Exploration au fond de l'aven de Hures

par Laurent Chalvet - nov 2011

 

 

Je vous livre le récit de l'exploration du week-end dernier dans une cavité très classique des grands causses, pour avoir un peu de lecture au coin du feu.

Belles explos à tous.
Laurent

Compte rendu exploration réseau Bernard, aven de Hures (Lozère) - 26 novembre 2011

Les belles explorations commencent toujours par des suites entrevues, des hypothèses échafaudées au coin du feu, lors hivers rigoureux, Lozère pays de... Dans cette histoire, l’étincelle de déclenchement sera l’image de puits s’ouvrant sous nos pieds, Damien V. et moi-même, à moins 310 mètres à Hures dans le siphon terminal du réseau Bernard.

Petit retour en arrière, hiver 2009, avec une poignée de collègue du GS TNT, nous partons revoir ce réseau latéral découvert par les millavois dans les années 70, l’objectif est de franchir le siphon traversé par Pénez. Nous n’avons pas beaucoup d’info, derrière probablement 150 mètres de galerie ? Le secteur est lointain et nous arrivons avec le strict minimum, on charge le kit de caillou. Damien part en premier, il fait l’aller retour car nous avons qu’une seul bouteille pour un siphon de 10 mètres annoncé. A la sortie de l’eau, il m’informe effectivement qu’il n’y a une sympathique galerie derrière mais le plus intéressant est dessous. Ce siphon n’est pas un verrou liquide ponctuel de quelques mètres de profondeur mais belle et bien l’aval de ce réseau avec un beau puits large d’accès.

Pendant deux ans, nous partirons sur bien d’autres explorations, le créneau se présente en cette fin d’année, la date est posée et pour avoir suffisamment de monde, l’info est diffusée aux clubs lozériens et aveyronnais. La veille du samedi 26 novembre, plus de 20 personnes ont répondu à l’appel.
Le matin, les premiers protagonistes sont là : Julie et Isa. Mais d’autres voitures sont devant l’entrée de l’aven, c’est un club de Paris qui a programmé la sortie. Une discussion avec José M. permet d’aiguiller les amateurs de classique vers l’aven des Cabanelles (Drigas) pour éviter une cohue dans les puits.
Les personnes arrivent au fur à mesure, cela vient de Saint-Jean-du-Gard, Rodez, la Picardie, Millau, Langogne, St-Christol-d’Albion… Aux alentour de 10 heures, Gilou avec Nicolas T. partent équiper les puits d’entrée, Isadora avec Joseph suivent pour doubler l’installation dans les puits de 33 et 40 mètres. Thibault B. et Michel L. prennent le chemin de la cavité pour l’équipement du puits de l’Echo. Le club du SCL arrive au même moment, malheureusement ils avaient été choisis pour faire la visite classique le même jour, mauvaise pioche, obligé de patienter pour descendre dans la cavité. Puis viens le moment de descendre le matériel de plongée, ce sera six kits pas trop lourds pour trois bouteilles de plongée, vu les dimensions du réseau Bernard, il fallait anticiper pour le confort des porteurs. La caravane bouchonne un peu à l’entrée mais les équipeurs ont bien avancés et le rythme s’accélère, ont enchaine la zone d’entrée, le premier méandre, le puits avec sa sortir étroite et sa vire, puis une petite pause boisson en haut du puits de l’Echo permet aux retardataires de nous rattraper. Nous nous mouillons un peu dans le second méandre et nous arrivons à l’endroit clé de Hures, le fameux boyau semi-noyé.
Luc et Joseph en pointe ont déjà franchi le passage, chacun hésite un peu mais les choses ont bien changés. Nos collègues de l’Aragonite et de la MJC de Rodez ont fait parlés la poudre l’année dernière : les chicanes du début et de la fin ont été bien arrangées et le seuil a été fortement descendu. Il ne reste plus qu’une flaque bien fraiche au milieu de 10 cm de profondeur et une largeur toujours réduite du boyau. Roger et Gilou partis avec le baudrier en seront quittes pour un bon verrouillage. Quelques minutes plus tard c’est l’équipe au complet qui se retrouve derrière l’obstacle mythique, les anciens seront très étonnés de retrouver deux jeunes filles de 14 ans de Chanac en ces lieux, Marjo et Colline, la relève est assurée. Mais l’affaire n’est pas réglée, après le début du troisième méandre de Hures, il faut avaler maintenant 60 mètres de laminoir et 40 mètres de méandre étroit. Cela racle fortement, sur une bonne partie du trajet, il faut être complètement couché pour progresser, la caravane avance quand même, un ressaut de quatre, un de deux et le dernier de quatre mètres nous conduisent au sommet du puits terminal de 17 mètres. François passe devant avec le perforateur pour renforcer l’équipement posé avec Damien, deux années auparavant.
Nous prenons pieds au bord du siphon, j’étale mon matos et m’équipe avec un coup de main de Guillaume L. et Fredo A., je parts sous l’eau avec une configuration adapté pour aller le plus loin et profond : bi 7,5 bien gonflé et un relais 4, ainsi qu’une combinaison de chasse toute neuve en 9 mm. Pendant ce temps là une petite équipe doit continuer par le dessus du siphon (Eric B., Guillaume L., José M. et François B.) et dès mon départ, passer par le shunt du siphon et revisiter la trémie terminus de la galerie de 150 mètres.
J’amarre mon fil et me mets à l’eau, la suite se présente sous la forme d’un haut méandre de quatre mètres, la largeur est d’un mètre cinquante et rapidement cela tourne sur la gauche et s’élargie à quatre mètres, je continue tout en m’enfonçant, des pentes de sable et d’argile un peu plus bas sont de mauvais augure. Effectivement, d’autres pentes sableuses entourent la suite et ce n’est pas très gros, je suis amateur d’étroiture mais avec une largeur de 15 cm, la fissure ne pourra même pas accueillir ma jambe, je m’arrête à – 12 mètres et 25 mètres de fil déroulé, un mètre de premier par copain accompagnateur, vraiment dommage. Je coupe mon fil et visite par acquis de conscience tout les bords du méandre, mais aucun départ ne se présente. Je sorts dépité de l’eau et annonce la nouvelle aux copains.
Pendant ce temps là, l’équipe du shunt, continue son équipement, quelques minutes plus tard ils reviennent avec des nouvelles étranges, ils n’ont pas pu avancer, pas de suite entrevue. Je leur ré-explique comment accéder à la suite en passant en opposition au dessus de l’eau et prendre pieds dans la galerie. Eric B., fait un rapide aller retour, mais m’informe qu’à part passer dans l’eau cela ne continue pas. J’y vais pour en avoir le cœur net. Je comprends tout de suite, en fait le niveau du siphon est deux mètres plus haut, l’opposition ne peut se faire au dessus de l’eau, il faut passer à la nage. L’équipe commence à avoir bien froid et nous remballons prestement le matos, la bonne nouvelle sera de laisser le bi 7,5 qui n’a pas été touché dans le troisième méandre en prévision d’une visite du siphon principal.
Le retour se fera à un rythme régulier, nous laissons la cavité équipé et sortons dans un froid glacial. Les derniers ressortiront sur les coups de dix heures du soir.

Je tenais à remercier les 25 participants pour le grand coup de main et cette belle sortie qui a rassemblé un paquet de monde et de club d’Aveyron, Vaucluse, Gard et Lozère.

Participants :

Groupe spéléo de Chanac :
Colline
Marjo
Sandra
Manu Lachatre
Thierry Gencey
Rémy Gencey
Joris Bonivide

Aragonite caussenarde et MJC de Rodez :
Hélène
José Mulot
Eric Boyer
François Bodot
Frédo Aragon
Frédéric Vialat

Vaucluse :
Isadora

Taupes Palmées :
Isabelle Perpoli

Groupe spéléo Tarn né Tarnon :
Julie Cozic
Joseph
Nicolas Tiers
Gilles Dufor
Michel Lemaire
Roger Hugony
Thibault Barbier
Guillaume Legrand
Luc Daniel
Thierry Bertrand
Laurent Chalvet

 
 

 

 

 

 

Merci à Jean-Marc Belin, Philippe Bigeard, Cyrille Brandt, Christian Deit, Jérôme Dukers, Stéphane Friedli, Hervé ROY, Jean-Pierre Stefanato, Marc Thène, Christian Thomas ainsi qu’au D.A.N. dont un récent article sur le sujet a bien éclairé ma lanterne.

Merci aussi à M. et Mme BARASCUT, propriétaires de la cavité qui nous ont chaleureusement accueillis et autoriser à plonger dans leur source.