Goule noire. 2009

La suite n’est peut être pas là où l’on pense….

par David Bianzani


S1, par Yves Billaud.

 

Nous sommes le 21 Août 2009 cela fait un mois que les conditions d’exploration sont établies sur cette cavité. Il faut en effet une sécheresse importante pour trouver un niveau d’eau à 16 cm (sur l’échelle de niveau) et une visibilité dépassant les 7 m.

Avec la saison estivale, c’est un plaisir de se changer avec une température à 30° et de trouver une eau à 5°C été comme hiver. J’ai déjà réalisé une reconnaissance en solitaire afin de ré équiper le S1 (60m, –10m), un puits remontant de 7 m post siphon ainsi que le S2 (30 m, –3m) et le S3 (45m, -6 m).

Nous voici le vendredi 21 Août, Manu Tessanne et moi même à 13h devant la vasque de la résurgence de Goule Noire.

Nous avons prévu la topographie de la galerie exondée fossile, située entre le S4 et le S5.

Notre configuration est : un bi 4 litres pour moi et un bi 3,5 litres pour Manu. Nous nous sommes chargés en plus, de deux trois litres ainsi qu’un kit d’équipement corde et sangles pour la cascade de vingt mètres.

Il est 13h45 quand l’immersion débute dans le siphon. En 4 minutes, nous débutons le parcours physique jusqu’au second siphon. Le cheminement n’est pas de tout repos, la galerie est en forme de diaclase ascendante très déchiquetée voir agressive. Le vacarme de l’eau en tombant des puits est impressionnant. Il couvre tous les mots que l’on essaye d’échanger.

Quinze minutes après, nous sommes à la base du premier ressaut de 5 m, qui s’escalade assez facilement en opposition. Une corde est présente pour hisser le matériel. On se faufile ensuite sous une cascade, pour accéder au puit de 7 m. En trente minutes, nous reconditionnons nos charges pour plonger, la première partie est physique.

Succession des deux siphons sans encombres, en moins de dix minutes, le plus dure reste à faire, nous allons jusqu’au pied de la grande cascade avec le même bruit fracassant dans nos oreilles. Les trente premiers mètres nous évoluons sur de gros blocs, devant nous, à gauche les vingt mètres d’escalade qui conduisent à la grosse galerie.

Un premier passage de trois mètres, qui n’est pas équipé de corde, nous oblige à jouer des bras. La glissade n’est pas permise aux risques de gros problèmes. Il nous aura fallut plus de quarante minutes, le temps d’équiper et de faire suivre le matos au milieu de l’ascension, nous craquons et décidons de laisser les 3 litres pour le petit siphon. De toute manière il nous reste pas de mal de pression dans les blocs. On poursuit la progression avec ceux là. Arrivé à deux mètres de la sortie il nous manque de la corde pour hisser le matos. Manu me tend sa ceinture maintenue par une extrémité puis prolongée par ses longes. « astucieux comme manip ! ».

Une fois sortie de la trémie on est dans une galerie de 6 x 3, tranquillement je reconditionne les bouteilles afin de poursuivre notre promenade dans le S4.

Le fil d’Ariane des précédentes explorations est toujours en place. Arrivé à la sortie nous posons les bouteilles et poursuivons la progression pour arriver à la galerie fossile.

Celle-ci se trouve environ cinquante mètres plus loin. Elle est ascendante, les dimensions sont de l’ordre de 2 x 3. Quelques départs sur la droite et la gauche attirent notre attention mais rien d’exceptionnel, ils bouclent ou se trouvent colmatés. Quelques mètres plus loin nous trouvons cent mètres après sur la gauche, le fameux siphon vierge. Nous décidons de poursuivre jusqu’au bout de la galerie fossile qui évolue sur un ressaut de deux mètres puis trente mètres plus loin un gros siphon noyé au vu des directions : c’est un regard sur le S5.

Au retour Manu me propose de plonger le siphon. Je suis en configuration à l’anglaise, au vu de la morphologie de la vasque et de la présence de sable, la technique avec les bouteilles sur les cotés est la plus adéquate.

Il retourne me chercher les blocs, pendant que je prépare l’amarrage du fil d’Ariane, sur un petit becquet rocheux.

Cinq minutes plus tard revoici mon manu, il a une main en sang avec le matos sur les épaules. Pendant le trajet du retour, il a glissé et s’est empalé celle-ci sur l’aspérité d’une roche. Bilan :un petit trou saignant pas mal, mais heureusement sans gravité.

En moins de trois minutes, je suis prêt à plonger vers l’inconnu, la visibilité est bonne, le siphon fait 4 m de large, le plafond est à 1m 50 au dessus de moi. Cinq mètres plus loin, je suis à 3 m de profondeur. Un passage dans le sable de 2 m de large et 80 cm de haut donne accès à la suite. Avec ma configuration, je passe sans difficulté, tout en prenant garde de bien amarrer le fil en hauteur. Derrière j’aperçois le miroir de sortie, cinq mètres devant moi.

Le verrou noyé mesure que 10 m à –3m. Je suis dans une vasque de quatre mètres de diamètre, au dessus une galerie ascendante tapissée de sable indique la suite. Je monte sans difficultés, je passe sous une lame rocheuse et parcours ce conduit sur vingt mètres. Je découvre la continuation d’une galerie d’un mètre cinquante de haut et trois mètres de large. Elle est sculptée de coups de gouge. La direction est pile sur le S5. Peut être, un shunt ou un affluent ? Je stoppe ma reconnaissance. Je n’ai rien pour topographier et veux profiter de cette première avec mon camarade resté derrière. On reviendra à deux.

De retour je lui fais part de ma découverte il est enchanté nous entamons le retour sans encombre ou presque. Pendant la progression j’ai perdu un masque et mon sécateur, vive le masque de secours…

A part cette petite mésaventure la sortie terminée sans encombre avec l’envie et la motivation gonflée plus que jamais

Aventure à suivre……

Le bilan : TPST : 6h15, TPSE : 40min, T° Eau : 5° C, 30 m de première.

Un grand Merci aux plongeurs qui se sont associés aux sorties précédentes afin de rééquiper cette cavité : JP et Catherine Baudu, Dirk Devreker, Jean Baptiste Chafford, Wiliam Thumy.

Le jour de la pointe : Manu Tessanne (GUCEM, CAF Albertville), David Bianzani GECKOS.

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L’entrée de la cavité.

 

 

 

 

Les plongeurs à la fin de l’explo