Douce illusion et grosse frayeur.

Aven St Joseph à Saint Vallier de Thiey

Récit d'une exploration passée. Il y a presque 10 ans

par Philippe Assailly

 

 

 

Que c'est beau… ! Le magnifique canyon qui se présente devant nous, fait instantanémént oublier les deux étroitures délicates du premier siphon que nous venons de négocier. Nous allons peut-être, dans quelques heures, faire la jonction avec la rivière de « l'Air Chaud », qui elle-même revoit le jour dans les gorges de la Siagne, endroit merveilleux aux multiples bruits et odeurs de Provence.

Un mois auparavant, nous avions décidé de reprendre l'exploration de frédéric Poggia dans le réseau du Saint Joseph sur les Préalpes de Grasse. Celui-ci s'était arrêté dans une grande salle, devant un siphon boueux peu engageant. Notre idée était d'inspecter méticuleusement les lieux afin de trouver un autre passage. Dans le pire des cas, il restait un siphon à voir.

Plusieurs passages noyés à franchir, entrecoupés de longues galeries immergées, demandent une préparation minutieuse. Fred et moi passerons ainsi plusieurs soirées à affiner notre équipement.

La première plongée est pour Fred. Le premier siphon offre deux passagesétroits et fermés par des galets.

Il doit ouvrir ces « portes » avec seulement l'aide de ses mains à l'instar des taupes ! Ensuite il doit vérifier l'état du fil d'Ariane posé par notre prédécesseur, Quelques années auparavant.

Je suis presque content de ne pas patauger aujourd'hui ! Après tout c'est le projet de Fred ! Il va me transformer tout çà en un grand boulevard. Douce illusion ! Je le soupçonne encore aujourd'hui de n'avoir enlever que quelques menus graviers, histoire de rayer encore davantage mon masque !

A sa sortie de l'eau j'apprends que la « touille » (nuage opaque créé par les sédiments en suspension) sera au rendez-vous la semaine prochaine.

Nous y sommes. Plus d'un dizaine de porteurs s'engouffrent dans la cavité. Nous les dépassons rapidement car nous sommes plus légers (notre sac ne contient pas de bouteilles de plongée). Nous nous retrouvons bientôts suels dans le grand puits que nous dévalons avec délice. Merci Christian pour ta découverte. Ton travail acharné nous permet de ressentir aujourd'hui de grandes satisfactions.

J'ajuste mon casque, mon masque, et jette un dernier regard aux copains que nous devons retrouver dans environ 6 heures. Je ratrappe les palmes de Fred qui battent fermement l'eau, le propulsant de l'autre côté de l'épouvantable passage.

A mon tour je force, sans rayer mon masque, et je découvre des sculptures naturelles magnifiques. La suite du siphon est claire jusqu'à la prochaine et dernière étroiture.

Nous émergeons quelques minutes plus tard. Oui, c'est vraiment beau…Nous allumons notre éclairage acétylène et poursuivons notre découverte de plus en plus délicieuse. Nous dépassons des arrivées latérales qu'il nous faudra explorer plus tard. Le départ du deuxième verrou liquide nous offre un spectacle saisissant : nous avons à nos pieds, ou plutot à nos palmes, une grande et belle vasque circulaire remplis d'eau cristalline. Nous approchons de la perfection !

Détendeur en bouche, nous coulons et acceptons avec plaisir la caresse de l'eau fraîche. Nous sommes gatés, la féérie se poursuit.

C'est maintenant dans une longue galerie que nous progressons. Nos charges commencent à peser sur nos épaules, mais ni Fred ni moi ne nous plaignons. Nous dégustons ces instants de privilège.

Cela fait maintenant environ deux heures que nous avons quitter les spéléos sherpas. Nous sommes à présent devant le quatrième siphon que F. Poggia n'avait pas franchit dans sa totalité ? Fred ammaree son fil et part. Je l'envie mais la priorité lui revient.

Je viens de remarquer en hauteur un passage. Après l'escalade d'une parois d'argile, je prends pied dans une vaste galerie fossile. Je scrute le sol. Aucune trace. Je cours alors dans cette galerie vierge qui semble revenir vers le réseau principal.

De retour à mon point de départ, j'entends de drôles de bruits : ce sont les bulles de Fred qui gargouillent bizzarement. Il revient. Après un siphon d'une quarantaine de mètres, il lui semble avoir retrouver la rivière.Nous sommes satisfaits ! Je lui raconte aussitôt ma découverte. Nous la tpographions et amorçons notre retour.

La fatigue se fait sentir. Il va falloir être très vigilant sous l'eau. Mais nous y sommes bien. Elle nous soulage pour quelques instants de nos charges.

Après un retour sans encombre, nous retrouvons nos porteurs légèrement frigorifiés ! Nous avons passé six heures dans et derrière les siphons. Dans deux semaines nous faisons l'ultime pointe.

C'est encore avec de nombreux porteurs que nous rejoignos la vasquen de départ.Aujourd'hui, nous avons beaucoup plus de matériels. Relais suplementaires, sacs plein à craquer. Nous comptons passer une dizaine d'heures en exploration. Mais 5 minutes plus tard nousq sommes de retour. Un emmêlage en règle dans le fil à cause d'un « kit »(sac spéléo)mal lesté, a provoqué une suite de problèmes : Touille fabuleuse, essoufflement, perte d'une palme, fil déplacé m'empêchant de refranchir l'étroiture d'entrée. Après quelques instants (trop longs) de recherche, de désobstruction et une énorme frayeur, je retrouve le passage. Je suis assis au bord de l'eau, livide…Je ne peux plus plonger. Quelques minutes plus tard Fred me rejoint. Dans le siphon il acompris que quelque chose s'était passé. Nous décidond de remettre cela à plus tard.

Dans ce genre de situation il faut savoir prebdre les bonnes décisions et savoir renoncer.

Confucius a dit à peut près ceci :  «  l'expérience est une lanterne accrochée dans le dos et qui n'éclaire que le chemin parcouru… »

Nous reviendrons, c'est sûr.