Source aux Fées

 


Commune de Castets

Coordonnées Lambert III: X=376,417 Y=3088,341 Z= 459m

Développement : 235m Dénivelée : -115
Localisation

entrée par Guillaume Tixier

Fiche rédigée par F.Vasseur avec l'aide de Jean-Daniel Larribau et de Michel Lauga

Recommandations

Cette source est captée pour alimenter en eau potable le village de Castet.
Les plongées y sont interdites.

Les autorisations dont nous avons bénéficié ont été accordées à titre exceptionnel, pour des incursions d'étude (topographie, photographie, malacologie) et d'exploration.

Nous nous y sommes strictement tenus.

 

Historique

L'émergence est connue de longue date. Les légendes, le captage d'eau potable pour le village attestent d'un intérêt anthropique antérieur aux motivations spéléologiques.

La première plongée est organisée par Jean-Daniel Larribau, qui topographie la partie explorée et relève une température de 9°4 C. le 25/10/1975.

Le 25/07/1980, il atteint la profondeur de –30m, puis –45 le 23/06/1984. Chaque plongée est l'occasion de relevés topographiques et géologiques.

Le 3/07/1984, Jean-Daniel poursuit l'exploration jusqu'à –57.

Fin décembre 1989, Michel Lauga et Philippe Tresse reprennent les plongées. Rejoints par Olivier Gaspé et Alain Perré, ils descendent à –72 et topographient le prolongement découvert. Contraints de freiner leurs activités, du fait des impératifs matériels et financiers imposés par la profondeur, ces plongeurs poursuivent l'étude de la cavité par l'amont. Ils réalisent une campagne de coloration et mettent en évidence une partie du bassin d'alimentation de l'émergence. La relation entre la perte de la « Camardoune » et la source aux Fées est révélée.

(Biblio : Michel Lauga : 1993 «  La source aux Fées de Castet en Ossau » Info-Plongée n°62, p. 8.)
En 1993, Jean-Daniel Larribau,Michel Lauga,Hervé Mochon,Christian Pintado et Alain Perré r éalisent un film de 25 minutes sur la source.

Une projection en avant-première sera organisée par le Comité Départemental de Spéléogie des Pyrénées Atlantiques pour les habitants de Castet.

1995 voit une équipe bordelaise effectuer trois plongées aux mélanges dans la source et progresser jusqu'à –87m.
(Biblio : Ludovic Giordano : 1996 « Le Trou des Fées » Info-Plongée n°73, p. 13 et Michel Lauga : 1997 «  La source aux Fées » Info-Plongée n°75, p. 4.)

En 2005, Michel Lauga obtient de la municipalité l'autorisation de plonger.
Le 14/08, la source est équipée et topographiée jusqu'à 156m (-78) (M.Daguerre, M.Laurent, Michel Lauga, Frank Vasseur et Michel Wienin). Des prélèvements de sable dans le bassin de décantation révèlent la présence d'un mollusque (Bythinella darrieuxi).

Le 31/10 et 1/11/2005, l'exploration et la topographie sont prolongées jusqu'à 235m de l'entrée (-115) (Michel Lauga, Jean-Daniel Larribau, Mehdi Dighouth, Nicolas Schalk, Guillaume Tixier, Frank Vasseur).

Du 29/07 au 5/08/2006, l'exploration et la topographie sont poursuivies jusqu'à 312m (-127). Ce camp permet entre autres de réaliser des prises de vues vidéo et photo, des prélèvements de roche jusqu'à –71, ainsi que des observations sur la faune et les sections de galeries de la cavité (Plongeurs : Jean-Marc Belin, Mehdi Dighouth, Eric Establie, Daniel Guinouard, Michel Martin, Françoise Minne, Michel Pauwels, Jacques Petit, Nicolas Schalk, Jimmy Sueur, Frank Vasseur et Frédéric Verlaguet.
Portage, informations et encouragements : Patrice Baqué, François Bournet, Arthur Establie, Eric Garcia, Jean-François Godart, Jean-Daniel Larribau, Michel Lauga, Paul et Christian Nespoulous, Vanessa).

Les 3 et 4/01/2007, une tentative d'exploration avorte à cause d'un problème sur un recycleur. Des images vidéo et des photographies sont prises jusqu'à –80. (Plongeurs français: Jean-Marc Belin, Mehdi Dighouth, Eric Establie, Eric Garcia, Daniel Guinouard, Michel Martin, Nicolas Schalk, Frank Vasseur, Frédéric Verlaguet, Claude Watiaux. Plongeurs basques espagnols : Martin Burgui, Oscar Carrion.
Portage, informations et encouragements : Patrice Baqué, Arthur Establie, Jean-Daniel Larribau, Michel Lauga).

Un nouveau camp (du 22/07 au 26/07/2007) permet de progresser au-delà du point bas de –127 et de remonter à –123. Une topographie précise est levée jusqu'au terminus. Plusieurs plongées seront consacrées aux prises de vues photos (jusqu'à –60) et vidéo (jusqu'à –108) en vue de la réalisation d'un film sur la source. Plongeurs français : Frédéric Aragon, Mehdi Dighouth, Eric et Arthur Establie, Eric Garcia, Daniel Guinouard, Olivier Lacroix, Frank Vasseur et Frédéric Verlaguet. Plongeur basque espagnol : Martin Burgui. En surface : Evelyne Establie, François Ichas.

Description

La source aux Fées est nichée au fond d'une reculée discrète, sous une barre rocheuse. Une grille, sur le chemin, puis une porte en protègent l'accès, car il s'agit du captage d'eau potable de la municipalité de Castet.

Passé la grille d'entrée, une plate-forme de béton domine un plan d'eau effilé, divisé en deux parties par un mur immergé. Un bassin ténu revient sous la plate-forme. De l'autre côté, le plan d'eau s'étire sur 5m jusqu'à ce que la voûte sombre plonge sous la surface.

On descend immédiatement à 2m sous la surface, pour trouver un sol jonché de blocs rocheux, parmi lesquels on trouve des galets de granit, assurément drainés jusqu'ici depuis l'extérieur. La galerie noyée débute se développe le long d'une fracture, en rive droite. La rive gauche est creusée dans un calcaire lité, constitué de petits bancs. La cavité est, dans la première partie, orientée sud – est. On évolue sur de gros blocs rocheux, dans un conduit confortable (2, 5 x 2m) de section triangulaire.

A –8, la section se réduit, surtout en hauteur (1,5 m) comme en largeur. Le sol est toujours jonché de rochers, majoritairement polis par l'érosion, au volume hétérogène.

A –16 (30m de l'entrée), les parois s'écartent progressivement. Vers -18 le sol se dérobe à la faveur d'un redan rocheux prononcé. Ici débute la partie la plus spacieuse de la source (4 x 5m). la section est au plus large près du plafond, puis se cintre en rive droite, prenant des allures de canyon.

A partir de –30, le sol est progressivement recouvert de sable. Sur les parois, des cannelures d'érosion attestent d'une période durant laquelle la cavité a fonctionné à l'air libre.

Deux barres métalliques gisent à –30. Le fil, équipé en rive gauche à mi-hauteur, rejoint rapidement le talus sableux incliné. Selon la visibilité, les voûtes échappent au champ de vision.

La descente se prolonge ainsi jusqu'à 85m de l'entrée (-46). Là, ne écaille rocheuse caractéristique, en rive droite, restreint la largeur du conduit. Le sol est jonché de gros rochers roulés. La morphologie mute radicalement. La section n'aura alors de cesse de se restreindre, tant en largeur que, plus modérément, en hauteur.

A –57, on évolue dans une galerie étirée dans la hauteur (1,7 x 2m) et inclinée selon la fracturation. La roche, jusque là très sombre, devient gris clair. Des cupules d'érosion, de faible envergure, apparaissent sur les parois.

Jusque là, les instruments affichent une de valeur de température égale à 10°C. Plus profond, elle descend à 9°C. Cette anomalie serait à vérifier avec des instruments de mesure plus précis, en matière de température, que nos appareils de plongée, dont le capteur est peut-être sensible à la pression, à la proximité du corps.

La pente qui affectait la cavité s'atténue aussi. Jusqu'à un bref tronçon horizontal, marqué par la « boîte aux lettres » de –60 (un amoncellement de gros blocs rocheux au centre du conduit, qui diminue encore sa section et oblige à un contournement par le haut), à 115m du jour. A 140m, la galerie retrouve son inclinaison mais conserve son caractère « intime », de section presque circulaire, jusqu'à –75.

Là, à 141m de la vasque, le plafond s'élève brusquement. La nouveauté tient aussi dans la direction, car le conduit s'oriente brusquement plein sud. On quitte la galerie intime et circulaire pour une section plus haute que large

Le plafond est constitué d'une strate plane, à l'inclinaison identique à celle de la galerie. Il se situe à 5 ou 7m du sol selon les endroits. On retrouve du sable au sol entre –81 et –93, là où la section s'épanche en largeur (2,5 à 3m).

A –93 (185m de la sortie), la largeur se réduit soudain à 1,5m. La galerie semble sinuer, le sol est à nouveau couvert de modestes blocs rocheux. Les voûtes sont indiscernables, elles sont 7m plus haut.

A –109, (223m de l'entrée), on quitte ce « canyon » pour une galerie sensiblement plus large encombrée de blocs d'ampleur métrique. A –112, on domine un redan vertical qui plonge à –115. Il s'agit en fait d'une vaste salle (5m x 10m) évasée en rive gauche.

Ici, (235m de la surface) le sol, plat, est jonché de morceaux de strates rocheuses, vraisemblablement détachées des parois et du plafond. La largeur atteint 3m et la pente s'adoucit. Le sol est jonché de gros rochers sphériques sombres d'environ 50 cm de diamètre. La suite est à –117. Les parois semblent se refermer. L'astuce est en rive droite, dans une intime alcôve dérobée, qui contraste avec le volume duquel elle s'amorce.

La galerie s'infléchit au sud-est, presque perpendiculairement à l'inclinaison des couches (pendage), qu'elle suivait jusqu'alors. Ceci expliquerait l'adoucissement de la pente. La section se réduit en deux boyaux circulaires coalescents, sensiblement superposés. Serait-ce les yeux des fées ?

Celui de gauche est l'unique pénétrable (1,2 x 1m). Il se développe sur 17m, dans une roche grisâtre et cupulée, plein est.

On s'extrait de ce tube à –123 (265m). Le conduit adopte alors une morphologie unique pour la cavité. C'est une jolie galerie presque circulaire (2 x 2m), qui s'horizontalise à –124 en s'orientant à l'est.

Par endroits, la roche est à nu sur toute la circonférence, aucun dépôt ne stagne ici. Il est fort probable que la réduction de la section induise un accélération du débit, dans cette partie de la cavité.

Lors de la dernière exploration, le fil posée l'année précédente avait été arraché et entraîné dans la partie terminale du boyau. C'est l'unique portion de la caverne où le fil a été rompu. A 315m de l'entrée, on passe le point bas actuel, à –127m. Ensuite, la galerie amorce une subtile remontée jusqu'à –125, à 330m, combiné à une réorientation vers le sud-est.

Là, un redan vertical remonte à –123, le terme actuel des explorations. Au-delà, la cavité se prolonge dans des dimensions confortables.

 

Biospéléologie

Malacologie  par Henri Girardi et Michel Wienin (septembre 2005)

La résurgence des Fées à Castet (photo) a finalement fourni quelques exemplaires d'une bythinelle : Bythinella darrieuxi (DE FOLIN et BÉRILLON-1877). C'est une espèce endémique pyrénéenne connue aux deux extrémités de la chaîne : Pyrénées atlantiques d'une part, Ariège et P.O. (Maury en particulier) d'autre part. La présence d'un hiatus entre ces deux sous-populations est probablement le fait des glaciations quaternaires qui ont entraîné la disparition de pas mal d'espèces dans la partie médiane de la chaîne. Cette espèce est considérée comme déterminante pour l' actualisation des ZNIEFF des trois régions (LR / Midi-Pyrénées et Aquitaine).

Niphargus

Bien qu'assez rares dans la cavité, plusieurs spécimen de ces crustacés Amphipodes on tété observés, notamment à –15 et à –55. Ces gammarides peuvent mesurer de 2 à 50 mm. Ceux observés dans la source aux Fées mesuraient entre 10 et 15 mm. On les baptise communément « crevettes cavernicoles ».

Euprocte
par Jean-Daniel Larribau (Octobre 2005)

C'est un animal endémique des Pyrénées. On le rencontre en vallées d'Ossau et d'Aspe (massif de Bellevue), ainsi que dans les gorges de Kakouetta, (massif de la Pierre St Martin).

Il vit dans les torrents et se reproduit à l'automne. A la peau rugueuse, comme le triton, il ressemble à la salamandre par sa morphologie; sa peau est de couleur grise à brun foncé.

L'Euprocte nous vient du quaternaire ancien, l'espèce est protégée.

Photographies prises dans la source des Fées a Castet (Pyrénées Atlantiques) captage au périmètre clos et protégé.

 


JD. Larribau

 


A -9m, par Fred Verlaguet

 


A -27m, par Fred Verlaguet

 


A -40m, par Fred Verlaguet

 


A -45m, par Fred Verlaguet

 


A -55m, par Fred Verlaguet

 


A -58m, par Fred Verlaguet

 


A -54m, par Fred Verlaguet

 


A -57m, par Fred Verlaguet

 

 


Section de la cavité à -12m par F. Vasseur

 


Le plafond à -20m, par F. Vasseur

 

 


à -28m, par Frank Vasseur

 

 


à -32m, par Frank Vasseur

 

 


bythinelle par henri girardi

Euprocte par JD. Larribau

Euprocte par JD. Larribau