Reseau DORIA - PLEURACHA

Commune de Saint Jean d'Arvey,
département de la Savoie

Situation

Description


Emergence temporaire et débouché des eaux souterraines du massif de Revard-Féclaz, cette cavité comporte une importante zone noyée à 400 m de son entrée supérieure. La grotte de la Doria (Doriaz) de par sa position très visible depuis la vallée, est connue de longue date.

Historique


En 1684, Desaix et Xavier Eyma citent dans un bel ouvrage brièvement descriptif que: "au bout du Monde de Chambéry la Doire sort d'une cavité dans un rocher à pic de 150 mètres." (Nice et la Savoie - Paris Charpentier 1684).

En 1880, le Docteur Jules Carret entreprend des recherches archéologiques tout à côté de la Doria, sur le site de la grotte qui porte son nom : la Grotte Carret, supposée être un des anciens exutoires des eaux du massif. Il aménage d'ailleurs une passerelle d'observation en hauteur juste en face de la résurgence.

Le célèbre explorateur Edouard Alfred Martel en signale l'existence en 1928 en ne manquant pas de soupçonner à son tour que plusieurs faits et points restent à investiguer dans le Massif du Revard (Creux, Trou à vent, Abîmes). Il fera référence à l'ouvrage de Desaix et Eyma dans les notes et appendices en page 223 de son oeuvre: La France Ignorée .

Pierre Chevalier s'intéresse à la cavité en 1937 et à partir de là de nombreuses explorations commencèrent. Environ 1100 mètres de galeries sont alors reconnus pour l'époque.

En 1966, 1968 et 1969 les plongeurs du Groupe Rhodanien de Plongée Souterraine (G.R.P.S.) et du Spéléo Club de Savoie envisagent d'explorer le verrou liquide terminal. C'est le 12 juin 1966, pour tenter de remonter le cours de la rivière souterraine qu'un premier siphon de 70 m est valeureusement franchi. De nouveau, le 8 août 1969, un second siphon de 20 m est passé mais leurs reconnaissances s'achèvent renonçant devant la turbidité des eaux.

En 1970, le S.C. de Savoie sous l'impulsion de Robert Durand explore le «Réseau de la Colère» jusqu'à la cote + 167 m. Le 31 décembre 1970, le développement du réseau souterrain est de l'ordre de 2020 m.

Une nouvelle équipe de plongeurs spéléologues se forme sur la Savoie et il faudra attendre l'année 1975 pour que de nouvelles plongées soient organisées dans le siphon terminal ceci sous l'impulsion de Jean Louis Fantoli et de Jean Pierre Caillette. Au cours de cette première campagne des spéléos savoyards, le troisième siphon est plongé puis reconnu sur une trentaine de mètres jusqu'à une cloche d'air (Robert Durand, Jean Pierre Caillette et Jean Louis Fantoli).

Le 31 février 1976, les eaux souterraines étant au plus clair, Jean Pierre Caillette et Jean Louis Fantoli parviennent à franchir le troisième siphon pour déboucher dans une salle avec cheminée, butant sur une nouvelle galerie noyée. Après deux tentatives, le méandre noyé est parcouru sur une soixantaine de mètres. 195 m de galeries noyées sont donc de nouveau découvertes. Les plongeurs s'arrêtent devant un cinquième siphon. Plusieurs plongées se succèdent cette même année dans le S5: le 6 mars, Jean Louis Fantoli reconnait sur une quarantaine de mètres le cinquième siphon jusqu'à la profondeur de 13 mètres. Le conduit très déclive en interstrate demeure de vaste dimensions pour une largeur de 7 m et pour une hauteur de voûte de 4 à 5 mètres. Le 19 mars, dépassement en une plongée épique pour Jean Louis Fantoli accompagné de Jean Pierre Caillette de son terminus et stoppe à 27 m de profondeur jusqu'aux limites de capacité de ses blocs bouteilles de plongée. Le 20 juin, équipé cette fois d'un bi de 4m3 d'air comprimé Jean Louis Fantoli décide de progresser au-delà du point bas et chemine sur près de 130 mètres par -14 m, débouchant dans une diaclase remontante occupée d'un dédale de blocs rocheux effondrés. Deux plongées accomplies le 20 juin et le 3 juillet permettent de topographier 100 m de galeries émergés au-delà des siphons 2 et 3 (explos de Jean louis Fantoli avec Jacques Nant et Christian Hermen). Le 16 octobre 1976 un nouveau passage proche du terminus est découvert par Jean Louis Fantoli laissant présager une continuité favorable. Il profite au retour de remonter et de topographier la diaclase derrière le siphon 1 (710 m de galeries explorées au total dont 470 de noyés).

C'est au cours d'une troisième campagne que le 19 juillet 1977 la continuation véritable du S5 est découverte en une plongée solitaire par Jean Louis Fantoli. La distance parcourue sur bloc bouteilles est de 485 m à l'aller. Ce sera le 20 août 1977 que le S5 d'une longueur de 385 m sera victorieusement franchi. Au-delà, le collecteur de la Doria souterraine est retrouvé et ce sont près de 400 m de très belles galeries qui seront explorées en solo par Jean Louis. La zone noyée totalise alors 585 m. Au cours de la même année, en novembre, la rivière est remontée de nouveau par Jean Louis jusqu'à un sixième siphon situé à 1405 m de l'entrée de la grotte. Il explore en rive gauche un méandre actif se développant sur une cinquantaine de mètres ainsi que plusieurs diverticules. Le développement est alors de 3255 m en ce qui concerne l'antre de la Doria.

La quatrième campagne récompense les efforts de Jean Louis - aidé ce jour là par Christian Hermen pour un portage jusqu'au S5 - car ce 1er septembre 1979 en une nouvelle et dixième plongées à l'émergence, il lui est permi de franchir le sixième verrou liquide, d'une longueur de 50 m et de déboucher dans les parties qu'il vient déjà d'explorées coté Creux de Pleuracha (pour mémoire, le Creux de Pleuracha [aussi connu actuellement comme Creux de Pleurachat] - est une cavité du plateau de Charvette qui permet d'atteindre le collecteur à -250 m. A ce point, la rivière avait été descendue en solitaire le 16 juin 1979 par Jean Louis Fantoli sur plusieurs centaines de mètres jusqu'au siphon n°6 de la grotte de la Doria). La zone noyée explorée totalise désormais 635 m. Cette mémorable jonction : Doria - Creux de Pleuracha (RF65) permet ainsi d'établir une parfaite continuité du cours actif du réseau et au développement de passer à 4757 m pour une profondeur atteinte de -286m (en considérant le point bas dans le S5).

Au delà de ces énumérations de chiffres, ces téméraires reconnaissances permirent de prouver l'existence de réserves d'eau très importantes au sein même de la masse des calcaires du Barrémien.
Pour terminer, dans le gouffre, en septembre et octobre 1980, 1900 m de galeries fossiles, puits et méandres sont découverts, portant à ce jour du 23 mai 1981 le développement à 7522 m (dont 5800 m topographiés).

Karstologie

Bibliographie

Mise à jour le 30/03/2013 - Proposition de Jean Louis FANTOLI - Intégration de la description, de l'historique, du plan et de la coupe fournis par Jean Louis FANTOLI