Plongée aux Petites Fleurs Bleues

 

le 24 mai 2003 (Extrait de CARBABELLE N°5 - CLPA - 2006)
par Pascal Mouneyrat

 

 

Il est 8h45, je suis installé confortablement à la terrasse d’un café au Caylar, juste en face de l’arbre sculpté. J’attends toute l’équipe et j’essaie toujours de me convaincre que nous seront assez pour réaliser cette sortie que j’attends depuis 2003. Le jeudi à la réunion du club, je n’en étais pas convaincu et nous avons failli annuler faute de participants.

Juste après la rentrée des classes, il est difficile de réunir suffisamment de spéléos, et en plus de les motiver pour un portage aux PFB. Serge Nurit pensa bien à contacter des spéléos d’autre club et de ses connaissances depuis 15 jours, mais personne n’était disponible pour la date prévue. Pourtant, il n’est plus possible de repousser car le temps n'allait pas se maintenir beau éternellement à cette époque de l’année.

Hier, j’ai passé la journée entière à préparer le matos et à le conditionner dans les kits pour en limiter au maximum le nombre. J'ai gonflé les blocs et j'ai marqué du fil. Je suis fin prêt…

En finissant mon café, je vois arriver les copains du CLPA, Patrick, Hugo, Vincent, Eddy, Doc, Serge et Naomi seule présence de la gente féminine. Et enfin, un de dernière minute, Laurent, du s.c Gardonnenque, à Anduze (30). Nous serons donc 9 pour cette sortie.

Il est 10h deux photos du groupe sont prises devant les 9 kits et à 10H45 les premiers se jettent dans le puit d’entrée, mais leurs ardeur et vite ralentie par l’étroitesse des passages. Je serai le dernier à 11 heures à descendre. Le parcours est délicat surtout avec les blocs. C’est vers 14 heures que nous nous retrouvons tous au bord du siphon vers -100, à 800 mètres de l’entrée et trois voûtes mouillantes plus tard.

Tout le monde est vite frigorifié. Je commence à m’équiper rapidement pour limiter l’attente. Je distribue des clefs à molette de « playmobile », pour qu’ils se réchauffement en assemblant les blocs de 12 litres … « Rires » ….

Vers 15 heures, me voila presque prêt devant le siphon et après la mise en place des détenteurs et quelques derniers réglages, j’endosse les bouteilles: un bi 12 litres que Nathan Boinet m’a prêté, c’est d’ailleurs lui le premier qui avait plongé ce siphon sur 90 mètres en 2002 et je l’avais continué jusqu'à 300 mètres en 2003.

Je fixe mes deux relais 10 litres, mes plombs largables, et le dévidoir avec ses 200 mètres de fil ,etc.… Pour certain, c’est la première fois qu’ils voient un plongeur spéléo et ils s’écartent de ce bibindhomme extraterrestre qui allume ses phares, regarde ses manomètres et teste ses détenteurs. Un rituel certainement d’un autre monde….

Il est 15h30 quand je me mets à plat ventre et disparaît dans le siphon. Les copains décident de se restaurer puis ils iront visiter les grandes salles sur l’aval vers le Mas Raynal.

J’ai décidé d'en profiter pour lever une topo sur le fil d’Ariane et m’arrête à chaque étiquette lisible. Le fil, il est sous 20 cm d’un mélange argilo sableux. Je dois le soulever pour le sortir de là, en progressant lentement pour pouvoir lire les étiquettes quand le courant a évacué la touille. Je sais que j’aurais à faire cela sur les 300 mètres explorés précédemment.

Au bout de quelque dizaines de mètres j’émerge dans la petite cloche et garde par prudence le détendeur en bouche. Il me faut ramper sur 5 mètres. Petit à petit malgré la charge, je progresse, je finis par être complètement sous l’eau et les palmes entrent en action. C’est le passage le plus délicat et physique à effectuer avec une visibilité nulle de chez nul.

Au sortir de ce passage la galerie s’élargie, 6 m en moyenne et se relève, 1,50 m de haut. C’est le terminus de Nathan, une étonnante stalactite en plein milieu de la galerie, preuve que l’endroit n’a pas toujours été noyée.

La suite et jusqu'à mon terminus précédant à 300 mètres est une superbe galerie de 6 à 8 mètres de large avec une hauteur moyenne de 2 mètres. Je continue les relevés. J’en profite pour admirer cette galerie où le sol est constitué d’un mélange argilo sableux à gros grains, avec des nuances de couleurs du blanc au gris, des sillons et vaguelettes marqués au centre du couloir par le courant.

La particularité de ce siphon est qu’il n’y a que du sable, pas de blocs pour fixer le fil. Le plafond est quasiment lisse, il n’y est pas possible non plus de fixer le fil, à par pour un ou deux endroits. Les parois relativement lisses et fuyantes sont tapissées d’argile et j'évite de m'en approcher... Le siphon est entièrement équipé avec du largable.

Au 300 mètres, je pose mon relais 10 litres. je ferme le robinet à 110 bars et je fais un dernier relevé en passant sur mes blocs dorsaux pour en valider le fonctionnement.

J’ouvre mon second relais…Oh surprise! Le second relais ne fonctionne pas!

Pourtant, je l'avais essayé avant de partir. Merde! Tant pis... je l’abandonne aussi…

(En fait , au retour je constaterai que la baïonnette du second étage se balade dans le détenteur [Poseidon Cylon 5000]. Incroyable , le clips qui la maintien au contact du détenteur est parti !? Les chocs répétés du transport ont eu raison de lui. Il devait être presque en train de lâcher, lorsque je l’ai testé au départ du siphon).

Cela me contrarie un peu, mais j’attache le bout de mon dévidoir pour explorer la suite…

Ça continue de plus belle, mais les conditions sont petit à petit moins bonnes L’argile est plus présente sur le sol avec quelques gros blocs que je contourne. Je largue toujours des amarrages pour stabiliser le fil. Un tous les 20 mètres sinon, je n’en aurais pas assez…

Au terminus à 460 m, profondeur -17 m. La galerie s’est élargie, entre 10 et 12 m.

Une importante fracture sur la gauche semble remonter brusquement. Je l’éclaire à perte de vue mais elle me semble trop étroite. De toutes les façons, il ne me reste que 40 mètres de fil et un amarrage... Je décide prudemment d’arrêter là.

Je suis bien revenu sur la gauche et je ne vois pas bien l’autre coté. La zone est très ébouleuse…

Où est la suite? Est-ce la fracture ou de l’autre coté ?

La touille est omniprésente, il est tant de rentrer…

Le retour est plus rapide. Je récupère mes deux relais et enchaîne la suite.

La visibilité est réduite à 1 mètre, à l’allez j’avais 15 mètres de visibilité et plus.

Je commence à racler de partout, je suis donc dans la zone du ramping. La sortie est proche, mais il ne faut pas s’emballer, du calme…

Je suis déjà physiquement éprouvé par un "palmage" trop rapide. Je préfère me reposer cinq minutes pour récupérer et baisser mon rythme cardiaque.

Le peu que j'aperçois de mon ordinateur ne m’indique pas de palier.

Je passe le ramping, la cloche, la dernière partie noyée, je suis sortie…

Je suis très content de voir Eddy et Vincent qui accourent à ma rencontre. ça fait 75 minutes que je suis parti. Ils ont préféré attendre mon retour. Ils sont frigorifiés. Cependant ils me proposent une soupe bien chaude, très appréciée que nous partageons tous les trois.

Serge Nurit et les autres arrivent petit à petit de leur balade dans les grandes salles avals, récompense méritée du portage réussi.

Je fais un compte rendu rapide et nous remballons le matos.

On repasse les voûtes mouillantes. Le puits de 60 mètres est équipé d'un palan pour remonter tous ce matos.

(ça caille sérieux en bas du puit!)

Il est 23 h 45 quand je suis le dernier à sortir.

Grand bravo à tous et merci.

Participants : CLPA (Naomi MAZZILLI, Hugo Akrout, Patrick Canedo, Vincent Rufray, Eddy Houdet, Claude Viladoma, Serge Nurit, Pascal Mouneyrat) ; S.C.Gardonnenque (Laurent Boulard)