sources ou cavités, dont 11 se sont avérées impénétrables dès l'entrée, et ce malgré des débits supérieurs au m3/s., et réalisé environ 800m. de première au total.

Les résurgences du poljé de la Gacka ont pratiquement toutes été vues en détail, et il reste peu à faire si ce n'est la plongée des siphons de Pecina jama, voire la poursuite de Majerovo Vrelo, pour ceux que le profil n'effraie pas.

Six plongées au mélange ternaire ont eu lieu dans trois sources différentes, apportant chacune leur lot de première et de topographie.
La logistique, si elle a été lourde, s'est avérée efficace et a convenu aux besoins de l'expédition. Ni sous-estimée, ni surdimensionnée, elle a permis d'enchainer des plongées lourdes avec le maximum de sécurité chaque fois.

Nos accompagnants croates ont été initiés et perfectionnés pour certains aux techniques de plongée souterraine.

Nos collègues locaux se sont chargés de prélèvement de faune et d'eau dans Majerovo Vrelo, en collaboration avec la Société de Biospéléologie Croate et le service des eaux de la ville d'Otocac.

Le rédacteur en chef de "Speleo'zin", la revue spéléologique croate, ) nous propose de consacrer un numéro spécial aux résultats de l'expédition.

Enfin, les clubs qui nous ont accueillis nous proposent de faciliter l'organisation d'expéditions futures dans les régions de Kordun, voire ailleurs en fonction d'objectifs les intéressant.
Une courte expédition est d'ores et déjà prévue pour le mois de mai 200 sur l'île de Rab

Toutefois, la "fusion" administrative des différents projets français n'a pas donné satisfaction.

Cette option:

- prête à confusion pour les interlocuteurs autochtones, qui ne comprennent pas pourquoi l'expédition a d'autres représentants que le chef de projet,

- occasionne une surcharge de travail administratif et "diplomatique",

- crée des situations complexes au niveau de la gestion budgétaire,

- complexifie la coordination des projets dans la mesure où les motivations des équipes sont parfois différentes.

En conclusion, il devient difficile de se lasser (passer?) de ce genre d'aventures, où le plaisir de l'exploration et la découverte de pays, régions et karsts inconnus se double d'un enrichissant contact avec le pays, sa population et les spéléologues locaux.

Nous "bullerons" ailleurs durant l'été 2000, mais nous retournerons en Croatie, les rendez-vous sont pris.

ANNEXES :

 Caissons de recompression

Pula :
Aldo Negri, 6
52000 PULA
Tel.: 052/217-877
VADUNET
Tel.: 098-255-945
098-219-225

Split :

Soltanska 1
21000 SPLIT
Tel.: 021-354-511
Dr NADAN Petri tel.: 021-353-738
Dr ANDRIC tel.: 021-526-035

Domovinskog rata 1
21000 SPLIT
Gojko GOSOVIC
Tel.: 021-343-980 ou 021-361-355.

ADRESSES UTILES :

Ambassade de France en Croatie
Slosserov Stube 5
10000 ZAGREB
BP 466
CROATIE (HRVATSKA)
tel.: 00 385 1 27 29 85
Fax.: 00 385 1 27 49 23

Croatian Spéléological Fédération
Nova Ves 66
10000 ZAGREB
CROATIA (HRVATSKA)
00 385 1 4666 586

Gordan POLIC
Président du club de Fuzine
sveta. Kriz 2
51322 FUZINE
00 385 51-835-887

Fédération croate de biospéléologie
Hrvatsko Biospeleolosko Drustvo
Demetrova 1
10000 ZAGREB
CROATIE
mel: biospel@hpm.hr

Speleo-Zin (revue spéléologique)
Hrovje CVITANOVIC
Kurelceva 3
47 000 KARLOVAC
00385-047-616-905

HRVATSKI PLANINARSKI SAVEZ (club alpin croate)
Komisija za Spéléologiju
présidente: Ana BAKSIC
kozarceva 22
10000 ZAGREB
CROATIE (HRVATSKA)

Spéléo-Diving Association
secrétaire: Andelsko NOVOSEL
chez le club Zeljeznicar (KS HPS)
Trnjanska 5b
10 000 ZAGREB

La spéléologie en Croatie
par Vlado BOZIC
ancien président de la commission spéléologie du Club Alpin Croate
(Komisija za speleologiju - Hrvatskog Planinarskog Saveza)

La spéléologie en Croatie a des racines historiques anciennes. Les cavernes ont été évoquées depuis l'antiquité (grotte de Sipun à Cavtat), et plus tard en 1096 (grotte de la baie de Zeljina sur l'île Ugljan).

Le premier ouvrage relatif aux montagnes (1536) écrit par le poète Petar Zoranic, traitait du sous-sol des montagnes Velebit et Dinara.

Le premier traité scientifique comportant des articles sur les cavernes fut écrit en 1854 par le philosophe de Dubrovnik Nikola Gucetic (sur le modèle des grottes de Sipun et Vjetrenica).

En 1776, Ivan Lovric relatait la première exploration souterraine (Gospodska jama) réalisée avec une corde (verticale de 17m.), pour 500m. de développement.

En 1835, Julije FRAS fut le premier à utiliser des échelles sous terre (grotte de Bariceva).

La première structure croate à s'orienter vers l'exploration des cavernes fut la H.P.D. (Société Croate d'Alpinisme), fondée en 1874.

Dès sa création, toutes sortes d'activités de montagne s'y développèrent, y compris l'exploration souterraine qui compta un nombre important d'adeptes.

La première organisation strictement spéléologique fut la société d'aménagement des grottes de Baraceve, crée en 1892 à Rakovica. Son instigateur et président, le géologue Mio Kispatic, était un membre renommé de la H.P.D. .

En 1899, à Zadar, naissait le club de tourisme-alpinisme "Liburja" qui se lança dès 1900 dans des campagnes d'exploration souterraine et mena en 1903 les premières investigations spéléologiques (en bateau) dans les îles de l'Adriatique.

A Zagreb, en 1910, la commission de géologie de Croatie et de Slavonie a crée un département pour l'exploration souterraine. Son président était le très réputé Dragutin Gorjanovic-Kramberger, membre de la H.P.D. .

C'est lui qui, le premier, intriduisit le terme "spéléologie" dans le vocabulaire courant en remplacement "d'explorations souterraines".

Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, toutes les activités spéléologiques sont à mettre au crédit de la H.P.D. .

Après la guerre, la première structure spéléologique de Croatie existait au sein du club alpin "Zagreb" en tant que département de spéléologie. Elle se développa après 1950 dans d'autres clubs d'alpinisme.

En 1956, la fédération croate d'alpinisme (H.P.S.) créait une commission de spéléologie (K.S. H.P.S.) afin de coordonner les sections spéléologiques des différents clubs d'alpinisme.

A compter de ce jour, des "départements de spéléologie" ou des "sections spéléologie" se développèrent, plus ou moins durablement.

Aujourd'hui, la commission spéléologie de la fédération croate d'alpinisme compte dix sections (200 personnes) spéléo au sein de ses clubs.

K.S. H.P.S. a organisé, dès 1956, des sessions de formation à l'attention de ses nouveaux membres. Elle est l'unique structure à éditer des ouvrages relatifs à l'enseignement de la Spéléologie (dans le cadre de la commission nationale ou bien par les sections locales ou leurs membres).

En 1968 K.S. H.P.S. a introduit des catégories de pratique en spéléologie: collaborateur, assistant, spéléologue ou instructeur (ces catégories sont détaillées dans les actes du congrés international sur l'enseignement de la Spéléologie d'Orthez en 1995, et tous les documents relatifs à l'enseignement de la spéléologie en Croatie ont été communiqués au département de l'U.I.S., à Marcel MEYSSONNIER).

Tous les détenteurs actuels du diplôme, badge et numéro de "spéléologue" ou d'"instructeur de spéléologie" ont obtenu leur diplôme dans le cadre des formations dispensées par la K.S. H.P.S., y compris ceux qui n'appartiennent plus au club alpin.

Les gouffres les plus profonds de Croatie (Lukina jama -1392m.; Slovacka jama - 1268m.; Stara skola - 572m.; Patkov Gust -553m....etc) et le vaste système Dula-Medvedica (plus de 16 kilomètres) ont été explorés par les spéléologues de la fédération d'alpinisme.

La K.S. H.P.S. publie aujourd'hui les revues "Speleolog" depuis 1953, et "Velebiten" depuis 1990, qu'elle échange avec Spelunca et de nombreuses autres revues dans le monde. De plus, ses spéléologues contribuent à "Speleologica croatica" de la fédération croate de spéléologie.

La K.S. H.P.S. a envoyé à Fabien DARNE, pour la commission histoire de la spéléologie mondiale de l'U.I.S., toutes les publications concernant l'histoire de la spéléologie en Croatie (Janvier 1998).

Les relations entre K.S. H.P.S., la F.F.S. et l'U.I.S. durent depuis longtemps, ses membres ont participé à de nombreuses manifestations de l'U.I.S., et collaborent aux travaux des commissions secours, cavités artificielles, enseignement, histoire et biologie.
Malheureusement, le manque de moyens lui a empêché de participer à la rencontre internationale U.I.S. sur l'enseignement de la spéléologie (Espagne - Septembre 1998).

La Croatie a acceuilli le symposium international de biospéléologie en septembre 1999, et elle organise la rencontre ALCADI en 2000. Les spéléologues de la K.S. H.P.S. participent à l'organisation de ces manifestations.

Une organisation concurrente fut fondée en 1954. La société spéléologique de Croatie (S.D.H.) organisa, durant ses dix premières années d'existence, d'importantes explorations souterraines avec le concours de l'armée. Plus tard, elles furent organisées par l'académie croate où travaillait le président de la S.D.H. Mirko MALEZ.

Après sa mort, en 1990, le nouveau président fut nommé en 1991: Mladen GARASIC. Il renomma la S.D.H. en H.S.D. (Société croate de spéléologie), qu'il traduisit en "Association croate de spéléologie" qui devint membre de l'U.I.S. en 1993 (congrès de Chine).

Ce n'est qu'en 1998 que H.S.D. est transformé en H.S.S. (Fédération croate de spéléologie). Les membres de cette fédération sont des clubs de spéléologie, au nombre de 13, regroupant une centaine de membres. La raison pour laquelle tous les spéléologues de la K.S. H.P.S. n'adhèrent pas à cette fédération réside dans le fait que les statuts ne sont pas encore coordonnés, mais les deux structures y travaillent.

Fin 1998, K.S. H.P.S. a formulé la requête de devenir membre de l'U.I.S., parallèlement à la H.S.S. . Tous les membres de la K.S. H.P.S. ne souhaitent pas abandonner leurs traditions spéléologiques, ni la fédération d'alpinisme car ils y bénéficient de nombreux avantages (locaux pour les assemblées hebdomadaires, stockage de matériel, soutien financier).

Les jeunes membres de la H.S.S. ne comprennent pas cela. Entre la K.S. H.P.S. et la H.S.S., il existe des coopérations, mais aussi des blocages à cause de problèmes de personnes.

En ce qui concerne la "taxe pour le guide" réclamée aux expéditions étrangères, il s'agit d'une loi pour la défense de la République croate.

Toute action où des explorations ou visites d'expéditions étrangères figurent tombe sous le coup de cette loi. Cela signifie que les activités spéléologiques étrangères doivent se faire en collaboration, ou du moins accompagnées par des croates.

Quand une expédition (exploration ou visite de cavité) n'est pas organisée par une structure croate (K.S. H.P.S. ou H.S.S.), elle doit payer une taxe pour couvrir les frais d'au moins une personne qui accompagnera l'expédition afin de les aider.

Dans le cas où il s'agit d'une expédition commune, où les spéléologues croates et étrangers explorent ensemble une cavité, il n'y a rien à payer.

A ce jour, seule une expédition hongroise (1997) et une belge (1998) à Lukina jama ont payé un accompagnateur aui les a aidés dans la logistique. Il fut payé le minimum, juste de quoi couvrir son séjour sur la montagne.

Les membres de la K.S. H.P.S. et de la H.S.S sont des amateurs, seuls quelques membres travaillent dans des institutions où ils réalisent des travaux spéléologiques professionnels, avec l'aide de leurs clubs. Les frais occasionnés par la pratique "courante" de l'activité sont à leur charge. Ils bénéficient parfois de sponsors pour des expéditions plus lourdes.

Il est très rare que les spéléologues du club alpin pratiquent à des fins pécuniaires. Pour les spéléologues de la fédération, c'est beaucoup moins rare. En Croatie, il est de notoriété que la fédération croate de spéléologie (H.S.D.) a des contrats pour vendre le résultat des plongées en cavités et résurgences, y compris ceux des expéditions étrangères, et obtenir de l'argent pour cela.

Conditions pour l'organisation d'expéditions spéléologiques en Croatie.

par Mladen GARASIC
HRVATSKO SPELEOLOSKO SAVEZ (Fédération Croate de Spéléologie)

La Fédération Croate de Spéléologie (Hrvatsko Speleolosko Savez), en tant que fédération spéléologique nationale présente les conditions suivantes.

Elles ont été acceptées par la majorité des membres de l'Union Internationale de Spéléologie (U.I.S.) au 12 ème congrès spéléologique de La Chaux-des-Fonds (Suisse), le 10 août 1997.

Pour organiser des explorations ou des visites (expéditions spéléologiques) en Croatie, il est nécessaire de contacter d'abord le représentant officiel de l'U.I.S. (association ou personne) dans le pays d'origine des organisateurs.

Le représentant de l'U.I.S. du pays concerné doit ensuite écrire une lettre d'approbation et de parrainage au nom de l'association spéléologique nationale (ce qui signifie qu'elle engage sa responsabilité) à la structure croate affiliée à l'U.I.S..

Le courrier doit préciser le lieu, la durée et les dates de l'expédition, comporter les noms et adresses des participants ainsi que les noms et adresses de leurs associations.

Les buts et objectifs de l'expédition devront également être précisés.

Il faudra fournir aussi une attestation d'assurance pour chaque membre, ainsi qu'un document attestant de la prise en charge des frais relatifs à toute éventuelle opération de sauvetage souterrain en Croatie.

Ce courrier devra être envoyé au moins six mois avant le début de l'expédition, adressé à :

Croatian Speleological Federation
Nova Ves 66
HR - 10000 ZAGREB
CROATIA, Europe
fax/tel. : ** 385 1 4666 586
portable: ** 385 98 283 657
e-mail: mgarasic@public.srce.hr
e-mail: speleocroatia@geocities.com

La Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.) prendra soin de demander les permissions (si nécessaire pour des expéditions particulières) selon la loi et la constitution croate, et informera le cas échéant les organisateurs.

Dans un même temps, la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.) fournira des cartes géographiques et topographiques détaillées du secteur de l'expédition.

Les frais relatifs à l'obtention des autorisations et à la founiture de cartes topographiques (ou géologiques) sera à la charge de l'organisateur. En fonction du nombre de participants, de la localisation, des objectifs ou d'autres paramètres, la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.) peut imposer un accompagnement pour une expédition spéléologique étrangère particulière.

En Croatie, il est interdit et considéré comme un acte criminel de sortir tout élément biologique, géologique ou archéologique ainsi que tout autre matériel, des cavernes et assimilés (puits et mines).

Pour les recherches scientifiques et autres objectifs spécifiques, une autorisation spéciale sera délivrée par les ministères concernés, mais la demande devra être formulée à l'avance.

Ne prenez rien sauf des photos,

ne laissez rien sauf des empreintes de pas,

ne tuez rien sauf le temps.

Toute nouvelle cavité (ou phénomène karstique) découverte, qui n'avait donc pas de dénomination antérieure, doit être nommée en accord avec la toponymie locale (secteur d'investigations). Chaque nouvelle entrée de cavité se verra attribuer un numéro d'identification pour enregistrement au cadastre spéléologique central, géré par la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.). L'organisateur de l'expédition peut proposer un nom, qui devra être approuvé par la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.). Sans cet agrément, personne ne pourra publier des données relatives à de nouvelles découvertes spéléologiques en Croatie.

Le responsable devra informer l'équipe croate qui l'aura accompagné ainsi que la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.) des résultats de l'expédition par un court rapport écrit en anglais.

Dans les six mois qui suivent la fin de l'expédition, l'organisateur devra impérativement envoyer un rapport complet et détaillé (localisation des cavités, description, topographie précise, photographies et tout autre information) en deux exemplaires.

La possibilité d'organiser de futures expéditions, pour les associations concernées, sera conditionné par l'acceptation et le respect de ces conditions.

Dans le cas où des spéléologues étrangers participent à une expédition organisée par des clubs ou sociétés spéléologiques croates, et sont invités par la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.), ils n'ont pas à effectuer les démarches signalées pour obtenir les autorisations auprès de la Fédération Croate de Spéléologie (H.S.S.).

L'organisateur croate devra alors s'en occuper, conformément aux lois et à la constitution croate.

CONDITIONS POUR L'EXPLORATION SPELEOLOGIQUE ET LA VISITE DE CAVITES EN REPUBLIQUE DE CROATIE.

par Vlado BOZIC
commission spéléologie du Club Alpin Croate
(Komisija za speleologiju - Hrvatskog Planinarskog Saveza)

Ces conditions sont proposées par la commission spéléologie du Club Alpin Croate. Elles sont conformes aux recommandations de l'U.I.S. . Les activités spéléologiques pratiquées en pays étranger sont baptisées expéditions. Deux types d'expédition sont établis:

activité sportive (visite de cavités connues);

exploration (découverte de nouvelles cavités, descente à l'intérieur, topographie au même titre qu'une expédition scientifique au sens de recherche géologique, hydrogéologique, biologique, biologique, archéologique, paléonthologiques...etc).

Visites :

Si une activité spéléologique particulière peut être définie comme une activité sportive, il est nécessaire de soumettre une demande écrite pour une visite et un programme du séjour au ministère de l'Education et des Sports.

Le ministère peut, si nécessaire, choisir au moins un guide dont les frais devront être pris en charge par l'expédition. Dans le programme doit figurer: une description de l'activité, le nombre de participants, la région et les cavités concernées, les dates du séjour.

La demande peut être soumise préalablement à la commission spéléologie qui pourra fournir la documentation au Ministère de l'Education et des Sports avec une lettre de recommandation.

Explorations:

De par loi pour la défense de la République de Croatie, condition 148 (Narodne novine br. 49/1991), une autorisation du Ministère de la Science et de la Technologie est nécessaire pour toute exploration spéléologique.

Une demande écrite pour la visite et un programme doivent être adressés au Ministère. Le Ministère peut, si nécessaire, choisir au moins un guide dont les frais devront être pris en charge par l'expédition. Dans le programme doit figurer: une description de l'activité, le nombre de participants, approximativement la région concernée, les dates du séjour.

La façon la plus rapide pour obtenir ces autorisations consiste à contacter la commission spéléologie et fournissant une demande écrite pour les explorations et un programme d'expédition.

La demande peut être soumise préalablement à la commission spéléologie qui pourra fournir la documentation au Ministère de la Science et de la Technologie avec une lettre de recommandation.

 

Les conditions suivantes devront être remplies:

 

tous les membres de l'expédition doivent être membres d'un club ou d'une organisation spéléologique;

tous les membres doivent avoir souscrit une assurance qui couvre les frais relatifs à un accident et une opération de sauvetage souterrain. Le sauvetage serait effectué par l'équipe secours du club alpin avec l'aide d'autres parties mobilisées, si nécessaire, par ses soins;

tous les membres doivent se soumettre aux lois croates et respecter les coutumes et l'environnement;

 

Durant l'expédition le guide doit être informé des activités de tous les participants.

Après la fin de l'expédition, le responsable devra fournir un court rapport écrit présentant les résultats au guide qui le communiquera au ministère. Un rapport plus détaillé, particulièrement en cas de découverte scientifique, devra être adressé à la commission spéléologie et au ministère en deux exemplaires, dans les six mois suivant la fin de l'expédition.

 

Conditions particulières:

 

Si des étrangers participent à une expédition organisée par un club ou une organisation spéléologique croate, ils n'ont pas à souscrire une autorisation, c'est l'organisateur croate qui s'en chargera. Ils doivent cependant convenir aux trois conditions enumérées plus haut.

 

Secteurs protégés:

 

La majorité des régions karstiques sont protégées par la loi. Ceci implique des démarches particulières pour pratiquer la spéléologie dans ces secteurs du pays. Il faut obtenir une autorisation de l'administration nationale pour la protection de l'héritage culturel et naturel, qui gère toutes les sortes de réserves nationales. Aucune activité susceptible de causer des dommages à l'écosystème ne saurait être organisée dans les zones protégées.

 

Nommer une cavité:

 

Une cavité découverte devra être nommée dans la langue du pays, d'après les appelations locales. Si ce n'est pas le cas, il faut attribuer un nom en fonction du secteur géographique. D'autres noms pourront être donnés, avec l'accord de la commission spéléologique.

 

 

Croatian speleological committee of the mountaineering association.
(Komisija za speleologiju Hrvatskog planinarskog saveza - K.S. H.P.S.)
Kozarceva 22
10 000 ZAGREB
HRVATSKA ( Croatia )

Expédition N° 3 - 1999

SPELEORONJENJE 99

Pays: Croatie.
Régions: Gorski Kotar, Kordun et Lika.
Club: Association CELADON.
Responsable: Frank VASSEUR 3 impasse des jardins 34130 MUDAISON

Participants: Philippe BRUNET, Marc CHOCAT, Christophe DEPIN, Anne DUTHEILLET, Francis FABRE, Michel GUIS, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN, Nelly MOUTARD, Patrick MUGNIER, Jean-Pierre STEFANATO, Claude TOULOUMDJIAN, François TOURTELIER, Frank VASSEUR, Ivan VLASTELIC pour la France.
Jean-Pierre BASTIN, Roger COSSEMYNS, André-Marie DAWAGNE, Jean-François MANIL, Martial WUYTS pour la belgique.
Ana BALAS, Hrvoje CVITANOVIC, Roman OZIMEC, Gordan POLIC, Karlo TOMAC pour la Croatie.

Dates: 3 au 22 Août.

Dans le prolongement des expéditions précédentes (97 et 98), l'objectif de "speleoronjenje 99" consistait à poursuivre l'exploration des sources pratiquées les années précédentes et à plonger celles qui n'avaient pu l'être.

L'expédition avait obtenu le statut d'expédition nationale de la F.F.E.S.S.M. ainsi que le parainage de la F.F.S. .

Certaines explorations nécessitaient, du fait de la profondeur, l'emploi de mélanges respiratoires additionnés d'hélium (trimix) ou enrichis en oxygène (surox). Des plongées de cette envergure nécessitent la mise en oeuvre de moyens logistiques conséquents (plongeurs d'assistance et matériel), ainsi que des précautions assurant la sécurité de chacun (oxygène pour toutes les décompressions, mise en préalerte des caissons de recompression).

Six plongées au trimix ont été réalisées.

Sur la partie "sédentaire" de l'expédition, nous avons plongé 22 sources ou cavités, dont 11 se sont avérées impénétrables dès l'entrée, et ce malgré des débits supérieurs au m3/s., et réalisé environ 800m. de première au total.

Cavités explorées:

Région de Gorski Kotar:

Izvor Licanke (Fuzine): S.1 (46m;-6) suivi de 325 m de progression "physique" jusqu'au S.2. (140m; -36) dont nous n'avons pu poursuivre l'exploration pour des motifs politico-finanço-spéléologiques dont les responsables fédéraux nationaux locaux ont le secret. Une sortie de repérage afin de fouiller les plafonds n'a pas ouvert d'autres champs d'exploration. T°= 6°.

Zeleni Vir (Skrad): Plusieurs plongées consacrées à l'exploration avec une visibilité très réduite. Arrêt à 148m. de l'entrée (-35) dans ce qui semblerait être la suite logique de la cavité. Développement total porté à 260m. T°=8°

Izvor Kupice (Delnice): Source captée déjà connue jusqu'à -18. Exploration jusqu'à 75m. (-39), arrêt sur trémie. T°=8°C.

 

Région de Lika - poljé de la Gacka:

Majerovo Vrelo (Sinac): Magnifique résurgence où nous étions érrêtés à 306m. de l'entrée (-82). Nous poursuivons dans la zone profonde durant 140m. Arrêt à 445m. de l'entrée (-65) après un point bas à -92.T°=8°.

Izvor Klanac (Sinac): Jolie vasque émissive (1 à 2 m3/s.)colmatée à -4.

Izvor Tonkovica (Sinac): source captée pour alimenter en eau potable la région. 5 m3/s. environ. Colmatée à -3.

Regard sur Majerovo Vrelo (Sinac): puits de 13m. butant sur un plan d'eau impénétrable à -2 (interstrate).

Izvor Pecine (Licko Lesce): 3 sources impénétrables (-2 dans la plus profonde) alimentent une vasque artificielle.

Regard sur Izvor Pecine (Licko Lesce): environ 100m. de vastes galeries argileuses. Siphon terminal impénétrable à -15. Siphons annexes à voir.

Izvor Knjapovac (Licko Lesce): 300 l/s. .impénétrable à -2.

Izvor Begovac (Licko Lesce): impénétrable.

Izvor Podum (Podum): Vasque à la base d'un canyon aménagé, impénétrable à -2.

Izvor Zaluznica (Zaluznica): Au terme d'une courte galerie aménagée, siphon (35m;-5) terminé par une étroiture à voir en décapelé.

 

Vallée de Dabar:

Izvor Crevarak (Dabar): source captée pour l'alimentation en eau potable, bassin émissif (20 à 30 l/s.) imp. à -2.

Izvor Pila (Dabar): vaste bassin émissif (1 à 2 l/s.) colmaté à -1,8m.

 

Stajnicko poljé:

Markarova spilja (Stajnica): après le siphon (75m; -11), escalade de 8m suivie de courts conduits impénétrables.

Crnacka Spilja (Crnac): topographie du S.1 et investigations afin de localiser le second siphon.

 

Drejnicko poljé:

Crno Vrelo (Dreznica) : 2 porches butent sur des diaclases aquatiques trop étroites.

Komarceva jama 1 (Dreznica): sous une trémie, plongée d'un siphon très étroit sur 32m (-8).

Komarceva Jama 2 (Dreznica): Puits de 8m. puis siphon amont vu sur 3m. avant une fracture impénétrable. Observation de protées, jamais localisés dans ce poljé auparavant.

 

Kordun:

Izvor Tounjcica (Tounj): plongée du siphon amont sur 65m (-46). La suite, en direction d'une importante cavité sise environ 250m en amont (Spilja u Kamenolomu), est à chercher dans la zone des -40 (eau claire et ripple-marks).

 

Vallée de la Dretulja:

Izvor Sinjac (Plaski): Trois lacs attenants ont été plongées. Jusqu'à -103 (160m et ça continue) pour le lac amont, -45 et ça continue pour le lac médian, et -55 dans le lac aval.

Initiation de spéléologues croates à la plongée et perfectionnement pour certains (essai de volume étanche). Nos collègues locaux se sont chargés de prélèvement de faune et d'eau dans Majerovo Vrelo, en collaboration avec la Société de Biospéléologie Croate et le service des eaux de la ville d'Otocac.

Echange de publications avec "Speleo'zin", la revue spéléo du pays, de haute tenue, dont le rédacteur en chef (Hrvoje CVITANOVIC) nous propose de consacrer un numéro spécial aux résultats de l'expédition.

Une équipe légère, constituée de Michel GUIS et Claude TOULOUMDJIAN, a prospecté le sud de la Bosnie et de la Croatie en vue d'une expédition plus lourde en 2000 et exploré 400m. environ de galeries nouvelles.

En Croatie:

Izvor Cetine (Knin): Déjà plongée jusqu'à -102 par des plongeurs mer croates. Reconnaissance jusqu'à -88.

Izvor Una (Doljani): Descente à -52, arrêt sur puits dans lequel est fiché un arbre.

En Bosnie:

Izvor Buna (Blagaj): Déjà connue jusqu'au S.2. 3 m3/s à l'étiage. S.1(90m.) puis S.2(30m.;-9) et S.3(285m.;-40) arrêt à -20 dans une branche limoneuse ascendante après un dédoublement du conduit à -32. T°=10°C.

Izvor Bunica: Arrêt sur trémie à 130m. (-27). Aurait été explorée jusqu'à -50 par un plongeur bosniaque.

Izvor Tihjlanica: Porche de 20x30m. Visibilité presque nulle (40cm.) progression de 30 à 40m.

Ponor Nevesinje: repérage jusqu'à environ -40 du conduit exondé qui précèderait un lac ou siphon terminal. Arrêt sur p.15 dans des galeries de 30 x 30m.

Krenica jezero: Lac dont le fond était sensé s'ouvrir sur une profonde faille. Inspection du fond durant 250m. environ à -27, sans prolongement. T°=5°C.

Une autre équipe (P.BRUNET, C.DEPIN, A.DUTHEILLET, I.VLASTELIC) a prospecté le littoral de l'île de Hvar du 15 au 21/08. Cette équipe ayant demandé un parrainage spéficique pour cette partie de l'expédition, soin leur est laissé de présenter le résultat de leurs recherches.

Merci aux sociétés Aga, Comex Pro, Fenwick (Nîmes), le Vieux Plongeur (Marseille) pour leur soutien matériel et financier, à la F.F.E.S.S.M. (C.N.P.S.) et à la F.F.S.(C.R.E.I.) pour leur parrainage, à Jean-Pierre IMBERT pour la mise à disposition de tables de décompression Trimix sportives, ainsi qu'à Marc FAVERJON (C.R.E.I.), Jean-Jacques BOLANZ (com. plongée U.I.S.) et Claude MOURET (U.I.S.) pour leur soutien actif dans la partie diplomatique et administrative de l'expédition.

Ce projet d'article, pour une revue de plongée qui le refusa suite à un changement de rédacteur en chef, est sensiblement différent du premier.

A chacun d'apprécier.

« SPELEORONJENJE 19999 » expédition de plongée souterraine en Croatie.

Aujourd'hui, la nuit est blanche. Comme chaque fois.

Et pourtant nous n'avons pas encore sommeil. Comme chaque fois.

Il est trop tard, ou pas encore assez tôt, en ce petit matin du 5 juillet 1999. Nous longeons à présent l'Adriatique et dans moins de deux heures nous y serons...

En partance pour la Croatie, nous visons précisément le poljé de la rivière Gacka, en retrait du littoral, 200 km environ au sud-est de la frontière slovène.

Là, une impressionnante série de puissantes sources d'eau claire demeure à explorer.

C'est ma troisièmes expédition dans ce secteur, et cette expédition, je la porte en moi depuis plusieurs années. Depuis ce jour de Juillet 1997 où, avec Gordan POLIC, spéléologue plongeur croate devenu depuis un ami, nous avions découvert cette vallée et les résurgences dont elle regorge.

Gordan est président du club de spéléologie de Fuzine, sa ville. Venu à la plongée par la spéléologie, il a passé au printemps ses diplômes de plongée subaquatique afin de parfaire sa formation d'autodidacte.

L'aurore n'est plus qu'un enchaînement de formalités douanières entre l'Italie, la Slovénie puis la Croatie. Au point du jour, la mer Adriatique se révèle, large miroir immaculé qu'aucune vague ne vient rider. Inoubliable ! Avec en fond musical "Exil" de Bernard LAVILLIERS, l'instant est sublime....

Ici, nous savons l'existence de « vruljas », ces résurgences sous-marines d'eau douce. Elles conduisent à l'air libre l'eau des montagnes calcaires qui bordent la côte en un rempart ininterrompu. Là aussi il y aurait fort à faire….à l'occasion d'une future expédition peut-être…

Les dernières heures de conduite, le long de la côte sinueuse, sont un peu pénibles, avec la nuit "grise" dans les jambes  et la clarté blafarde du petit matin. Francis FABRE cherche en vain un sommeil réparateur. Derrière nous, Patrick MUGNIER et François TOURTELIER, les marseillais de l'équipe, conduisent le camion rempli de matériel.

Enfin, nous attaquons la montée au col de Vratnik : 700m. de dénivelée chargé comme on l'imagine !!

Après un café à Otocac, petit bourg perché à 450m. d'altitude, Franjo TVRDINIC, notre hôte, nous ouvre l'étage de sa maison qui nous sera dévolu.

Ne désirant souffrir aucune improvisation, mes congés de Février avaient été mis à profit pour un séjour préparatoire. Sur les 15 jours que dure l'expédition, nous ne pouvions perdre du temps en formalités administratives. Aussi, nous avions consacré trois jours à rencontrer les sociétés et collectivités locales afin de s'assurer qu'aucun blocage n'entraverait l'accès aux sources.

De même, la logistique allait être lourde, il nous faudrait de la place, l'équipe serait nombreuse : il fallait nous loger, le rythme sera intensif : il faudra nous nourrir.

Gordan avait été d'un grand secours pour trouver l'hébergement et le restaurant et négocier les meilleurs tarifs. Puis il avait poursuivi les démarches afin d'obtenir des autorisations officielles écrites. Sans lui, jamais cette expédition, comme les précédentes, n'aurait été ce qu'elle a été.

Avant de passer en position horizontale, nous ne résistons pas à l'envie d'aller faire le tour du poljé pour voir les résurgences qui nous attendent et les conditions (débit, visibilité). Majerovo Vrelo, l'objectif principal de l'expédition, coule sous de bons hospices.

De retour au gîte nous retrouvons Jean-Pierre BASTIN, Roger COSSEMYNS et Martial WUYTS, les copains belges, qui, arrivés la veille au soir, ont bivouaqué à proximité. Nous nous accordons quelques heures de sommeil, puis déjeunons à Otocac, où Gordan nous rejoint.

Après une première réunion pour faire connaissance et établir un planning des jours à venir, nous démarrons sur les chapeaux de roues. La préparation des bouteilles à déposer dans Majerovo Vrelo est appliquée afin d'enchainer par la suite trois ou quatre plongées au trimix, en fonction des résultats.

Les deux tonnes de matériel sont prestement déchargées et le soir-même, les compresseurs tournent, les batteries chargent, les esprits fantasment…

06/08: Tout le monde sur le pont pour la première plongée du camp. Aujourd'hui, le programme est chargé : vérification de l'état de la corde installée l'année dernière dans le puits d'entrée, installation des bouteilles d'oxygène de sécurité qui resteront tout le séjour à -6, nettoyage des vieux fils d'ariane potentiellement dangereux, équipement en cablette gainée jusqu'à 165m. de l'entrée et portage des bouteilles de décompression pour les pointes futures. Francis, le seul spéléo non-plongeur de l'équipe, furète dans la montagne avec les habitants de la vallée en quête de grottes à explorer.

Nous ne sommes pas encore bien adaptés au pays, et une mauvaise interprétation des propositions de notre restaurateur nous conduit à accepter un espèce de cassoulet infâme, qui, cumulé à la chaleur occasionnera quelques régurgitations.

Karlo, un spéléo croate nous rejoint en bus à Otocac.

07/08: Programme similaire à Majerovo vrelo. Le puits d'entrée parallèle est équipé en corde, le reéquipement en cable poursuivi jusqu'à -55 pour y raccorder un nouveau dévidoir métré jusqu'à 500m., nettoyage des anciens fils d'ariane jusqu'à -55, dépose des dernières bouteilles de décompression air et Trimix jusqu'à -45, essais des propulseurs., première séance photo., prélèvements de faune.

Karlo et Francis, sur les indications des habitants du village, explorent une grotte argileuse située au-dessus de Izvor Pecine d'environ 150m. de développement. Nous baptiserons cette cavité Pecina jama, riche de trois siphons vierges à plonger.

Jean-Pierre et Karlo se livrent à un rituel traditionnel à Majerovo Vrelo: la dégustation de la Slivovice d'Ivan, propriétaire riverain de la source.

La Slivovice, spécialité croate, est un schnaps à la prune de fabrication artisanale, fort prisé par les plongeurs souterrains, toutes nationalités confondues.

La séance se soldera par un carton rouge pour Jean-Pierre qui préfèrera son oreiller au repas du soir.

Vers 21h30, l'équipe des parisiens arrive enfin. L'explication de leur retard est logique pour des métropolitains: blocage dans les embouteillages !

08/08: A partir d'aujourd'hui, l'équipe de la première partie de l'expédition étant au complet,

le nombre de participants permettra un "éclatement" quotidien sur plusieurs objectifs :

Trois jours durant, nous allons mener de front une plongée quotidienne au trimix dans Majerovo vrelo, des reconnaissances dans d'autres sources de la vallée et des prospections dans d'autres poljés.

Ainsi, nous atteignons la profondeur de –92 à Majerovo Vrelo dans un conduit chaotique et sinueux. A 395m. de l'entrée, la suite n'est pas évidente et il faudra fureter.

Une équipe d'une chaîne de télévision nationale nous interviewera un jour "à chaud". C'est la mairie d'Otocac qui a informé les médias, et nous aurons régulièrement la visite de journalistes de la presse et de la radio.

Plusieurs plongées de reconnaissance dans Izvor Sinjac, la source de la rivière Dretulja, permettent de définir le point exact d'émergence des eaux. A –50, le conduit se prolonge dans le noir.

Si les plongées profondes, sur les objectifs principaux, s'avèrent payantes, les prospections n'apportent rien de bien enthousiasmant et les autres sources de la Gacka ne tiennent pas leurs promesses. Plusieurs sont colmatées dès l'entrée, ainsi que dans la poljé de Dabar. Dans une autre vallée, à Markarova Spilja. un siphon (75m., -11) est franchi et une escalade post-siphon ne débouche pas sur la continuation espérée. En guise de consolation, il est toujours fascinant d'observer les protées qui peuplent ce siphon.

Ce fascinant amphibien, Proteus Anguinus ou « poisson-humain » est extraordinaire : c'est le plus grand vertébré que l'on trouve dans les cavernes européennes. C'est un animal troglobie, totalement inféodé au monde souterrain. Si d'aventure, une crue subite l'éjecte à l'extérieur, il meurt. Car s'il respire avec des poumons et par l'intermédiaire de sa peau, il vit uniquement dans l'eau. Il est endémique du karst dinarique qui s'étend de la Slovénie à la Bosnie-Herzegovine. D'aucuns avancent l'hypothèse qu'on le rencontre uniquement dans les sources qui participent du bassin d'alimentation de la mer noire, et qu'il est absent du bassin d'alimentation méditerranéen.

Personne ne sait exactement comment il se reproduit. Pudique, il se retire dans des zones inaccessibles à l'homme loin, profond. On sait qu'il atteint sa maturité sexuelle vers 18 ans et qu'il peut rester 12 ans sans manger. Son espérance de vie dépasse 100 ans, certains avancent même 250 ans. L'ami Gordan, plus modéré, rappelle que le Protée n'est sérieusement étudié que depuis 50 ans.

Toujours est-il qu'il ne connaissait pas de prédateur dans son environnement jusqu'à ce que la pollution et l'homme ne viennent le perturber.

Cependant, il est impossible d'évaluer quantitativement cette population. Tant de cavités à découvrir recèlent peut-être ces animaux, et chaque année, dans les pays de l'ex-Yougoslavie de nouveaux sites sont inscrits au registres des cavités abritant des protées.

Petit à petit, le ton est donné : c'est en profondeur que ça se passera.

Pour la dernière éclipse du millénaire, nous ne serons pas aux meilleures loges. Le ciel est noir de nuages, et nous n'apercevrons que quelques instants l'astre voilé.

Alors que les objectifs prometteurs se réduisent à une peau de chagrin, Roger a l'idée de retourner à Izvor Sinjac.

Avec son acolyte Jean-Pierre, nos vieux briscards usent de leur grande expérience et trouvent une suite pas forcément évidente. Ayant dépassé –60m., ils s'arrêtent sagement.

  Le soir, au camp, tout le monde est emballé, et il est décidé de tenter une pointe dès le lendemain car Roger, Jean-Pierre et Martial nous quitterons bientôt.

Et pourtant ce soir sera le seul moment de tension de l'expédition. Après la description enthousiaste de la belle découverte de Jean-Pierre et Roger, nous composons les équipes du lendemain.

Alors qu'il faut des plongeurs pour l'assistance de la plongée au Trimix à Izvor sinjac, deux membres, sur qui nous comptons, revenus guillerets d'un virée touristique à Zagreb, nous annoncent qu'ils iront « voir les protées ».

Nous savons tous que la source en question est « sensible », et qu'il a été décidé, à présent que les explorations et les sorties photographiques sont terminées, de ne plus y retourner. L'euphorie retombe d'un coup, la tension monte de deux crans. C'est finalement Gordan qui me sort du mauvais pas : il est absolument décommandé d'aller faire du tourisme dans cette source, sous peine de problèmes avec les riverains, mais également avec d'autres spéléologues du pays.

Nos touristes s'entêtent cependant, et je dois trancher arbitrairement : il n'y aura pas d'autres plongées dans Markarova Spilja durant l'expédition. L'un des deux « touristes » boudera un temps, mais, renseignements pris de retour au pays, il est coutumier du fait et souffre d'une incapacité chronique à s'intégrer dans les équipes qui ne lui sont pas entièrement dévouées.

13/08: Très tôt le matin, Karlo et Patrick raccompagnent François à Rijeka où le bus, puis le train le ramènent en France où ses activités professionnelles le rappellent.

La plongée à Izvor Sinjac porte ses fruits, le conduit continue à descendre au-delà du point terminal atteint, à –78.

La journée sera également mise à profit pour confectionner les mélanges des pointes futures, et pour plonger les quelques autres sources du secteur. Elles se révèleront impénétrables malgré des débits parfois supérieurs à 4 m3/s.

Le soir, l'apéritif est chargé car c'est le week-end de va-et vient entre les équipes de la première et de la deuxième semaine. Ainsi, nous retrouvons au gîte Nelly MOUTARD et Jean-Pierre STEFANATO, puis André-Marie DAWAGNE et Jean-François MANIL, les spécialistes belges des galeries étroites et des eaux troubles.

14/08: Moment d'installation pour les uns, de rangement pour les autres. Jean-Pierre B., Roger et Martial s'en retournent au plat pays, alors que les parisiens migrent vers le sud.

Pour le reste de l'équipe, à moitié reconstituée avec du sang frais, nous montons dans le Gorski Kotar, dans l'ouest du pays, où nous avons déjà plongé lors des deux précédentes expéditions. Après un déjeuner collectif devant Izvor Licanka, nous nous séparons en deux groupes pour des plongées de repérage, pendant que Karlo récupère chez lui, à Fuzine.

Nous nous retrouvons ensuite à Fuzine, animé d'une fête estivale, où nous devisons un moment avec les personnages du village avec qui nous avons fait connaissance lors des expéditions précédentes.

Le soir, Richard et Jérôme nous retrouvent à Otocac. Nous dînons dans une ambiance de fête, car le restaurant accueille un mariage. Jupettes et jupons à profusion, pour les yeux seulement.

15/08: C'est la reprise des plongées trimix à Majerovo Vrelo à nouveau parée de lignes de décompression et de bouteilles de sécurité pour l'occasion.

Nous organisons une séance "pédagogique" pour Gordan qui essaye pour la première fois un volume étanche et Karlo qui fait son baptème de plongée. Ils en ressortent emballés.

Marc CHOCAT, qui sort d'une semaine dans le Lot à voir passer les crues, nous rejoint en début d'après-midi. L'équipe de la deuxième semaine est à présent au complet.

16/08: Patrick remonte une cheminée de –92 jusqu'à –65 à Majerovo Vrelo. Le profil est à présent trop exposé et nous décidons d'arrêter les explorations de cette cavité. Pendant ce temps, une prospection dans le poljé de la Dreznica livre deux petits puits baignés par une rivière souterraine abritant des protées. La découverte est de taille, et les scientifiques de la société de biospéléologie croate nous confirment qu'ils n'avaient jamais recensés de protées dans ce secteur.

Mardi 17/08: Alors que Karlo, qui doit passer un entretien d'embauche et Francis, qui enchaîne une expédition spéléo en Espagne nous quittent, Dédé, Boubou, Gordan, Nelly et Jean-Pierre se rendent à Fuzine pour une première pointe dans le siphon terminal de Izvor Licanka. Une mauvaise surprise, enfin demi-surprise car nous subodorons les magouilles de certains spéléos officiellement bien intentionnés, les y attend.

L'accès n'est finalement pas autorisé, ce qui met Gordan dans une colère à peine dissimulée. Heureusement, le bougre a plus d'une source dans son sac, et il conduit l'équipe plus haut dans la montagne pour une sympathique exploration terminée sur un colmatage, à –39.

Dernière plongée à Izvor Sinjac pour la dernière plongée Trimix de l'expédition. Sur le chemin, nous découvrons une autre facette du pays, que les croates s'efforcent d'oublier, celle qui reste profondément marquée par le récent conflit meurtrier. La route est bordée de champs de mines, signalés des rubans accrochés aux arbres ou des piquets métalliques, de carcasses de véhicules et de chars d'assauts carbonisés, de maisons incendiées aux façades criblées d'impacts de balles et d'éclats d'obus, la route elle-même est oblitérée par des chutes d'obus de mortier. L'horreur atteint son comble lorsque nous croisons, à 4m. du bord de la route, un récent cratère d'explosion, signalé par un ruban rouge "stop police" et orné de bouquets de fleurs. Karlo nous apprend qu'un homme du village a sauté sur une mine, il y a seulement quelques semaines de ça ....

La pointe permet d'aboutir à –103 à la suite de la source qui se prolonge encore…au-delà du faisceau des phares. Mais nous avons atteint les limites de profondeur préalablement fixées, et nous n'engagerons pas de plongée supplémentaire.

Lors du retour, l'amortisseur avant de la voiture de Richard perd de l'huile. C'est pour lui le début d'un feuilleton mécanico-téléphonique qui lui vaudra un retour en avion et un voyage en Croatie une semaine après le retour de l'expé pour récupérer son véhicule.

mercredi 18 Août: Nous nous reportons sur le Gorski Kotar, au nord-ouest du pays, pour plonger ZELENI VIR. Richard, dont le véhicule est immobilisé, voyage en passager clandestin dans la caisse du camion.

Ici, nous sommes victimes de la mauvaise visibilité et de la démesure de la caverne ; Nous errons dans un volume noyé de 20m de large pour autant de haut, encombré d'énormes blocs rocheux.

Dans le poljé de Dreznica les siphons s'avèrerent impénétrables. Hrvoje CVITANOVIC, le président du club de Karlovac et rédacteur de Spéléo-Zin, la revue croate de spéléologie et son amis Ana BALAS, ainsi que Roman OZIMEC, responsable de la Société Croate de Biospéléologie, se joignent à nous. Ils nous confirment que ces cavités sont bien inconnues et que c'est la première fois que des protées sont observés dans ce secteur du pays.

Nous décidons de laisser tomber le poljé de Dreznica, qui n'a pas donné de résultats.

19/08: Une équipe part en force pour une plongée dans le siphon terminal de Crnacka Spilja, préalablement repéré à environ 300m. de galeries parfois étroites après un premier passage noyé. Malheureusement, un sac de matériel coule au fond d'un lac profond et trouble, juste avant l'objectif, annihilant la tentative.

Le reste de la troupe se rend dans la région de Kordun, plus au nord, pour plonger Izvor Tounjcica: une puissante résurgence dont l'alimentation principale est connue. Il s'agit de Spilja u Kamenolomu, une des plus longues de grottes de Croatie dont le développement dépasse 8000m. Une jonction avec la résurgence finaliserait l'étude et la compréhension du fonctionnement hydrogéologique.

Dans l'immensité du volume noyé, le fond du puits, à –46m. sera fouillé sans résultat. C'est à la remontée qu'une zone plus claire à –40, augure de belles perspectives d'exploration. Pour une autre fois, les lois de la décompression n'autorisant pas ce genre de gymnastique, à fortiori lorsque la première structure de recompression se trouve à plus de 5 heures de voiture.

Nous inscrirons cependant ces deux objectifs au programme d'une future expédition.

20/08: Nelly et Jean-Pierre S. prennent la route pour la France via l'Italie.

Dédé et Boubou récupérent à Crnacka spilja le sac ayant fugué la veille avant de prendre la route pour la Belgique.

Dernière plongée à Majerovo Vrelo pour Jérome et Richard qui font une séance photo, pour Patrick, Gordan et Frank qui font une série de photos de Gordan jusqu'à 70m. de l'entrée, puis dans le canyon, ainsi que pour Marc qui revoit en détail le shunt.

En sortant nous retrouvons Frane, le patron du restaurant où nous dînons, qui est venu s'approvisionner en truites de la Gacka (catégorie A) pour le repas du soir.

Après le dernier repas au restaurant, Frane et Josipa, les patrons du restaurant où nous avons dîné tous les soir, nous font part du plaisir qu'ils ont eu à nous accueillir et nous offrent à chacun une bouteille de Slivovice.

De retour au gîte, nous trouvons également une bouteille de slivo pour chacun que Franjo, notre hôte, nous offre.

L'hospitalité croate n'est pas un vain mot.

22/08: Tôt le matin, nous abandonnons, non sans un petit pincement de cœur, la Croatie.

Marseille est ralliée vers deux heures du matin. L'essentiel de la journée sera passé en déchargement et rechargements divers, mais tout est revenu à bon port.

L'expédition est-elle terminée pour autant ? Que nenni, il reste à restituer le matériel emprunté, à rafistoler, réviser et réparer tout ce qui doit l'être (combinaisons, détendeurs, compresseurs, propulseurs, narguilés…etc.), à boucler la comptabilité, à mettre au propre les topographies, à écrire le rapport d'expédition, à communiquer les résultats et les photographies aux structures et administrations croates, à produire des articles pour la presse spécialisée afin d'assurer le « retour » auprès de nos sponsors…etc.

La Croatie, ses habitants, ses paysages, ses grottes et les animaux qui les habitent ne nous ont pas déçus. Comme chaque fois.

Nous plongerons dans un autre pays d'Europe de l'est cet été, et Gordan sera de la partie.

Mais nous retournerons en Croatie en 2001, les rendez-vous sont pris.

L'expédition avait obtenu le statut d'expédition nationale de la F.F.E.S.S.M. ainsi que le parrainage de la Fédération Française de Spéléologie.

Merci aux sociétés Aga, Comex Pro, Fenwick (Nîmes), le Vieux Plongeur (Marseille) pour leur soutien matériel et financier, à la F.F.E.S.S.M. (C.N.P.S.) et à la F.F.S.(C.R.E.I.) pour leur parrainage et leur soutien financier, à Jean-Pierre IMBERT pour la mise à disposition de tables de décompression Trimix sportives, ainsi qu'à Marc FAVERJON (C.R.E.I.), Jean-Jacques BOLANZ (com. plongée U.I.S.) et Claude MOURET (U.I.S.) pour leur soutien actif dans la partie diplomatique et administrative de l'expédition.

 

Frank VASSEUR, responsable de l'expédition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le drapeau croate flotte librement par frank vasseur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre « petit nid » . Photographie Jérôme MARTIN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chargement du vahicule de location par frank vasseur

 

 

 

 

 

 

 

 

gordan à majerovo vrelo par frank vasseur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

karlo, ivan et jean-pierre bastin degustation de slivovice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gordan polic interview télé croate après la pointe à -90 à majerovo vrelo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gestion de surface francis fabre et jean-pierre bastin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

roger cossemyns et jean-pierre bastin par gordan polic

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au premier plan, le lac médian d'Izvor SINJAC (-45).
Au fond on aperçoit le lac aval (-55).
Photographie : Francis FABRE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

quelques bouteilles par gordan polic

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

les galeries austeres de majerovo vrelo par frank vasseur

 

 

puits d'entree de majerovo vrelo, ca decoiffe par richard huttle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Pierre STEFANATO, Jean-François MANIL, André-Marie DAWAGNE et Nelly MOUTARD à Izvor KUPICE. Photographie : Gordan POLIC

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

coin electrique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un spécimen de Proteus Anguinus, ou poisson-humain. Espèce endémique du karst dinarique. Photographie : Francis FABRE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une vasque comme on en rêve : Majerovo Vrelo. Photographie : Frank VASSEUR