Exploration des siphons de la Grotte du Cable

 

Jean-Pierre Baudu (commission plongée souterraine du CDS 42-CESAME)

 

 

Préambule
Il faudra une rencontre avec R. et J. Oddes pour continuer une aventure commencée lors du camp de Chabanne.

La grotte du Cable compte 3 siphons. Le premier situé à quelques dizaines de mètres de l'entrée Il interdit l'accès au réseau. Le second et le troisième sont un amont et un aval. Le siphon amont a été exploré sur 20 mètres (profondeur :- 10 mètres) par T. Marchand. L'aval est considéré comme colmaté par une grosse coulée de calcite (info R. Courbis).

Le pompage du siphon d'entrée est organisé fin juillet sous l'impulsion des Oddes et du SCA.

Exploration
Le samedi 26 juillet 2003, nos camarades n'ont pas beaucoup dormi. Le siphon est vide depuis 12 heures seulement. Nous retrouvons une équipe réduite. La période estivale ne favorise pas la présence de « forces vives ».

L'objectif est l'exploration du grand siphon amont. Je pars en configuration polyvalente (étroiture noyée, exondé, portage post-siphon, longue exploration…). Nos charges sont réparties en 6 kits de matériel (un bi-bouteilles de 10 litres) et de deux kits de matériels de confort pour mes camarades. Jérôme emporte un kit pour une éventuelle escalade. Nous ne sommes que six avec Pierre qui fait sa première sortie souterraine. Qu'importe, nous sommes motivés malgré une fatigue visible pour R. Oddes et T. Belin (pompage et portage du matériel).

C'est pour beaucoup la découverte d'un réseau surprenant. Le collecteur est impressionnant et malgré l'étiage exceptionnel, l'eau débite à environ 10 litres / seconde.

Enfin au siphon !!! Nous aurions pu le surnommer le siphon des Maldives, superbe lac de 10 mètres de long. Mes camarades s'installent pour le « spectacle » de mon équipement et de mon départ. Catherine, fidèle au poste, sort méthodiquement le matériel des kits et me le passe. Equipé en déstructuré avec mon bi 10 litres et 450 mètres de fil, je m'enfonce doucement déroulant mon guide. La galerie part en une pente douce vers la droite. La section est en forme de laminoir. Après une zone basse à –20 mètres, la galerie remonte, puis, c'est à nouveau, la grande descente. Un grand puits bouché par un talus de sable et une petite voûte permettent de continuer l'exploration. J'atteins le point bas maximum de –27 mètres. Après quelques dizaines de mètres, je suis contraint à faire demi-tour sur mes tiers. J'ai déroulé 240 mètres. Seulement, je ne vois pas d'issue ! Les possibilités sont soit dans le grand puits sous le sable, soit en haut du puits ou soit dans la zone de mon terminus (mais je n'ai rien vu).

Je retrouve mes camarades qui viennent de dévaliser le repas gargantuesque de Jérôme. Nous rangeons seulement les bouteilles et le petit matériel. Puis, nous nous dirigeons vers le siphon aval. Ce siphon est considéré comme bouché par une grande coulée de calcite. Notre circulation dans la rivière a transformé la vasque en une mare aux canards, la visibilité est nulle. Je décide tout de même de faire une reconnaissance. Je ne vois vraiment rien. Je bute rapidement contre la paroi opposée. Je tâte, je longe, puis j'entends que mes bulles ne font plus le même bruit. Je continue et mon fil est tendu. La visibilité me permet de voir la longueur de fil déroulé 25 mètres (5 cm de visibilité). La galerie est haute de 1 mètre et le sol est un calcaire lisse.

Le retour se fait dans la bonne humeur avec des perspectives intéressantes. Nous retrouvons la canicule sept heures plus tard.

Le 3 août 2003, nous sommes nombreux. Au programme, nous souhaitons réaliser la plongée du siphon aval, la coloration de ce même siphon et le balisage de deux cheminées. Nous « interdisons » toute circulation dans l'actif tant que je n'ai pas plongé. Nous passons seulement à quatre pour éviter de troubler l'eau. Je m'équipe sur la coulée de calcite et pars dans une eau chargée (20 cm de visibilité). Après 20 mètres parcourus, la visibilité est de 5 mètres. Je distingue la section, c'est un laminoir de 1 à 1,2 mètres de haut par 5 mètres de large. Le sol est lisse, sans un gravier. 70 mètres de progression en pente très douce (- 4 mètres) et je me retrouve devant un gros éboulis. La galerie semble continuer sur le même pendage, mais une cheminée s'est effondrée et m'oblige à trouver un passage entre les blocs. Par une chatière, je progresse et sors la tête de l'eau. J'arrive péniblement à enlever mes bouteilles (positionnées en relais). Je rampe entre les blocs, la figure dans l'eau, la bouche de travers, je pousse les palmes encore aux pieds. Après 5 mètres, je peux me redresser et enlever mes palmes. Après quelques escalades et quelques étroitures, une seule conclusion, la suite est bouchée et infranchissable. L'exondé est saturé et extrêmement gazé. Le retour jusqu'à mes bouteilles est pénible. Mon compas est arraché dans le passage d'une étroiture. Je replonge. Dans le fond de la galerie noyée, je cherche un éventuel passage sans succès. Je sors du siphon, tout de même très affecté par le gaz (commun en Ardèche).

Pierre colore le lac (4 Kg de rhodamine). Une partie de l'équipe ressort le matériel. Pendant la plongée, Roland agrandit le laminoir.

Nous sommes restés huit heures sous terre, pour une progression de 80 mètres dans une nouvelle galerie.

Le 21 septembre 2003, je fais une dernière incursion pour l'été dans le c âble. Nous avons un dernier fluo-capteur dans le siphon amont. Il a plu dans la semaine et le siphon semble amorcé. Je tire mon bi 4 litres dans la galerie d'entrée. Le tuyau de pompage me gêne dans ma progression. Après cette reptation pénible, je retrouve le siphon encore assez bas. En fait, juste une voûte mouillante ponctuelle m'oblige à utiliser mes bouteilles.

Je prends, j'avoue, un plaisir extraordinaire. Je suis seul dans ce collecteur de belle dimension. Le laminoir se passe facilement maintenant ceci malgré un débit de 20 litres / seconde. Les voûtes mouillantes sont basses. Il me faudra 3 heures 30 minutes pour faire l'aller-retour.

Conclusion
Il reste un point obscur, c'est le terminus du siphon amont. Il faudrait une nouvelle plongée pour revoir les trois possibilités évoquées plus haut. Mais, les grosses trémies sont légions dans le système du Coiron. Maintenant que le siphon d'entrée s'est de nouveau rempli, les explorations sont freinées. Il est possible d'accéder au collecteur mais la sortie du S1 est très délicate, voir jugée par certains sucidaire (l'avantage est de l'avoir visitée vide).

Faire attention au gaz dans la galerie d'accès du collecteur avant le laminoir.

Remerciments
J. Arnaud, D. Barbe, C. Baudu, T. Belin, S. Cotte, G. Etienne, R. Helck, J. Jouret, T. Marchand, J.P. Mignot, J. Oddes, R. Oddes, R. Pierre, G. Poliol, P. Roux, P. Souvignet.