Grotte de CORVEISSIAT

Commune de Corveissiat,
département de l'Ain

Situation


Cette résurgence se trouve sur la commune de Corveissiat. Prendre la route en direction de Thoirette. Avant un tournant à gauche, la grotte est indiquée par un panneau. Un sentier s'ouvre dans le mur, au niveau du belvédère, il descend sur la droite, le long de la falaise. Arrivé en bas, un chemin emmène le long de la roche, au porche d'entrée. A ce jour le dernier tiers du sentier est interdit à la circulation à cause de risques d'effondrements.

Accès


L'accès à la grotte est soumis à autorisation. L'entrée est fermée par une grille, il est nécessaire de demander la clef en Mairie. Cette fermeture est surtout motivée par une volonté de protéger la cavité et d'éviter que « monsieur tout le monde » puisse y pénétrer.

Presentation


La grotte s'ouvre au pied d'une falaise imposante et au fond d'une reculée profonde, c'est à dire une vallée qui pénètre dans un plateau et qui' s'arrête brutalement et de laquelle résurge une rivière. Cette reculée est appelée vallon de la Balme. La résurgence de Corveissiat marque l'apparition des eaux perdues 4,4 kilomètres plus loin à la perte de la Cabonne. Une coloration a été réalisée en 1996. Entre les deux et sur l'axe supposé de circulation des eaux se trouve le gouffre d'Alencia. Ce gouffre a été nettoyé avec de très gros moyens sous l'impulsion du SCV (Spéléo Club de Villeurbanne) en 1995.

La cavité dans sa première partie abrite de nombreuses espèces, insectes, chauves souris, etc... ! L'espace est classé Natura 2000 et donc protégé.
La qualité des eaux de la résurgence est mauvaise. Plusieurs études ont été et sont menées afin de surveiller l'évolution. Les pollutions sont d'origines humaines évidemment, fosses septiques, agriculture, station d'épuration, etc... ! Une certaine amélioration est tout de même observée, notamment depuis la fermeture d'une porcherie. Néanmoins, l'eau est polluée et nous avons testé à nos dépends par des troubles gastriques récurrents après certaines plongées !
La visibilité est souvent médiocre voir mauvaise.
En cas de pluie la cavité est souvent praticable dans sa première partie, mais devient très rapidement infranchissable à partir du S5. La section réduite de ce siphon influe directement sur la force du courant, le fameux effet Venturi.

Description


L'entrée dans la cavité se fait par un porche monumental. La première partie est constituée par une rivière souterraine qui conduit jusqu'au départ du S1 après plus de 150 mètres de progression. Plusieurs galeries et affluents débouchent dans cette galerie.

L'entrée dans le S1 se fait par un passage assez bas, de type laminoir. Il est possible de franchir les deux premiers siphons sans sortir de l'eau. Après 30 mètres dans le S1, il est possible d'émerger dans une belle salle.

Le passage entre le S2 et le S3 nécessite de gravir un monticule de roche. L'épreuve est courte mais l'air est souvent « gazé » rendant l'effort plus pénible.

Le passage entre le S3 doit se faire par une trémie assez intime (blocs montés en latéral obligatoire). Entre le S3 et le S 4, il est possible de sortir dans une belle salle avec un beau lac. Au bout du lac se situe une première salle d'effondrement. Le passage entre ces deux siphons peut se faire sans sortir de l'eau.

A la sortie du S4, une galerie conduit vers le S5 bis. Le départ du « vrai » S5 se situe à gauche du lac.

Le S5 s'enfonce rapidement et il devient tout aussi rapidement assez intime (bouteilles montées en latéral). Le contraste avec les volumes généreux des galeries avant et après ce siphon est significatif. La sortie du siphon se fait par une faille remontante assez intime (le franchissement est souvent plus délicat au retour, l'effet hameçon...!). En haut de cette faille, la galerie repart à l'horizontale. Tout droit, elle ressort et se divise. La galerie gauche conduite à un siphon plongé, gavé de boue qui donne accès à une petite galerie polluée. La galerie de droite conduit au siphon n°6. Avant de sortir le S5, est possible de prendre une petite conduite forcée sur la droite pour arriver directement dans le S6. Très court il débouche dans l'extrémité du grand lac.

A l'autre extrémité se situe la grande salle d'effondrement (une soixantaine de mètres de haut).

La suite, le départ du S7, se trouve sur la gauche du lac. La galerie reprend alors des dimensions plus généreuses. La progression suit son cours (S7/S8/S9) avec une alternance de rivière souterraine exondée, de cloches, de salles d'effondrement et de siphons.

Le siphon n°10 commence à la même profondeur et il s'enfonce ensuite sur une pente de graviers jusqu'à la profondeur de - 26 m, le point bas du réseau. La sortie du siphon se fait par une remontée « brutale ». On émerge dans un lac et dans une salle. Une sorte de marche doit être franchie, un peu comme pour sortir d'une piscine (naturelle). Sur la gauche une galerie boueuse conduit à un siphon colmaté.

Le siphon n°12, part juste en face. Il ressort avec une nouvelle progression dans la rivière souterraine, pour enfin donner accès au dernier siphon exploré à ce jour : le S12. Les dimensions des galeries à partir du S7 oscillent entre 3 et 4 mètres de large pour 2 à 3 mètres de haut.

Les siphons sont répartis comme suit :
S1 - 30 m / - 6 m
S2 - 35 m / - 6 m
S3 - 25 m / - 5 m
S4 - 20 m / - 5 m
S5 - 66 m / - 9 m
S6 - 2 m / - 1 m
S7 - 70 m / - 2 m
S8 - 20 m / - 2 m
S9 - 40 m / - 2 m
S10 - 150m / - 26 m
S11 - 540 m / - 9 m
S12 - 460 m / - 20 m

Historique


1954. Les Lyonnais du Clan de la Verna s'intéressent à la résurgence. Michel Letrone et Daniel Epelly plongent le S1. Ils ressortent dans la salle 1 et ils tentent de trouver la suite. En vain.

1974. Plongée de Christian Jarret et de Lylian Rota du SDNO, ils réequipent le premier siphon.
Ils replongent trois mois plus tard en compagnie de Christian Locatelli et de René Niogret. Le S2 n'est toujours pas trouvé.

1975. Lylian Rota et René Niogret traversent le S2. Christian Locatelli et Didier Loomans les suivent. Quelques jours plus tard, Christian Locatelli et Lylian Rota traversent le S3 et ils découvrent une grande salle. Un effondrement se produit suite à d'importants tirs d'explosifs sur la route au-dessus de la grotte. Le passage du S3 est bloqué. De plus, une porcherie déverse ses effluents dans la nature. Les eaux et la grotte subissentt une pollution importante.

1990. Fin des activités de la porcherie et réduction de la pollution. A partir de cette période, les plongeurs du SDNO, Philippe Buire, Jean Marc Poncin, François Bornéat et Laurent Mestre replongent dans la grotte. Ils entreprennent la désobstruction du passage dans le S3.

1995. C Locatelli replonge le siphon.

1996. Philippe Buire assuré par JM Poncin escalade la cheminée derrière le S2. Sans résultat.

1998. Philippe Wohrer plonge plusieurs fois dans la grotte. Accompagné de Nicolas Maigan qui trouve le passage dans une trémie composée de blocs imposants. Ils ressortent dans la Salle 4.

1999. Marc Ferrante et P. Wohrer découvrent le S5 et ils débouchent dans la Salle 5. Une galerie horizontale est parcourue par PE Deseigne jusqu'à un siphon. (Non plongé).
En parallèle, des escalades sont réalisées par l'équipe du SDNO.

2000. C Locatelli et M Beltrami plongent le siphon, au bout de la galerie horizontale. La trémie instable bouge, ils renoncent suite à cet incident. C Locatelli, Ph Buire et F Bornéat découvrent l'actif et donc le S5. Ils s'arrêtent sur un « bouchon de sable », le courant arrive par une faille en plafond, jugée impénétrable.

2001. Reprises des explorations par l'équipe Bulles Maniacs. Découverte de la suite à la sortie du S5 par une faille étroite au plafond. Découverte du grand lac, de la grande salle et du 7 éme siphon.

2002. Bulles Maniacs. Plongée en équipe du S7, S8, puis S9. Arrêt devant départ S10. Plongées du S10 avec arrêt sur autonomie à - 25m.

2005. Sortie du S10, plongée solo. Quelques jours plus tard, plongée du S11, à deux (H cordier et PE Deseigne) arrêt à 100 m du départ.

2006. Sortie du S11, 400 m de plus. Arrêt au départ du S12. Plus de 570 m de nouvelles galeries explorées. Progression dans le S12. (Hervé Cordier + PE Deseigne)

2009. 1660 m de l'entrée dans le S12. (Hervé Cordier + PE Deseigne)

2012. 1860 m de l'entrée dans le S12. (Hervé Cordier + PE Deseigne)

Bibliographie


La Reculée de Corveissiat, M.-J. Turquin - 2003

SCV (Spéléo Club de Villeurbanne) Compte rendu des activités n°58 - 1995

Mise à jour le 05/04/2013 - Proposition de Pierre-Eric DESEIGNE - Bulles Maniacs - caxeXplorer - Intégration du texte, de la topo, des photos suites à des explorations dues à l'équipe Bulles Maniacs