Emergence de Goule noire

Compte rendu exploration été 2003.

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par David Bianzani


La cavité, par Yves Billaud.

 

Les conditions exceptionnelles de ce mois d’août nous ont incité à choisir l’émergence de Goule Noire, en raison du niveau d’étiage et de la visibilité rencontrée (niveau à 25 cm et 15 mètres de visu). Les premières reconnaissances en binômes ont eut pour objectif de rééquiper les trois premiers siphons et de sécuriser la progression post-siphon. De nouvelles cordes faciliteront le passage des charges de plongée, le principal but de cette exploration fût aussi la réalisation de la topographie car il n’existait aucune topo du site.

La progression entre le S1 et S2 n’est pas facile avec des bouteilles à porter sur le dos où à l’anglaise selon la largeur et le dénivelé de la galerie. Elle a du souvent décourager des explorateurs à s’aventurer en nombre pour explorer ce réseau.

Les sorties ont durée chacune entre 6 et 8 heures et nous arrivâmes sans trop de difficulté avec de petites bouteilles devant le S5.

Nos objectifs changèrent totalement, en raison des faibles capacités en air nécessaire pour arriver devant le S5.

Nous décidâmes de plonger, en binôme et avec de gros moyens d’éclairage afin de trouver la suite du réseau. Nous tenions cette info sur une suite possible, du récit de la plongée de Laurent et Frédo.

Pour la plongée dans le S5 nous avons pris l’option de nous organiser et de faire appel à un grand nombre de plongeurs. Nous savions qu’individuellement avec 2 x 4 L nous pouvions aller jusqu’au S5 et qu’il nous fallait 2 x 9 L pour prendre le temps de chercher la suite de l’actif, soit 6 charges plongées pour rechercher une suite en comptant bouteilles, nourritures et point chaud. On a fait appel à six plongeurs pour nous aider ;

- 4 plongeurs : Yves Billaud, Gaby Hude, Jo Favre et Yves Perret ont acheminé les charges dans le difficile passage entre le S1 et S2, débarrassés de leurs bouteilles, ils étaient plus à l’aise. Tandis que Barnabé Fourgous, Laurent Ylla, Manu Tessane, Xavier Méniscus et David Bianzani portent leurs propres bouteilles jusque devant le S2.

La plongée du S2 et S3 se déroula sans encombres, la visibilité était magnifique, malgré la température de l’eau à 5° C je prenais mon temps et profitais de la beauté des siphons.

La deuxième partie difficile fût là, le passage de toutes les charges et bouteilles des porteurs dans la grande diaclase, l’organisation s’est déroulé comme prévu et les bouteilles passèrent de mains à mains et de corde à corde, pour se retrouver une heure et demie après la sortie du S3 devant le S4.

Pendant la préparation des bi 9 litres dans les kits par Xavier et David, Laurent, Barnabé et Manu préparèrent le point chaud et le premier repas avant l’exploration vers le S4. Trois quart d’heure après, départ pour la plongée dans le S5. Laurent et Manu ont ouvert la marche dans le but d’explorer toutes les galeries entre le S4 et S5.

Puis, Xavier et moi avons plongé dans le S4. En tête avec l’éclairage de mon HID j’ai pu apprécier les dimensions importantes de celui-ci, près de 5 mètres de diamètre pour une profondeur de 4 mètres, une galerie inférieure se dévoile devant nous et ressort 30 mètres après la sortie du S4.

C’est cette galerie que Stéphane, Laurent et Gaby ont empruntée il y a un an, le fil dans le siphon n’a pas bougé depuis cet hiver ; c’est celui de Laurent et Frédo. Nous avons mis une minute pour franchir les 30 mètres du siphon. Nous nageons maintenant dans un lac qui mesure plus de 50 mètres. Au bout de celui-ci nous retrouvons Laurent et Manu qui ont déjà quitté leurs bouteilles et partent à la découverte des galeries exondées.

Pendant ce temps nous reconditionnons notre kit pour aller jusqu’au prochain siphon. La galerie qui conduit au S5 et assez aquatique : les lacs et de petites cascades se succèdent sur quelques centaines de mètres pour arriver à l’actif de la rivière, le départ n’est pas là puisqu’il faut emprunter une galerie à gauche pour arriver devant la vasque. Après quelques minutes de préparation nous voilà enfin prêts pour la plongée. J’ai avec moi 400 mètres de fil (optimiste le gars) pour ré équiper cette galerie noyée, l’ancien fil était toujours en place. J’ai ouvert la marche avec mon HID qui me donne une visibilité incroyable, nous évoluons sur les cent premiers mètres à dix mètres de profondeur les dimensions sont impressionnantes près de 8 mètres voire beaucoup plus par endroit, à 180 mètres de l’entrée nous sommes à 15 mètres de profondeur et j’aperçois un départ de galerie sur la gauche je pose un caoutchouc pour marquer l’endroit, on verra ça au retour ; Xavier est au dessus de moi et avec ses phares il me donne à voir toutes les dimensions du réseau, je reste quand même vigilant sur le fil pour le vérifier de temps à autre.

Au bout de quelques minutes Xavier me rejoint avec à la main son détendeur en débit constant (il a givré ! ) il me tourne le dos et méthodiquement je repère et ferme la bouteille, après l’arrêt du détendeur je lui re-ouvre la bouteille, c’est une première alerte sans conséquence , nous poursuivons notre chemin ; cela fait 250 m que nous palmons dans le S5 à la profondeur de 20 mètres quand nous repérons deux énormes cheminées je reste à l’aplomb tandis que Xavier remonte de quelques mètres dans l’une d’elle pour tenter d’en voir la fin, en vain, nous les reverrons plus tard au retour ! A 340 mètres de notre point de départ, nouveau givrage pour Xavier on reprend la même procédure que la dernière fois, mais cette fois ci il doit rentrer, car son détendeur ne supporte plus l’eau froide de la Goule Noire (5°C°), il rentre déçu.

Je poursuis alors seul, la profondeur diminue pour arriver devant une salle à 10 mètres de profondeur le fil change de direction de 180° pour suivre un chemin entre des blocs : c’est la sortie du S5. J’aperçois, posé à deux mètres de profondeur, le dévidoir à Gaby que je récupère je sais que la suite n’est pas là. Je ne m’attarde pas, un tour d’horizon et je replonge dans le S5.

Le retour se fait sans problème, sauf que sur une centaine de mètres au retour la visibilité est passé de 10mètres à 4 mètres. Est-ce du aux bulles du détendeur de Xavier lors du givrage ?

Je me pose des questions.

Au retour je retrouve le caoutchouc posé à l’aller ; j’amarre mon fil sur celui du principal et je me jette vers l’inconnu pensant trouver la suite ; la galerie est aussi grosse la galerie principale ; au bout de 30 mètres déception ! J’aperçois au sol des lambeaux de fil vert, déchiqueté ; c’est le fil de Gaby, donc la galerie rejoint la galerie principale, j’amarre mon fil sur gros becquet rocheux et je regagne la sortie cela fait 45 minutes que j’évolue dans ce siphon et bien qu’équipé d’une semi-étanche, je commence à ressentir le froid, il est temps de faire demi-tour.

A ma sortie Xavier, Laurent et Manu sont là pour écouter mes aventures subaquatiques.

Ayant encore un peu d’air dans les blocs et de la motivation , je m’immerge dans une des vasques situé dix mètres avant le S5 : et là surprise : après dix mètre de fil déroulé je passe une lame rocheuse au plafond , qui me conduit à un carrefour de galerie ; je prend à gauche ; la galerie devant moi a des portions de 3 x 4 ; je déroule une vingtaine de mètres de fil je stoppe à –6 m. cette galerie est parallèle au S5 et débouche peut être sur la suite du réseau actif.

Au cours d’une seconde sortie, en vue de réaliser la topographie du réseau, Xavier me persuade de retenter une pointe dans le S5. Je l’ai accompagné à deux plongeurs en moins de 7 heures nous avons fait l’aller retour à l’extrémité du réseau.

Cet fois ci Xavier plongea seul en Bi 9 litres, en partant de la vasque précédemment plongée il explorera 250 mètres de nouvelle galerie qui débouche par une cheminée dans le S5. Il reste deux objectifs à concrétiser, une cheminée à inspecter dans le S5 à 300 m du départ et un siphon suspendu à plonger situé dans la galerie fossile post S4.

Participants : Yves Billaud, Jo Favre, Yves Perret, Gabriel Hude, Manu Tessane, Barnabé Fourgouse, Xavier Méniscus, Laurent Ylla, David Bianzani.

Remerciement à la CNPS FFESSM et le Club Spéléo des SP de Grenoble.

 

 

par Yves Billaud

 

 

 

 

par Yves Billaud

 

 

 

 

 

 

par Yves Billaud