Source des Clefmonts

ou résurgence du Pont de la Grotte

Commune de Marnaval

Carte IGN 1/25 000 3015 Est
Coordonnées : X=795,25 Y=1106,925 Z=145m

Localisation
Coupe Plan
Récit

par Roger Cossemyns

 

Fiche élaborée d’après les données de Dominique Jacquemin et les publications de Michel Pauwels (1994 « Les activités des plongeurs belges en Meuse / Haute-Marne en 1987-1993 » sous le Plancher, bull. de l’A.S.E. n°9.)


Développement : environ 2300m
700m de siphon + 850m de galerie principale + 500m de branche amont droite + 250m de branche amont gauche.

Historique

Cette exsurgence connue de longue date a fait l'objet dès 1963 de plusieurs tentatives de pompage qui n'ont pas été couronnées de succès.
En 1967, le SCSeine avait progressé de 21mdans ce siphon.
« Cette exsurgence est très anciennement connue des spéléos bragards. En effet, l’A.S.H.M. essaya à plusieurs reprises, depuis 1962, de siphonner la vasque d’entrée à l’aide de très puissantes pompes. Ces tentatives devaient échouer.
Le 29/01/1967, première reconnaissance de Alain Figuier et Bernard Plan : une pente de pierrailles, ébouleuse, inclinée à 45° environ, descend à 3m de profondeur et vient buter contre la falaise rocheuse verticale du porche de la grotte. Les deux plongeurs repèrent une amorce de chatière, entièrement remblayée.
Le 23/05/1967, Bernard Plan et Jérôme Dubois entament la désobstruction. Celle-ci est peu aisée : les blocs glissent le long de la pente et viennent reboucher l’espace péniblement gagné sur l’éboulis. Néanmoins, à la fin de cette journée, un passage est presque dégagé.
Le 18/06/1967, Dubois, Figuier et Plan poursuivent ces travaux. Une ouverture est aménagée, étroite, mais suffisante pour que Dubois puisse s’y glisser en décapelé. La galerie noyée, après ce passage difficile, est assez vaste et le plongeur l’explore sur 11m. A cette distance, après un décrochement de la voûte, le siphon continue à –4, toujours aussi large et haut. Lais les scaphandres ayant déjà servi pour la désobstruction, Dubois décide de faire demi-tour. Revenu à la chatière, il constate que l’éboulis extérieur a glissé, lui fermant ainsi l’accès vers l’air libre. Il passe alors quelques minutes désagréables à rouvrir un passage, puis ressort presque à court d’air.
Le 16/09/1967, pour éviter qu’un tel incident se renouvelle, Dubois et Plan se livrent à un nettoyage complet des blocs instables de la vasque d’entrée.
Le 30/09/1967, nous sommes à nouveau dans la grotte ; l’eau, habituellement limpide, a été troublée par un récent orage. Léger plonge en décapelé, assuré par Dubois. Il prolonge la galerie noyée sur 21m, profondeur –6m ; à cet endroit, le conduit, assez bas, s’élargit et présente plusieurs départs. Dans cette purée de pois, il est inutile de prolonger plus loin. Nous reviendrons. »
Bertrand Leger.

Description

Les ±2300 m. (estimation) actuellement explorés se répartissent comme suit :
· 700 m de siphon (topographiés)
• 850 m de galerie principale (dont 662 m topographiés)
· 500 m de branche amont droite (estimation)
• 250 m de branche amont gauche (estimation)
Le siphon présente comme caractéristique essentielle une profondeur très réduite (maximum 3 m). On peut observer deux cloches sans issue à 90 et 190 m, ainsi qu'une zone affleurant à la surface aux environs de 400 m, sans sortie. Les cloches sont situées dans des diverticules et ne constituent nullement des points de passage obligés. Le parcours, assez chaotique et tortueux jusqu'à 400 m, devient quasi-rectiligne sur les 300 derniers m.

On débouche alors dans un long bief, et après environ 200 m de pataugeage, on trouve une petite plage de galets qui permet le déséquipement. Vient ensuite un morceau assez désagréable de galerie basse où l'on progresse courbé sur 150 m, et l'on débouche enfin dans une galerie digne de ce nom. Large de 2 à 3 m pour une hauteur moyenne de 3 à 4 m, ce conduit fait irrésistiblement penser au Rupt du Puits, dans des proportions un peu plus modestes. Comme au Rupt, la rivière s'écoule paresseusement sur un fond constitué alternativement de galets et de lames d'érosion, douloureuses au pieds munis exclusivement de chaussons de plongée. La pente insensible est à peine rompue par deux mini-cascades d'une dénivellation inférieure à un mètre. De part et d'autre de la galerie, des dépôts et des restes de planchers stalagmitiques témoignent d'anciens stades de remplissage. On observe également deux affluents actifs, très petits, et deux fossiles dont l'un au moins paraît pénétrable (en rive droite).

Vers 1400 m, une grande cheminée fossile laisse entrevoir une amorce de galerie à 10 m de haut. Après 500 m. de parcours aisé, au niveau d'une cheminée d'où s'écoule un affluent, la morphologie devient brusquement plus complexe. Un passage bas jonché de blocs précède la cheminée, puis un nouveau passage bas amène sur une bifurcation à 1550 m de l'entrée (estimation). La rivière se divise en deux bras : l'affluent de gauche dégage une odeur d'égout plutôt fétide, à droite c'est plus propre et le débit semble légèrement supérieur. Dans cette zone, on peut observer plusieurs cheminées actives. A partir de là, la progression s'effectue au mieux à quatre pattes, souvent à plat ventre dans l'eau.

Dans la "rivière principale", on peut encore progresser de 500 m jusqu'à un siphon étroit mais plongeable, l'affluent puant a été remonté sur 250 m sans en voir la fin.

Et alors, la suite ? Ces débuts plus que prometteurs auraient dû nous inciter à continuer, et telle était bien notre intention... La découverte de la Bézerne a bien sûr été un facteur de ralentissement, mais nous nous sommes surtout heurtés aux Clefmonts à un problème inattendu : la vasque d'entrée a été "agrémentée" d'une solide grille empêchant tout accès.
Il nous a été dit tout d'abord que le terrain appartenait à une usine voisine. Diverses démarches n'ont cependant pas abouti. Aux dernières nouvelles (août 92), la commune de Saint-Dizier aurait acquis le site pour en faire un jardin public, et la grille devait être incessamment retirée. Effectivement, le site a connu un début d'aménagement (nettoyage du terrain et déboisage). Toutefois, à ma dernière visite (novembre 93), tout était à l'abandon, la végétation a repoussé, et la grille est toujours là...

Bibliographie

1965 - Rétrospective des activités depuis 1953 de l'A.S.H.M.- Bulletin de l'A.S.E., no 2.
1968 - Fontaine du Pont la Grotte.- Bulletin A.S.E., no 5.
1968 - Plongées souterraines par le Spéléo club de la Seine / B. Léger.- Spelunca, no 2.- p. 15.
1973 - Plongées souterraines dans l'Est de la France / B. Léger.- Spelunca, no 1.- p. 18.
1974 - Etude des circulations dans les calcaires porlandiens des vallées de la Saulx et de l'Ornain / P. Personnet.- B.R.G.M., Service Géologique Régional Nord-Est.
1987 - Circulations des eaux souterraines dans les calcaires portlandiens des vallées de la Saulx et de l'Ornain.- Mardelle, no 1.- p. 60
1987 - Avec du vieux on fait du neuf : plongées spéléo en Meuse et Haute-Marne / M. Pauwels.- Regards, no 2. p. 34-36.
1988 - Les Clefmonts ou siphon du Pont de la Grotte.- Mardelle, no 2.- p. 55-64.
1989 - Rapport [1988] / U.B.S., Commission de Plongée Souterraine.- p.10.
1990 - Rapport d'activités 1989 / U.B.S., Commission de Plongée Souterraine.- p. 12-16.
1990 - Plongées en Meuse et Haute-Marne / L. Funcken, M. Pauwels.- Regards, no 7.- p. 13-21.