Aven des Moustiques


Aven des Moustiques - Siphon aval

 

Compte rendu de plongée du 19-09-99, par Fred ROBERT

Plateau de Calernicipiere (06)


La vasque de départ est le recueil d'un actif débitant 5 litres par seconde environ (le jour de la plongée). Le temps est à la pluie depuis notre entrée dans la cavité 6 heures plus tôt.
Contrairement au descriptif, il s'agit d'un siphon aval; à ce moment en tout cas. Les dimensions et la morphologie du réseau permettent d'espérer que la partie noyée cache une suite exondée de même type. Mon scaphandre, deux fois 4 litres, a été choisi en fonction de ces suppositions, mais aussi, avouons-le, en raison de la nature du portage particulièrement sportif...

L'immersion se fait avec une visibilité réduite (40 cm environ). A 6 mètres de profondeur, je trouve une voûte qui m'amène dans une série de deux salles de belles dimensions. Je remonte en longeant un sol de gravier sablonneux et trouve une excellente visibilité (supérieure à 20 mètres).
La première salle est une enclave de 3 mètres sur 5 sans suite. La seconde est plus vaste. Son centre est matérialisé par le sommet d'une dune de gravier, ses dimensions ici sont estimée à 10 mètres par 10, je suis à 8 mètres de profondeur.
Un regard au plafond et je retrouve une surface. J'y tire mon fil, sur de sortir et de trouver une galerie exondée, mais il ne s'agit que d'une bulle en plafond. Le réseau se poursuit dans la partie inférieur de la salle par un porche de 4 mètres de largeur sur 2 de haut qui mène à une conduite forcée de même diamètre. Elle donne accès au bout de 20 mètres et à une profondeur de 12 mètres environ à un beau puits vertical.
D'un diamètre de 7 à 8 mètres, celui-ci descend jusqu'à une profondeur estimée à 35 mètres. Mes tiers sont déjà largement entamés et j'amarre mon fil à 20 mètres de profondeur. Je prend le temps de bien observer ce que je laisse sous mes palmes. Le fond du puits est 15 mètres plus bas, des bancs de sable allongés et cupules sont observés et marquent la présence d'un courant. Deux orifices bien visibles (2 mètres de diamètre estimés) confirment cette observation. Je rejoint mes compagnons au bout de 25 minutes de plongée.

Hypothèse : L'importance du réseau observé permet d'avancer qu'il pourrait s'agir d'un collecteur principal du plateau de Calern. Ce collecteur existe et à été mis en évidence par différentes opérations de traçage (dont celle de 1954 à l'embut de Caussol qui était ressorti, entre autre, à Cipiére). Le siphon du moustique doit fonctionner en affluent de ce réseau, à l'étiage en tout cas. Il est possible aussi qu'il s'inverse lorsque le collecteur est en crue.
Une série de plongées sera nécessaire afin de compléter l'exploration. En effet, compte tenu de la profondeur et du développement potentiel, tout ne pourra être fait en une fois. Un aménagement de la cavité, dont l'équipement du dernier puits et surtout du passage de l'Audra's Door sont cependant indispensables.
Fred ROBERT
Conclusions : Les premières impressions étaient bonnes. Le siphon du Moustique est bien un regard sur un collecteur majeur du plateau de Calern. Son niveau semble être indépendant de l'actif qui alimente la vasque et lié à celui du réseau principal.
D'après la morphologie observée sur prés de 160 mètres, il s'agirait d'une faillè 'orienté SW-NO. Seule la partie de jonction entre le moustique et le collecteur, dit porte des abysses ,-a des allures de conduite forcée.
La poursuite de l'étude de ce réseau impose donc, comme prévue, un nombre de plongées importants et l'emplois de matériel lourd. Des aménagements s'imposent cependant
· Elargir le passage Audra's Door
· Aménagement d'une plate-forme d'équipement pour le(s) plongeurs(s) en bord de vasque.
Une coloration serait intéressante à effectuer pour observer les points d'éxurgence et faire un comparatif avec les traçages effectués dans l'Embut de Caussol.

Merci à tous les porteurs pour leur concours efficace et sans lesquels aucune exploration de réseaux noyés en fond de gouffre ne serait possible.
Enfin, mes compliments aux organisateurs pour la qualité du travail d'équipement et d'aménagement de la cavité...

RENSEIGNEMENT SUR LA PLONGEE

MATERIEL : r
· BI 9 LITRES 2x220 BARS
· COMBINAISON HUMIDE 7 MM AVEC SOURIS 3 MM
· 4 ECLAIRAGES TYPE LAMPE TORCHE ETANCHE
· PRONDIMETRE ELECTRONIQUE " TIMER " BEUCHAT ET ORDINATEUR DE
PLONGEE
· COMPAS IMMERGEABLE SUUNTO (PRECISION + OU -5°)
· 230 METRES DE FIL 2.5MM BLANC METRAGE INEXACT ET FRACTIONNEMENTS ENTOURES SUR BEQUETS (A MODIFIER).

PARAMETRES
· PROFONDEUR MAX : 42 METRES
· TEMPS TOTAL DE PLONGEE : 40 MN
· TEMPERATURE : 9.'C
· VISIBILITE : DE 0.2 A 20 METRES
· DECOMPRESSION (ORDINATEUR) : 2 MN A 6 METRES/ 5 MN A 3 METRES


Compte rendu de plongée du 18-03-2000, par Fred ROBERT


Malgré la sécheresse qui sévit sur le département depuis plusieurs mois, le débit de l'actif alimentant le siphon semble inchangé par rapport à la plongée du 19 septembre 1999. Le niveau de la vasque est cependant plus bas d'une vingtaine de centimètres environ. Cette première observation conforte notre hypothèse selon laquelle nous sommes devant un regard sur un réseau noyé majeur.
La vasque est troublée par notre approche, malgré toutes les précautions, et par mes préparatifs qui se font dans l'actif. Les 300 derniers mètres, particulièrement difficiles, ont argilé une partie de mon matériel et cela affecte encore la clarté de l'eau.
Un spit est planté à un mètre de la surface de l'eau pour en observer les variations de niveau. J'en profite pour y fixer mon fil.

Equipé d'un bi 9 litres à 220 bars par bloc et d'un dévidoir avec 240 mètres de fil, j'entame l'exploration avec 40 cm de visibilité. Faute de pouvoir admirer le paysage, je contrôle néanmoins le fil et constate que rien a bougé.
Dés la grande salle Calernacloche, je retrouve mes 20 mètres de visibilité et peux progresser rapidement jusqu'au terminus de la dernière plongée. Le fond est bien 15 mètres plus bas et, une fois mon fil amarré, je plonge tête première vers l'inconnu. Je ne fais pas 5 mètres que la cavité se dévoile, avec des dimensions bien plus vastes que je ne le pensai.
J'accède à une galerie par la partie supérieure de sa paroi de droite (par rapport à l'aval). Je suis à hauteur de son plafond, à 25 mètres de profondeur, et 10 mètres me séparent du fond. La paroi opposée se situe à environ 10 mètres de moi. Mes faisceaux lumineux éclairent le bleu infini de la partie avale et j'en suis à me demander si je suis en siphon ou le long d'un tombant en mer... C'est en tout cas la direction que je choisi. Les coups de palmes sont amples et le doux bruit du dévidoir qui se déroule se mêle à ceux de ma respiration.
Les dimensions sont toujours aussi importantes et j'évolue à une profondeur de 30 mètres environ. L'axe est constant dans un azimut de 45°. Le fond est toujours visible sous la forme d'un lit de graviers blancs et ocres. Les parois sont verticales, blanches et homogènes dans leur parties basses. A ma hauteur et au dessus, des béquets et autres lames d'érosion apparaissent. Une fine couche d'argile recouvre cependant ici la roche. Mes lampes, par endroit, n'accrochent plus la paroi opposée ... Des départs y sont également repérés.
Je passe juste les 100 mètres de fil déroulés que mes tiers sont déjà consommés. Sur ma gauche, j'aperçois un départ dans la paroi. Je m'y engage et, au bout de 10 mètres environ, la faille se pince. Je remonte alors jusqu'à 14 mètres de profondeur dans un nuage d'argile de plus en plus épais. Un voile de particules m'entoure, je doit être proche du plafond et je ne peux trouver une sortie ici ; j'amarre le fil et fait demi-tour. 130 mètres de fil ont été rajoutés par rapport à ma première plongée.
Il reste 110 bars dans mes blocs. De retour dans la galerie principale, je fais une pointe au fond pour récupérer les échantillons de roches demandés pour analyse. J'atteins 42 mètres de profondeur. La pente est douce mais se poursuit régulièrement. Quelques excroissances sculptées par l'eau en mouvement, d'un blanc immaculé, reflète ma lumière ... La roche est trop dure pour que je puisse casser un morceau de la parois. Je me contente donc de récupérer des graviers au sol.
Le retour à la base du puits est rapide et l'amont que j'aperçois est trop tentant pour que je résiste à l'envie d'y aller. Je progresse de 30 mètres environ. La section et la direction sont les mêmes. Mon fil est par ailleurs emmêlé sur mon dévidoir. Le froid m'engourdit et un coup d'oeil sur les manos et m'incitent à couper plutôt que de démêler.
Sur le retour, je retrouve une touille épaisse à 100 mètres de la sortie. C'est donc dans le café au lait et tout tremblant (l'eau est à 9°c) que je fais ma décompression. L'ordinateur me permet d'abréger les paliers tables et transit, je retrouve la surface après 40 minutes d'immersion.