Igue de Goudou

 

 

par François Beluche


galerie Martel, archive F. beluche

 

Descriptions chronologiques

1994 : UN ETE A LA TOUSSAINT

Une série de puits et de galeries fossiles permet d'accéder à la rivière de la Toussaint, visitable sur environ un kilomètre. Elle bute sur des siphons à l'amont et à l'aval.
Grâce aux plongées entreprises à l'amont de 1977 à 1991, 400 mètres de galeries supplémentaires ont pu être explorées jusqu'à un rétrécissement dans le 3° siphon.
Deux plongées au siphon aval (1965 et 1973) avaient permis de le reconnaître sur une cinquantaine de mètres; arrêt sur une cloche d'air, la suite n'ayant pu être repérée dans la touille.
Profitant du report d'un tournage vidéo sur cette cavité, l'équipe Terre & Eau/ GSPCCDF à l'origine de ce projet a eu la bonne idée de le remplacer par une ultime plongée du siphon aval.
Et c'est ainsi qu'en ce 29 juillet 1994, François Beluche, équipé d'un bi 7L, s'enf(i)onçait dans les eaux glauques du verrou liquide qui etc etc ...
Arrivé au niveau de la cloche, icelui a eu la chance de bénéficier d'une bonne visibilité (4-5m) et de repérer sur sa droite le prolongement de la galerie, celle-ci faisant un coude à angle droit. Un talus de gravier qui remonte à 45°, et c'est la sortie, 20 mètres plus loin, dans une galerie d'environ 4-5m de hauteur pour presque autant de large.
Le siphon mesure donc environ 70 mètres de long avec un point bas à -5. Ce jour là, environ 350 mètres de belle rivière ont pu être parcourus (relevés= boussole de plongée + pif), avant de s'arrêter au sommet d'une petite cascade.
Trois jours plus tard (1° août) le même et Julien Nègre étaient de retour. Finalement, la cascade se franchit aisément, mais une seconde (H= 2m) 20 mètres plus loin nécessite un spit. Puis, la rivière se remet à couler tranquillement dans des galeries de largeur moyenne 3 à 4 mètres, la hauteur atteignant parfois 15 mètres, jusqu'à un deuxième siphon estimé à 850 mètres du S1 (toujours la même méthode pour les relevés). Au retour nous explorons un méandre affluent sur une centaine de mètres (on en a repéré d'autres, mais pour çui-là y'avait pas besoin de s'baisser).
Au total, nous estimons donc à presque un kilomètre de neuf notre petite promenade de santé.
Une nouvelle expédition est bien sûr d'ores et déjà programmée en vue de lever une topo précise et surtout de plonger le S2. Affaire à suivre ...

Plongeurs: Julien Nègre - François Beluche.
Portage: les mêmes + Denis Arnal, Jérôme Bottollier Depois, Charles Dequin, Remi Baulard, Stéphane Galiné, Geoffroy Dumay, Dominique Chausse, Alain Vitrouil.

NOTA1: Un ouvrage intitulé "Igue de Goudou 100 ans d'explorations" a été publié récemment. Disponible chez Terre & Eau; Denis Arnal, 8 rue du général Crémer, 92700 Colombes. Prix: 140 FF + 22 F de port.


OAH, GARS, GOUDOU ? (F.BELUCHE)


Nous vous contâmes il y a peu, comment M Julien Nègre et moi même fûmes arrêtés devant un deuxième siphon dans l'Igue de Goudou, département du Lot. Il convenait donc d'y revenir derechef, afin de dresser un plan fidèle de nos découvertes, et continuer l'exploration.

C'est ce que nous fîmes en cette fin de semaine pluvieuse du 11 novembre 1994. Pour nous aider, une trentaine de spéléos des clubs Terre et Eau, Abîmes, HS, et GSPCCDF; qu'ils soient bénis.

Le portage est pour le vendredi, la plongée le samedi, la sortie le dimanche, la messe ratée.

Le samedi 12, nous descendons le premier puits vers 11h, et à 14h30 nous immergeons dans le premier siphon aval, après une tentative avortée de soupe chaude par panne de gaz. Arrivés de l'autre côté, mon matériel de plongée est réparti sur nos deux paires d'épaules, et nous attaquons le chemin hardiment en topotant. Le niveau de la rivière est haut, et les stations topo se font avec les poils de nez qui baignent.
Arrivés au "canyon" (ainsi baptisé parce que la galerie se resserre nettement annonçant une zone de rapides), ça devient sportif! La première cascade ne se remonte plus en libre tant le courant est fort (j'ai essayé, j'ai volé, j'ai plongé). Heureusement spit et corde éliminent ce problème. Mais par la suite, chaque obstacle nécessite que l'un de nous fasse d'abord un essai de le remonter, avant que de poursuivre. Pour l'un d'eux, Julien Le Malin coince son kit dans une faille avant d'attaquer la périlleuse escalade. A me voir en haut gesticuler comme un fou, il comprend: son crawl pour rattraper le sac qui file dans l'onde ajoute une page de gloire aux défuntes compétitions spéléo!

Finalement, après quelques heures de cabotage, nous atteignons le S2. Une petite croûte (on est humains !), je m'équipe, et zou, à fond pour la première.

La rivière au niveau du siphon est profonde. Pour sûr, y'en a de la patouille, puisque c'est seulement après huit mètres de chute libre que je touche enfin le sol de la galerie... qui descend toujours. Arrivé à -12, la voûte est très proche du fond de sédiments (moins d'un mètre) mais s'élève sitôt après; la galerie reste toujours aussi large, environ 3 à 4 mètres. Je remonte alors un talus de gravier en forte pente et ressort bientôt de l'autre côté après 5 minutes de plongée et 50 mètres de fil déroulés. Il est 22h30. La galerie est spacieuse, environ 3 mètres de large pour 8 à 10 de haut, mais nul bruit ne venant chatouiller mes oreilles, je devine la présence d'un S3 bien trop proche. L'air semble respirable (structure assez équilibrée, mais laissant deviner des tanins persistants; en bouche petits fruits rouges, cannelle, vanille, muscade et poivre. Mérite de vieillir un peu), ce qui n'empêche pas le CO2 abondant de m'essouffler un tantisoit. Une grande galerie fossile croise la rivière; je parcours cette dernière sur environ 70 mètres et après une voûte mouillante sous des concrétions, bute comme prévu sur le siphon. Je repart chercher les blocs pour tenter la plongée espérant que le siphon soit court. Pas mal essoufflé par le CO2 dès le départ, je ne me sens pas vraiment bien. La visi est bien sûr complètement nulle, et bien sûr je commence par m'emmêler dans le fil d'Ariane. Bref, après quelques mètres de progression à -2/-3, j'ai fini par buter sur un bloc, et choisi de faire demi tour. Pas trop tenté de voir la grande galerie fossile à cause du gaz, je replonge le S2 dans la foulée. Retour une heure après mon départ. Julien, qui essayait de roupiller sur une banquette argileuse inclinée (donc glissante), a perdu la notion du temps.

On bouffe, on plie, on repart. Le retour sera beaucoup moins pénible et plus court (1h30 environ) que nous ne l'avions craint. A 2h, le dimanche matin, nous replongeons le S1, rangeons le matos, et départ vers la sortie. Nous ne ferons qu'une pause conséquente (outre le traditionnel néo * bury pipi au sortir de la rivière), en découvrant deux magnifiques bières (oah, gars, du goût !) dans la galerie Martel, laissées à notre intention par les poteaux (solidarité sainte des enfants de l'éthanol !). Sortie du trou vers 6h30; il pleuviote...

Bilan des courses: la première n'est pas énorme, mais nous étions venu pour faire une topo précise et plonger le S2. Ce dont acte: les 850 mètres de rivière entre S1 et S2 estimés en août font en fait 1005 mètres. Le S2 mesure 30m (horizontalement) pour 12 mètres de profondeur; c'est un U tout ce qu'il y a de plus classique. Derrière, le S3 reste à franchir, et un gros fossile est à voir, ainsi que les affluents de la rivière S1/S2. Toutes ces galeries laissent espérer un futur accès direct au réseau.


1995 : COUP DOUBLE A GOUDOU (F.Beluche)

FDS de Pâques 1995 (15-16-17 avril ) (*)

Après notre prestation du mois de novembre, il restait encore du taf dans l'Igue: la suite de la rivière à explorer en franchissant le S3, les trois affluents entre S1 et S2 avec l'espoir que le méandre des vraies/fausses tuiles puisse nous réserver une bonne surprise. Entre S2 et S3, la galerie fossile était à voir (au moins vérifier s'il y avait vraiment quelque chose...). Partant du principe que tout ceci ne pourrait être réalisé en une fois par une seule équipe, nous avons logiquement pensé à en passer deux par le S1, en vue d'optimiser le rapport topo/explo. C'était aller certes au devant de sérieuses difficultés pour le portage, mais le pari fut tenu. Et le résultat fut à la hauteur! Le samedi soir, la vingtaine de kits des quatre plongeurs était au S1; le lundi après midi, tout était ressorti(**) ... Moralité: la prochaine fois, on plongera à six! Chapeau quand même.
Côté plongeurs, quatre candidats à la galère: caporal Julien-toujours-prêt, Jérôme Bottollier, Jean le Kens et ma pomme. Jean et Jérôme nous aideront à transporter notre matériel jusqu'au S2, puis iront au méandre des vraies/fausses tuiles finir l'exploration et lever la topographie. S'ils ont le temps, ils pourront toujours aller jeter un oeil sur les autres départs. Les deux autres zozos passeront S2 puis S3. Au retour, ils tâcheront au moins de faire la topo de la rivière entre S2 et S3, et de visiter la galerie fossile qui croise la rivière.
Côté matériel, on s'est réservé un bi-7L pour le petit caporal, et un bi-9L pour mézigue, le tout pour la pointe au S3. Le premier siphon étant suffisamment court, des quatre litres suffisent à l'affaire. Sur un conseil avisé de Jean, nous plongerons le S1 en "hybride": bouteille de 4L couplée avec un 7 ou 9L, en ne respirant que sur le 4L. Ce stratagème permettra de garder les blocs intacts pour la pointe, tout en laissant largement assez d'air pour un retour en bi-4L pour Jean et Jérôme.
Dimanche de Pâques 16 avril, 9h30; le curé sort ses fiches: il nous veut dans sa messe. Hélas pour son culte, on descent l'Igue sans nos kits.
Puits, éboulis, galerie Martel, etc. jusqu'au siphon, on connaît. Equipement, il est midi: déjeuner. Nous plongeons le S1 vers 13h30 environ. De l'autre côté, déséquipement, répartition des kits: un gros sherpa par personne, et on file. C'est vers 18h, après une petite collation que nous nous immergeons dans le S2; de l'autre côté, l'air est nettement plus respirable que la fois précédente, mais du CO2 est encore perceptible. Bientôt, nous sommes devant le troisième siphon. Nous avons convenu que je l'attaquerais d'abord seul; si après vingt minutes je ne suis pas de retour, alors Julien plongera à son tour.
Je pars d'abord dans la touille complète, et progresse à environ 3 mètres de profondeur. Point de vertigineuse descente comme pour le S2, celui-ci semble assez horizontal. L'eau s'éclaircit peu à peu, et au bout d'une cinquantaine de mètres, j'entrevois la surface libre au bout d'un talus de gravier.. Taratata plongeur impétueux! aurais-tu oublié que c'était Pâques? Ce n'est qu'une cloche et toi t'es chocolat... Mais la sortie est juste derrière!? Deuxième cloche; et le siphon repart de plus belle. Une troisième cloche un peu plus loin aura quand même le bon goût de m'indiquer que la galerie tourne sur la gauche. Je continue donc, dans une eau de plus en plus claire (3 à 4 mètres de visi, ce n'est pas si mal), ce qui me laisse admirer une belle galerie d'environ 3 mètres de large, et de hauteur 1 à 2 mètres, parfois plus suivant les facéties de la voûte; le sol est constitué de dunes de sable. Mais les manos ont la dent dure, et j'en arrive maintenant à jouer l'épaisseur du trait. Force m'est, avec moult regrets d'arrêter le fil sur un béquet pointu: dernier coup d'oeil, mais non le siphon continue, sans indice aucun de s'exonder à ma vue. Retour dans la touille; rencontre avec Julien à 60 mètres de l'entrée, et sortie. J'ai déroulé 165 mètres de fil, ce qui fait environ 155 mètres de progression compte tenu de la distance de l'amarrage du fil au départ du siphon. Ma plongée a duré 27 minutes aller-retour, profondeur maxi atteinte 7 mètres. Un peu dépité, mais belle plongée quand même: à revenir crénom!
Bon c'est pas le tout, topo! Le relevé de la rivière est vite fait, la distance S2-S3 n'étant que de 60 mètres. Maintenant, la galerie: Juju prend celle de droite, et moi...celle de gauche. Alors que je m'avance en cette contrée inconnue, j'entend "ça queute!" retentir au loin. Et ici aussi sac à papier! Bon tant pis, retour vers la rivière. Julien me hèle:
<<-attend, au dessus de moi, tu vois rien? on dirait que c'est grand!
-Ah parbleu oui, j'entrevois une galerie qui galerieoie!
-J'vas voir..(il grimpe)... Ça continue!
-J'arrivoie!>>
Effectivement nous avançons dans une galerie glaiseuse et spacieuse, montant en pente douce. Mais nous sommes rapidement arrêtés par des blocs qu'il convient d'escalader. En bas, des traces d'écoulement montrent que la galerie est active. Retour à la rivière pour récupérer la trousse à spits et la corde, judicieusement emportées. Un spit est planté, on se fait la courte: ça passe. En haut, nouveau spit pour amarrer la corde et redescendre de l'autre côté. Nous sommes dans une grande salle d'effondrement d'environ 6 mètres de large et autant de haut. Lui fait suite un petit méandre actif et boueux. En haut la galerie est plus spacieuse mais casse gueule. Bientôt ça se rétrécit en bas, et il faut grimper de quelques mètres. J'entrevois le méandre actif qui continue plus loin et plus bas, mais on n'a plus de corde. Grimpant encore, j'arrive au plafond de la galerie: sur la droite arrive un méandre étroit, mais je ne vois pas d'autre suite évidente. Moralité: retour et topo (cette dernière nous donne une centaine de mètres).
Revenus de l'autre côté du S2 vers 2h30 le lundi matin, nous retrouvons nos deux compaings, sur une petite plage de sable, au bord de la rivière comme convenu. Leur balade à été fructueuse: ils ont continué le méandre jusqu'au bout, et atteint une grande salle de quarante mètre de long, et de section 6x4 mètres. Ils ont fait la topo au retour, qui donne en tout environ 310 mètres.
Après s'être à nouveau chargé de nos chers sherpas, nous sommes rentrés tranquillement, ce qui nous a conduit à replonger le S1 vers 4h30 du matin et, après avoir rangé tout le matériel sommes sortis du gouffre vers huit heures le lundi.

Bilan des courses: plutôt positif, même si le S3 n'a pu être franchi; il suffira d'y revenir avec plus d'autonomie. Mais 480 mètres de topo ont été ramenés, pour environ 400 mètres de première, dont 155 en siphon.
Mais le résultat le plus important est sans aucun doute le report topographique du méandre des vraies/fausses tuiles, qui se pose maintenant plus en vraies qu'en fausses. Il est désormais certain qu'il s'agit bien là de la suite de la galerie des tuiles. En outre, la topo situerait -compte tenu des imprécisions sur un bouclage de plusieurs kilomètres- les deux extrémités des galeries à moins de 20 mètres l'une de l'autre.
On a vu les yeux de docteur Boum-Boum se mettre à briller...

(*) FDS: Fin De Semaine. Terminologie officielle de la Réprivée française jusqu'au 7 mai 1995.

(**) Pour le portage, on retrouvait en gros les mêmes que la dernière fois: Terre et Eau, Abîmes, HS, MMS, CCDF, des Scouts (laïques), des beau-frères; en tout une trentaine de spéléos qui ont vraiment tous fait un boulot formidable.


1995 : IGUE DE GOUDOU: LE TEMPS DES IRIS (F Beluche)

Juillet-août 1995:
Cet été, on avait plusieurs bricoles au programme:
* Positionner les extrémités des deux galeries des Tuiles: les Vraies (pré siphon), et les Vraies-Fausses (post siphon), à l'aide de balises magnétiques, la topo les situant très proches l'une de l'autre.
* Tenter la jonction, en fonction du résultat du relevé par les balises.
* Prendre le temps de fureter les affluents de la rivière post S1 aval.
* Rester au niveau gastronomique des expéditions précédentes (objectif atteint).
* Et franchir le siphon "des Pâquerettes", ci-devant S3 aval, déjà reconnu sur 150 mètres en avril dernier.
Le relevé par balise? on était venu tout exprès pour, le week-end du 14 juillet... Entre l'émetteur et le récepteur, on n'a pas trop compris lequel des deux boudait. Il a fallu recommencer plus tard, en changeant de matériel par prudence. Deux balises ont été descendues simultanément au fond de chacune des galeries et avec un horaire précis pour pas s'emmêler les pinceaux... Le plongeur arrivé au S1 et qui trouve sa montre arrêtée... Réglage approximatif de l'heure. La montre repart, mais tellement doucement que le bougre passera trois heures à émettre au lieu de deux... Frayeur en surface lorsque les deux émissions se chevauchent, heureusement durant un quart d'heure seulement...
Enfin, les deux points ont été localisés avec une excellente précision: ils sont situés à 27m l'un de l'autre, et à la même profondeur. La désob' est en cours, et plusieurs séances (côté Tuiles) ont permis de progresser un peu dans un méandre étroit, argileux et humide: ça continue quoi... Merci à Wilford O'Yl du G3S et Daniel Valade du SCLQ pour les prêts des balises.
Profitant des portages du matériel vers le S2 pour la pointe, nous avons pris le temps de musarder tranquillement dans la rivière derrière le S1:
L'affluent de l'Arche est une petite galerie de taille... humaine, qui bute sur un petit siphon au bout d'une vingtaine de mètres.
Le Liseron semble plus intéressant car un petit courant d'air est perceptible. Mais une étroiture bloque le passage au bout de quelques mètres. Elle nous a résisté, un tir s'étant révélé notoirement inefficace, rapport que le plaquage s'est déplaqué avant la mise à feu (la malédiction du Liseron a continué, au mois de novembre d'abord lorsque j'y suis retourné avec une perfo sur accus: après un premier tir réussi, ce sont les batteries qui m'ont trahi pour le deuxième qui se voulait ultime !! Et en décembre, tout le réseau était en crue).
Une petite découverte: la "salle du Cripeteau" (mesurant 15m sur 3m; hauteur 10m) située juste après la première voûte mouillante, bien camouflée derrière une arche de la paroi qui donne l'impression d'être continue.

Et puis, on a fait la pointe aux "Pâquerettes" le 28 juillet. Tout le matériel étant déjà arrivé, on y est allé Julien et ma pomme pour ainsi dire les mains dans les poches. Et arrivé au terminus précédent, il n'a suffit que de 20 petits mètres pour sortir... Le siphon mesure donc environ 170 mètres de long pour un point bas à 7 mètres. Derrière, la rivière s'écoule très calmement en direction nord-nord/ouest dans une galerie de dimensions 6x3 mètres environ. Puis, 300 mètres après le S3, c'est un quatrième siphon, plongé dans la foulée (longueur 38 mètres; profondeur maxi 7 mètres). A la sortie, la rivière redevient profonde, et après une trentaine de mètres, c'est un nouveau siphon... pour la prochaine fois.

Aux portages, les mêmes que d'habitude (et ça, c'est sympa): Terre & Eau, Abîmes, Ccdf, avec Sc Thomson-Gennevillier en plus.
A la plonge: J. Bottollier, J. Nègre, F. Beluche.


Pâques 1996:
Par ce beau temps, les Goudouistes étaient à nouveau réunis. Nous avions deux objectifs: plonger le S5, terminus des explorations de l'été dernier, et revoir les extrémités des galeries des Tuiles (les vraies et les Vraies-Fausses), pour constater le travail de sape de l'eau des (vraies) Tuiles récemment détournée (elle était absorbée par une perte peu avant l'extrémité de la galerie, pour ressortir dans le méandre des Vraies-Fausses Tuiles; au mois de novembre dernier, nous avons bouché cette perte forçant ainsi le ruisseau à reprendre son cours initial, afin qu'il dégage l'argile du méandre terminal qui constitue aujourd'hui le principal espoir de jonction avec le réseau post siphon).
Comme d'habitude, la "maison des Français" a eu du mal à contenir les 35/40 spéléos qui voulaient tous -allez savoir pourquoi- s'y entasser en même temps aux heures des repas: les Terre & Eau, les Scouts, les Ccdf, des Russes, 1 Hs, les Abîmés.
"Goudou terre d'accueil" est restée fidèle à sa tradition: là bas au moins, le code de la nationalité, ça n'existe pas.
Samedi 6 avril, portage du matériel de plongée au siphon de la Mine (trois 9L, deux 7L et deux 4L plus le matos perso). Et le dimanche matin, à 10 heures tapantes nous partons, Jérôme, Julien et ma pomme. Plongée du S1 vers 13h00, rangement du matériel, un sherpa chacun sur le dos, et on déhotte. Après un parcours tranquille, nous arrivons au S2 que j'attaque à 16h30, équipé d'un bi-9L et d'un autre 9L en relais. Ce dernier est abandonné derrière le S3, et c'est parti pour la petite promenade jusqu'au S. suivant. Derrière le S4, l'eau est limpide et je vois nettement le fond de la rivière pourtant profonde de 6 ou 8 mètres. Le canyon est orienté à l'est, mais arrivé au bout je repère nettement le départ du siphon sur la gauche. La galerie descend rapidement et se stabilise enfin vers -21 mètres. L'eau est très claire, le siphon est superbe. Il atteint parfois 10 mètres de largeur et est encombré de gros blocs ciselés par le courant. On se croirait dans une des résurgences classiques du coin. Arrêt sur autonomie après environ 130 mètres de progression: le couloir continue, toujours aussi large...
Retour sans problème; la plongée a duré une demi heure. Et puis c'est le chemin inverse: S4, galerie, récupération du relais, S3, galerie, et enfin la sortie du S2. Il est 19h30.
Un quart d'heure plus tard, j'entend appeler: J&J sont de retour de leur virée du fond des Vraies-Fausses Tuiles: il semblerait que la flotte ait fait du bon boulot en surcreusant le fond de la galerie. La jonction se précise...
Alors on a rechargé les sacs, comme d'habitude, et on est rentré peinard, ce qui nous fit sortir de l'igue vers deux heures du matin.
Grâce au coup de main efficace des copains, tout le matériel a été ressorti le lundi. Encore un grand merci à tous, et souhaitons que la jonction avec la rivière post siphon soit proche.

Le S5, baptisé du nom de la petite pouliche née le samedi matin chez Maurice Buffet, notre hôte, s'appelle désormais "le siphon aux Iris" .

Je l'ai dit, au Russe. L'esprit aiguisé, il m'a répondu: "Il faut que ma rame cesse. A-t-on rendu la clé au berger? -non, il faut que je l'amène au fils." Ah que n'a-t-on parlé à tort: c'est la pire amie de Goudou.


1996 : Un tympan troué, des pantins outrés (F.BELUCHE)

Depuis 1994 où le Team Goudou Plus eut l'heur de franchir le siphon aval de la rivière de l'Igue de Goudou, le goudouffre n'a jamais désempli de spéléos venus surtout d'Île de France et d'ailleurs. Ces efforts collectifs et réguliers ont distillé leurs fruits, puisqu'en avril 1996, nous en étions au cinquième siphon, plongé sur 150 mètres. En outre, un grand espoir nous motive de pouvoir contourner le S1 par des galeries supérieures mais non moins affluentes, ce qui ouvrirait un kilomètre de belle rivière aux non plongeurs. Tant et si bien que l'été suivant, nous étions à nouveau réunis pour porter des kits, et encore des kits, descendre, plonger, gratter, creuser, remonter, redescendre, replonger, etc., etc.
Nous partîmes deux plongeurs; mais par un prompt renfort
Nous finîmes à trois, pour achever le port.
Tant, à nous voir marcher avec de telles charges,
Les plus assoiffés rêvaient d'un douze ans d'âge.
Nous plongeons aux deux tiers aussitôt qu'arrivés,
Dans le fond du gouffre, par Laureau assistés:
Pierre Verdiell, fin cuistot, grand faiseur de ripailles;
Moi, brûlant d'impatience de reprendre mes cisailles,
Tombées de leur fourreau, trop mal assujetties,
Au fin fond du siphon, ah quel con quelle poire !
Et qu'à propos de poire, il ne soit point écrit
Que l'on soit demeurés trop de temps sans en boire !
Les descentes dans l'igue commencent le samedi 3 août 1996 jusqu'à l'embarcadère puis le dimanche jusqu'au S1 aval. Neuf bouteilles de plongée seront descendues, deux jeux étant laissés en permanence pour les passages du S1.
Lundi. Pierre n'étant pas encore arrivé, je fais une première plongée pour porter du matos (un 10L avec son détendeur, des lampes plus quelques bricoles) au S2, accompagné jusqu'au S1 par Pierre Laureau et Sylvie Martel la bien nommée dans ce gouffre jadis exploré par le Maître.
Le niveau de la rivière est très bas et le S1 est clair. Derrière, les affluents de l'Arche et du Liseron sont rouge brique, conséquence probable des ensilages de surface.
Mardi, rebelotte, mais cette fois ci avec Pierre (ou *. R, qui correspond en fait à la demi circonférence). On porte, entre autres, les deux 12L au S2.
Enfin, après une journée de repos bien méritée, nous attaquons la pointe le jeudi. Décollage vers 8h00. Quelques volontaires choisis parmi les meilleurs lève-tards avaient été désignés pour nous accompagner au S1: ça nous a fait bien rigoler de plonger avant leur arrivée! De l'autre côté, il nous faut encore porter le bi-9 de Pierre (périmètre*0,5) jusqu'au S2. Parcours peinard, sauf une petite pause due au pourtant succulent repas de la veille: deux vaillants slépenonautes, néoprènes rabattues jusqu'aux genoux, et se lavant en même temps le derrière dans la rivière après un épanchement parfaitement synchronisé sur plage de sable, onques ne lirez ça dans aucune revue de plongée acajou !

Le S2 et le siphon des Pâquerettes sont franchis sans problèmes malgré une visibilité médiocre. A la sortie du S3, Pierre (*.D/2) me tend victorieusement mes cisailles qu'il a retrouvées dans l'eau: on peut donc rentrer! Catholique qu'on n'est pas venu pour ça, Pierre (R.* avec *= * ) insiste pour continuer et me propose de porter le bi-12 jusque devant le S4. Devant une telle menace, je cède. Nous voici arrivés:
"-Oh, j'ai oublié mes palmes, m'écries-je sournoisement, espérant le fléchir.
-Bouge pas, je vais les chercher, réplique-t-il aussitôt avec fierté, mais non sans quelques accents de perfidie."
Et d'y aller. Et de revenir: je capitule. Il est 14h50.
J'utilise encore le relais pour franchir le S4, et l'abandonne de l'autre côté. La visi dans les Iris, nettement moins bonne qu'à Pâques, est quand même d'environ 5 à 6m. Je raboute les Anglois hors de Fr.. euh non, le fil d'Ariane au terminus précédent. J'avance maintenant sur des dunes de sable. Plus de blocs parsemant le sol comme auparavant ce qui est gênant pour amarrer le fil. Ça remonte, ça remonte... ça redescend. Enfin, après 230 mètres de progression j'émerge dans une salle d'une vingtaine de mètres de longueur pour 5 de large et 4 à 5 mètres de haut. Un puits arrive du plafond vers le milieu de la salle. Mais à nouveau, ça replonge dru. Je replonge donc itou, mais avec une oreille gauche qui commence à faire mal à chaque équilibrage. Au bout de 35m, j'arrive au sommet d'une dune de sable très pentue qui replonge à nouveau profond (8 à 10m estimés). Coup d'oeil sur le profond': 0,5m. Coup d'oeil en haut: tiens, la surface: voici une salle semblable à la précédente mais moins longue (8 mètres). J'aurais bien envie de continuer, mais bobo oreille + limite autonomie= rentrer maison.
En quelque sorte, on dira que j'ai fait demi tour pour des questions d'étiquette!
Sur le chemin du retour, j'attaque la topo. Ah ça, ça a bien marché au début... jusqu'au moment où j'ai paumé mon crayon dans le S5!
Sortie du S4 environ 1h40 après le départ, réveillant Pierre (le linéaire) qui roupille sur la plage. On ramène le matos aux Pâquerettes, et on sort boussole et décamètre pour topoter la rivière entre S3 et S4 (y' avait des crayons de rechange). Résultat: 230 mètres, pour 260 estimés l'année dernière.
Alors nous rentrons tranquillement, sauf que l'oreille me fait toujours souffrir, la douleur persistant aussi hors de l'eau. Verdict de l'ORL(LE) le lendemain: otite carabinée avec perforation probable du tympan. HS pour une à deux semaines.
Pierre (le curviligne) ira tout seul le samedi récupérer une grande partie du matos. Et c'est finalement Pierre Laureau (* D²/4 donc) qui se proposera pour rechercher le 12L et le 10L restants. L'animal en a d'ailleurs profité pour pulvériser tous les records post-siphon de Goudou: parti à 9h00 le matin, il est ressorti de l'igue à 14h30, ayant pris en outre le temps de visiter les Vraies-Fausses Tuiles!
Grand merci à eux deux (* et *: tous mes regrets de n'avoir pu vous accompagner) ainsi qu'à tous ceux qui ont fait les navettes au Siphon de la Mine.
Participants: Abîmes, Gsp-Ccdf, Terre & Eau, Sclq, Sc Dijon, Sc Thomson-Gennevillier, Sc Corneille.

1997 : IGUE DE GOUDOU: THE DARK S8 DECONNE ! (F.Beluche)

Cet été 1997 vit à nouveau le Team Goudou Plus à pied d'oeuvre. Plus que jamais, la poursuite de la désobstruction du fond de la galerie des Tuiles, en vue de permettre de rejoindre à sec la rivière post S1 restait à l'ordre du jour. Sans oublier l'exploration de la rivière aval (arrêt sur S7 l'année passée) et la perspective d'une jonction avec la Rivière Noire de l'Igue de Lacarrière qui commençait à se dessiner.
Cette fois ci, les plongeurs traditionnels s'étant tous défilés, il fallut recourir à la sous-traitance des Padiracois émérites Jean-Claude Collette et Bernard Gauche, qui sont désormais des Goudouistes convaincus.
Première plongée le lundi sans histoire, siphon de la Mine (S1) clair, rivière à l'étiage, in the mood and in the poêlon. Le soir, déjà deux bouteilles sont au S2, la technique de flottage aux pains de mousse s'avérant au quart de poil. Le jeudi deuxième portage, avec Jean-Claude, ce qui nous fait devant le S2 un bi-12L prêt pour la plongée, deux relais 9 et 10L itou, plus des bricoles.
C'est le samedi 9 août, vers 9h30 que nous partons pointer tous les trois, accompagnés jusqu'au siphon par Olivier qui se vengera au retour en bousillant rageusement sa ponto. Si les orages de ces derniers jours n'ont que peu grossi la rivière, nous constatons vite en revanche que l'eau est trouble: ainsi seront les siphons, car comme un fou le chantait naguère: "le laid débit de l'eau => le beau siphon de lait".
Nous plongeons le siphon de la Mine vers 11h30. Bernard passe le premier. Je le suis dans la foulée, mais à la sortie stupeur: plus de Bernard! Appels: point d'écho; coup d'oeil dans le siphon à droite à gauche: bernique. Jean-Claude conclut qu'il a dû tailler la route dans la foulée. Effectivement, gardant tout le matos sur le dos, le bougre avait filé dans la galerie chercher un endroit au sec pour s'installer. Mécolle, habitué à prendre le temps, sortir du siphon tranquillement, poser doucement le matériel, emballer tranquillement les détendeurs, les masques et tout et tout... de voir personne en sortant, ça m'avait fait un choc.
On ramasse les affaires, et nous voila filant l'onde de la Toussaint, Bernard et Jean-Claude avec tout leur barda sur le dos, sans rien planquer, détendeurs, instruments, stab, etc, alors que comme d'habitude, j'ai tout camouflé, tout protégé, et qu'y'a rien qui dépasse. Conclusion provisoire: ça pèse le même poids.
Puis, c'est le retour à la touille au lait du S2 puis du S3. Nous trottons vers le S4, et vient l'heure de la séparation: c'est parti dans le S4, puis le S5 peu après. La visibilité de l'ordre du demi-mètre amène rapidement à la conclusion que la fonction première du casque en spéléologie sub-aquatique n'est pas de porter les lampes: ça risquerait même parfois de les abîmer.
Séparation du relais, et poursuite sur le bi-12L. Enfin voici le bout du fil, devant le S7. L'été dernier, une bonne visibilité avait permis de voir le départ du siphon comme un talus de sable descendant à 45 degrés dans une galerie de trois mètres de large. Aujourd'hui, on n'y voit goutte dedans, et je pars au pif, en continuant dans l'axe de la galerie. Ça descend dru à -5 mètres et remonte juste après: ce siphon si dru est tout court: 20 mètres. Devant, une grande galerie (6m par 5m) bien calme. Quelques vasques profondes où les palmes ne sont pas inutiles, et la belle finit bientôt dans un beau lac d'une dizaine de mètres de diamètre. Détail prometteur: les bords du lac sont constitués d'une superbe couche d'argile bien épaisse, dont un gros talus remontant sur cinq à six mètres de hauteur...
Le départ du siphon étant complètement sur la droite du lac ça ne rate pas: partant tout droit, je me fous en plein dans la glaise, créant ainsi cette ambiance si particulière qu'on aime tous. Je progresse à tâtons, rembobinant plusieurs fois le fil dont la mollesse indique que je tourne en rond, trouve quand même deux amarrages, sent de la main un talus d'argile remontant en pente douce jusqu'à la surface, après 80m de fil tendu. Est ce le bon bout du siphon ou le lac de départ? Que nenni: c'est une diaclase à moitié encombrée d'argile. Avec un mètre de large, il est pénétrable ce fossile, mais hélas, c'est lisse et haut, ça glisse et se hisser de l'eau à l'assaut de cette fosse, c'est un bel os! Sans la moindre envie de paumer du matos dans cette tasse de chocolat en tentant une sortie plus qu'aléatoire, je préfère rentrer. Et puis à force de tourner en rond, j'ai pas mal puisé dans les ergols. Sur le chemin du retour, je sens de la main un fond de gravier mêlé de feuilles mortes: sans aucun doute le cours actif de la rivière, perdu en remontant trop tôt.
Pour le retour, il reste la topo du S5 à finir: l'absence de visi ne favorise pas les choses. Jean-Claude et Bernard de leur côté doivent aussi faire des relevés du début, mais comme je ne sais pas jusqu'où ils auront été, je préfère continuer jusqu'à la sortie: on comparera plus tard. Je me pèle de plus en plus, accélère les derniers relevés, m'accorde quand même un palier de dix minutes à la sortie du S5, et repasse le S4.
Enfin les copains et un bon thé bien chaud: l'eau est donc un corps chimique qui, pouvant exister à une température supérieure à celle du vin blanc, est réellement susceptible de réchauffer le corps humain!
Le retour est peinard jusqu'au S2, où l'on essaye de se charger au maximum pour réduire les portages retour de la semaine prochaine. Avec deux bouteilles dans deux kits différents je m'amuse comme un petit fou, lorsque je vois rappliquer Bernard, déjà délesté de son fardeau au S1, et qui arrive à la rescousse me récupérer un sac: seuls ceux qui ont déjà vécu un tel instant de félicité pourront juger de la chose. Autre instant de bonheur lorsque, remontant le puits d'entrée de l'igue vers 23h00, nous découvrons Spélaïon et ïonne , équipés de pied en cap et partant nous déposer de la bière à l'embarcadère: seule notre remontée les a interrompu dans leur geste et c'est trinquant ensemble que nous savourons leur délicate attention.
Arrivée à la maison, où tout le monde est encore à table: les grillades et les gâteaux de Sophie resteront dans les mémoires des "Nouveaux", pas encore habitués à la "Générale de Goudou"!
Il restait à rechercher le matériel restant. Le lundi, une nouvelle série d'orages eut raison de la sérénité de la Toussaint qui nous offrit une belle crue. De fait, si la pointe avait eu lieu quelques jours plus tôt, nous aurions eu les siphons clairs. Mais quelques jours de plus et il aurait fallu tout annuler. C'est finalement le jeudi que le dernier portage put enfin avoir lieu. La crue ayant emporté la gourde d'eau, le container étanche contenant la bouffe, et un ou deux mets solides posés ça et là, le moral fut soulagé de n'avoir pas à trimbaler tout ce fourbi, mais l'estomac qui comptait dessus ne fut pas d'accord! Et les blocs furent retrouvés couchés dans la rivière, fort à propos coincées par un rocher qui les empêcha d'aller plus loin.

Participants: ABÎMES, AFEGC, ASPALA, GSPCCDF, NYCTALOPE AMBIDEXTRE, TERRE & EAU, SCLQ, SC THOMSON, JC COLLETTE, B GAUCHE.
. Padirac est un petit Goudou situé à une trentaine de kilomètres de Labastide-Murat.
. Devinette: que dit-on d'un spéléo de Thomson qui remonte une bouteille de plongée du fond de Goudou?
Réponse: Olivier hisse l'air.

Récits affluents

LA JAVA INTERMINABLE DES FORCEURS D'ÉTROITURES (*)

Nous sommes partis descendre l'igue avec nos cordes
Nous autres d'ABIMES, CCDF et TERRE ET EAU.
Nous avions gonflé les bouteilles jusqu'à c'qu'elles débordent;
Y avait les outils: la perfo sur accus, la gomme et les détos.

Avec les poteaux on avait préparé l'affaire,
Deux mètres d'étroitures et la première était au bout!
C'était du tout cuit il suffisait de se la faire:
Une toute petite charge et la jonction était à nous.

Attention les copains tout est prêt, c'est parti;
Le siphon il est court, c'est l'affaire d'un instant,
Et derrière le Liseron il est pas loin d'ici;
Moi j' vous l' dit, la chatière y en plus pour longtemps!
ON PERCE !!

Allonge toi dans l'argile,
Mon gars il faut être agile,
Et s'tremper jusqu'aux sourcils,
ON PERCE !!
La perfo elle en route,
Faut faire les trous dans la voûte,
Travailler coûte que coûte
ON PERCE !!
Ça y est c'est fait, c'est rentré
Pose tes charges et va t' planquer
Dans c' cas là faut pas traîner;
ÇA PRESSE!
J' suis rentré m' mettr' à l'abri,
Ai mis l' contact aux batteries,
Un grand BOUM a retenti
ÇA PERCE !!

Je m' suis posé l' train pour casser une petite croûte,
Même en plein turbin, y a l'estomac qui demande le plein.
V'là une chauve souris qui m' passe devant pour faire sa route,
Elle rentre dans l' Liseron, ah sacré nom de nom, ça ça m'en bouche un coin!

Alors j' suis rev'nu pour voir le résultat d' la casse,
Pour du bon boulot c'était bien du travail de pro!
Sûr que c'était pas un boul'vard, mais suffit qu' ça passe,
Hardi mon gars c' coup ci ça va glisser sans accroc.

Attention j' suis lancé pour passer l'étroiture,
J' m'y engage, c'est parti pour la grande aventure,
Ça y est presque, mais bon d'là je r'ssens comm' un blocage,
Car hélas, la carcasse elle a trop d'enrobage:
LA GRAISSE !!

Mon gars reprend tes outils,
Au boulot t'es reparti;
Dans la boue tu t'applatis,
TU PERCES !!
Avec un p'tit trou en sus,
Bien placé avec astuce,
Tu pourras passer en plus
TES FESSES !!
Saperlotte me v'là trahi
Par ces satanées batteries,
Y a plus d' jus dans l' bistouri,
ÇA BAISSE !!
La chignole s'est arrêtée,
Tout penaud j'ai remballé
Le matos et ma fierté,
ÇA BLESSE !!

Il a bien fallu hélas se rendre à l'évidence,
C'est pas cette fois ci qu'on f'ra de la topographie;
Alors j'suis rentré passer l' siphon dans l'autre sens,
On a tout r'monté, les bouteilles de plongée et la caisse à outils.

Mais on reviendra bientôt c'est sûr, nous on s'acharne,
On parviendra bien à faire sauter c' sacré caillou!
Et si y en a d'autres derrière vu qu'on n'est pas des ânes,
Ça s'ra l' même turbin pardi! on creusera jusqu'au bout.

Attention, allons y cette fois ce s'ra la bonne,
La première, c'est juré on va s'en faire une tranche,
Une seule charge ça suffit, y en a pas b'soin d'une tonne,
Mais c' coup ci on va faire le tunnel sous la Manche!
ON PERCE !!

Allonge toi dans l'argile,
Mon gars il faut être agile,
Et s'tremper jusqu'aux sourcils,
ON PERCE !!
La perfo elle en route,
Faut faire les trous dans la voûte,
Travailler coûte que coûte
ON PERCE !!
Ça y est c'est fait, c'est rentré
Pose tes charges et va t' planquer
Dans c' cas là faut pas traîner;
ÇA PRESSE!
Cette chatière qui nous agace
Qui s'est montré si coriace,
A reçu le coup de grâce,
ÇA PASSE !!


F Beluche; novembre 1999.

Igue de Goudou : aide toi, le Liseron cédera

Pentecôte 1999: l'étroiture de l'affluent du Liseron nous arrête depuis trop longtemps : cette fois-ci Jérôme est bien motivé pour en finir ! Une première tentative de portage samedi s'arrête à l'embarcadère, car le niveau de la rivière est trop haut pour poursuivre jusqu'au siphon aval. Le lendemain heureusement, l'eau est suffisamment descendue, et on peut y aller sans encombre.

Vers 16 heures, après un dernier coucou des copains trempés et donc pressés de rentrer, nous entrons dans le bain... moussant, car la vasque du siphon est recouverte sur sa totalité d'une couche de mousse d'une bonne vingtaine de centimètres d'épaisseur. Le tout exhale une odeur nauséabonde qui prouve que ce n'est pas uniquement de la mousse de crue à l'état pur. Dans le siphon, la visibilité est quand même de l'ordre de un à deux mètres : mieux que prévu !. De l'autre côté l'eau est propre; des feuilles mortes retenues par le fil d'Ariane montrent que le niveau de crue atteint facilement un mètre au-dessus de la normale, ce qui n'est pas négligeable compte tenu de la largeur de la galerie à cet endroit.

Arrivés à l'embouchure du Liseron, on bouffe et on fait quelques photos. Puis Jérôme se met dard dard à la besogne. Sa tactique : attaquer non pas la voûte de l'étroiture en roche massive, jadis dégagée en grande partie par un premier tir, mais le sol qui est une sorte de plancher stalagmitique. Pendant ce temps-là, je compte bien piquer un petit roupillon en me disant qu'il en a tout de même pour un bon bout de temps. Perdu ! au bout de cinq minutes, il fait un premier essai pour passer: ça racle un peu beaucoup, il s'acharne, y'a plus que les pieds qui dépassent, et hop, le voilà de l'autre côté.

" - Alors c'est comment, c'est grand ?
- Oh oui, c'est grand !
- Boah, tu peux tout de même pas tenir debout ? (hin hin).
- Je suis debout, et ça continue en montant : un tube de deux mètres de diamètre !
- Aah...
- Attend je vais continuer à creuser pour élargir; c'est plus facile de travailler de ce côté.
- C'est ça, dis tout de suite que j'suis gros ! "

Finalement ça passe bien, aidé en cela par la capuche de la veste Néoprène dans ce passage à moitié rempli d'eau. Eh oui, de l'autre côté c'est grand, ce que le débouché de l'affluent ne laissait guère envisager. Juste après l'étroiture, le plafond se relève à 3 ou 4 mètres de haut; tout de suite à gauche le petit ruisseau arrive d'un méandre impénétrable, mais au-dessus, et dans le même axe une galerie cylindrique monte à 45° d'abord, puis presque verticale, le tout sur une dizaine de mètres, recouvert de calcite et d'argile. Jérôme commence à grimper en s'aidant de la pointerolle pour tailler des marches, mais doit s'arrêter au changement de pente. Tout là-haut, on devine la suite de même taille, encourageante, d'autant plus qu'un courant d'air frais (aspirant) est nettement perceptible. Inutile d'insister hélas, on n'est pas équipé pour. Je grimpe à mon tour, pour voir, et expérimente un début de glissade heureusement contrôlée en redescendant. Jérôme fait un relevé piftopo de l'ensemble pendant que je continue à creuser le sol pour rendre le passage encore plus spacieux. On essaye aussi de faire quelques photos, mais l'appareil jetable a pris l'eau, et le flash refuse de partir. Enfin, on replie tout et on rentre.

Malgré le niveau de la rivière, le courant dans le siphon est à peine perceptible. A la sortie, on s'est retrouvé enrobé d'une telle couche de mousse qu'il a fallu replonger dans la première vasque qui suit pour un rinçage complet ! Enfin, après avoir refait nos petits paquets, nous sommes sortis du trou vers 22h00.


Viaduc du 14 au 18 juillet 1999 : nous revoilà armés jusqu'au dents pour franchir l'escalade. Mais à trois en tout et pour tout, les portages seront ... des portages. Heureusement, la rivière est au troisième étiage (à gauche en sortant du puits), et le siphon de la Mine nous gratifie d'une visibilité assez exceptionnelle, ce qui permet même de faire des photos pendant la plongée aller. Voici maintenant l'escalade : Jérôme te nous sort la perfo et les accus, et te nous emporte ça avec une maestria de pro, et en peu temps. Seule leçon à retirer de la chose : pour une escalade en artif, les étriers sont des impedimenta vraiment indispensables (traduction : tu y fais pas du tout attention quand tu les as, mais qu'est ce que tu les regrettes quand tu les as oublié !). Enfin le sommet, la joie de fouler une galerie nouvelle ornée de richissimes concrétions et décorées de fresques prodigieuses, témoignage poignant de nos ancêtres préhistoriques et
- Ça r'descend !
- Beg your pardon ?
- Ben y'a un puits, un gros trou quoi.
- Et la galerie ?
- Y'en a pas !
- Et les concrétions ?
- Y'en a pas !
- Et les peintures ?
- Y'en a pas !
- Bon, monte sur la plate-forme, j'arrive.
- Y'en a pas !
- Attend, tu peux bien finir de grimper, t'installer quelque part non ?
- Y'en a pas ! ça fait une arête de dix centimètres de large et ça redescend tout de suite. En haut par contre, ça à l'air de continuer à grimper assez loin.
- Et qu'est ce qu'y'a en bas alors?
- On est au plafond d'une grande galerie; ça redescend sur 6 mètres environ, et on voit le ruisseau couler au fond.
- Bon y'a au moins quelque chose. Y't'reste du jus dans les accus pour équiper la descente ?
- Y'...

Et on se fit le dernier spit à l'ancienne : tamponnoir et marteau (au moins on est sûr qu'il tient, la roche étant tellement dure qu'elle usa les dents d'un premier spit).

En bas, ça démarre assez sympa : grande galerie de 5 à 6 mètres de large pour quasiment autant de haut, avec la trace asséchée de l'écoulement du Liseron. Mais ça ne dure pas. Vers l'amont, on est vite arrêté par un remplissage argileux; l'eau semblerait arriver d'en haut en coulant dans une mare asséchée, et une cheminée est visible au dessus. Vers l'aval on voit bientôt le ruisseau réapparaître entre des blocs puis s'écouler à droite dans un méandre impénétrable identique à celui que l'on peut voir à la base de l'escalade. La galerie continue en face, sur un talus d'argile poudreux de un mètre de diamètre environ qui remonte sur une dizaine de mètres jusqu'à rejoindre une grande diaclase avec des départs probables en hauteur. Arrêt au bout d'une dizaine de mètre sur une trémie que devrait pouvoir se passer sans trop de problèmes.

Tout n'est donc pas perdu, car on a quand même : un courant d'air dans l'escalade, une suite en hauteur d'icelle, et une galerie inférieure qui laisse quand même quelque espoir de continuation. Mais nous qui espérions trouver un étage fossile ou une voie royale remontant vers la surface, on ne s'attendait fichtre pas à redescendre sitôt si bas.

Il faudra retourner voir tout ça et lever la topographie. En attendant on est sorti du trou vers quatre heure du matin retrouvant une Alexandra toute seule, encore éveillée et un peu inquiète de cette heure tardive.


1997 : Igue de Goudou: Réseau du Charpentier Grondant

Pour le week-end du 1° mai 1997, il fut choisi de continuer l'exploration de la galerie affluente située entre les S2 et S3 aval, explorée sur une centaine de mètres en avril 1995. En parallèle, les travaux de désobstruction du fond de la galerie des Tuiles (pré-siphon), principal espoir de shunter le S1 en rejoignant la galerie des Vraies-Fausses Tuiles (post-siphon) restaient au menu.
Donc c'est dit: Jérôme, Julien et moi plongerons le siphon de la Mine, puis avec Jérôme nous continuerons le S2, pendant que Julien ira faire un petit tour au fond des Vraies-Fausses Tuiles, histoire de voir comment ça se présente de l'autre côté.
Le portage au S1 se fait en un tournemain le jeudi, sauf une bouteille de 7 litres qui ne sera descendue que le lendemain à cause d'une légère fuite au niveau du robinet.
Le vendredi matin, départ vers 10h, et trois heures plus tard, harnachés d'un bi 7L pour Julien et d'hybrides 7L/4L pour nous, nous attaquons le S1, dans lequel Julien prend quelques photos. De l'autre côté, nous répartissons allègrement les deux équipements de plongée plus les impedimenta standards (bouffe, carbure, eau, corde, trousse à spits, amarrages, matériel topo, etc. ) dans trois gros kits sherpas que nous chargeons... beaucoup moins allègrement sur les épaules. Je passe sur les épisodes inter siphons: on est arrivé au S2, on a bouffé, on l'a plongé (vers 17h). Et quelle plongée: l'étiage doit réussir aux siphons de Goudou, car l'eau, claire comme du cristal, n'avait jamais été aussi limpide. Une douce descente d'une dizaine de mètres dans un canyon de six mètres de large aux parois ciselées souvent incrustées de reliefs noirs, et voici la voûte du siphon que l'on peut admirer pour la première fois sur toute sa largeur; superbe! Revenu aux rudes réalités de la spéléo sèche nous faisons un bref coucou au S3 que Jérôme découvre et photographie. Puis sus à l'objectif !
Curieusement, toutes les traces de pas laissées en 1995 ont disparu sur plusieurs mètres de hauteur lorsque l'on remonte la galerie depuis la rivière: signe des grosses crues ou apports du plafond ? Après avoir un peu tâtonné, nous retrouvons la grande salle; la corde est toujours en place, bien glissante. Après la salle, suit le petit méandre actif, où curieusement nos traces de pas passées demeurent dans l'argile liquide. Tiens, un départ sur la gauche ! on l'avait pas vu celui là ! Ah, le terminus topo, reconnaissable par deux tas de glaise le long de la paroi. Le méandre est ici barré par un remplissage de blocs et d'argile : c'est à son sommet que nous nous étions arrêtés il y a deux ans, ne pouvant redescendre faute de corde. Mais aujourd'hui, foin de redescente périlleuse : un talus de terre judicieusement placé, nous épargne la corde. Décidément c'est ici un secteur qui bouge! Rapidement, le méandre débouche dans une petite salle longue de 6 mètres pour 4 de large. Au bout, une étroiture assez sévère redonne dans une grande galerie prometteuse (4 mètres de large pour 3 à 6 de haut) caractérisée par d'épais remplissages argileux. Las; un talus plus gros que les autres, et ça coince au bout de 80 mètres, alors qu'un courant d'air est pourtant nettement perceptible. En bas à gauche, un boyau étroit, peu engageant bien que soufflant. Sur la droite le plafond se relève en une faille suffisamment haute pour espérer une continuation. On a planté deux spits, on a grimpé de quatre mètres... pour retrouver un petit courant d'air s'exhalant d'un pertuis impénétrable.
Rentrée des agrès, sortie du matériel topo. Ah, la topo dans un réseau argileux et gluant avec des instruments qui ont pris l'eau pendant les plongées... On commence à se dire qu'on va être sérieusement à la bourre pour le rendez vous avec Julien, fixé quatre heures après notre départ du S2. Mais nous préférons quand même boucler la topo vaille que vaille, bien que au fur et à mesure du temps -argile aidant- les stations soient de plus en plus longues à relever. Pendant ce temps là, Julien commence sérieusement à se faire du mouron. Enfin, nous le rejoignons vers 23h, soit avec deux heures de retard, mais sans même avoir pris le temps de pisser avant de replonger le S2, parole! Mille pardons, mais côté horaire, on avait prévu trop juste.
Que dire de la rentrée sinon qu'elle fut lourde, mais tu l'avais déjà deviné. C'est vers une heure que nous avons replongé le S1, sortant de l'igue vers 5 heures du matin, juste à temps pour prendre l'apéro et déguster le délicieux sauté de veau mitonné par Pierre.
Au total, une centaine de mètres de neuf a été exploré, ce qui monte le développement du réseau du "Charpentier Grondant" à 200 mètres tout rond. C'est peu, mais le manque de temps nous ayant interdit de rechercher d'autres suites possibles avant le terminus, et de jeter un coup d'oeil sur le départ de méandre situé dans la partie précédemment explorée, il faudra bien convenir d'une nouvelle visite.
Participants: Patrick Briscadieu, Eric Suzzoni, Laurent Thery, Claire Thirion (ABIMES); François Béluche, Jérôme Bottollier, Alexandra Canto, Pierre Verdiell (GSP-CCDF); Patricia Fabrizzi, Philippe Fouquin (SCLQ); Denis Arnal, Michel Baulard, Rémi Baulard, Jacques Bert, Sylvain Caron, Eric Courtoison, Martin Dagan, Tristan Godet, Johan Kurtz, Julien Négre, Manfred Olm, Jean-Baptiste Rengeval (TERRE ET EAU).

 

 

 


dans s1 aval, archive F-Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


départ s1 aval, archive F-Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


départ s2 aval, archive F-Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


Fond galerie vraies fausses tuiles
, archive F. B eluche

 

 

 

 

 

 

 

 


galerie Martel vers puits entree
archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


lac fond gal des tuiles, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


préparation s1 aval, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


puits entree, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


riviere amont, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


riviere, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


riviere aval 1ere cascade,
archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


riviere aval, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


riviere aval,archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


sortie s1 aval, archive F. Beluche

 

 

 

 

 

 

 

 


voute mouillante dans la riviere
archive F.
Beluche