Aven Station


Commune de Fleury

Carte IGN 1/25000 2546 ouest Narbonne
GPS : N 43° 11' 18'' E 003° 11' 43''
Lambert III : x= 669,811 km y= 3099,084 km Z= 16 m


Développemet : 1000m
Dénivellation : 65m

Récit

par Franck Sevcik

Paru dans Spele Aude n°5 - février 1996
par Franck Sevcik

 

Situation

Au sud-est du massif de la Clape, sur le bord du plateau qui domine le camping de St-Pierre-sur-Mer (lieu-dit Pech Périmont).

Depuis Narbonne emprunter la route de Narbonne-Plage. Une fois rendu à la station balnéaire, suivre la direction de StPierre-sur-Mer, traverser celui-ci en longeant la plage jusqu'au camping; un peu après celui-ci, une route à gauche monte sur le plateau vers un lotissement récent.

Sur la droite, après le rond-point, la ruine d' une station de pompage abrite sous une trappe l'entrée de la cavité.


Historique

Malgré sa notoriété, les explorations de cette importante cavité sont très mal connues et c'est dommage car elles ne méritent pas l'oubli. Le manque de sérieux de la plupart des spéléologues montre ici le résultat auquel on peut aboutir lorsqu'aucune trace des sorties et des travaux n'est consignée et archivée avec soin. C'est un bon contre-exemple de l'utilité de comptes-rendus et d'historiques bien faits.

L'emplacement même de la cavité méritait un développement. En effet, ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de visiter un trou dont l'entrée se situe dans un transformateur électrique (voir photo 6). Les quelques renseignements glanés à droite et à gauche proposent l'hypothèse d'une tentative de pompage par l'occupant allemand lors de la Guerre de 39-45 ou d'un essai d'exploitation de la nappe d'eau à des fins de captage public dans les années 50 à l'initiative du Spéléo Club de l'Aude et de l'Ariège (renseignements de P Verdeil).

En 1981, 82 et 83, Vargas, Froisse, Mazot et Monnier (MJCN) explorent la partie noyée en plongée, établissent la jonction avec l'aven des Morts par un siphon de 80m (-13) et dressent une topographie dont le développement reste approximatif (de 1 000 à 1 500m...). Vu la forte urbanisation du secteur, la cavité est maintenant menacée par le béton et les rejets sauvages. Les visiteurs, de plus en plus nombreux, sont aidés par l'équipement en fixe de certains passages et informés par un panneau "protection" du CDS. Puissent-ils préserver cette étrange cavité à moitié épargnée par la remontée de la mer.


Description

Sous la trappe, l'unique puits de la cavité mesure 15 m; à sa base on prend pied sur un socle en béton, une galerie basse au nord donne accès au réseau est formé d'un enchaînement de salles aux dimensions moyennes avec de nombreux regards sur la nappe.
De retour au pied du puits, on peut voir un fil d' Ariane disparaître à l'ouest dans un siphon en direction du Trou des Morts.

En traversant le lac (bain souvent obligatoire selon le niveau d'eau), un passage plutôt étroit suivi d'une diaclase débouche dans une zone labyrinthique dont les galeries se développent principalement sur un axe est - ouest; La galerie la plus au nord bute après 50m environ sur un siphon. Un peu avant celui-ci, un conduit rejoint le réseau principal.

Rapidement, on accède au Pont de Singe, une salle noyée avec départ de siphon qu'il faut franchir avec l' aide de câbles tendus jusqu'à une étroiture suspendue ( certain câbles ayant cédé, le passage est encore plus acrobatique). Peu après, la galerie s'abaisse sur une voûte mouillante que l'on peut court-circuiter par une étroiture, puis on rejoint un long conduit qui vient buter sur un petit siphon (50cm ); derrière, une galerie et quelques salles concrétionnées amènent au terminus.


Divers

Bien que la cavité soit très aquatique, elle ne présente que peu de danger, les bassins sont parfois très profonds mais l' eau est calme; nous avons vu le niveau monter de plus d' un mètre mais cela demande plusieurs jours. Seul, le C02 situé derrière le petit siphon est à prendre très au sérieux.


Equipement

Barreaux du bâtiment puis une broche sous la trappe, un spit à -5 m.

Une corde de 30 m.


Karstologie

Le massif de La Clape est apparenté par les géologues à la nappe des Corbières. La Clape forme un dôme anticlinal d'axe NNE/SSW passant à proximité de l'Aven de l'Hospitalet.

La Clape est surtout constituée de trois faciès différents d'âge Bédoulien-Gargasien: les calcaires inférieurs et supérieurs dits "urgoniens" sont de nature bioclastique (formés par des débris de fossiles) et contiennent des Rudistes, des Polypiers, des Orbitolines,.... Ils arment les surfaces structurales, les "cuestas" et les monts qui donnent son cachet à ce massif. L'Aven de l'Hospitalet et l'Aven de la Station se développent dans les calcaires inférieurs (voir fig. 2). Les calcaires sont séparés par une couche de "marnes moyennes" propices à l'agriculture, comme d'ailleurs certaines cuvettes karstiques.

Ces cavités sont des témoins d'une karstification ancienne lorsque La Clope était une belle montagne entourée de profondes vallées, avant qu'une dernière transgression marine ne vienne la transformer en île (Insula Laci des Romains) et envahir l'intérieur du massif par les conduits karstiques déjà existants. On peut aussi raisonnablement penser que l'Aven de la Station a un lien avec le Gouffre de l'Oeil Doux, assez proche.

 

Bibliographie

- AA - 1982 - L'Echo des Profondeurs . Aude . Spelunca n°7 . FFS.

- BES C. - 1993 - Les Grandes Cavités Audoises . Spélé Aude n°2 . pp 106-107, Il 2 . Bulletin du CDS Aude.

- CHABERT C. - 1981 - Les Grandes Cavités Françaises . FFS.

- Spéléo Club de la MJC Narbonne - 1986 Echo des Profondeurs . Aude . Spelunca n°23 . FFS.