H.uente Obar

Asturies
Massif occidental des Picos de Europa
Conceyu de Cabrales
X=351,45 Y=4792,5 Z=190 m

Développement : 3 068m
Dénivelé : 159m

 
Localisation
Récit


Fiche rédigée par Frank Vasseur et Damien Vignoles (S.C.Taupes Palmées)

Situation

Sur la route de Arenas de Cabrales à Poncebos, dans le défilé de « canal negra », prés de la confluence entre le Rio Cares et la riega de las caldas, sur la rive opposée à la cabane de Obar.
Parquer les véhicules au bord de la route, 1000 m avant le barrage et traverser le rio pour trouver l’entrée, en rive gauche.

Historique

Connue de longue date par les autochtones pour ses eaux chaudes, à la température supérieure à celle du Rio Cares. Trois expéditions de la S.S.S.Genève (Cathy Loumont, André Pahud) et du G.S.Doubs (Dominique Bertin,Gérard Chorvot) de 1978 à 1980 permettent de prolonger l’exploration jusqu’au S.4.
Le dernier jour de l’expédition « Picos 2004 », Eric Julien, Kino Passevant et Damien Vignoles escaladent une cheminée au-dessus du S.2 et explorent 600m de puissantes galeries.
L’expédition « Picos 2005 » (GRAMMONT Denis, PASSEVANT Kino, VASSEUR Frank, HANIN Marilyn, WIENIN Michel, JULIEN Eric, DIGHOUTH Medhi, VIGNOLES Damien, Xesus MANTECA), lève l’intégralité de la topographie et porte le développement à plus de 2488 mètres.
Arrêt par manque de temps, sur des galeries inexplorées et un siphon cristallin.

Juillet 2007 : Spéléo Club des Taupes Palmées : Romuald Barré, Kino Passevant, Michaël Bappel et Damien Vignoles découvrent la suite dans le réseau fossile de l'affluent. La topographie est portée à son développement actuel.

Description

Siphon 1 : L'entrée de la cavité est sise entre deux blocs que seule la couleur légèrement plus claire des galets permet de repérer.

Les dimensions n'inspirent guère et pourtant après 3m la galerie virant à droite dévoile sa splendeur. L'eau y est cristalline. En partie gauche on peut même s'offrir le luxe d'une eau à 23°C. Après 80m le conduit remonte brusquement des -8m de profondeur moyenne . On émerge dans un lac en forme de diaclase. A l'est une coulée de calcite permet de se hisser tant bien que mal dans une partie fossile.

Début de l'exondé : On quitte momentanément l'actif. La progression se fait entre de gros blocs parfois bien concrétionnés, un petit ressaut de 3m redonne sur l'actif, mais hélas nous perdons presque immédiatement celui-ci à la base du grand toboggan, l'eau surgissant d'un boyau impénétrable d'environ 40 cm de diamètre. La remontée de ce grand plan incliné peut se faire en libre pour le premier ; délicate elle nécessite l'installation d'une corde de 50m pour les suivants. En s'insinuant entre des lames de marbre noir on accède à une jolie galerie au parcours chaotique, un passage enchaîne E3 puis R3, peut être sécurisé avec un bout de corde de 10m. Cette galerie donne dans la salle de l'échelle anglaise. En fixe depuis pas mal de temps, nous l'avons doublée d'une corde neuve en août 2005. Cette E10 étant absolument verticale, elle a dû être réalisée au mât. Encore deux petits plans inclinés à gravir puis nous arrivons à une succession de lacs peu profonds.

La grande salle : Dans celle-ci, au dessus d‘une grande stalagmite écroulée, un balcon livre l'accès à quelques dizaines de mètres de galeries situés au dessus de la galerie principale mais qui se terminent rapidement sur des coulées de calcite. Cette salle témoigne d'une grande section de galerie fossile (environ 8m). Située dans un étage fossile, elle est colmatée à ses deux extrémités par des coulées de calcite. La galerie continue dans des dimensions confortables. En divers endroits, de petites escalades permettent d'aller admirer quelques formes de concrétionnement.

Après le franchissement de deux lacs, nous arrivons à un ressaut de 4m, où une corde de 8m est indispensable.

Puits Domino : A la base du ressaut, un départ sur la droite donne sur le puits Domino. Nous n'y sommes pas descendu, mais les expéditions précédentes y mentionnent un regard sur l'actif ainsi qu'un siphon non plongé.

Galerie de la baignoire

Revenu à la base du ressaut, un toboggan peu incliné enchaîne avec un conduit descendant avant et après la baignoire jusqu'à rejoindre l'actif. Le siphon amont a été plongé et franchi par les expés précédentes, apparemment c'est très étroit. La voûte mouillante aval a été franchie également mais la suite étroite ne donne guère envie de faire le bouchon.

L'escalade de 20m. Equipée en fixe, elle a été réalisée en artif sur une bonne partie. La galerie est par la suite de dimension correcte (3x4m), toujours remontante, il faut là encore une corde (40m). Un lac s'équipe en vire sur la gauche, une petite escalade de 2m puis le conduit redescend jusqu'au point bas de +60m. Suit une série de 2 escalades de 5 m, une descente jusqu'au grand lac où il faut choisir entre la nage et grattonner sur les bords pour éviter de se mouiller jusqu'au cou. En sortie de lac une galerie non topotée jonctionne avec le point bas de la grande salle.

Salle à manger. Carrefour de ce réseau, lieu de restauration pour l'équipe, vestiaire également car à partir de ce point la suite se fait au sec.

Réseau fossile boueux

La première corde rencontrée dans la salle y mène, escalade de 9m déversante réalisée en artif. En haut de celle-ci, nous avons escaladé une succession de toboggans qui butent sur des coulées de calcite sans espoir de suite.

Comme son nom l'indique, boueuse mais confortable au début, la galerie est parfois semi-colmatée par des coulées de calcite qui obligent à la reptation. En plusieurs endroits on peut entrevoir des départs en hauteur que nous n'avons pas explorés. Au bout de 200m environ, le conduit s'abaisse en une voûte mouillante de boue liquide, mais nous stoppons l'exploration pour cette année. Il faut avouer que ce passage n'est guère engageant malgré un léger courant d'air.

Réseau principal : Conduit de section moyenne apparemment semi-actif, il bute rapidement sur un beau siphon. Revenons en arrière ; un passage remontant sur la droite permet la suite de l'exploration. En rive droite un départ siphonne rapidement. La galerie devient ensuite étroite et débouche au bout de quelques mètres sur la cascade de 6m remontée en artif. Passé cette difficulté l'ambiance est au rendez vous, petite cascade de 2m, lac à traverser à la nage encore une belle cascade puis … siphon. Magnifique certes, mais terminus des explos de cette année 2005.

En revenant nous tentons une escalade au dessus de la cascade de 6 mais nous ne découvrons que quelques dizaines de mètres de galeries supérieures jonctionnés par des jets de cailloux avec la galerie principale.

La galerie aval de la base de la C6 siphonne au bout d'une vingtaine de mètres.

Réseau de l'affluent

Affluent que nous ne voyons guère dans cette partie de la cavité, en effet s'agissant d'une zone largement sur-creusée, seul le bruit lointain nous accompagne pendant l'exploration.

Nous avons tenté d'en suivre le cours dans le bas du méandre mais le cheminement trop étroit nous a rebutés.

Salle du bitos : En sortant de cette galerie sur-creusée, nous arrivons à la salle dite du « bitos », un passage sur rive droite permet de rejoindre l'actif, mais le cheminement y est peu aisé, nous n'en avons pas poursuivi l'explo au delà du terminus topo.

De cette salle donc, c'est la corde qui pend sur une coulée qu'il faut emprunter. Par la suite le méandre atteint 23m de haut pendant une centaine de mètre, la voûte s'abaisse, à cet endroit il vaut mieux passer par une galerie remontante sur la droite pour éviter l'actif étroit. En plafond le haut du méandre rejoint le réseau fossile de l'affluent.

Carrefour des Rhomboèdres : Nous arrivons au carrefour du réseau fossile. Une corde de 10m est nécessaire dans le plan incliné. Entre les blocs un départ sur la gauche rejoint le méandre précédemment délaissé.

Vers le point 1393m : A la base de ce plan incliné la suite est dans l'actif. En effet la grosse conduite remontante s'achève sur une étroiture et une escalade facile au point 1225m.

Le cheminement devient pénible, la roche est ici largement plus déchiquetée. Un bruit sourd se fait entendre, le plafond se relève brusquement. Un enchaînement de cascades dont une de 12m permettent de se déplier un peu, puis c'est reparti dans l'étroitesse d'un bas de méandre. A plusieurs reprise nous avons tenté d'atteindre des niveaux plus larges en hauteur. Mais ces galeries larges et fortement concrétionnées sont régulièrement colmatées.

Le retour dans le bas du méandre s'impose systématiquement jusqu'à la trémie terminale. Très instable, elle est due au contact avec les lignites et nous laisse sans grand espoir.

Réseau fossile de l'affluent : Revenu au carrefour précédemment cité , une belle galerie « cristalline » parsemée de rhomboèdres remonte par une succession de petites escalades. Dans une petite salle de 10 m de diamètre, une courte escalade de 6m permet d'accéder à la galerie Zoé magnifiquement concrétionnée.

Après une progression de 60m nous arrivons dans la salle Yohanne, un pissadou de 30m semble indiquer une suite. Deux grands porches sont visibles de part et d'autre à environ 25m de hauteur. A l'est de la salle une escalade entre les lames permet d'accéder à un grand balcon. De cet endroit, de nombreux départs volumineux s'offrent à nous.

Nous décidons de topographier la galerie la plus proche et la plus accessible.

Le début de la suite amont a été reconnu en contournant la salle par des concrétions.

Galerie du 14 juillet : C'est gros ! Il faut crapahuter entre de gros blocs pour atteindre l'entrée de la galerie. Après un porche de 10 par 20, la suite se présente sous forme d'un méandre fossile jusqu'à la salle du point X où un des départs nous ramène vers la salle Yohanne . Nous continuons de topographier ce méandre dont les dimensions plus qu'honorables ne rivalisent pas avec la diversité et la beauté du décor. Nous rencontrons le long de notre progression des colonnes, des méduses, des cierges, des concrétions de gypse, des aragonites et des excentriques… Au sommet d'un éboulis, la suite parait évidente.

Zone de Texte: Cette exploration s'est faite dans le cadre des expéditions Picos 2003, 2004, 2005 et 2007 où ont participé : Espagne: Ramon OBESO AMADO, Juan-José ALONSO, Isidro BAIDES, Irène BARAJAS EBERLE, Juan José BARAJAS EBERLE, Martin BURGUI, Christina et Oscar CUADRADO MENDEZ, Xosé LLUIS DEL RIO FERNANDEZ, Javier LUSARRETA, Josep GUARO, Xesus MANTECA, Francisco SOLIS GONZALEZ.  France: Medhi DIGHOUT, Delphine et Christian DEIT, Denis GRAMMONT,  Marilyn HANIN,  Richard HUTTLER, Eric JULIEN, Nadir LASSON, Laurent MESTRE, Kino PASSEVANT, Mathias ROSELLO, Guillaume TIXIER, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Michel WIENIN  Belgique: André-Marie DAWAGNE, Jean-François MANIL, Marc VANDERMEULEN    Remerciements:  Le Beluga, Les Taupes Palmées, Spéléo Club des Causses, Club Subaquatique Sud Aveyron, Société Cévenole de Spéléologie et de Préhistoire, Ensame Aguaron, Grupo d'espeleoloxia Gorfoli, Commission régionale de plongée souterraine Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées (FFESSM), Commission Relation et Expédition Internationale (FFS), Camping PICOS DE EUROPA

L'ensemble des résultats ont étés déposés auprès de la CREI sous les numéros: 14/2003; 22/2004; 32/2005; 33/2007.

Karstologie

L’arrivée d’eau chaude serait due à des remontées d’eau profonde, facilitées par les discontinuités tectoniques.
Débit d’étiage : 20 litres / seconde.
Température : 14°C.
De par sa situation, la Fuente de Obar pourrait être la résurgence du secteur E du massif de Llorosos, mais aucune coloration ne l’a confirmé.

 

entrée siphon par Richard Huttler

S1 par Richard Huttler

vasque amont par Richard Huttler