Source Bleue

ou la papèterie

Commune de Villiers sur Marne

Carte IGN 1/25 000 3117 Ouest
X=808,52 Y=1072,68 Z=215m

Localisation
Coupe Plan
Récit

par Maxime de Gianpietro

 

Fiche élaborée par Dominique JACQUEMIN

Voir explos JML JL Carron



par Rodolf Casteix

par Rodolf Casteix

la vasque par Rodolf Castex

Historique

Bertrand Léger en 1967 : « C’est par l’intermédiaire d’un journal local que M.Thullier, propriétaire de la Fontaine Bleue, apprit l’existence de notre groupe. Très aimablement, il nous invita à venir reconnaître cette exsurgence.
Le site est prenant : un joli étang ombragé, aux eaux véritablement bleutées, vient buter contre un puissant coteau. A l’autre extrémité, un déversoir, une chute d’eau et enfin un petit chenal canalisant la rivière vers la Marne toute proche. Le siphon proprement dit débute par un entonnoir descendant à –5, encombré de blocs plus ou moins scellés par les graviers ; L’eau est si limpide que de la berge on peut suivre la chute d’un menu objet jusqu’au fond de cet entonnoir ;
Le 25/09/1967, B.Plan et Jérôme Dubois effectuent une première reconnaissance. Le fond de la cuvette est tapissé de gros blocs. Derrière l’un d’eux, il semble exister un vide. En six heures de désobstruction subaquatique, les deux plongeurs, aidés par deux membres de l’A.S.H.M., parviennent à desceller et enlever l’encombrant caillou. Au-delà, une chatière se présente, peu rassurante car ouverte dans l’éboulis instable. Il est tard, et les scaphandres sont presque vides. Dubois décide néanmoins d’effectuer une courte pointe.
Il franchit la première chatière, puis la deuxième plus étroite encore. Une descente facile le mène ensuite à –11 et à une distance de 15m de la vasque, à l’orée d’une vaste galerie noyée large de 4m et haute de 3m environ. La visibilité est très bonne et le plongeur aperçoit le prolongement du siphon sur au moins 10m.
Vu l’aspect prometteur de la Fontaine Bleue, nous mettons sur pied une attaque en règle pour le 1/10/1967.
Ce jour-là, nous immobilisons la barque à l’aplomb de l’ouverture du siphon. Alain Figuier reste dans celle-ci, tout équipé, prêt à intervenir à la moindre alerte. Bernard Plan descend à –5m et se poste au fond de l’entonnoir, ceci afin de pouvoir l’aider, si besoin était, les plongeurs de pointe dans les chatières d’entrée ; Bertrand Léger et Jérôme Dubois partent en décapelé, reliés par une cordelle de 4m ; le premier contrôlant la profondeur et le temps de plongée, le second surveillant le déroulement du dévidoir, d’une contenance de 140m de cordelette ;
La galerie, une fois les étroitures franchies, descend rapidement à –15m ; à cette profondeur, elle devient sensiblement horizontale et se dirige vers l’E. S.E. Le parcours n’offre aucune difficulté majeure jusqu’à 62m de l’entrée. A cet endroit, nous parvenons dans une salle sans issue apparente, dont le plafond se trouve à la côte –16m. Le plancher de cette salle est percé et une étroite diaclase, sinueuse, profonde de 3m environ, nous permet de continuer l’exploration (nous l’avons surnommée « le canyon »). A sa base, la paroi de droite est percée et nous nous engageons dans la suite : c’est un affreux laminoir cupulé, haut de 40 à 50 cm, dont le plafond se trouve à la côte –19m. Nous progressons de 5m à l’intérieur et parvenons ainsi à 70m de l’entrée. A ce niveau, notre dévidoir-cordelette se bloque et force nous est de faire demi-tour. Revenus au niveau du canyon, nous coupons la cordelette et revenons en suivant ce fil d’Ariane.
A près 20 minutes de plongée, nous émergeons.
Ce siphon offre peu d’espoir de franchissement, étant donné la profondeur atteinte et surtout à cause des difficultés soulevées par l’exploration des galeries noyées en décapelé. Néanmoins, nous y reviendrons prochainement avec un dévidoir de 200m, en installant un relais de plongeurs au niveau du canyon. »

agrave; 190 m de la vasque d'entrée par Bertrand Léger (1971), elle était réputée terminée par une cloche sans issue praticable. Après l'accident mortel survenu en 1972 à un plongeur de Saint-Dizier, elle semble avoir été délaissée par les plongeurs locaux.
Michel Pauwels : Le site nous a été signalé au début de 1987 par Jean-Marie Goutorbe du GERSM de Bar-le-Duc. Une désobstruction de l'entrée, menée avec l'aide de J.P. Bastin (SCUCL), a été nécessaire pour rouvrir l'accès à la première petite salle noyée. De là, en deux ou trois séances de rééquipement, nous atteignions la fin du fil en place.
Le W.E. du ter mai 1987 m'a permis de découvrir la suite : après un léger décrochement, la galerie continue de façon sensiblement parallèle. La cloche, située dans un diverticule latéral, n'a pas été revue.
Plusieurs pointes s'ensuivront, permettant de dépasser d'abord les 500 m puis, le 1 er novembre 1987, après 700 m de parcours, ce sera la sortie du siphon. Vu la faible pente générale, un long bief se présente encore avant de prendre pied sur une petite plage de galets. La suite est une classique progression en rivière, dans une galerie au début assez basse qui ne tarde pas à se relever pour permettre la station debout. Seul et en combinaison étanche néoprène, arrêt après 150 m sur échauffement,
L'explo post-siphon étant une chose incontestablement plus agréable à deux, restait à trouver un plongeur qui soit apte à franchir du premier coup ces 700 m de siphon inconnu. C'est finalement une plongeuse, Dominique Ivens (G.A.G.), qui relèvera le défi. Deux séances au pas de course nous permettront de reconnaître environ 1100 m de galerie exondée, de finir la topo du siphon et d'entamer la topo de la galerie jusqu'à une panne de topofil. Pour immortaliser cet instant, je m'essaierai également au reportage photo, avec toutefois un succès plus que relatif...
En mai 88, nous retournons à Marnaval pour une nouvelle pointe et choisissons la branche de droite (au sens orographique), qui nous a déjà livré 200 m. Après 300 m supplémentaires de progression chiante, à quatre pattes ou en rampant dans l'eau, nous ne sommes pas fâchés de voir enfin apparaître un siphon. Ouf, nous pouvons faire demi-tour la conscience en paix, tout en préférant ne pas penser à l'éventualité d'une future plongée en ces lieux reculés...
La Haute-Marne, ce n'est pas bien loin de la Belgique mais on n'y va tout de même pas comme dans son jardin. Aussi n'est-ce qu'en février '89 que Dominique et moi prenons la bonne résolution d'aller continuer la topo. Il faut dire que les amateurs pour ce genre d'explo ne sont toujours pas plus faciles à recruter. Cette fois, j'ai bien pensé à inviter Luc Funcken, mais j'ai aussi commis l'erreur de lui montrer le site de la Bézerne. Et ceci est une autre histoire que nous vous contons par ailleurs...
En attendant, il nous faut une fois de plus nous taper les 700 m de siphon pour aller tirer une bobine de topofil dans le réseau post. Une fois la bobine épuisée, rapide conciliabule : si on allait voir ce qui se passe dans la branche de gauche ? Et nous voilà derechef embarqués pour 200 m de quadrupédie aquatique, le scénario n'est guère varié ! Histoire de ménager un peu de suspense pour de futures publications, nous décidons d'un commun accord d'arrêter les frais. Rééquipement, refranchissement du siphon qui devient presque de la routine, et la suite au prochain numéro...