Résurgence de la Bézerne
Commune de Cousances les Forges |
Localisation
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Récit
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par Roger Cossemyns |
Fiche élaborée par Dominique Jacquemin, Michel Pauwels et Luc Funcken (1994 « Les activités des plongeurs belges en Meuse / Haute-Marne en 1987-1993 » sous le Plancher, bull. de lA.S.E. n°9). Compléments Michels Pauwels 2007
Historique L'entrée du siphon avait été visiblement désobstruée lorsque Michel Pauwels et Luc Funcken entreprennent leurs premières plongées en 1989. Aidés par d'autres plongeurs belges : Jean-Pierre Bastin, Roger Cossemyns et Dominique Ivens, ils désobstruent une trémie à 30 m (-6), une seconde à 390 m (-10), et poursuivent l'exploration jusqu'en 1991. Arrêt sur rien à 1670 m de l'entrée, à proximité de la surface. En 1993 une dernière série de plongées permet de lever la topographie jusqu'au point 1670 et de gagner encore 18 m pour enfin sortir le siphon.
La flaque d'entrée du siphon ne paie vraiment pas de mine (maximum 1 x 2 m) . Elle se situe sous un talus routier, on y accède par les buses de canalisation des eaux. En crue et par fort débit, un flot tantôt clair, tantôt boueux, peut sortir de la flaque ; mais la plupart du temps il s'agit d'eau stagnante, l'exsurgence des eaux se faisant dans le lit du ruisseau plus en aval. Directement après la flaque, on doit se faufiler entre des blocs sur quelques mètres (un bi 2 x 12 passe tout juste) pour arriver au sommet d'un premier puits de 7 m. A sa base, la galerie se dirige vers le nord et mène, après 30 m, à un nouvel éboulis (désobstruction) qu'il s'agit de franchir en se glissant entre les blocs. La suite conduit peu après à un passage surbaissé sur la droite qui livre accès à une galerie haute de plus de 2 m. Vers le point 100, un puits de 10 m de profondeur donne accès à un point bas (-15 m) , via un laminoir tapissé de graviers et un nouveau passage éboulé. A cet endroit, le conduit reprend des dimensions plus importantes et remonte en pente douce sur de l'argile pour atteindre le point 200 à -3, base de la première cloche. La galerie continue tout droit et au point 250 (-5), un plan incliné permet d'accéder à un nouveau passage surbaissé (-20 ). La suite jusqu'au point des 390 m est plus malaisée : nombreuses écailles rocheuses dans le chemin, diverticules secondaires, éboulis, passages surbaissés. Elle se situe entre -20 et -15. Au point 390, l'eau surgit d'entre les blocs (des déblais ont été effectués), il faut franchir une grosse trémie en se faufilant dans l'éboulis. Au-delà, le sol se redresse, il est tapissé d'éboulis et d'argile. Sur la droite on accède à la grande cloche via des talus de boue; sur la gauche, vers -10, la galerie s'oriente vers le N-0. Le sol est toujours tapissé d'argile et quelques élargis sements encombrés d'éboulis égaient le passage. Une douce remontée mène à -2 à la base de la cloche du point 500. La galerie continue tout droit vers le nord. Jusqu'au point 600, elle présente la même morphologie : assez plate, sur joints et parsemée d'éboulis. A 600 m un élargissement livre différentes possibilités. Du plafond, une diaclase monte verticalement ; devant, le sol se dérobe et on descend de 4 a 5 m ; vers le N-E, un passage colmaté après 30 mètres. La suite continue vers le Nord, la galerie devient plus haute et ressemble à un conduit sur fractures. Par endroits, la base de la galerie s'élargit et elle présente ainsi un joli profil en "T" inversé. Vers le point 700, un talus de glaise oblige à monter dans la fracture (+/- 50 cm de large) pour redescendre directement après dans la galerie qui continue avec la même morphologie que précédemment jusqu'à environ 780 m. A cet endroit, un barrage de blocs oblige une nouvelle fois à monter et on arrive ainsi dans la cloche à 800 m (10 m de profondeur d'eau). La continuation se trouve avant la montée vers la cloche sur la droite. En descendant derrière un éboulis, un talus de graviers pend vers un passage surbaissé. Au delà, le conduit change de morphologie, il est plus bas et le sol est encombré de dunes d'argile entre lesquelles il faut passer. Un nouveau boyau surbaissé donne accès à un tronçon plus spacieux. La profondeur va diminuant jusqu'au point 880, où l'on atteint la surface sans ressortir pour autant. Jusqu'à 930 m le conduit, toujours de bonne dimension, redescend petit à petit et atteint -7. Un gros élargissement laisse voir, par bonne visibilité, la suite en contrebas sur la gauche. Jusqu'au point 970, la profondeur oscille aux alentours de 9 m, elle diminue peu après vers 1.000 m environ. Un coude à angle droit vers l'est montre une nouvelle figure de galerie : plus haute, d'aspect méandriforme (moins d'un mètre de large), on y progresse à mi-hauteur entre des parois claires pourvues de nombreuses aspérités. Après un nouvel élargissement, un talus de glaise oblige à descendre sur la droite pour atteindre -9 dans un conduit surbaissé. Au-delà, la galerie reprend des dimensions très honnêtes et se poursuit jusque 1.170 m. Ensuite elle présente des tronçons de moins en moins sinueux, et se dirige plein Nord jusqu'à 1.330 m. Au-delà, le siphon présente les mêmes caractéristiques. Seul un ébou lis aux alentours de 1.400 m rompt la monotonie en présentant une étroiture qui se franchit en raclant assez fort. Enfin, à 1.760 m, la galerie devenue assez basse bute sur un véritable mur. A droite (rive gauche) on ne trouve qu'un très court diverticule, tandis qu'à gauche un dernier palmage de 18 m permet de ressortir dans une minuscule cloche en se faufilant à travers un éboulis. De l'amont l'eau vient à travers l'éboulis en narguant le plongeur…
Généralités Le siphon doit être obligatoirement parcouru à la palme, la mauvaise visibilité empêche en effet l'usage de "loco". A plusieurs reprises, les retours ont été effectués en visibilité nulle ou maximum 50 cm. En très bonnes conditions, la visibilité peut atteindre 4 à 5 m à l'aller mais diminue immédiatement après un passage à cause des talus d'argile omniprésents. Plus fréquemment, la visibilité à l'aller avoisine 1 à 2 m. Au retour, les derniers hectomè tres parcourus se font à l'aveuglette et, après deux à trois cents mètres, on commence à voir sa main sur le fil. Les temps de plongée commencent à se faire de plus en plus longuets. Si une heure est utile pour aller et revenir de 500 m, il faut au moins 4 bonnes heures de plongée pour atteindre la cloche terminale et en revenir. Le matériel à utiliser devient également considérable. L'usage de grosses bouteilles dorsales est malaisé de par la présence des étroitures, des éboulis, et passages surbaissés... Les pointes s'effectuent avec un bi 12 litres et une bouteille ventrale (souvent poussée devant) de 20 l jusqu'à 500 m, où une autre bouteille relais de 20 l, préalablement déposée, permet de tirer sur ses palmes jusqu'à 1.000 ou 1.100 m avant d'attaquer le bi, qui passe tout juste dans l'étroiture de 1.400m. A noter qu'à ce jour (avril 2007), la trémie de 390 m s'est fortement laissée aller et que le passage n'est plus possible qu'avec des bouteilles latérales. Bibliographie 1974 - Etude des circulations dans les calcai res portlandiens des vallées de la Saulx et de l'Ornain / P. Personnet.- B.R.G.M., Service Géologique Régional Nord-Est. 1990 - Rapport d'activités 1989 / U.B.S., Com mission de Plongée Souterraine.- p. 12-16. 1990 - Plongées en Meuse et Haute-Marne / L. Funcken, M. Pauwels.- Regards, no 7.- p. 13-21. 1993 - Rapport d'activité des plongeurs belges 1990-1992 / U.B.S., Commission de Plongée Souterraine.- p. 6-8. 1994 - Les activités des plongeurs belges en Meuse / Haute-Marne en 1987-1993 , Sous le Plancher, bull. de l'A.S.E. n° 9
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