Plongée Spéléo
au Trou de Comblat

par Gilles Bessemoulin (club de plongée Aurillacois)

 

Si la curiosité est parfois considérée comme un défaut, elle put se vanter ce dimanche 01 juin 86 d'être à l'origine d'une expérience intéressante. Elle permit en effet, de rendre complémentaires deux disciplines qui paraissent aussi éloignées l'une de l'autre que les milieux auxquels elles se rapportent.

C'est ainsi que des adeptes de spéléologie et de plon-gée sous-marine se réunirent afin d'explorer la partie immergée d'un trou situé à proximité de Comblat le Château (Lo Trauc de Comblat)*.
Regroupés vers 14 h, nous sommes cinq (3 spéléos et 2 plongeurs) à affronter la première épreuve : transporter des voitures à l'entrée du trou, le matériel important et, lourd de chacune des deux équipes.

Si l'entrée de la cavité semble être un boule-vard pour les 3 spéléos, il n'en est pas de même pour nous, plongeurs. Mais, alliant conseils et assuran-ce, cette deuxième épreuve s'effectue cependant sans problème et donne l'occasion de comparer la sensation connue d'apesanteur du milieu aquatique avec celle consistant à être tenu par une corde au dessus du vide. Après la descente du matériel sur 30 m, nous pouvons enfin observer l'objet de la visite : une faille immergée, large d'1 à 2 m et longue d'une vingtaine de mètres.
*c.f. article détaillé dans f o Trauc n° 2 de 1983 et n° 3 de 1984
Après avoir troqué notre tenue de spél(o amat : pour celle plus habituelle de plongeur, il nous faut encore faire un peu de descente sur corde pour se retrouver dans ce milieu familier à l'homo subaquatique. Comme le départ de la faille possède une petite banquette d'1,50 m de profondeur sur 1 m de large, nous finissons de nous équiper avec bouteilles et torches électriques, directement dans l'eau. Une corde de 20 m est alors installée afin de nous relier en permanence au point de départ : fil d'Ariane absolument indispensable à toute plongée souterraine. En effet, si claire que puisse être l'eau, le seul fait de palmer peut suffire à agiter des particules déposées sur les parois ou au fond et rendre introuvable le chemin du retour. C'est donc reliés à cette corde par un mous-queton de ceinture que l'immersion commence.

La température de l'eau est d'environ 6° et la bonne visibilité du départ nous permet de voir à plus de 10 m. Notre progression est alors bloquée au bout des 20 m de fil d'Ariane ce qui nous oblige à faire demi-tour pour doubler sa longueur. Un deuxième départ est alors entrepris mais l'eau, troublée par notre première plongée, ne nous permet plus qu'une visibi-lité d'un mètre. Nous parvenons toutefois à dépasser le point atteint la première fois et à continuer malgré un passage de plus en plus étroit et tortueux, au risque de cogner la robinet-terie des bouteilles et se voir privés d'air...

A environ 15 m de profondeur, au milieu de blocs de rocher, la faille continue en direction pratiquement opposée au départ. Nous continuons notre descente jusqu'à -23 m soit environ 7 à 8 mètres du fond où un passage bas d'un mètre semble se dessiner. Nous préférons toutefois faire demi-tour car le Lier de notre bouteille est consommé (le deuxième servant au retour et le troisième gardé en prévision d'un éventuel problè-me). Nous constatons alors que notre visibilité est absolument nulle et nous laissons donc guider par notre fil sauveur '

Arrivés à quelques mètres de la surface, nous apercevons la t.orchemixen repère par les spéléos qui nous attendent sur le palier supérieur, impatients de connaître le résultat de nos investigations. La chose faite et, d'un commun accord, nous décidons de renouveler la tentative et d'essayer, la pro-chaine fois, de percer le secret de cette ouverture aperçue au fond et ainsi d'élucider le mystère planant sur ce trou de Comblat le Château.

La dernière remontée à l'échelle s'effectua également sans problème bien que de difficultés tout autres que celles rencontrées à la descente : et c'est vers 19 h que, hommes et matériel étaient enfin parvenus à la surface... de la terre.