Le Vidourle Souterrain

Fontaine de Sauve et grand Aven


Commune de Sauve

Développement topographié : 3160m

Développement non topographié dans les 200 premiers mètres de la Fontaine : 135m

Développement non topographié entre S.2 et S.1 aval : 50m

Développement non topographié vers l'amont à partir de la vasque du S.1 aval : 150m

Développement non topographié dans les galeries exondées au-dessus des gal amont : 65m

Développement non topographié entre s1 amont et s2 amont (galeries qui reviennent sur le S.1) : 90m

Développement non topographié dans le S.4 : 29m + deux galeries latérales noyées à la longueur inestimée.

Développement non topographié dans la galerie du S.4 bis : 70m

Développement non topographié dans le S.4 bis : 100m

Développement estimé, au 08/2005 : 3849m

 

Localisation

Coupe aval Plan aval
Plan_1 aval détaillé
Plan_2 aval détaillé
Coupe 2005

Systeme souterrain 2010

Récit Vasseur 2005


Expéditions 2006-2008


Situation par Richard Huttler

par Frank Vasseur – Mise à jour RB (Mai 2016)

Le système aval du Vidourle souterrain est composé (pour l'instant) de quatre cavités dont deux majeures : la Fontaine de Sauve et le Grand Aven. Les deux autres, plus modestes : l'aven de la Tour de Molle et celui de la rue du Four, situées dans la ville de Sauve, rejoignent directement le cours de la Fontaine. D'autres cavités naturelles, mais pas nécessairement pénétrables, confluent avec fleuve souterrain, comme en témoignent les outils, sceaux en bois cerclés et autres « Thomas » observés dans la Source.

Situation

La Fontaine sourd sous les remparts médiévaux de la ville de Sauve, sous la Mairie. La vasque, au pied d'un muret de soutènement d'un petit pont, est artificiellement rehaussée pour alimenter des bassins médiévaux.

Le Grand Aven bée 1000m au sud-ouest, en bordure d'une piste empruntée par un chemin de Grande Randonnée.

Les deux cavités, ainsi que d'autres du réseau, sont pointées sur les cartes I.G.N. .

Recommandations

Les incursions dans ces deux cavités sont soumises à autorisations municipales préalables.

Les crues, dans ce système, sont influencées les pluies localisées mais au moins autant par les précipitations qui affectent certains secteurs des Cévennes. La réactivité est surprenante. Mieux vaut ne pas traîner sous terre lorsque la météo est incertaine.

Présentation

Le Vidourle, petit fleuve côtier, prend sa source dans les Cévennes cristallines, au nord de la montagne de la Fage.
Son cours aérien traverse divers terrains géologiques avant de se jeter dans la Méditerranée, entre les stations balnéaires de La Grande Motte (34) et du Grau du Roi (30).

En aval de Saint-Hippolyte du Fort, au contact des calcaires (Jurassique supérieur) il s'infiltre dans le karst et y circule jusqu'à la ville de Sauve, 8000m plus loin, où il retrouve l'air libre, gonflé d'affluents souterrains.

Le Vidourle est d'autant plus capricieux qu'il est influencé, tant par les pluies sur le bassin calcaire de Saint-Hippolyte du Fort, que par les précipitations centrées sur le sud Cévennes.

Sa réactivité est telle qu'on ne compte plus les sorties annulées suite à une montée des eaux soudaines, assortie d'une dégradation de la visibilité.

La « clarté » des eaux varie de 4m à l'étiage (exceptionnel, observé seulement durant les étés 2003 et 2005 du fait de singulières sécheresses) à « rien du tout » lors des crues et décrues. En moyenne, une diète pluviale d'une quinzaine de jours est minimale pour bénéficier d'une visibilité moyenne (2m). Mais les périodes où les plongées d'investigation sont possible se réduisent à quelques semaines dans l'année… les bonnes années.

Historique

Plusieurs équipes se sont penchées sur le système de Sauve.

Edouard-Alfred Martel, accompagné de Paul Faucher, A. Viré, H. Roux et L. Armand, avait ouvert la voie dès les 26 et 27 septembre 1897 en explorant plusieurs cavités du système en amont de Sauve.

Les premières plongées remontent au 26/12/1968 avec Alain et Michel ROGER (S.C.A.L.-Montpellier) « plongée dans la vasque de la fontaine au milieu du village. Ressortie à l'air libre dans une galerie au bout de 25 ou 30 mètres. Profondeur atteinte dans le siphon : 5m. environ. La galerie aperçue semble être le bas d'un puits ressortant dans une maison de Sauve. »

Le 15 février 1969, ces deux frères reconnaissent trois arrivées de puits verticaux après passage du siphon (le plus long fait plus ou moins 50m. Nombreuses poteries. Prof. Max. 5m.

( Rapports d'activités SCAL 1968 et 1969-1970.). Peut-être émergent-ils dans l'aven de la Tour de Molle ?

1972 : liaison en plongée entre l'aven de la Tour de Molle et la source de Sauve (G.E.R.S.A.Montpellier).

La même année, le G.E.P.S. explore la source jusqu'à la trémie, à 200m de l'entrée.

Ce Groupe d'Etudes et de Plongée Souterraine (Bouches du Rhône) découvre le système du Vidourle souterrain en 1978. En collaboration avec les services locaux de la D.D.E. du Gard, cette équipe, emmenée par Jean-Louis Vernette, conduit une campagne approfondie sur plusieurs cavités du secteur, assortie de topographies et de descriptions détaillées.

L'opuscule édité en 1981 est devenu une référence bibliographique incontournable pour qui s'intéresse à ce karst.

La première plongée dans l'aval du Grand Aven, le 20/06/1979, livre au GEPS plus de 200m de vastes galeries à la profondeur de 25m.

En 1980, les provençaux poursuivent l'exploration dans la Fontaine, avancée entre-temps par une autre équipe à 240m. Après avoir franchi une étroiture à 240m, ils progressent jusqu'à une cloche située à 500m de l'entrée, après un point bas à –30m.

« Le courant et la turbidité des eaux, ajoutés à la configuration de cette résurgence en rendent son exploration délicate. Néanmoins, vu la direction, la configuration et les distances actuellement parcourues de part et d'autres, la jonction avec le réseau aval du Grand Aven nous semble désormais possible ».

La mémoire collective du petit milieu de la plongée souterraine, rapporte de nombreuses plongées dans la Fontaine et le Grand Aven après les explorations du G.E.P.S. . Au 20 siècle, aucune ne permettra de dépasser ni même de retrouver leurs « terminus », tant dans la Fontaine que dans le Grand Aven.

A partir 1998, une équipe languedocienne, flanquée de quelques provençaux, s'attaque à la fontaine, dans le cadre d'expéditions FFESSM, régionales puis nationales (2004 et 2005), avec le concours continu du club Spéléo des Taupes Palmées (F.F.S.-30).

Quarante sorties ont été nécessaires pour faire le ménage dans ce musée du fil d'Ariane, lever une topographie relativement exhaustive, et trouver les passages clés depuis la Fontaine et les galeries aval du Grand Aven.

1998 (4 sorties) : Prise de contact.

26/09/1998: François TOURTELLIER et Frank VASSEUR prise de contact et marquage des nombreux embranchements jusqu'à 210m pour sécuriser les plongées futures. 41 minutes de plongée.

18/10/1998: Didier MOURRAL et Patrick MUGNIER prise de contact et nettoyage de vieux fils rompus. 105 minutes de plongée.

15/11/1998: Elodie DARDENNE et Frank VASSEUR, relevé topographique sommaire et inventaire des galeries latérales équipées en fil d'ariane. 53 minutes de plongée.

22/11/1998: Cyril AUBREVILLE, Elodie DARDENNE, Didier MOURRAL, Patrick MUGNIER et Frank VASSEUR, équipement en câble des cent premiers mètres, métrage décamétrique et nettoyage de l'ancien fil. Plongée sous la neige. 50 minutes de plongée.

1999 (4 sorties) Nettoyage, sécurisation, équipement, topographie.

09/01/1999: Régis BRAHIC, Elodie DARDENNE, Claude et Serge GILLY, Jérôme MARTIN, Didier MOURRAL, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.

Une semaine avant, la cavité est en crue (niveau limnigraphe: 62). Aujourd'hui, le niveau est à 8, et malgré les conditions de visibilité très médiocres (<50 cm dans les 150 premiers mètres, 1,5m. au-delà) plusieurs opérations ont pu avoir lieu: vérification de l'équipement en câble nullement endommagé par la crue, reconnaissance du passage le plus confortable de 100 à 210m. en prévision de la poursuite de l'équipement en câble, recherche et repérage de cloches d'air dans les plafonds, repérage de poteries et vestiges humains, recherche d'une galerie latérale dans les 60 premiers mètres. Plongées de 35 à 70 minutes.

14/02/1999: Elodie DARDENNE, Didier MOURRAL, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.

Plongées de 30 à 63 minutes. Equipement en câble gainé de 100 à 200m., reconnaissance d'un shunt en rive droite amorcé à partir de 110m., repérage d'une cheminée surmontée d'une cloche d'air à l'aplomb de l'étiquette 100, et d'une belle stalactite dans le même secteur, désobstruction de l'amorce d'une galerie dans le porche d'entrée.

27/02/1999: Marc BERNARD, Régis BRAHIC, Elodie DARDENNE, Claude et Serge GILLY, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN, Patrick MUGNIER, Jean-Eric TOURNOUR, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.

Nettoyage de l'ancien fil de 100 à 200m., raccordement des vieux fils dans les latéraux sur le câble, topographie jusqu'à 200m. (point 0 sur le 0 du limnigraphe), nettoyage, rééquipement et topographie de la cheminée remontante dans la Tour de Molle (limnigraphe dans tuyau orange, trappe et escaliers au plafond), équipement du premier shunt qui revient dans la vasque d'entrée par une étroiture, nettoyage d'anciens fils en double. Plongées de 50 à 128 minutes.

13/03/1999: Serge GILLY, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN, Didier MOURRAL, Patrick MUGNIER, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR.

Recherche du passage-clé dans la zone des 200 m., collecte de poteries, seaux et cerclages remis directement aux représentants de la mairie et d'une association locale, topographie des cloches des 15m., 120m. et du diverticule d'entrée.

Plongées de 30 à 76 minutes.

2000 (9 sorties) le Vidourle retrouvé

19/02/2000: Didier MOURRAL, Frank VASSEUR. Repérage d'un passage en aval de la fin du câble (200m), qui débouche dans une cloche d'où s'engage un autre fil. Franchissement de trois étroitures consécutives à partir du carrefour de fils de 200m, arrêt à 230m dans une galerie plus vaste polluée de vieux fils d'Ariane sectionnés. Plongée de 50 minutes.

04/03/2000: Elodie DARDENNE, Richard HUTTLER, Frank VASSEUR. Tentative de photos malgré l'eau chargée. Equipement en fil métré à partir de « l'araignée » (carrefour de fils des 200m) jusqu'à 262m. Après un passage étroit et chaotique, on rejoint une jolie galerie aux parois très claires (sol légèrement limoneux), encombrée de vieux fils. Après un dédoublement, un seul fil ancien revient vers l'entrée dans un vaste laminoir. A 230m, un départ en rive gauche et un fil ascendant devront être revus. Plongées de 86 minutes.

10/03/2000 : Frank VASSEUR. Poursuite de la recherche de l'origine de l'écoulement dans le grand laminoir à partir de la côte 262m. Après 50m de fil déroulé, retour sur le fil principal à l'étiquette 220m. Retour en topographiant et remontée dans la cloche de la « cathédrale marseillaise » d'où s'engagent d'autres fils. Cette partie de la cavité n'est pas sur le cours actif du Vidourle souterrain. Plongée de 91 minutes.

25/03/2000: Jérôme MARTIN, François TOURTELLIER, Frank VASSEUR. Topographie de la cloche de la cathédrale marseillaise et re-découverte d'un accès direct depuis l'araignée, sans passer par la série d'étroitures entre 200 et 220m. Plongée de 75 minutes.

21/06/2000: Jacques BONPASCAL, Cyril MARCHAL, Laurent ROBIN, Mathias ROSELLO, Frank VASSEUR. Plongées d'approfondissement pour la plupart. Nettoyage de vieux fils à 140m et 230m. Plongée de 20 à 95 minutes.

28/06/2000: Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Equipement en fil neuf de 220m à 345m. En fouillant les plafonds du grand laminoir, découverte du fil de Jean-Louis Vernette à –8. Plongée de 60 minutes.

01/09/2000: Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Poursuite de l'équipement en fil neuf de 345m à 455m en suivant le fil posé par Jean-Louis Vernette en 1978, lors de son ultime exploration. Topographie au retour. Plongée de 70 minutes.

13/09/2000: Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Peaufinage de l'équipement entre 350m et 500m. Emersion dans une vaste cloche d'air à 500m après un point bas à –29. Il s'agit du point ultime atteint par Jean-Louis VERNETTE en 1978. Le cours actif du Vidourle souterrain doit se trouver en profondeur, à partir du point bas de –29.

Au retour, découverte d'un shunt à l'étroiture verticale des 270m. Plongée de 90 minutes.

24/09/2000: Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR. La visibilité n'excède pas 80 cm du fait des orages récents. Portage de plombs largables nécessaire à l'équipement jusqu'à 200m de l'entrée.

2001 (6 sorties) la récompense : l'exploration continue.

24/02/2001: Marc BERNARD, Claude GILLY, Richard HUTTLER, Frank VASSEUR. Equipement en cordelette du passage vers la cloche de la cathédrale marseillaise, transport de plombs largables jusqu'à 270m, nettoyage de vieux fils sectionnés. Plongée de 66 minutes.

25/02/2001: Marilyn HANIN, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Sous la cloche du GEPS, à partir du point bas de –29, exploration de 135m de galerie jusqu'à 575m (-43). Le collecteur est retrouvé, le courant est puissant et les anguilles circulent. Plongée de 131 minutes.

04/04/2001: Philippe ATLANI, Cyril MARCHAL, Kino PASSEVANT, Damien VIGNOLES, Frank VASSEUR. Nettoyage du vieux fil entre 280m et 385m. Installation de plaquettes à –6 (130m de l'entrée) et –9 (320m de l'entrée). Plongée de 74 minutes.

08/04/2001: Marilyn HANIN, Cyril MARCHAL, Damien VIGNOLES, Frank VASSEUR. Poursuite de l'exploration jusqu'à 665m (-12). Arrêt sous paliers après avoir cherché au point bas de –45. Plongée de 110 minutes.

12/04/2001: Cyril MARCHAL, Didier MELLET, Jean-Eric TOURNOUR, Frank VASSEUR. Topographie de 385m à 450m. Nettoyage de vieux fils dans la zone des 250m. Installation d'un anneau de corde à 320m pour la dépose de bouteille-relais au palier de –9.

21/04/2001: plongée Grand Aven de sauve. Romuald BARRE, Damien VIGNOLES.

09/05/2001: Marilyn HANIN, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Poursuite de l'exploration jusqu'à 702m de l'entrée. Arrêt dans de minuscules cloches d'air sans continuation. La suite sera à rechercher à partir de –6 après le point bas de –46 ce jour. Plongée de 140 minutes.

2002 (1 sortie) retour au calme

20/01/2002: Romuald BARRE, Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Reéquipement du fil jusqu'à 270m, dont de nombreux amarrages ont sauté durant les dernières crues. Plongées de 75 minutes.

2003 (9 sorties) Le Grand Aven se livre, la Fontaine se défend.

20/05/2003: Grand Aven. Reéquipement du siphon amont sur 250m. Damien VIGNOLES, Romuald BARRE, Mathias ROSELLO, Serge et Claude GILLY.

31/05/2003: Aven du Frère. Damien VIGNOLES.

15/06/2003: Grand Aven. Plongée de reconnaissance et topographie, arrêt sur manque de visibilité. Damien VIGNOLES, Romuald BARRE.

16-17/08/2003: Grand Aven. Equipement, reconnaissance amont et aval. Romuald BARRE, Damien VIGNOLES.

23-24/08/2003 : camp plongée Aven de Sauve. Mikaël et Nicolaï BAPPEL, Romuald BARRE, Damien VIGNOLES, Fabien ROIRON, Brahim OUSSENE, Marilyn HANIN.

05/09/2003 : Grand Aven de Sauve (aval): plongée du S1 25min. Damien VIGNOLES, Romuald BARRE.

07/09/2003: Grand Aven de Sauve (aval) plongée jusqu'au S3. Romuald BARRE, Damien VIGNOLES.

21/09/2003: Grand Aven de Sauve (aval), plongée 350m de découverte dans le S3: Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES.
Ces plongées dans le Grand Aven en direction de l'aval permettent de progresser de plus de 700m (intégralement topographiés) vers la Fontaine de Sauve. L'espoir de jonction renaît. Les zones terminales des deux cavités seraient distantes d'une centaine de mètres en distance plane.

07/2003: (par Michel Pauwels) Le fond de la cavité a été revu dans le but de vérifier la présence éventuelle de départs dans la galerie et au niveau du puits remontant terminal.

« A part un court tronçon de fil cassé dans le shunt sous la cathédrale, aucun rééquipement n'a été nécessaire pour rejoindre la zone terminale.

La grande galerie a été parcourue en zigzags (à partir de la marque 500 m. jusqu'au terminus actuel) en plaçant un fil temporaire afin d'être indépendant de l'équipement en place. Les parois de gauche et de droite ainsi que le plafond ont été inspectés, en particulier dans les zones où la galerie décrit un coude. Rien à signaler.

En suivant la voûte, l'équipement en place dans le puits a été rejoint à –34 m. alors que le fond se situait à -43, ce qui donne près de dix m. de hauteur de galerie à cet endroit !

Dans le puits terminal le fil était rompu à –14. Au niveau de ce fractionnement il y a un petit départ remontant dans la paroi, mais cela paraît plutôt étroit. A revoir si vraiment ça ne passait pas par ailleurs…

Vers –6 le puits se prolonge par une galerie horizontale avec quelques petites cloches au plafond (terminus Vasseur). Le plafond a été suivi d'abord vers l'aval, en retraversant le puits. De ce côté du puits on émerge dans une cloche plus vaste (1 x 2 m.) où débouche une cheminée visible sur quelques mètres. Du matériel d'escalade serait nécessaire pour sortir de l'eau et remonter cette cheminée.

Ensuite la galerie horizontale, dont l'axe semble être dans le prolongement de l'axe général de la progression, a été inspectée sur une vingtaine de m. Les ruptures de fil et l'orientation des tronçons flottants indiquent clairement la présence temporaire d'un courant violent provenant du fond de cette zone. Le plancher de cette galerie, recouvert de sédiments, semble par endroits vouloir redescendre mais aucun passage pénétrable n'a été observé. Dans la partie la plus éloignée les parois semblent se refermer.

Conclusion : La suite semble bien devoir se situer dans la zone terminale comme l'attestent l'absence de départs pénétrables dans la grande galerie et les indices de courant au-dessus du puits. Par ailleurs, la grande quantité de sédiments sur le sol de la galerie laisse à penser que nous sommes dans une zone de décantation , peut-être quasiment sous la vasque de sortie du siphon ?

Vu avec du recul il aurait sans doute été plus intéressant de scruter les plafonds et non le plancher de la galerie mais la touille soulevée du fond par le premier passage ne le permettait plus.

Plongeur de pointe : Michel PAUWELS (E.S.C.M.)

Plongeurs d'assistance : Françoise MINNE (C.A.SA.), Jacques PETIT (CA.S.A.), Jeannot TOURNOUR.

Merci à Frank de nous avoir permis de réaliser cette très belle plongée ! »

2004 (2 sorties) : la météo est contre nous.

23/08/2004: Frank VASSEUR. Reconnaissance et vérification de l'équipement en vue de plongées de pointes prévues la semaine suivante. Plongée de 39 minutes.

27/08/2004: Romuald BARRE, Kino PASSEVANT,Frank VASSEUR, Damien VIGNOLES. Inspections en détail de la zone des 270m jusqu'à 380m. Plusieurs ramifications sans suite. La visibilité, inférieure à 2 mètres n'autorise pas la poursuite des explorations. Plongées de 60 minutes.

2005 (5 sorties) la jonction, enfin !

10 et 11/02/2005: Françoise MINNE, Michel PAUWELS et Jacques PETIT.

Michel trouve la suite : « grosse galerie à -6 (2 à 3 m. de large au moins), plus ou moins dans l'axe du fil que tu avais posé. A partir de ton dernier amarrage resté en place (670 m. si j'ai bien vu, il doit y avoir en plus 20 ou 30 m. qui se sont barrés et ont été ramenés par le courant en parallèle vers l'entrée) j'ai tiré 100 m. de fil, direction constante ± 210°, arrêt sur fin de dévidoir. J'aurais dû prendre plus, on n'est jamais assez prévoyant... »

02/04/2005 : Richard HUTTLER, Frank VASSEUR. La sécheresse hivernale donne à la fontaine une « clarté » inégalée depuis plus de deux ans. Sortie de photographie avec environ 3,5m de visibilité et vérification de l'équipement jusqu'à 400m de l'entrée. Plongée de 86 minutes.

09/04/2005 : Christian MOREAU, Frank VASSEUR. Les faibles pluies de la semaine ont fait remonter le niveau de 30cm et diminué la visibilité d'un mètre par rapport à la dernière plongée. Galop d'essai jusqu'à 510m et topographie de la cloche GEPS à 500m. Plongée de 85 minutes.

13/04/2005 : Romuald BARRE, Frank VASSEUR. Reéquipement et topographie de la partie explorée par Michel en février (entre 670m et 770m). En progressant un peu plus vers l'amont, découverte du fil installé depuis le Grand Aven en 2003. La jonction est effective ! Plongée de 105 minutes.

27/08/2005 : Romuald BARRE, Marilyn HANIN, Frank VASSEUR et Damien VIGNOLES reéquipent et topographient le siphon amont du Grand Aven sur 380m.

 

LA FONTAINE DE SAUVE

 

Description

La majeure partie du temps, tel certains poissons d'eau douce, le plongeur souterrain remonte les cours d'eau.
Conformément à cet usage nous entreprendrons la description à « rebrousse – flot », dans le sens historique des explorations, depuis la vasque urbaine de la fontaine, jusqu'aux tréfonds amonts oubliés du Grand Aven.

La vasque obscure et trouble de la fontaine, nichée sous les fortifications de la ville, est contenue par un déversoir bâti.
Les fluctuations sont brutales, tant la source est sensible aux précipitations cévenoles.

Il n'est pas rare de constater des variations de niveau de 3m, entre l'étiage estival et le moment où le déversoir est submergé. Nous passerons pudiquement sur les crues, amplement médiatisée lorsque le fleuve déchaîné s'épanche, en aval, dans les zones urbaines.

Au fond de la vasque, vers le sud, une lame rocheuse divise le conduit dans le sens de la hauteur. Une chaîne est brêlée autour de l'arche, pour amarrer le câble qui équipe le parcours principal, dans la première partie de la source.

Nous avons fait le choix d'équiper les 210 premiers mètres, la portion la plus parcourue, en câble décamétré.
Les nombreux diverticules, cloches et autres galeries latérales sont équipés en fil d'Ariane, un moyen supplémentaire de se repérer à un carrefour de lignes.

Dès l'amarrage sur la chaîne, à 11m de l'amarrage extérieur (la barre en métal qui gaine les capillaires de mesure de fluctuation de niveaux), une première bifurcation latérale s'oriente à l'ouest. Elle est peu visible dans ce sens, car un talus de gros blocs vient jouxter la voûte, pour opposer une étroiture à la progression.

L'obstacle passé, une galerie confortable, mais rapidement troublée par les sédiments ramonés par les bulles expirées, se développe sur 36m (point bas –8,5) pour rejoindre le câble, à l'étiquette 40m.
Le marquage et la différence de nature de fil-guide n'ont pas empêché plusieurs balades non préméditées dans ce modeste diverticule.

Par le conduit principal, on passe « l'œil » du fond de la vasque. Un bref redan recoupe le câble, qui s'engage plein sud sur une dizaine de mètres. Si les niveaux sont bas, il n'est pas rare que ce tronçon soit surmonté d'une longue cloche d'air. A 29m, un fil remonte alors sud-est dans une salle exondée (35m). Un mur, percé d'un regard, sépare du plan d'eau utilisé, des années durant, comme laboratoire d'étude des stygobies (faune cavernicole aquatique) par le C.N.R.S. . On y accédait par l'ouverture pratiquée sous les remparts, fermé d'une lourde porte en bois, puis prolongée par une galerie artificiellement élargie.

De ce second carrefour, le câble plonge plein ouest, sous une voûte basse. À –4, après un virage, un élargissement était jonché, en rive gauche, de vestiges domestiques divers. Nul doute que des cheminées débouchent dans les habitations.

De l'ouest, un fil s'engage dans la galerie qui revient vers l'entrée, préalablement décrite.

Vers le sud, le sol se découvre, et révèle cette teinte albâtre veinée de noir, caractéristique du Vidourle hypogée.

Un cran vertical grimpe à –2, soixante mètres après la vasque. Entre le dernier carrefour et cette estrade naturelle, la rive droite remonte progressivement jusqu'à trois petites cloches d'air sans suite.

Le conduit s'encaisse brusquement en un canyon obscur. A 80m, un point bas ponctuel (-7), jonché de rocs et de récipients divers, marque l'amorce de la remontée vers la Tour de molle, autre accès naturel au réseau. La cheminée émerge dans un plan d'eau confortable (13 x 3m), prolongé d'une douzaine de mètres en hauteur, close par une trappe.

Ce puits, protégé par une tour fortifiée, fut longtemps l'aubaine de la population pendant ces farouches périodes historiques, durant lesquelles les sièges de la cité n'engendraient pas de pénurie d'eau potable.

Après le point bas, un bref talus ascendant rejoint un conduit travaillé, agrémenté de protubérances rocheuses, avantageusement mises à profit pour l'équipement du fil-guide.

Entre les étiquettes 100 et 110, des stalactites immergées, du fait du rehaussement artificiel du seuil de déversement de la source, évoqueraient presque des contrées exotiques.

Revenue à la profondeur de –2m, à 120m de la sortie, la galerie reprend ses aises, les parois quittent le champ de vision. Sur une dalle, une bifurcation. Au sud ouest, on plonge à –7, vire nord-ouest dans un passage réduit pour recouper le câble en amont, au terme de cette escapade de 25m.

Depuis ce carrefour, le câble file au nord-ouest en surmontant une dune de sable. Des prélèvements dans ces sédiments ont révélé des mollusques cavernicoles (voir chapitre malacologie).

En retrouvant la paroi de gauche, on passe sous une cloche effilée et concrétionnée, puis une pente rocheuse glisse sous une voûte basse. A 145m de l'entrée, une plaquette « -6 » matérialise le lieu des derniers paliers, les plus longs de la plongée, ceux passés à respirer de l'oxygène.
En rasant le sol, pour éviter de racler le plafond, on passe un point bas (-7,5) à 150m de l'entrée, immédiatement suivi d'un redan vertical.

A –5, dans un canyon, le fil du diverticule amorcé précédemment rejoint le câble. On plonge alors rapidement à –12, en tangentant la voûte, pour remonter aussitôt à –10, sur un chaos de blocs recouverts de limons.
Ici, la galerie doit être immense, plus de 6 à 8 mètres de large, car plusieurs itinéraires y étaient équipés. Celui que nous avons privilégié, équipé de câble, et que nous décrivons ici, emprunte un secteur non parcouru par l'écoulement (sauf en crue, certainement).
La stagnation, réitérée, de l'eau troublée lors des recherches sous les voûtes et dans les recoins, ainsi que l'omniprésence des sédiments, ont amené cette hypothèse.

Après une chicane autour d'un bloc, due uniquement à la mauvaise visibilité le jour de l'équipement, le câble plonge jusqu'à une paroi en rive gauche. On progresse alors à 15 mètres de profondeur, sans voir la rive droite.

Un premier fil remonte dans une fracture nord-ouest et émerge 25m plus loin dans une cloche d'air.
Quelques mètres en amont de l'amorce de ce fil, sur le câble, une autre ligne part vers l'est dans une fracture modeste. Elle émerge, une cinquantaine de mètres plus loin, dans une petite cloche : la cloche des nîmois (non topographiée).

A la cote 213m, autour d'une protubérance rocheuse caractéristique, voici « l'araignée », le carrefour le plus riche de la cavité. Le câble s'arrête là.

Le foisonnement de lignes correspond à une puissante faille qui recoupe perpendiculairement le cheminement général de la source. Sa surimposition, éventuelle, a contribué à complexifier la zone, au travers de laquelle le courant circule dans des passages impénétrables.

  • A la verticale, un guide conduit à une poche d'air.
  • Un autre fil rase le sol, passe sous des blocs et remonte, per angusta, sur le fil métré.
  • Dans le prolongement du conduit, un fil, métré dans la continuité du câble, remonte dans une fracture étroite. Passé une étroiture, une ancienne ligne poursuit sa route dans la fracture jusqu'à une petite cloche sans prolongement. Il faut, toujours sur le fil métré, bifurquer à 90° dans un conduit toujours modeste, parfois intime, et horizontal, qui rejoint un élargissement. Là, un carrefour de fils, signale, avec une plaquette, une salle supérieure. Nous y reviendrons, mais par un cheminement plus confortable.
  • Revenus à notre araignée, juste en aval de l'amarrage terminal du câble, une cordelette remonte brusquement sur la fracture en rive droite. Une plaquette, sur le raccord de fils, indique la salle de la « cathédrale marseillaise ».

Là est la « clé », si longtemps convoitée, pour franchir, au plus aisément, cette zone complexe.

Passé une amorce intime, la cordelette remonte verticalement jusqu'à –7 (niveau haut). Un bref tronçon horizontal recoupe un nouveau fil d'Ariane.
En le suivant vers le sud-est, on émerge rapidement dans la salle de la « cathédrale marseillaise ». C'est le plus vaste volume de la cavité, déterminé par un remarquable miroir de faille orienté nord-est / sud-ouest, sur la partie occidentale de la salle.

Elle s'étire le long de cet axe, sur plus de 40m. Les parois sont concrétionnées, les oxydes ont maculé certaines parties de teintes plus claires ou plus sombres, des amorces de galeries en hauteur n'ont pas livré de prolongements espérés.

Vers le nord-ouest, un amas de blocs la divise en deux parties, reliées par un plan d'eau ténu, voire un voûte mouillante selon le niveau. La zone septentrionale est plus large, le bassin y est plus profond.

Revenu au carrefour de la cordelette (qui vient de « l'araignée ») , juste sous la salle, il faut descendre le long du fil, au-dessus d'un chaos de blocs recouverts de limons.
Un dernier passage, sur un bloc instable et via une lucarne dérobée, se termine en redan vertical de 3m.
Sur un sol de galets scellés par l'argile, notre fil en recoupe perpendiculairement et verticalement un autre.

C'est celui, métré, qui équipe le cheminement principal de la cavité. On est là au sortir des étroitures précédemment décrites, depuis « l'Araignée ». Vous avez suivi ?

La galerie change radicalement de morphologie. On découvre alors une jolie conduite forcée, un calcaire très clair. Avant de s'y engager, remarquer, en rive gauche, la petite lucarne.

Nous y reviendrons.

Le pendage qui affecte la conduite, mène rapidement, à –13. Un redan sursaute à –11, puis l'environnement devient plus modeste. A la cote 240m (-14), on oblique au sud-ouest, sur une dune de sédiments dont l'arête est remaniée à chaque crue. Quelques mètres plus loin, la strate rocheuse apparaît, affectée du pendage. C'est le « grand laminoir » dans lequel nous errâmes un certain temps.

A 260m (-17), une paroi se dresse. En la longeant, on revient sur ses palmes sur l'autre rive du laminoir, puis dans une galerie fracturée et par une lucarne, au carrefour situé sous la salle de la « cathédrale marseillaise ».

A –17, deux fils partent d'un plomb largable. Contre la paroi, le fil principal remonte verticalement dans une cheminée ponctuellement éxigue. Il est possible d'éviter ce passage en empruntant le vieux fil d'Ariane, qui rejoint l'autre quelques mètres plus haut. Cette remontée est agrémentée de majestueuses lames d'érosion. Elle bute à –3 sur un plafond, malgré la sonorité particulière des bulles en cet endroit.

A –7, une galerie s'engage à l'horizontale et recoupe perpendiculairement un conduit plus vaste onze mètres plus loin, à 277m.

Au sud-est, le conduit s'englaise en remontant, puis émerge dans une cloche minuscule (juste la place du casque) après avoir suivi un talus de limons fluides qui remonte jusqu'au plafond, à 297m.

Vers le nord-ouest, tout au contraire, c'est le « grand collecteur ».

Finies les sections labyrinthiques, les dédoublements de galeries, les conduits fracturés. Ici, une puissante conduite forcée atteint au moins 5 m de diamètre. Le sol est recouvert de sable et de graviers, les parois sont claires, dommage que la visibilité, médiocre bien que meilleure que dans les 150 premiers mètres de la source, ne permette jamais de visualiser l'intégralité du conduit.

Le pendage constaté dans le « grand laminoir » se confirme ici. On descend d'abord sensiblement à –14 (355m), puis plus rapidement à –23 (380m), à la faveur d'un changement de direction vers le sud-ouest. Le fil, équipé en rive gauche, traverse la galerie à –26. Parvenu sur l'autre rive, un amarrage au sol, puis on remonte graduellement jusqu'au plafond, à –30 (440m).

Ici, il est possible de remonter, en pleine eau, dans un volume noyé monumental, jusqu'à la salle « GEPS 1978 ». Elle fut découverte, à 500m de l'entrée, par Jean-Louis Vernette lors d'une ultime pointe en solo à la fin des années 70.

C'est une superbe cloche, orientée est-ouest (15m x 5m x 10m), et ornée de marmites d'érosion en plafond. Sur la paroi nord, une fine strate sombre atteste du pendage. Il n'y a pied nulle part. Sous les palmes : 35m de hauteur d'eau.

L'inspection des parois, à proximité de la surface, n'a rien révélé.

Quelques mètres avant l'amorce de la remontée vers la cloche G.E.P.S., un fil d'Ariane plonge vers le sol. A –35, une cuvette de sédiments. On louvoie un tantinet à l'aveuglette avant de retrouver une marche rocheuse. Ici débute le canyon Jeannot Tournour. Avec 4m de large et par endroits plus de 11m de haut, c'est l'une des portions des plus grandiose de la source. La roche est claire, des rognons de chailles saillent au sol et des parois, fragiles et chétives sculptures naturelles tourmentées.

Le pendage fait piquer le plongeur sensiblement au-delà de –40. A 560m de l'entrée (-41), le canyon s'infléchit brusquement plein nord, jusqu'à un cul-de-sac à –45 (605m).
Les strates surcreusées n'offrent rien de mieux.
La suite est vers le haut, au faîte d'une remontée de 40m.

En poursuivant vers la voûte, une surface livre l'accès à une cheminée exondée, éventuellement entreprenable en escalade artificielle.
A –6, en rive droite, un vaste palier se prolonge par une amorce de galerie à 680m (-3). En serrant la paroi de droite, une fracture émerge dans une série de minuscules cloches d'air.
Passé un resserrement ponctuel, la source s'oriente à nouveau au sud-ouest. Les parois s'éloignent à nouveau, recouvertes de limons au fur et à mesure que l'on diverge de l'axe central, matérialisé par un surcreusement, orné de rognons de chailles.

Après une brève progression horizontale, le pendage s'impose à nouveau. A 780m (-5) l'endroit de la jonction tant désirée constitue un virage vers l'ouest sud-ouest. La galerie sinue ensuite modérément : au sud-ouest à 870m, puis plus radicalement au nord-ouest à 996m (-18).

La fracture qui détermine ce changement de direction se caractérise par une descente à –26 dans une zone chaotique. Après un point bas à –27 sur des blocs métriques, on remonte brusquement jusqu'à la surface, à 1135m de la vasque.
L'ampleur supposée du volume, combinée à l'incidence de la fracturation sur cette zone, augure une éventuelle confluence, un écoulement issu de l'énigmatique massif du Coutach.

Une piste à creuser. A vérifier, avec l'espoir de la valider.

On émerge dans un puissant plan d'eau (6 x 7 m), bordé de hautes murailles élevées vers des voûtes concrétionnées. Après 47m de palmage, les parois se resserrent et opposent un seuil rocheux. Une quinzaine de mètres d'immersion dans un environnement plus ténu permet de franchir l'obstacle sans avoir à quitter l'élément aqueux et ni subir brutalement les dures lois de la physique. D'autant plus profitable que l'atmosphère est saturée de C.O.2 et appauvri en oxygène.
Encore 45m, et le lac plonge dans le S.2 (20m ;-3). Après cet intermède, la rue d'eau se prolonge encore durant 50m. En rive gauche, une galerie exondée redonne rapidement sur le lac, en aval.

Le S.1 (230m.-27), s'amorce par une fracture modeste. On plonge immédiatement à –15, puis progressivement à –27 sur une dune de graviers.

Par un petit passage surbaissé, on recoupe un puissant conduit, à l'image de la cavité. Il sinue en remontant sensiblement à –22, pour replonger lentement à –26. A partir de –24, un vaste puits remonte directement jusqu'à la surface.
A l'extrémité méridionale de la vasque, une galerie noyée s'engage à faible profondeur en direction de l'amont. Elle a été reconnue sur plus d'une centaine de mètres.

Nous sommes ici à la base du puits aval du Grand Aven, à 1515m de la vasque de la Fontaine.

Le Grand Aven de Sauve

Dans la suite logique de la jonction Grand Aven de Sauve/Fontaine réalisée en 2005, l'équipe des Taupes Palmées s'est maintenant attelée à un nouveau défi; relier les autres regards de ce mystérieux Vidourle souterrain.

C'est donc logiquement dans l'amont que se sont poursuivit nos investigations.

Eté 2006, dans le cadre d'une expé régionale de la commission régionale souterraine de la FFESSM (fédération Française et d’Etude des Sports Sous-Marin) la topographie est levée jusqu'à la salle Fiault, le départ du Siphon 4 "bis" est repéré. Une ultime plongée avant les crues permettra de dépasser le terminus des Marseillais des années 1980. Arrêt dans du gros la suite est tracée.

Printemps 2007, nouvelle plongée Siphon 4 et 5 sont franchis arrêt toujours dans des vastes galeries. L'équipe s'organise nous fabriquons une plate-forme au dessus de la mise a l'eau (photo), on n'invente rien car les "anciens" avaient déjà procédé de même. Surprise les galeries découvertes s'orientent vers l'aven de la sœur, délaissant totalement l'aven de Tarrieu que nous pensions raccordé au système.

En 2008 les conditions météo et les aléas de chacun n’ont permit que 2 plongées d’exploration. La jonction avec l’ancienne station de pompage de Conqueyrac est désormais proche, quelques dizaine de mètres.

 

Le Grand Aven de Sauve (voir plan)

A son orifice, cette remarquable curiosité naturelle affiche plus de 60 mètres de long et 25 de large, sa profondeur approche 30 mètres.

A la base de cette première verticale, le cours temporaire du Vidourle a profondément entaillé un remplissage. Il apparaît subrepticement uniquement lors des crues exceptionnelles, alors que les galeries souterraines, saturées, refoulent l'excédent qu'elles ne peuvent engloutir.

Le fond de l'aven est rigoureusement impénétrable, colmaté de roche et d'argile.

Au sud-est, sous la falaise, une escalade de 4m rejoint une galerie, ponctuellement surbaissée, qui débouche, 96m plus loin, sur le puits d'une quinzaine de mètres qui domine la vasque du Siphon 1 aval. C’est de ce plan d’eau que nous pouvons accéder a la fontaine de Sauve, petit obstacle 1170m de galeries noyées.

Au nord-ouest, toujours à la base de la muraille, une jolie galerie concrétionnée se ramifie au fond du porche d'entrée. C’est dorénavant cette partie qui nous intéresse.

Ici, l'équipe du G.E.P.S. a exploré, topographié et baptisé certaines portions de la cavité. Nous conservons leurs dénominations dans la description suivante.

Vers le nord-ouest, 250m de galeries butent sur des colmatages de terres ou des puits qui surplombent le siphon amont.

Au sud, le conduit se restreint progressivement en largeur, jusqu'à dominer, par une échancrure rocheuse, le puits d'une quinzaine de mètres (selon le niveau de l'eau) qui donne sur le plan d'eau du siphon amont. C'est la salle du Zodiac.

Ici, nulle plage pour prendre pied. La corde glisse directement sur un plan d'eau, profond de 30 mètres, une plate forme en bois permet de s’équiper plus confortablement.

Sous la surface de l’eau, le puit se prolonge, en forte pente, puis verticalement, jusqu'à une galerie surbaissée à –29m. L'argile la colmate presque et de nombreux vestiges attestent des soucis de quelques-uns de nos prédécesseurs (palmes, chaussures, dudules, poutres) à la mise à l'eau. Il pourrait s'avérer intéressant d'inspecter en détail la circonférence de ce puits. L'eau qui transite vers l'aval y circule. Peut-être qu'une galerie pénétrable relie ces deux siphons ?

A l'étiage, il est possible de traverser, à la nage, vers l'ouest, pour prendre pied sur un replat rocheux, derrière un puissant pilier.

Ici s'amorce la partie amont. Le premier siphon S.1Am (255m ;-20) est confortable, mais ses dimensions sont sensiblement inférieures à ce qu'on connaît dans l'aval. La section doit avoisiner les 4 x 4m avec, par endroits une hauteur qui s'étire à la faveur de fractures effilées.

Le siphon commence par plonger à –5, pour remonter à –1,5m à 80m du départ. Un peu plus loin, à 130m, un point bas (–7) est surmonté d'une surface : la salle De Joly, trépanée par une galerie aérienne accessible depuis l'entrée de la cavité.

En remontant à –2, un carrefour se présente à 143m du départ. En rive gauche, une galerie plus modeste (2 x 2m) émerge dans une cloche pour replonger en s‘étirant dans le sens de la hauteur.

Une première remontée émerge à 188m du départ dans un modeste conduit, l'autre, dans la salle Fanny, à 202m de la salle du Zodiac. Les deux galeries sèches ne semblent pas offrir de prolongements confortables.

De retour au carrefour, le siphon plonge à –12, puis à –20 à 232m, pour émerger, après une remontée verticale, dans la salle Fanny (h=20m).

Attention à l'éboulis noyé le long duquel on remonte. Son instabilité a déjà été à l'origine d'un impressionnant éboulement.

Un plan d'eau (15 mètres) bute, en amont, sur un seuil rocheux annonciateur d'un carrefour. Un roc, massif et acéré, est fiché au beau milieu du passage, impliquant une émersion ponctuelle pour atteindre le S.2 amont.

Selon les années, et les amoncellements de sédiments autour du bloc, le Vidourle y cascade modestement. Modestement, certes mais on le voit couler, ce qui est inexistant dans la partie plus aval du système.

Les voûtes s'élèvent ici à plus de 20m. L'air y est sensiblement chargé en CO2.

Vers le nord, une conduite forcée modeste et argileuse bute rapidement sur un siphon. Un laminoir, dominant la sortie du S1 am revient aussi sur un plan d'eau. La topographie situe ces deux vasques au-dessus du S1 am.

A l'ouest, l'actif provient d'un long lac (45m) à la faveur duquel les parois, ornées de concrétions brunes et massives, se resserrent (3 à 4m de large) et le plafond s'abaisse à 3m de la surface.

Le S.2 am (114m ;-24) prolonge ce lac. C'est une jolie conduite forcée (3,5 x 2,5m) qui plonge progressivement jusqu'au point bas. Là, on recoupe une fracture, à la faveur de laquelle on oblique brusquement au nord en remontant rapidement jusqu'à la surface.

A l'extrémité septentrionale de la fissure, le fracas du ruisseau souterrain est audible.

L'actif bouillonne sous une lame rocheuse, qu'il convient d'escalader pour accéder à la galerie qui fait suite. Il faut immédiatement enjamber une marmite agitée par le courant, puis prendre pied dans le conduit.

C'est une splendide galerie active, au sol vierge de dépôts et ciselée par les eaux (cupules d'érosion). Large de 6 à 7 m tout au plus, elle rejoint rapidement un plan d'eau calme, annonciateur du siphon suivant, à 42m de distance de la sortie du S.2am. Mi-août 2006, la teneur en CO2 était incommodante lors de la progression.

Le S.3am (105m ;-18) est une galerie de 7m de haut pour 3 de large, cintrée en son milieu (section en « 8 »). Des rognons de chailles saillent, en paroi, de plus de 50 cm parfois. La partie supérieure est occasionnellement recouverte d'argile. Le sol demeure rocheux. A la manière des deux premiers siphons, on y plonge progressivement jusqu'au point bas (-18), avant d'amorcer brutalement une remontée directe jusqu'à la surface.

C'est dans cette remontée, alors que la cavité se développe sous le cours aérien du Rieumassel, qu'un poisson (pigmenté, pourvu d'yeux et vivace) a été observé.

Ici aussi, la sonorité du ruisseau est perceptible. Il faut grimper un redan rocheux de 40 cm pour prendre pied dans la galerie exondée.

Mais auparavant, la vasque (3 x 4m) se prolonge plein ouest à la faveur d'une fracture perpendiculaire au siphon.

En progressant sur des blocs dans une faible profondeur d'eau, on passe un seuil immergé pour découvrir, dans la paroi nord, une arrivée de galerie active, encombrée d'un chaos rocheux.

Ce dernier est surmonté d'une cheminée d'une quinzaine de mètres. Escaladée en 2007 celle-ci bute sur une trémie ou quelques insectes ont put êtres observés, preuve que la surface est proche.

Peu après, le ruisseau souterrain cascade dans une galerie basse, où il devient nécessaire de ramper.

Revenu à la sortie du S.3am, on escalade le redan pour prendre pied dans une magnifique galerie cupulée. Nul doute qu'ici l'eau brasse et bouillonne, en temps normal.

Le conduit se dédouble immédiatement autour d'un gros pilier central. La rive gauche est la plus confortable. Elle rejoint rapidement un conduit unique (6 x 1,8m) baigné par un lac.

Celui-ci se déverse, en rive gauche, via un boyau actif, dans la galerie active latérale, parcourue par l'écoulement principal. Cette galerie latérale se prolonge jusqu'à la vasque du S3am par la portion chaotique précédemment décrite.

Au niveau du lac, sur la berge opposée, une galerie basse s'amorce. Elle conduit, 70m plus loin, au S.4 bis, explorée par le GEPS sur 150m environ.

Il faut suivre le lac dans ce qui semble la galerie principale, pour rejoindre la vasque du S.4am, à 60m de celle du S.3am. Mi-août 2006, la teneur en CO2 était incommodante lors de la progression.

Selon les années, la vasque de ce siphon est émissive.

Le S4 a été topographié sur 220m. Lors de la première plongée un départ rive gauche avait été entrevu. Les visibilités très faible lors des plongées suivantes n'ont pas permit de le retrouver. A 140m un départ dans l'axe de la galerie principale juste pénétrable les bouteilles au dos a été exploré sur trente mètres. La suite de la galerie recoupe apparemment la branche Bis, mais nous n’avons pas réalisé cette jonction. Dans la zone terminale, l'actif a été perdu, émersion dans quelques cloches borgnes. Ce n’est pas par ici que nous retrouverons le cour souterrain du Vidourle.

 

Le S4 bis a été nommé ainsi car dans un premier temps nous ne l’avions pas plongé car il n’en sort aucun actif. Les 130 premier mètres sont très clair, plusieurs départs ont étés fouillés mais il rejoignent la galerie principale. A 50m une galerie a été remontée sur 60m en suivant le fil des « anciens », mais l’eau devient très trouble a cause d’une importante quantité d’argile.

Nous pensons avoir débuter l’exploration a partir de ce point 50, en effet nous n’avons plus rencontré de vieux fil a partir de cet endroit et la galerie marque un changement de direction. A 130m la galerie se rétrécie  en un laminoir, un passage en baïonnette permet d’éviter celui-ci. Au delà la galerie reprend ses dimensions respectables mais l’eau se trouble a nouveau. Les eaux claires proviennent d’une modeste galerie rive gauche. A 140m par –8 on dirait que ça queute mais il n’en est rien. Sur la gauche un passage remontant émerge dans une petite cloche puis la galerie replonge doucement jusqu’a –16 pour 225m, c’est ici que se situe la jonction supposée avec le S4.

La sortie est proche il faut chercher le passage entre les lames on émerge dans une galerie ou il faut progresser a 4 pattes.

 

Le S5 en voûte rasante varie considérablement en longueur suivant la saison. Il émerge dans une jolie salle concrétionnée.

 

Au départ du S6 une galerie aval a été vue le jour de l’exploration, pas moyen de la retrouver, la visibilité n’excédant pas 1m50. Ce jour de septembre 2007 nous avions plongé en désespoir de cause les bouteilles de plongée utilisée en relais attendant depuis mai une amélioration des conditions. La progression s’est faite au hasard, 150m avaient pu être déroulés et 350m de topographie levés. La galerie est pourtant de dimension respectable (2x 3) arrêt sur autonomie a 10m de profondeur et 1438m de la vasque du S1, 190m théoriques nous séparent de l’aven de la sœur.

 

De nombreuse plongées sont encore prévues. Les participants sont tour a tour porteur, pointeur, topographe.

Une belle aventure d’équipe qui se poursuit. En parallèle nous avons exploré d’autres cavités qui finiront bien par reconstituer cette immense puzzle. Nous espérons continuer a relier tout les regards qui jalonnent le parcours de ce fleuve mystérieux.

 

Participants :

Kino Passevant, Denis Grammont, Mathias Rosello, Renaud Cruz, Marilyn Hanin, Frank Vasseur, Cédric Nicolas, Pascal Mouynerat, Michael Bappel, Didier Barbier, Laura Sevry, Romuald Barré, Guillaume Tixier, Laurent Chalvet, Damien Vignoles.

 

Damien Vignoles

Spéléo Club des Taupes Palmées 2009

 

Malacologie

Résultat de la dernière collecte en date (26/03/2000) par Henri Girardi.

Suite à ces recherches, cinq espèces vivantes édaphiques ont été
répertoriées dans le système du Vidourle souterrain.

PALADILHIA pleurotoma (Bourguignat, 1865)
MOITESSIERIA rollandia (Bourguignat, 1863)
BYTHIOSPEUM klemni (BOETERS, 1969)
ISLAMIA globulina (PALDILHE, 1866)
BYTHIOSPEUM articense (Bernasconi, 1985)

Ainsi qu’une espèce benthique réophile :
ANCYLASTRUM fluviatilis (Muller, 1774)

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arche du porche d'entrée par Frank Vasseur

 

 

 

 

 

Carrefour galerie dédoublée d'entrée par Frank Vasseur

Roche blanche par Frank Vasseur

 

Lames d'érosion par Frank Vasseur

Carrefour de le dalle par Frank Vasseur

Canyon et niphargus par Frank Vasseur

 

Cloche des nîmois par richard Huttler

L'araignée - 210m - par Frank Vasseur

Carrefour sous la cathédrale marseillaise, par Richard Huttler

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emersion dans la cathédrale marseillaise, par Richard huttler assisté de Didier Borg

 

Salle de la cathédrale marseillaise, par Richard huttler

 

Salle axe nord - sud GEPS par Richard Huttler

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Départ du puits amont, par Pascal Mouneyrat

 


Départ du S1 amont, par Pascal Mouneyrat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grand Aven par Richard Huttler