Aven de l'Hospitalet



Commune de Armissan

Carte IGN 1/25000 2546 ouest Narbonne
GPS : N 43° 10' 5'' E 003° 6' 49''
Lambert III : x= 663,184 km y= 3096,787 km Z= 128 m


Développemet : 570m
Dénivellation : 140m

Coupe Plan
Récit

par Guillaume Tixier

Paru dans Spele Aude n°5 - février 1996
par Franck Sevcik

Situation

C'est au centre du massif de la Clape, dominé par les fa-laises du Plan de Roc et à quel-ques mètres au nord du domaine de l'Hospitalet, que s'ouvre l' aven le plus profond du massif.C'est au centre du massif de la Clape, dominé par les falaises du Plan de Roc et à quelques mètres au nord du domaine de l'Hospitalet, que s'ouvre l' aven le plus profond du massif.

A Narbonne, suivre la direction de Narbonne-Plage; après 4 km, la route monte sur le massif. Dépasser le croisement d'Armissan puis longer le Plan de Roc jusqu'au domaine de l'Hospitalet; celui-ci est clairement indiqué depuis Narbonne (voir fig. 1).
Un rec (lit de ruisseau) traverse les vignes et vient se perdre dans l'aven non loin d'un grand olivier


Historique

La plus ancienne exploration remonterait avant la guerre (1940). M. Poncin (SCA) aurait été un des précurseurs. Le seul compte-rendu tangible d'explorations est relaté par M. Joncla, alors propriétaire du domaine, comme le montre la reproduction ci-contre qu'il nous faut retranscrire car la graphie est médiocre:

" s'ouvre à une vingtaine de mètres au nord des habitats de la campagne. Exploré en décembre 1942 par MM Joncla (alors propriétaire du domaine), abbé Giry, abbé .Glory (N.D.L.R.: deux éminents préhistoriens de l'époque.) et Bouscaras (de Régiment Hérault ) qui sont descendus à 98 mètres. 4 relais successifs, à-pics de 10 et 20 mères. A 98 m, plate forme auec lac profonde 2,50m au bord mais dont le fond est en pente"..Renseignements fournis par M Joncla.

Le Spéléo Club de l'Aude et de l'Ariège aurait effectué plusieurs visites jusqu'en 1953 où une équipe du SCA, composée entre autres de M. Verdeil et de M. Eclieverry, organise une exploration dont le but est l'élaboration d'un plan précis de la cavité.
Comme le relate un article de journal de l'époque, le spéléologue était encordé et assuré depuis le haut du gouffre et progressait sur des échelles. Il restait en communication téléphonique avec l'extérieur.
Depuis toujours, l'exploration butait à la cote -85.
Il faudra attendre 1968 pour que le Spéléo-Club MJC Narbonne franchisse les deux siphons qui se suivent: le premier après un pompage, l'autre après l'élargissement d'une étroiture juste ou-dessus de l'eau. La découverte doublera le développement de la cavité et atteindra le niveau de la mer.
Par la suite, une escalade de 80m révéla l'existence d'une autre entrée colmatée artificiellement (voir coupe).
En novembre 1980, la C.G.E. (Compagnie Générale des Eaux), à la recherche de nouvelles nappes, demande la collaboration des spéléos de la MJC pour équiper la cavité, pomper le siphon et dresser une topographie précise. L'équipe, composée de Luc Mazot, René Larrégola, Jackie Vargas, François Couderc, Pierre Grillot et quelques autres, mène à bien cette collaboration. Une ligne électrique solide est installée. Les propriétaires du domaine mettent à disposition des logements de vendangeurs. Une pompe flottante vide le siphon dans une galerie boueuse en amont par l'intermédiaire d'environ 50m de tuyaux et le siphon terminal est plongé par P Roussey de la Société Hydrokarst jusqu'à -30m. N.D.L.R.: une petite parenthèse s'impose ici au sujet des cotes variables de l'aven.

En effet, si l'on se réfère à l'altitude du trou (125m), à la topographie qui indique bien le niveau de la mer -125m et à la profondeur annoncée de la plongée, on devrait obtenir -155m pour le fond de la cavité. Or la topo jointe n'indique que - 140m et la cote "officielle" est établie, elle, à - 152m! Si l'on en croit Spelunca n°7 de 1982, le siphon est donné pour -25 avec départ à -140m, ce qui donnerait une profondeur de -165m. On peut aussi estimer que le siphon a été plongé avec un niveau d'eau maxi (voir coupe) à -120m, ce qui donne-rait -150m pour la cavité, chiffre qui se rapproche le plus de l'officiel. Que de complications! Comment s'y retrouver? Ici aussi, il faut regretter le manque de sérieux de certains spéléologues dans la précision de leurs relevés et de leurs comptes-rendus.
La C.G.E. perce la montagne et, après deux échecs, le forage atteint le dernier puits; une pompe est installée dans le lac mais le projet sera finalement abandonné (présence de nitrates dans l'eau).
Depuis, la cavité reste régulièrement visitée. Son profil est parfaitement adapté à l'initiation: nombreux fractionnements, pas de chutes de pierres, équipement en fixe réalisé par nos soins dans le cadre d'une cam-pagne menée par le CDS Aude et financée par le Conseil Général de l'Aude. L'ouverture de la grande cheminée apporterait une sécurité en cas de mise en charge et faciliterait la reprise des explorations.
Un grand merci à tous ceux qui m'ont apporté les éléments nécessaires à l'élaboration de cet article, entre autres MM. Verdeil, Larrégola, Petitjean, Bès, Mo-rales, Grillot.

Après ces renseignements purement spéléologiques, il faut dire quelques mots sur le domaine lui-même. Au XIII siècle, c'était une léproserie, propriété des Hospices de Narbonne. Au XIVe siècle, un nouveau propriétaire l'appelle "La Grange des Mizels". Au XVI siècle, apparaissent les noms de l'Espitalet puis l'Hospitalet, dûs à l' Hôpital de Saint-Just de Narbonne. De nombreux propriétaires se succèdent ensuite, comme, entre autres, le Seigneur de Montrabech ou M. Joncla, jusqu'en 1991 où M. Jacques Ribourel (promoteur immobilier renommé) et son épouse achètent le domaine et le révolutionnent complètement.
Ils créent un vignoble moderne de grande qualité et un pôle d'attraction touristique avec restaurant, hôtel, musées. Ceux-ci proposent une visite instructive avec
notamment l'intérieur d'une tour consacré à la spéléologie qui ne peut qu'intéresser nos lecteurs. Elle présente une exposition composée de panneaux esthétiques qui expliquent notre activité de façon assez complète. On pourra simplement regretter qu'elle n'ait pas fait la part belle à l'aven voisin et qu'elle passe sous
silence l'organisation de la spéléo et notamment sesstructures locales.


Description

La cavité peut être divisée en trois zones:

1) La zone verticale de l'entrée à la cote -85.

D'abord deux puits de 9 et 8 m coupés par deux courtes galeries; à partir de la cote - 20 m et jusqu'à - 85 se succèdent un toboggan de 1 5m et trois puits: P12, P13, P30, que l'on peut considérer comme une seule et unique verticale.

2) La galerie principale.
En amont de celle-ci se trouve le siphon de boue. En aval une courte escalade donne accès à une salle où il faut traverser une vasque peu profonde; la salle qui suit est restée longtemps le terminus de la cavité. En effet, un siphon (voir photo 2) vient noyer le con-duit, et seuls un été sec ou un pompage peuvent don-ner accès au deuxième siphon que l'on peut shunter grâce à une étroiture juste au-dessus de l'eau.
On prend pied dans une galerie longue de 150 m environ qui se jette dans un superbe puits de 40 m dont le fond est occupé par un lac profond.
Une vire permet de franchir le puits et d'accéder au prolongement de la galerie principale sur environ 100 m.
Deux petites zones peuvent compléter la visite post-siphon: un petit réseau affluent à gauche juste après le deuxième siphon et la cheminée de 80m à droite, à mi-parcours entre le siphon et le P40.

3) Le réseau de la Cathédrale.
Celui-ci se développe entre la cote -35 et la Salle de la Vasque de -85. Depuis le P12 un pendule suivi d'une escalade donne accès à une galerie, mais une voûte mouillante (parfois même siphonnante) et étroite peut se révéler être un obstacle majeur.
Plus loin, une autre voûte mouillante suivie d'une étroiture remontante et coudée débouchent dans une salle comprenant un troisième passage aquatique.
Au-delà une autre salle basse et concrétionnée remonte vers un passage étroit qu'il faut équiper car il aboutit au puits de la Cathédrale, vaste cylindre très concrétionné de 23m de profondeur.
A la base du puits, il faut escalader une diaclase et circuler en opposition jusqu'à une chatière en bas à droite.
Après l'avoir franchie, on prend pied sur une coulée dans une salle au fond de laquelle un puits étroit permet d'accéder au grand plan incliné et, à sa base, à la vasque de la grande galerie, ancien terminus de -85 de la galerie principale.


Recommandations

La cavité est située sur un terrain privé, aussi, demander l'autorisation aux propriétaires du domaine (voir coordonnées dans l'historique). De plus, soyez très discrets aux abords de l'aven car le site est touristique (musées, restaurants...).
La météo est à prendre très au sérieux. En effet cette cavité est une perte temporaire en cas de gros orage et elle se met en charge en très peu de temps.
Par endroits, le profil des conduits ne permet pas l'évacuation assez rapide de l'eau, celle-ci remonte alors de plusieurs mètres depuis la base des puits, on a même vu un lac tourbillonnant recouvrir l'orifice d' entrée.

FICHE D'EQUIPEMENT HOSPITALET

OBSTACLE

CORDE

AMARRAGES

Réseau Principal-

P 9

20 m

MC, 3 Broches + 2 (Y)

P 8

MC, 1 B+ 2B, 1 B à -2

TB 15

2 B au plafond (MC)+2 B + 1 B à -7

P 12

80 m

1 B (chaîne en Y)

P 13

1 B (chaîne) + 2 B

P30

45m

2 B + 1 B + 1 B à-20

P 40

?

inconnus

Réseau de la Cathédrale

P 23

50 m

MC, 2 AN, barre en fer, 4 S, 1 S à -15

R8

30m

1AN,1S

Toboggan

30 m

3 AN

 

par Guillaume Tixier