Compte rendu Goul du Pont

 
Par Xavier Méniscus

 

La résurgence du Goul du pont, est située sur la commune de Bourg St Andéol, dans le quartier de Tourne, à une cinquantaine de mètres d’une deuxième résurgence, le goul de la tannerie. Ces deux sources possèdent le même bassin d’alimentation, le plateau de St Remèze.

Habitant dans mon enfance à 5 km, je venais visiter ces lieux, lorsque j’étais au collège, et que nous étudiions, en géographie, les plateaux karstiques et leurs résurgences de type Vauclusienne.

Les dernières explorations du Grd Goul, par l’allemand Joseph Schneider qui atteignit la côte -140m, remontent à 1985 mais depuis plus de 15 ans, aucune plongée n’avait pu se faire, car l’entrée était bouchée par un éboulis. Plusieurs équipes se sont obstinées mais personne n’avait réussir à rouvrir cette résurgence.

La Désobstruction :


Notre matériel de désobstruction devant la vasque
du Grd Goul
Nous sommes le mardi 7 mai 2002 et notre association, les Fils d’Ariane, a décidé de profiter du pont de 5 jours de l’Ascension, pour réaliser la désobstruction du Grd Goul. Scaphandrier de profession, je dispose de toutes les compétences techniques et matérielles, pour entreprendre ces travaux. Plusieurs mois avant, j’ai pris contact avec la Maire de Bourg St Andéol, pour obtenir son accord, et aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec les services techniques pour l’installation de notre matériel, qui se compose d’un compresseur de chantier, loué chez LOXAM, d’une suceuse de 150 mm de diamètre, prêtée gracieusement par ma société de travaux subaquatiques O’CAN et d’une benne à déchets, prêtée par la mairie.

 

Nous utiliserons des techniques professionnelles, pour l’alimentation du plongeur en air, depuis la surface, avec un narguilé et un casque de plongée. Le plongeur sera relié à la surface par des communications, pour prévenir tout accident avec la suceuse, qui est un engin assez dangereux et qui sera manipulé par des mains non expérimentées ( risque de faire aspirer ou coincer les mains ).

Ce soir là, avec l’aide de Gaby Hude, Laurent Guillerme et Alain Tesconi, nous installons notre pompe, au fond, et je commence la désobstruction, pendant quelques minutes, pour vérifier si tout fonctionne correctement.

Le lendemain, mercredi, c’est Gaby qui part à l’eau le premier et commence les travaux. Au bout d’une heure, il m’annonce par radio qu’il vient de boucher la tête d’aspiration en coinçant une grosse pierre à l’intérieur. Il nous faudra 2 heures d’efforts pour la déboucher. Je commence à me dire que cela risque d’être plus long que prévu, car une fois enlevés les petits cailloux, se trouvant sur le dessus, nous trouvons maintenant des pierres plus ou moins grosses qui ne passent plus dans la suceuse.

L’après-midi, Alain et Laurent réalisent un gros travail, ensemble : l’un en aspirant, l’autre en déplaçant les grosses pierres. Puis le soir, c’est à mon tour de descendre et je réalise l’ampleur de la tâche qui nous attends, en voyant tous ces enrochements au fond et la visibilité qui a considérablement diminué ( 50 cm )

Le jeudi, je retourne au fond le premier, avec l’aide de Laurent Ylla. L’eau s’est à nouveau éclaircie et je retrouve le moral, car avec une vue d’ensemble, je réalise que nous sommes proches de réussir. Pendant 3 heures, nous déplaçons et pompons les cailloux. Une ouverture de 20 cm commence à se former et une galerie apparaît derrière.

Puis c’est au tour de David Bianzani de continuer, et au bout d’une heure il m’annonce à la radio que le passage est assez grand pour pouvoir faire passer un plongeur. Dans la foulée, je m’équipe d’un bi 9 litres et me jette à l’eau. Une fois au fond, je passe mes pieds puis mon corps par l’ouverture et à l’aide de ma pelle US, fais descendre les cailloux dans la galerie, en les disposant sur le côté, pendant que David continue le pompage. Une fois l’ouverture assez grande, je ne retiens plus mon excitation, et je pars dans la galerie. Une très grande joie m’envahit de pourvoir palmer dans un lieu qui n’a plus vu de plongeur depuis 17 ans. Le fil est toujours en place, la roche est plutôt sombre et un dépôt de poussière se soulève à mon passage. Je fais 60m dans une galerie de 1.50m par 2m, et je m’arrête par -18m sur un puits vertical, devant la crépine d’aspiration qui aspire l’eau et la rejette au-dessus, sur le côté gauche de la vasque. Je fais très vite demi-tour et je remonte à la surface pour annoncer la bonne nouvelle aux copains. Nous passerons l’après-midi à stabiliser la trémie, sur le dessus. Maintenant un plongeur en gros scaphandre peu passer sans difficulté par l’étroiture.

Le soir, je prends sur le dos mon bi 18 et je pars m’enfoncer dans les entrailles du Grd Goul. J’arrive très vite au puits où je me suis arrêté ce matin, et j’attaque ma descente. A -30m, la galerie se redresse à 45° et continue jusqu’à une petite salle et un palier à -52m. Lors de ma descente, une impression de joie et, en même temps, d’inquiétude se mêlent. Je ne me sens pas très à l’aise dans cet endroit qui m’est inconnu. Mais le plaisir de la découverte l’emporte et je continue ma descente dans un puits qui s’arrête sur un lit de cailloux et un passage étroit par -60m. Je poursuis un peu dans une galerie qui continue en pente douce. Le fil, ou plutôt la câblette, est toujours là, parfois coupée, et je réalise vite que, pris par l’enthousiasme, je me suis aventuré un peu trop loin. Je fais aussitôt demi-tour, et je commence ma remontée, non sans m’être trompé de chemin. Je reprends vite mes esprits, après une petite poussée d’adrénaline. Sur le retour, la visibilité est réduite par mes bulles qui décollent la fine poussière des parois. Je fais très vite surface et nous arrêtons nos plongées, pour aujourd’hui.

Le vendredi matin, nous nous occupons de nettoyer la vasque, de sortir le matériel de l’eau et le ranger. L’après-midi, David et moi commençons à installer un nouveau fil jusqu’à -60m, derrière le passage étroit, et nettoyer l’ancien. Je commence maintenant à me sentir un peu plus à l’aise en plongée à l’intérieur.

Un total de 15m3 de cailloux seront évacués, plus 20m3 d’enrochements seront déplacés dans la trémie pour ouvrir et sécurisé le passage.

Le samedi, je fais une plongée à -50m, avec Pierre Rousset, le directeur de la société O’CAN, qui est venu chercher la suceuse, pour la ramener à l’atelier.

 

Les Plongées d’exploration :

Dimanche 12/05/2002

Nous nous retrouvons ce matin avec David Bianzani, Laurent Ylla, Laurent Guillerme, Philippe Moya et Yves Billaud pour réaliser une plongée trimix de rééquipement pour Xavier, une vidéo sous-marine pour David, le nettoyage de l’ancien fil, et une étude archéologique rapide pour Yves.


Xavier Méniscus dans la galerie à -35m
Après avoir installé la ligne de déco, David part avec moi, la caméra à la main. La visibilité est très bonne et je descends la trémie pour franchir aisément avec mes 2 gros relais et mon bi 20, le passage qui conduit dans la galerie horizontale. Arrivé en haut du puits, je stoppe quelques instants, et nous en profitons pour faire quelques images.

 

Puis j’attaque ma descente. Maintenant, connaissant les lieux, j’évolue avec facilité en appréciant de plus en plus la cavité. Je m’arrête sur le palier à -52m pour déposer mes deux relais et je repars aussitôt pour emprunter le passage étroit, en contre bas, et rabouter mon fil que nous avions laissé là auparavant. David, resté derrière, filmera mon départ pour la zone profonde, puis remontera. Je continue à descendre avec mon dévidoir à la main. Je respire un mélange à base d’hélium, pour garder les idées claires, et j’enchaîne une succession de petits puits, avec des virages à 180° qui se négocient difficilement avec mon gros scaphandre sur le dos. Me voilà maintenant dans une galerie ( 1,20m x 2m ) par -80m de profondeur. Sur le sol, de nombreux vieux fils rendent ma progression délicate. Je déroule 30m et tombe devant un nouveau puits vertical. Je le sonde avec mes puissants éclairages. Malgré une visibilité de plus de 20m, je ne distingue pas le fond. Je regarde mes instruments : tout va bien. J’accroche le fil sur un becquet rocheux et je continue ma descende. Par -86m, je passe devant une petite galerie, mais trop étroite pour m’y glisser. J’arrête ma descente à la profondeur -101m pour couper mon fil à la côte 210m et accrocher un plomb au bout. Je sonde rapidement mon environnement avec mes phares. Le diamètre est de 2,50m sur une pente de 80° et je distingue 10m plus bas des pierres et le départ d’une nouvelle galerie. Il est temps de remonter.

Une fois en haut, à -78m, je trouve une autre petite galerie qui part sur la droite, mais je n’ai pas le temps de l’explorer. Je retrouve David avec sa caméra et Laurent Y., lorsque je commence mes paliers vers -30m. Il était convenu qu’ils m’attendent pour recueillir mes premières impressions sur cette exploration, et récupérer mes bouteilles de déco. Puis suivront Laurent G. et Philippe qui réaliseront un gros travail de nettoyage de la vieille câblette.

David Bianzani au palier


Nous finirons la soirée, par un bon repas à la maison, en regardant la très belle vidéo que David a filmée.

 

Dimanche 19/05/2002

Une très grosse journée nous attend. Nous réaliserons 2 plongées au mélange, une vidéo jusqu’à -80m et une topographie jusqu’à -40m. J’ai invité beaucoup de monde, pour fêter la réouverture du Grd Goul, et notre président, Claude Touloumdjian, nous fera l’honneur de sa présence.

Tout d’abord, c’est Jean Marc Belin qui mettra en place mes bouteilles de déco jusqu’à -52m avec l’aide de Frank Vasseur qui fera une topographie de la cavité jusqu’à -40m. Puis je demanderai à Frank de prendre le poste de directeur de plongée, et je commence à m’équiper avec David, qui descendra avec moi dans la galerie profonde, pour filmer.

La descente est rapide, toujours un peu difficile de passer les chicanes vers -70m avec en plus des relais avec moi. Je pense à David qui doit passer avec sa caméra, tout en continuant à filmer. J’arrive très vite au bout de mon fil, à -101m, après avoir déposé 2 relais à -80m. David filmera mon départ dans le puits, puis remontera. A l’aide d’un mousqueton, j’accroche mon dévidoir, et je poursuis ma descente. Plus bas, vers -110m, j’accroche mon fil sur un tas de pierres, me retourne, et je continue dans une galerie horizontale de 25m de long, en forme de triangle.

En bout, un nouveau puits m’amènera à -120m. Je ne trouve rien pour amarrer mon fil, alors je sors le plomb, récupéré plus haut, de ma poche et j’accroche mon fil. Une fois attaché, je fais demi-tour sur moi-même et regarde la galerie profonde que Joseph Schneider, mon prédécesseur, avait décrite. La profondeur ne correspond pas tout à fait, il me manque 5m sur mon profondimètre, mais il n’y a aucun doute, c’est bien elle. Nos efforts commencent à être récompensés. Mais une mauvaise disposition de mon équipement, me font renoncer à poursuivre plus loin, et, par prudence, je préfère remonter, malgré une importante réserve de gaz restant sur mon dorsal.

Xavier à -60 dans le passage étroit

 

A -78m je retrouve mes bouteilles relais, pour respirer un mélange plus riche en oxygène. Puis vers -51m, je change à nouveau de mélange respiratoire, et je commence mes paliers. Très vite, je retrouve mon premier plongeur d’assistance, Benoît Poinard, venu prendre les infos, et récupérer mes bouteilles inutiles. Je lui demande d’abord comment va David, et par un signe OK de la main, il me rassure et je commence à lui écrire mes paramètres sur une ardoise, qu’il remontera en surface. Tout au long de mes 2 heures de paliers, se succéderons Laurent Ylla, Laurent Tarazona, Jean Claude Pinna, puis Claude Huret, qui malgré nos recommandations, descendra à -80m à l’air, dans une visibilité réduite. Pendant mes paliers, défileront en permanence les images de ma descente et de la galerie profonde. Mais, je rage sur la disposition de mon équipement au fond. Il y avait trop de monde sur cette plongée, et par un manque de concentration, j’ai du faire demi-tour plus tôt que prévu. La prochaine fois, je plongerai avec une équipe plus intime.

Après 2 heures 30 d’immersion, je refais surface et je trouve un nombre important de badeaux ainsi que quelques amis, venus voir ce spectacle peu habituel, d’homme grenouille, plongeant dans des sources. Je m’isole un peu, avec mes amis plongeurs, pour leur faire partager ma plongée, en répondant à leurs questions, tout en rangeant notre volumineux matériel.


Dimanche 02/06/2002

Frank Vasseur, avec l’aide de David Bianzani, Laurent Ylla, Jean Pierre Beaudu, François Beluche, Nicolas Oriol, Jean Marc Belin et moi-même, réaliserons une topographie, et un croquis, en s’arrêtant en haut du puits, par -80m. Grâce à ces informations, nous aurons la confirmation, qu’après un parcours vers l’ouest, la galerie fait demi-tour, pour revenir vers la vasque, entre le petit et le Grd goul.

Le Goul du pont et celui de la tannerie sont très proche, mais sont complètement différents. Le premier, descend profond très rapidement, puis l’on trouve une galerie presque horizontale, à grande profondeur. Le second, commence par une longue galerie à faible profondeur, puis, des puits verticaux qui descendent très profond.

Samedi 19/06/2002


Jean Marc Belin, Laurent Ylla, Xavier Méniscus Stéphane Roussel, Il commence à faire très chaud !
. C’est le grand jour, nous avons prévu d’aller voir le terminus et plus, par -140m de profondeur. La veille, avec l’aide de Jérôme Meynié, nous avons installé la déco jusqu’à -52m. Mais le détendeur d’une bouteille de Nitrox 28%, se mettra en débit continu, et je devrais la remonter en surface. Ce n’est pas grave, le lendemain, c’est Laurent Ylla et Stéphane Roussel qui, en même temps que la dépose de l’oxy à -6m, et la vérification des bouteilles, déposeront cette bouteille.

 

La plongée de pointe :

Il est 13 heures, et après une bonne salade de pâtes, je commence à m’équiper. Je m’habille en premier de mes sous vêtements en laine, et par cette belle journée très ensoleillée de juin, une fois dans mon étanche, je transpire à grosses gouttes. Je me dépêche de sauter à l’eau pour me rafraîchir un peu. J’ai disposé mon scaphandre composé d’un tri 20, sur le bord de la vasque, à l’ombre, et aidé par mes assistants, Jean Marc Belin, François Beluche, Laurent et Stéph, je m’équipe consciencieusement. J’ai décidé ce faire cette plongée en comité restreint, et il est plus facile, pour moi, de se concentrer dans ces conditions, par rapport à la dernière fois.


Xavier prêt au départ avec son lourd scaphandre
Me voilà fin prêt. J’ai avec moi, un total de 7 bouteilles, dont 3 relais, que je déposerai tout au long de ma descente. Un petit signe à mes amis et à ma femme, et c’est parti !

 

La progression se fait avec facilité, avec tout mon attirail. Connaissant la cavité, maintenant parfaitement, j’anticipe mes trajectoires, et après une dernière dépose à -80m, je retrouve, rapidement, à -120m, le bout de mon fil, avec son plomb, à la cote 245m. J’accroche mon dévidoir, je me retourne et je pars dans la galerie profonde, à la palme. Il me reste sur le dos, 2 bouteilles à 260 bars, la troisième n’ayant servie que pour la descente. La galerie est petite, entre 1m et 1,50m de haut, et 2m à 2.50m de large. La pente est douce, et de petites marches d’escalier me fond descendre, à chaque fois, de 50cm. Les changements de direction sont fréquents, mais jamais très importants. Vers -130m, la pente devient un tout petit peu plus pentue, et j’aperçois une pierre en plein milieu, avec un fil de fer enroulé dessus. Je reconnais le terminus de J. Schneider, décrit dans ses comptes rendus. Mon fil est à la côte de 330m, et mes instruments marquent -135m.

Toujours 5m de moins par rapport à ses croquis. J’ai encore du gaz sur mon dorsal, et maintenant, je palme sur une distance et à une profondeur que peu de plongeurs souterrains ont réalisé. Je suis étonnamment lucide, et réalise que je continue mon exploration où personne avant moi, n’avait été. A Chaque coup de palmes, je retrouve de petites marches, qui, avec mes 2 puissants phares et leur éclairage rasant, me font penser que la pente va s’accentuer, mais ce n’est qu’un effet d’optique, et tout d’un coup je sens une résistance sur mon dévidoir. J’ai déroulé tout mon fil, et je cherche, aussitôt, à l’accrocher. Mais je ne trouve rien pour cela, et décide d’abandonner mon touret en le coinçant dans une anfractuosité à la cote 380m, à -140,10m de profondeur.

Xavier dans la galerie à -80m

 

Devant moi, toujours le même profil de pente que j’estime à moins de 20°, avec, toujours ces mêmes petits ressauts. Il est temps de rentrer, un coup d’oeil sur mes instruments et mes manos, pour valider mes paramètres pour ma décompression. Cela fais 6mn que je suis dans la zone profonde, j’ai parcouru presque 140m qu’il faut refaire dans l’autre sens maintenant. Sur mon retour, j’examine plus attentivement la galerie, n’ayant plus à me concentrer sur la pose du fil, et remarque que la cavité est tapissée de petites dents, dans lesquelles le fil reste tendu. 4 mn plus tard, je quitte le fond, avec 110 bars sur mon dorsal. Remonté tranquille à 10m/mn, et arrivé à ma dernière dépose, je change de gaz, et j’entame ma décompression à -78m sur mes relais. 10mn plus tard, lors d’un nouveau changement de gaz de déco, je retrouve, par -50m, Jean marc, venu aux nouvelles. Je lui fais, tout d’abord signe, que tout va bien, et je lui écris les infos sur une planchette, et je lui montre mes instruments. Il repartira avec 2 bouteilles, pour prévenir, rapidement, la surface, que tout va bien. La décompression se passe tranquillement, malgré une certaine excitation, qui me fait revivre ma plongée, une bonne centaine de fois !.. Suivra François, qui restera un bon moment dans l’eau pour mon assistance. Les changements de bouteilles se succèdent normalement suivant les tables de décompression que j’ai avec moi et arrivé à 6m pour passer sous oxygène, je ressens une vive douleur aux genoux. Le signe d’un accident de décompression. Je reconnais tout de suite un bends, pour en avoir déjà eu à l’épaule, lors de mes activités professionnelles. La douleur passe très vite sous O2, et je l’oublie complètement pendant les 90mn qui me reste à faire. Après 4 heures, il est temps de refaire surface ; mais arrivé tout doucement à -4m, la douleur réapparaît. Il me faudra 30mn de plus, pour remonter, en gérant la douleur. Je suis alimenté en O2, de la surface, par un narguilé, branché sur une B50, et je ne risque pas de tomber en panne de gaz. Grâce à François, qui fera des allées et retour incessants avec la surface, il préviendra tout le monde, de mon petit problème. Dès la tête hors de l’eau, on me donnera de l’aspirine, et Jean Marc me proposera de redescendre pour effectuer une petite table thérapeutique ; mais me sentant bien mieux, la douleur ayant presque disparue, je décide de me déséquiper, et de sortir de l’eau.


Xavier à sa sortie, respirent de O2 et François Beluche

Je n’aurai besoin d’aucune aide à quitter la vasque et marcher, mais par prudence, je continuerai à respirer de l’O2, assis sur des marches d’escalier. 20mn plus tard, le reste de la douleur ayant complètement disparu, je pourrai quitter mon étanche, et commencer à faire partager mon exploration à mes amis. Ils me dissuaderont de ranger notre matériel par mesure de précaution, mais ne pouvant rester inactif, je les aiderai un petit peu.

Dans la soirée, je ne souffrirai plus d’aucunes séquelles et le lundi matin, je reprendrai mes activités de plongeur Professionnel.

 

Conclusion :

Je suis resté immergé 4h30, j’ai parcouru presque 300m entre -120 et -140m, et j’ai exploré 50m de galerie inconnue en palmant à grande profondeur. Après réflexion, cela expliquerait, mon petit accident, ainsi qu’une décompression au nitrox non adaptée au profil de plongée, par rapport aux trimix suroxygénés, une plongée la veille à -50m, pour installer la déco, et le fait, que je passais tous les jours, dans mon travail, 3 heures par -9m de profondeur.

 

Gaz et décompression

Oxygène (décompression : -6m)
Nitrox 65% (décompression : -15m)
Nitrox 40% (décompression : -30m)
Nitrox 28% (décompression : -51m)
Air (progression : -52m)
Trimix 18/40 (décompression + progression : -78m)
Trimix 10/66 (progression)
Air (gonflage vêtement)

 

Tables de décompressions

Decoplanner, GF Lo : 30 / GF Hi. : 60

 

Ce projet ne fut pas le travail d'un seul, mais de toute une équipe.

Je voudrais rendre des ENORMES, ENORMES remerciements à toutes les personnes citées, car sans eux, notre entreprise n’aurait pu avoir lieu.

De plus, je remercie Alain Artigue pour le prêt de ses bouteilles de 20 l, avec en plus :
Notre association " Les fils d’Ariane ", initiateur de ce projet

La commission de plongée souterraine de la région RABA

La société de travaux subaquatiques O'CAN et son directeur Pierre ROUSSET, pour les moyens techniques de désobstruction, vidéo et la fourniture d'02

La société de location LOXAM pour la fourniture à un prix, très attractif, d'un compresseur de chantier pour la suceuse

La Mairie de Bourg St Andéol et ses services techniques, qui nous ont permis de réaliser ce projet

AIRTESS et Bernard GLON, pour mes 2 phares HID, 10 w et halogène 50 w, pour leur éclairage puissant, qui n'ont permis de profiter au maximum de la galerie profonde

 

Pendant le Mois qui suit, plusieurs plongées seront effectuées au trimix, par David, Stéphane et moi-même, à -80m dans la galerie, pour nettoyer les anciens fils et explorer, sur 25m, avec un arrêt à -75m, la galerie qui part en bout, à droite ; mais elle se révélera très étroite, et la visibilité sera quasi nulle au retour.
Jérôme Meynié continuera de filmer la cavité jusqu’à -110m

Les crues du Mois de septembre, nous empêcherons de poursuivre nos plongées, par un rebouchage partiel de l’entrée, mais de nouveaux travaux sont en préparations, et nous reprendrons nos activités au Grd Goul l’hivers prochain, pour continuer d’explorer la zone profonde, et prolonger la topographie de Frank.

PS : Je demande à toutes les personnes qui iront, un jour, mouiller leurs palmes au Grd Goul, de respecter ce lieu, d'entretenir la trémie de départ pour ne pas faire tomber les gros blocs qui sont plus haut, de descendre à l'air dans des profondeurs raisonnables, ( les galeries sont trompeuses et dangereuses au-delà des -50m ), et d'utiliser les techniques adaptées à la plongée souterraine.