Grotte de Font Vive

par Gaby HUDE, Xavier MENISCUS

 

Après nos aventures dans le vercors nous décidons après plusieurs plongées en Ardèche, d’explorer la résurgence de Font Vive .Les différents récits , la beauté des lieux , et le travail de topographie nous incitent à partir pour de nouvelles aventures dans ce réseau.

Dans cette première étape de l’exploration de la grotte de Font Vive, il nous à fallut plus de 56 H de travail sous terre, qui se sont déroulée comme cela :

 

Reconnaissance :

Dimanche 20 Janvier 2002

Il est 10h25 lorsque nous arrivons au bord de la vasque . Il fait froid , la neige a pris le dessus sur la végétation mais nous restons toujours aussi admiratif devant la clarté de l’eau. Nous nous motivons et commençons à s’équiper les pieds dans la neige et le corps pétrifié par le vent glaciale qui souffle par rafale . Nous endossons nos 2x12l avec nos 4l à l’anglaise et nous partons pour une reconnaissance après le S1 . Je suis juste derrière Stéphane et j’en profite pour admirer ce si beau siphon de couleur marron / beige parsemé de petits blocs qui animent cette galerie .La taille de ce siphon par moment s’agrandit (2m/3m) et grâce à mon éclairage je vois cette magnifique roche qui défile sous mes palmes . Nous sortons du S1 et commençons notre progression après une vérification des cordes et du fil d’Ariane détendu . Nous avons déjà oublier le froid de l’extérieur et la beauté des lieux nous encourage dans cette nouvelle aventure .

Après plusieurs montées et descente sur corde à faire suivre tout notre attirail de plongée nous arrivons devant cette mystérieuse étroiture verticale . Stéphane l’observe et me donne ses premiers sentiments . Je décide de m’engager dans celle ci après avoir enlevé tout mon matériel ainsi que mon casque . Au bout de 10mn d’effort je finis par trouvé la bonne clef de cette étroiture et équipe ce passage en corde.Après avoir tiré tout le matériel , Stéphane avec ses 1,95 m et ses 100 kg, quitte sa combinaison Néoprène et commence à négocier des coudes et des jambes pour accéder à ce passage difficile . Après 2 heures d’effort, plusieurs tentatives et malgré sa ténacité nous sommes obligés de faire marche arrière et nous prenons, après une pose casse croûte, le chemin retour.

Nous commençons déjà à penser à notre prochaine sortie et trouvons rapidement le S1 ou la visibilité est nulle . Nous arrivons à la sortie du siphon et Stéphane m’aide à passer l’étroiture d’entrée . Puis nous nous dirigeons

rapidement vers la voiture pour nous réchauffer et nous alimenter .

( Heure de sortie : 20h25 )

(T.P.S.T : 10H )

Désobstruction de l’étroiture

Nous somme le Dimanche 3 février 2002. Xavier et Stéphane ont décidé d’agrandir l’étroiture, pour pouvoir faire passer le plus de matériels et perdre le moins de temps possible à la franchir pour nos petit gabarit, et surtout, que Stéphane puisse, lui aussi, passer.
La méthode retenue, sera de la casser avec un petit marteau piqueur, branché sur un 1er étage de détendeur, à une bouteille de plongée. C’est Xavier, Scaphandrier de son métier, qui utilise souvent ce genre d’engin sous l’eau, qui en a eut l’idée et qui l’a bricolé.
Ce matin, là, ils plongent ensemble dans Font vive avec 2 x 6 litres chacun, pour agrandir le passage. Pour Xavier, c’est sa 1er sortir après son plâtre ( voir Spéléo Mag N°40 ), et c’est lui qui commence à casser la roche le premier.

L’endroit est vraiment très étroit, et il est difficile de bien se positionner pour pouvoir bien travailler. Il se chargera de faire en sorte que l’on puisse se m’être debout à l’intérieur, en enlevant ce qui coince les épaules. Une fois sa bouteille vide, Stéphane prendra sa place et, lui, se chargera d’agrandir pour que son large thorax puisse passer. Les éclats de roche sautent de partout, et blessent Stéphane au front. Le sang coulera abondamment, sur son visage, faisant craindre le pire. Mais rien de très grave, et une fois l’étroiture passée, et arrivés devant les eaux du S2, il aura complètement oublier cette mésaventure. Mais avant cela, il leur aura fallu progresser dans plusieurs ressauts, puits et vires, qu’il faudra rééquiper lors d’une prochaine sorti. Ne pouvant aller plus loin, ils feront demi tour.
xavier Meniscus
 

Le retour sera difficile pour Xavier qui manque de condition physique, dut à sa cheville déplâtrée 15 jours plus tôt, par la chaleur et la déshydratation. 2 bouteilles d’eau trouvées, sur leur chemin, seront grandement appréciées. Le S1 ne sera qu’une formalité, et sur le sentier qui mène au voiture, s’est au tour de Stéphane de se faire une grosse entorse, en glissant sur une racine, avec tout son matériel de plongée sur le dos.

Je crois qu’on a dus l’entendre crier de douleur sur plusieurs km !

( Heure de sortie : 18h15 )

T.P.S.T : 8 Heures

 

Le ré-équipement

Nous sommes le 8 Mars 2002 , il est 11H30 lorsque j’arrive à la résurgence de Font vive , je décharge tout mon équipement de la voiture et j’en profite pour faire une pause casse croûte . Avant de me métamorphoser en grenouille souterraine j’emmène mon BI 12l qui me servira à franchir le S1 (380m ; -28 )

Je profite de cette instant pour apprécier le paysage qui m’emmène vers cette vasque transparente et de couleur turquoise entourée d’oliviers sauvages et de buis . Pour cette excursion souterraine STEPHANE ROUSSEL et XAVIER MENISCUS doivent me rejoindre vers 18H  entre le S1 et le S2, après leur journée de travail.

Après un habillage laborieux et un inventaire rapide du matériel nécessaire pour améliorer l’équipement des différents ressauts et puits , je me dirige vers la vasque d’entrée.

J’endosse mon scaphandre , je me glisse dans l’eau et pénètre dans les entrailles de la terre .Une étroiture d’entrée me fait accéder à ce siphon toujours aussi extraordinaire par sa beauté . Je progresse dans le S1et mes puissants phares éclairent cette galerie ou la présence humaine est matérialisé par le fil d’Ariane . Je suis le relief et d’un coup de palmes décidé je passe le miroir du siphon qui me fait retrouver l’air ambiant . Je longe mes bouteilles sur la main courante et commence la remontée sur corde des premiers ressauts . Je progresse rapidement et travaille sur le rééquipement du 1er puit . Je continue ma progression et arrive jusqu’à l’étroiture verticale ou le passage y est plus facile . Puis j’accède à cette faille remontante dont la corde d’équipement est fixé sur une vielle sangle endommagée et qu’il faut changer . J’en profite pour planter un spit avec la massette de David que je commence vraiment à trouver lourde . Tout en continuant le rééquipement j’entend au loin les voies de Stéphane et Xavier qui se rapprochent de plus en plus . Nous nous retrouvons encore une fois de plus avec toujours autant d’enthousiasme . Stéphane prend le relais et finit l’équipement .

Nous mangeons quelques fruits secs et prenons le chemin du retour . Nous arrivons au siphon sans aucun problème et nous nous équipons de tout notre attirail de plongée pour traverser le S1 et faire surface la nuit tombante .

T.P.S.T : 7 Heures

Topographie du S1

Le 26/03/2002

T.P.S.T : 3 Heures

DAVID BIANZANI , GABY HUDE

Technique du décamètre , continuité de la topo BIBIGE


Portage

Vendredi 5 avril 2002

Après une journée de travail, nous avons décidé de réaliser le portage des bouteilles devant le S2, et ce n’ai qu’à 18 H que nous commençons notre progression dans le premier siphon. Nous apportons avec nous, en plus des 2 bi de 4 litres et de 3,33 litres alu pour plonger la suite des siphons, de la nourriture et de l’eau. La progression fut très lente dans l’étroiture et surtout dans la vire, et nous mettons plus de 6 heures pour arriver devant le S2. Nous avons fait quelques erreur techniques, et une corde supplémentaire aurait été la bien venue. Mais la mission a été remplie et nous regagnerons nos voitures que vers 2 H du matin, et arriverons à Valence vers les 4 h 30, non sans avoir, plusieurs fois manquer de nous endormir au volant. La leçon a été retenue !

T.P.S.T : 8 Heures


Topographie et exploration

Samedi 21/04/2002, il est 9h00 du matin, XAVIER MENISCUS et moi sommes à nouveau au rendez-vous devant la résurgence de font vive. Nous pensons très fort à Stéphane ROUSSEL qui pour des raisons personnelles n’a pas pu nous rejoindre dans les nouvelles aventures des Fils d’ARIANE.

Nous emportons nos bouteilles de plongées jusqu’à la vasque et tout notre matériel. L’expédition débute dans de bonnes conditions lorsque mon petit cerveau s’aperçoit qu’il y a un grain de sable dans l’engrenage : " Merde, j’ai oublié mon matos de spéléo ! "

Notre motivation vient d’en prendre un coup. Heureusement, grâce à la magie du portable, Jean KANAPA président du club spéléo de Grospierres nous dépanne d’un équipement complet du parfait petit spéléo. Nous nous équipons enfin devant la vasque lorsque je remarque que xavier a des difficultés avec sa fermeture ventrale de combinaison néoprène : celle-ci s’est dégrafée après la fermeture. On se demande si aujourd’hui le dieu POSEIDON veut bien nous accepter dans ce siphon ??

Après quelques minutes nous finissons par nous enfoncer dans les eaux cristallines de FONT VIVE. Nous traversons rapidement et sans difficulté particulière ce 1er siphon. Après un décapelage fastidieux dans la vasque du S1 nous progressons dans la partie exondée et nous passons les différents puits et escalades qui nous amènent au S2. Nous commençons a bien connaître les obstacles de ce passage mais il nous faut être très attentif au risque de déshydratation et de fatigue due à la chaleur et à l’effort physique.

Nous faisons un petit casse croûte rapide avant de s’équiper pour plonger le S2 avec les bouteilles que nous avons transporté précédemment. (2x4l ; 3x3l33 )

Le S2 est accessible par une diaclase en contrebas d’une dizaine de mètres environ. Le fil d’Ariane est amarré sur un becquet rocheux à l’aplomb de cette vasque si transparente. Lorsque nous pénétrons dans le S2 nous constatons immédiatement qu’un dépôt argileux sournois posé sur la roche vient troubler l’eau si limpide. Nous analysons les différentes sections pièges qui pourraient nous gêner sur le retour sans visibilité. Ce siphon de 160m env. et d’un point bas de -15m, nous amenons au bord d’un toboggan rocheux ou la sortie glissante et argileuse complique notre progression. Puis nous continuons notre marche équipée de nos scaphandres pour rejoindre la S3. L’accès au S3 est plus rapide que ce que l’on pensait ( 100 m sur les 250 m annoncé ). Nous ajustons nos masques et nos détendeurs et nous plongeons dans ce siphon très court (S3 ; 20m ; -2M) et d’une faible profondeur, pour palmer dans un lac coupé par sa moitié par une voûte mouillante de quelques mètres. Nous déposons nos bouteilles et gardons avec nous les cordes et le matériel de topographie et un bi 3,33 litres pour que Xavier puisse plonger un hypothétique S4 . Nous topographions la galerie Pti Paul sur 260m et constatons que celle ci représente 380m au lieu des 700m annoncé. Cela nous prend beaucoup de temps. Nous arrivons enfin au terminus de F.TOURTELLIER sur un puits de 4M recouvert d’une fine couche d’argile. Nous amarrons notre corde sur la roche afin de descendre plus bas. Nous continuons maintenant dans un endroit inconnu ou tous nos sens sont en éveil. Le bas de notre combinaison nous ont bien utile car nous avançons dans un conduit rempli sur 1M d’eau environ formant un lac sous terrain mais pas de siphon ! Puis nous accédons ensuite après une petite marche et des ressauts à une escalade dans une large faille qui nous ouvre par sa droite sur une galerie beaucoup plus volumineuse. Celle ci nous amène au-dessus de 2 puits de 3m de diamètre et 10 m de profondeur. Pas de point d’amarrage naturel pour mettre une corde. Voilà donc notre terminus pour aujourd’hui. Nous profitons quelques minutes de ce spectacle et nous prenons le chemin du retour car nous avons dépassé l’horaire prévue. (Voir spéléo n° 40 )

Le retour se fait rapidement jusqu’au S2 ou l’eau y ait très laiteuse et la visibilité est réduite à 0.50 cm. Plusieurs fois, le fils nous amène dans des sections pièges, et il nous faudra rester calme pour ne pas se retrouver coincé. Nous déposons nos bouteilles à la sortie du S2 pour retrouver les puits et ressauts qui ponctuent la galerie entre le S1 et le S2.

Ce n’est qu’à 2 H du matin et après 15 H passés sous terre, que nous faisons surface dans la vasque d’entrée, épuisé mais les yeux remplies d’images inoubliables.

Cette aventure nous a permise de topographier le S3 + 260m de la galerie Pti Paul (Longueur : 380m env. ) et d’explorer 100m de nouvelles galeries avec un changement morphologique significatif du réseau. Nous continuerons à accentuer nos efforts sur la topographie qui nous donnera des indications primordiales pour les explorations futures.

 

Remerciements

Nous remercions les plongeurs de la commission souterraine de RABA qui travaillent avec ceux de la commission de l'île de France, Franck ICHKANIAN et Philippe BIGEARD pour le FEESSM

alors donc un grand merci à la CNPS, pour leur travail de sécurisation, de désobstruction et de topographie de ce site qui nous a permis et nous permettra encore dans l’avenir de palmer sereinement dans ce siphon.

Merci au Fils d’ARIANE en collaboration avec la commission RABA, pour leur aide technique et matériel.

Merci à Jean KANAPA, président du club de Grospierres pour son aide matériel.

Remerciements au club spéléo et la mairie de Grospierres de nous laisser poser nos palmes sur ce site si magnifique.