Le réseau Peyrejal
goule de Sauvas (Ardèche)

par Georges EROME


LE RÉSEAU PEYREJAL
GOULE DE SAUVAS (Ardèche)

par Georges EROME
Groupe Rhodanien de Plongées souterraines

L'Ardèche est le pays des grandes cavernes : Saint-Marcel, Foussoubie, Orgnac, etc... Parmi celles-ci, les réseaux de la cuvette de Saint-André-de-Cruzières, très proches les uns des autres, constituent un ensemble exceptionnel. La pratique de la plongée souterraine et la collaboration entre deux groupes de spécialités différentes, ont permis de découvrir 4 500 m de galeries nouvelles dans le réseau du Peyrejal et 780 m à la Goule de Sauvas.

Le réseau Peyrejal-Goule de Sauvas se développe dans le sud du département de l'Ardèche, sur le territoire de la commune de Saint-André-de-Cruzières. L'entrée de la Goule de Sauvas qui absorbe La Claysse lorsque celle-ci se met à couler, se localise au point 745,600 x 226,370 x 225. Celle du Peyrejal, émergence temporaire, au point 747,570 x 226,187 x 164 (carte au 1/50 000 - XXVIII - 39 - Bessèges). Le système souterrain se substitue sur 2 km environ à la vallée aérienne. Il n'est actif qu'en hiver ou à la suite d'un orage violent.
Bien que connue depuis longtemps, la présence d'un siphon dans chacune de ces cavités limita l'exploration. Lacroux fut le premier à tenter leur franchissement en plongée. Il effectua plusieurs essais dans le siphon de la Goule de Sauvas, sans succès. Par contre, ses plongées dans le Peyrejal se sont avérées beaucoup plus fructueuses puisque après avoir franchi un siphon long de 40 mètres environ, il a parcouru plusieurs centaines de mètres dans une galerie spacieuse
Depuis 1969, le G.R.P.S. a repris systématiquement l'exploration de ce réseau.

EVENT DE PEYREJAL

De 1969 à 1971 - le bilan de nos travaux fut publié dans notre bulletin de groupe de janvier 1971.
Sept expéditions représentant plus de 40 plongées ont été nécessaires pour explorer et topographier 2 200 mètres découverts derrière le siphon. Mais, en raison du danger que présente ce réseau en temps d'orage, des précautions toutes particulières ont dû être prises : l'eau de La Claysse engouffrée par Sauvas ressort trois heures après à Peyrejal, avec un débit de plusieurs m3/s. Ces chiffres nous ont été confirmés par les observations récentes du Spéléo-Club des Vans. Tout le réseau est alors noyé, à l'exception de quelques rares points hauts. Encore faut-il pouvoir les atteindre.
Afin de respecter les consignes de sécurité indispensables dans une telle grotte, l'équipe de pointe était constituée de trois plongeurs minimum. L'un d'entre eux restait de l'autre côté du siphon, en liaison téléphonique permanente avec l'extérieur, et pouvait ainsi, en cas d'orage, prévenir les équipiers en exploration, ceux-ci ayant pris le soin de baliser leur parcours. Nous n'avons heureusement jamais eu à utiliser ce système.
Après le siphon la grotte se présente sous la forme d'un Y : galerie unique jusqu'à la bifurcation, se divisant alors en une branche dite " de gauche " ou " de Sauvas " et une branche dite " de droite ".

Du siphon à la bifurcation, le parcours se fait sans difficultés dans une galerie de 5 m x 6 m. Il est à noter la présence d'une "chatière" de 2 m x 1 m, seule difficulté de cette portion de galerie. Aucune concrétion dans ce tronçon si ce n'est quelques jolis gours actifs vers la "chatière".
Dans la branche de gauche la section de la galerie change d'allure et devient plus réduite : 1 à 2 mètres de large pour 3 à 4 mètres de haut, mais la progression reste facile. Sans transition, on arrive dans une galerie parfaitement cylindrique de 2 mètres de diamètre, propre, décapée, ne comportant pas la moindre trace de graviers, cailloux ou sable, ce qui témoigne de vitesses de circulations élevées.

La vue de cette galerie fait prendre conscience du danger considérable que présente cette grotte lors d'une mise en charge. La galerie se poursuit, entrecoupée de diaclase plus ou moins importantes, puis une pente très forte encombrée de graviers conduit à une voûte mouillante courte (environ 1 mètre de longueur) derrière laquelle la galerie se prolonge encore sur 80 mètres, et c'est le siphon terminal de cette branche. Une plongée y est effectuée courant août 1970, mais sans succès. Le siphon, reconnu sur 50 mètres, descendant à - 7 mètres, peut être considéré comme dangereux : succession de salles séparées par des chatières encombrées de graviers et d'argile ; pente toujours négative.
Contrairement à celle de gauche, la branche de droite est constituée de plusieurs galeries parallèles, étagées suivant le pendage, ou superposées et remontantes.
Bien que facile, la progression est localement gênée par l'important remplissage argileux et - ou - stalagmitique, qui obstrue presque toute la galerie et oblige à un ramping souvent pénible. Par contre, nous avons eu la joie de découvrir quelques tronçons de galerie non noyée en temps de crue (ce qui est rare) et admirablement concrétionnée : stalagmites, stalactites, excentriques, coulées, gours fossiles, dis
ques, perles des cavernes dont certaines atteignent la taille d'un gros eeuf de poule. Vers l'amont la section des galeries diminue, témoignage d'une extrémité de réseau, mais la découverte vers le terminus amont d'une galerie taillée dans une diaclase de bonnes dimensions permet d'espérer une continuation. Cependant, d'après les premières observations, cette galerie n'est pas liée hydrologiquement au reste de Peyrejal.
A noter, enfin, la présence d'une galerie supérieure fossile, concrétionnée, superposée à la galerie active, et 5 ou 6 m au-dessus. Cette branche se termine par un colmatage d'argile presque total, mais une désobstruction rapide permettrait d'espérer une suite.

Saison 1971-1972: la poursuite de l'exploration dans de telles conditions (passage de tout le matériel par le siphon) devenait de plus en plus longue.
L'escalade d'une diaclase haute de 38 mètres nous permit d'envisager le court-circuitage du siphon par une galerie artificielle. Différentes tentatives en vue de la localisation précise de cette diaclase, se soldèrent par un échec. Nous prîmes alors contact avec un électronicien spécialiste de ce genre de problèmes qui conçut et mit à notre dsposition un appareillage constitué par un émetteur d'ondes BF à placer au sommet de la diaclase et un récepteur de surface équipé d'un système d'amplification. Les résultats furent surprenants : localisation réussie dans une zone d'incertitude de l'ordre de 4 m2.
Le Spéléo-Club des Vans, avec qui nous travaillons depuis quelques années sur d'autres siphons ardéchois, mit alors des moyens très importants pour entreprendre le forage d'un puits de 6 mètres environ. Des plongées successives entre chaque tir, permirent d'orienter les derniers d'entre eux et de compenser une erreur latérale de 1 mètre environ, grâce à l'observation systématique des effets.
Une nouvelle voie d'accès était ouverte. Elle permit aux spéléologues des Vans d'explorer et de topographier l'ensemble du réseau Mathieu et de quelques galeries supérieures dans la zone " A".
La longueur actuelle topographiée dans Peyrejal est de 5 130 mètres dont plus de 4 500 derrière le siphon terminal.
De nouveaux siphons ont été découverts, de nouvelles galeries restent à explorer, notre travail est en conséquence loin d'être terminé dans ce réseau.

GOULE DE SAUVAS

En août 1971 une plongée a lieu dans le siphon terminal. L'équioe de pointe arrive dans la salle décrite par Lacroux (vaste joint de strate noyé) : pneus, branches, et.... rendent la progression délicate et désagréable. Après 40 mètres environ, deux passages sont découverts : ils convergent vers la même salle émergée de laquelle part une diaclase haute de 4 à 5 mètres et large de 2 mètres.
L'exploration de ces nouvelles galeries s'effectue rapidement et 780 mètres sont topographiés. Une galerie principale de dimensions importantes (supérieures à celles de Peyrejal), tantôt en diaclase (H : 5 mètres - L : 1 mètre), tantôt en joint (H : 2 mètres - L : 7 mètres), conduit à un nouveau siphon (S2). Une autre galerie de section presque circulaire (H : 1,5 mètre - L : 1 à 2 mètres) est située avant S2. Ses caractéristiques et dimensions restent identiques tout le long de son parcours qui se termine sur un troisième siphon (S3).
Plus que 600 mètres séparent la Goule de Sauvas de l'Event de Peyrejal.

En août 1972 six plongeurs passent le premiar siphon. Une ligne téléphonique les reliera directement de l'extérieur à l'entrée du siphon terminal (S2). La plongée est décevante.

Après 10 mètres de progression dans une galerie spacieuse, c'est un mur de galets. Une désobstruction désespérée est tentée par les plus optimistes. En vain !
Ce "bouchon" nous a arrêté. Peut-être son existence explique-t-elle pourquoi la Goule de Sauvas se remplit si rapidement après un violent orage. Nous n'abandonnons pas pour autant la tentative de jonction entre ces deux cavités. Le déplacement des galets, après une mise en charge importante, nous permettra peut-être de passer.

LIAISON DE CE RESEAU AVEC LES GROTTES OU ENSEMBLES AVOISINANTS

Liaison Sauvas-Peyrejal
Bien que nous ne l'ayons pas encore réussie, cette liaison est absolument certaine, comme l'atteste dans l'une et l'autre de ces grottes les détritus de tous ordres (boîtes de conserves, pneus, vieille ferraille, chaussures, etc...) provenant de dépôts d'ordures le long du cours de La Claysse.

Liaison Peyrejal-Peyrol-de-Chadouillet
Cette liaison est probable ; nous l'avons évoquée plus haut. Il nous a cependant été affirmé qu'une coloration aurait prouvé une liaison Sauvas-Peyrol, assez surprenante, et sur laquelle nous formulons beaucoup de réserves. N'ayant pas trouvé de traces de cette coloration, et n'en connaissant pas les auteurs, nous restons pour l'instant très sceptiques. Nous avons néanmoins plongé à deux reprises dans les deux siphons du Peyrol. L'un a été reconnu sur 80 mètres ; profondeur atteinte : 3 mètres. Il se termine sur une étroiture difficilement franchissable. L'autre se présente sous la forme d'un puits noyé de 2 mètres de diamètre. A -32 mètres, le fond est atteint sur une petite salle d'où part une galerie de section très étroite.

Liaison Peyrejal-La Côtepatière
La Côtepatière, grotte de 300 mètres de long environ, considérée comme faisant partie du réseau bien connu de La Cocalière, est hydrologiquement indépendante de Peyrejal, mais passe cependant très près (moins de 130 mètres). Nous avons vérifié l'absence de jonction entre les deux.

Liaison Sauvas-La Cocalière
Il existe vers le siphon terminal de Sauvas un pe'i boyau très ensablé, partant sur la droite en direction de La Cocalière ; on y note l'absence totale de courant d'air. Une liaison Sauvas-Cocalière aurait été faite dans ce boyau par lancer de mouchoir à travers une étroiture. Nous n'en avons jamais eu confirmation et, en l'absence de topographie publiée, sommes obligés de considérer que cette jonction n'existe pas.

KARSTOLOGIE
(par Philippe RENAULT)

Les galeries de La Goule-de-Sauvas sont de section rectangulaire, devenant localement tubulaires ou en forme de fente inclinée, accidentées de marmites de géant ou de surcreusements locaux. L'influence de la structure de la roche encaissante est très nette dans leur façonnement. Par contre, la forme des galeries du Peyrejal est beaucoup plus régulière, tubulaire (conduites forcées de Chevalier) surtout dans la branche de gauche, se transformant localement en galeries larges et basses, ce qui correspond au même type de galerie creusée dans des conditions différentes.
Toujours dans le Peyrejal les parois sont couvertes de vagues d'érosion de 10 à 20 cm de long et d'une largeur égale ou plus grande. Vers le bas, la galerie est entaillée par des marmites de géant ou par un léger surcreusement de quelques décimètres dont les parois sont dépourvues de vagues d'érosion. Il y a donc eu, successivement, façonnement de vagues d'érosion puis creusement des marmites.
Plusieurs types de remplissage peuvent etre observés. Dans la galerie principale du Peyrejal, s'observent quelques concrétions anciennes, de couleur sombre due à un enduit de fer et de manganèse correspondant à une phase ancienne de dépôts oxydés sur les parois (indice d'un climat ancien chaud). Ces concrétions ont été partiellement détruites par une érosion ancienne. Elles subsistent sous forme de fragments de planchers en travers de la galerie ou d'enduits et placages de calcite sur les parois. Certaines de ces concrétions anciennes portent des vagues d'érosion.
D'autres concrétions, stalagmites et stalactites, dans les recoins, sont plus difficiles à classer. Bien conservées, elles pourraient être plus récentes que les précédentes. Mais elles sont recouvertes du même enduit brun-noir. Nous admettrons qu'elles sont contemporaines des concrétions érodées, mais que leur position les mettait à l'abri des courants violenta.
Enfin il existe des concrétions toutes blanches, récentes. Elles sont rares mais s'observent parfois sous forme de gours, dans l'axe de la galerie et, malgré les crues, apparemment sans souffrir des transports de sable ou de galets.
Des alluvions très grossières (sable et galets) s'observent un peu partout dans le réseau. Localement le rocher est visible sur toute la section de la galerie et la marche s'effectue
sur les vagues d'érosion qui entaillent le plancher. Le plus souvent un dépôt assez mince recouvre le sol rocheux ou bien s'est accumulé latéralement. En certains points ces alluvions grossières se sont concentrées, de part et d'autre du premier siphon par exemple, et surtout dans la branche de gauche où s'observent des accumulations de sable et de galets se déplaçant d'une crue à l'autre. Les explorateurs ont vu cette branche de Sauvas presque totalement obstruée, alors que lors de notre visite (4 août 1972) la aalerie était bien dégagée. Il faut souligner l'intérêt de cette observation, -arement faite, montrant l'existence de charriages en masse lors des mises en charge dans un réseau.
Ajoutons que l'exploration du réseau entre la Goule de Sauvas et le Peyrejal est actuellement impossible, les alluvions venant au contact de la voûte dans la partie basse des siphons. Lors des crues il y a une désobstruction naturelle suivie d'un recolmatage. Ce régime, en fait relativement fréquent, est intermédiaire entre le colmatage total, - correspondant au façonnement des vagues d'érosion et observé, par exemple dans la grotte de Lombrive -, et la vacuité d'un grand nombre de galeries.
Au-dessus de la galerie principale du Peyrejal se développe un étage supérieur, de même direction et pratiquement superposé à la galerie principale. Dans ce réseau sont associées de grandes fentes qui remontent très près de la surface et des galeries dont la section est en général plus réduite que celle de la galerie principale. Le remplissage de la première galerie supérieure est très curieux, montrant l'association de dépôts argileux et calcaires. La voûte est décorée de quelques stalactites, dont certaines, de couleur sombre, ont été brisées antérieurement à toute visite, des excentriques s'étant développées sur la cassure. Au voisinage s'observent des stalactites plus récentes, tubulaires blanches avec ergots croissant latéralement, élargissement en carotte vers la base. Ces stalactites ne descendent pas en dessous d'une certaine limite coïncidant avec une marque de niveau d'eau visible sur les parois. Ces indices permettent d'évaluer la limite supérieure des mises en charge à l'amont du premier siphon.
Le sol est argileux, stalagmité avec petits gours en certains points. Localement s'observent des stalagmites d'argile et de limon assez massives mais très caractéristic,ues. Mais il est nouveau de voir que l'argile de ces stalagmites contient, en grande quantité, des plaquettes de calcite flottante. Dans leur voisinage de petits gours sont colmatés par des amas de plaquettes de calcite flottante, disposées verticalement et appuyées contre les margelles. Il faut admettre le mécanisme suivant. Au maximum d'une crue l'eau argileuse ayant envahie la galerie est stagnante, ce qui est normal et l'argile en suspension se décante. Les suintements issus de la voûte façonnent les stalagmites d'argile. Mais, en même temps, l'eau sursaturée en carbonate de calcium permet le développement de la calcite flottante, ce qui suppose une mise en charge de durée assez longue. A la décrue les plaquettes se déposent sur les stalagmites en attendant que celles-ci soient recouvertes d'argile lors de la crue suivante. En même temps un léger courant entraîne les autres plaquettes avant que celles-ci ne touchent le sol. Cet écoulement est piégé par les gours et les plaquettes s'accumulent contre le déversoir.
Ce mécanisme ne paraît pas fonctionnel actuellement.
Le plan général du réseau appelle quelques commentaires. En plan le Peyrejal a la forme d'un Y ou mieux d'un T, avec barre très longue grossièrement NW-SE et une branche perpendiculaire beaucoup plus courte dirigée vers la Goule-deSauvas. Il est possible de discuter l'existence d'un cours principal et d'un affluent. La section de la branche de gauche étant plus réduite que celle de la branche de droite, la Goule-de-Sauvas pourrait être considérée comme affluent d'un drain majeur, ceci sous réserve d'un contrôle par comparaison de la superficie des bassins d'alimentation. A mon point de vue il faut surtout regarder l'opposition morphologique de ces deux branches.
Le creusement d'une galerie obéit à des facteurs géologiques (les discontinuités, c'est-à-dire les joints ou diaclases, utilisables) et hydrologiques (possibilités d'établissement d'une circulation entre zone d'alimentation et point d'émergence). L'indice de c:éveloppement * est une mesure reliant ces deux éléments et permettant
Voir Spelunca, 1972, no 2, p. 55.
de comparer plusieurs drains différents. L'indice de la branche de Sauvas est de 1,22, celui du drain NW-SE de 1,15 en précisant que, entre l'entrée du Peyrejal et la bifurcation, l'indice est de 1,13, et, pour la Branche de Droite, de 1,17. Nous sommes à la limite de sensibilité de la méthode, mais cette gradation des chiffres est en accord avec les observations morphologiques qu'il est possible de faire par ailleurs.
La galerie de la branche de Sauvas, alimentée par une seule perte, est une galerie très régulière, à certains moments parfaitement tubulaire, constituant un drain unique. Le caractère de la galerie est-il fonction de son orientation ? Pour en être certain il faudrait pouvoir comparer ce tronçon exploré avec le conduit qui reste à découvrir entre la Goulede-Sauvas et le Peyrejal.
Par contre la branche de droite est alimentée par plusieurs pertes voisines ce qui est à rapprocher de son développement en labyrinthe. Si une liaison existe entre le Peyrejal et le Peyraou-de-Chadouil let celle-ci se situerait vers cette branche de gauche et pourrait correspondre au point bas du labyrinthe, ce qui, en outre, expliquerait le profil de cette galerie qui remonte vers l'aval. Par analogie avec des dispositions connues ailleurs, sur le Causse de Gramat par exemple, la galerie du Peyrejal correspondrait à une circulation trop plein, proche de la surface, la galerie du Peyraoude-Chadouillet à la circulation sous-jacente, noyée en permanence.
L'étude d'un tel dispositif présente un intérêt certain pour le sédimentologiste. Il implique en effet un renversement de la circulation suivant les époques dans la branche de droite et il faut alors connaître le mouvement des galets en fonction de ces renversements.
Enfin, dans le cas d'une liaison Peyrejal - Peyraou-de-Chadouillet, les considérations structurales permettent de préciser la disposition du réseau inconnu. D'une façon générale l'identité d'orientation des galeries du Peyrejal et de la Cocalière est remarquable, de même que les alignements Puits de la Courcalhère et galerie associée avec le 1P° siphon du Pyrejal ou bien puits de la Courcalhère avec le siphon à l'extrémité de la branche de gauche et avec la Goule-deSauvas. Ces alignements soulignent le rôle de la structure géologique locale dans l'établissement des principaux axes de drainage et l'existence d'un accident local isolant le Peyrejal de la Côte-Patière. Appartenant au même système la galerie alimentant le Peyraou-de-Chadouiller aurait la même orientation NW-SE qu'elle soit sous-jacente à la Galer.'e du Peyrejal ou parallèle à celle-ci, mais à priori proche.
Sur un plan régional l'association des galeries connues et du talweg de la Claysse montre la même orientation. Le réseau du Peyrejai s'est creusé à faible profondeur. Des rapports entre phénomènes externes et souterrains peuvent être trouvés, mais il serait trop long de les aborder ici.

BIOLOGIE
(par Henri BOUGNOL)
Au cours de plusieurs expéditions faites dans cette cavité, nous avons récolté les cavernicoles suivants : Diaprysius fagel, Niphargus vire!, Oritoniscus vire!, Speotrechus mayeti, Micropterna tissa, Limonia nubeculosa et Ossements de petit mammifère (anciens) vraisemblablement de Cheiroptère.
Nous tenons à remercier le Professeur R. Ginet et son équipe (Université de Lyon - Biologie souterraine) qui ont bien voulu se charger de l'examen et de la détermination de nos récoltes.

BIBLIOGRAPHIE
MARTEL E.A. - La France Ignorée, tome 2, 380 pages (p. 132). BALAZUC (Dr J.) - Spéléologie du département de l'Ardèche, 1956.
Spelunca, no 1, 1969, p. 10.
Spelunca, no 1, 1970, p. 60.
Spéléologie-dossier (Bulletin C.D.S. Rhône), no 2, 7 pages.
Spéléologie-dossier (Bulletin C.D.S. Rhône), no 3, 1 page. Bulletin G.R.P.S., no 1, janvier 1971. Bulletin G.R.P.S., no 2, 1973, 22 pages.