Résurgence de Heche

Commune de Frechet - Aure

Coordonnées : X= 440.84 Y= 71.68 Z= 785m


 
Localisation
Récit

fiche élaborée par Yves André et Frank Vasseur

Situation

Dans la vallée parcourue par le ruisseau d’Ardengost, affluent en rive droite de la vallée de la Neste d’Aure, sensiblement en aval de Fréchet-Aure, sous le bois de la Hèche.
Compter 45 min de marche d’approche pour descendre dans le fond de la vallée puis remonter le ruisseau dans la forêt.
L’entrée une quinzaine de mètres au-dessus du fond du ravin en rive gauche. Quelques cascatelles localisent précisément le site.

Historique

La rivière souterraine est remontée jusqu’au siphon en 1970 par l’Association Spéléologique Charentaise.
Une plongée est organisée en 1982 par A.Clostres (S.C.Aérospatiale de Toulouse) soutenu par le S.C. des Baronnies. Il semble qu’il n’ait pu passer les premières étroitures, au fond de la vasque.
De 2002 à 2005, cette résurgence sera inscrite aux objectifs d’expéditions régionales FFESSM (région Pyrénées-Méditerranée), organisées pour 2003 et 2004, en collaboration avec la Co Jeunes de la FFS.
Le 22 juillet 2003, Nadir Lasson (Indhira Nadir) aidé de Yves André, Jean-François Coronado et José Ferris au portage, franchit en décapelé le siphon terminal, rebaptisé à cette occasion « siphon Banania », et explore 165m de rivière au-delà. Il bute sur la cascade « Dalaï Nadir », faute d’énergie positive et d’ouverture des shakras pour la remonter en lévitation.

Les 20 et 22 juillet 2004, Nadir Lasson (toujours en quête de nouveaux horizons spirituels), Guillaume Tixier (fraîchement placé sous le haut commandement de la ‘Tite Annick), et Damien Vignoles (vendu aux rouges qui tournent au jaune), bravement soutenus par l’équipe du Spéléo-Corbières-Minervois (11), Yves André et Davys Jeune, poursuivent l’exploration post-siphon jusqu’à 1764m de l’entrée (+142) et remontent deux affluents sur 40 et 200m.
Le 5 août 2005, ne restent plus qu’un ancien jeune et un déjà vieux pour poursuivre l’aventure. Les jeunes de l’année précédente ayant prématurément été frappés d’obsolescence, pour des raisons mystiques pour l’un et sexualo-affectives pour l’autre.
Yves André, Alfonsa et Jean-François Coronado, Marilyn Hanin et Michel Wienin soutiennent Frank Vasseur et Damien vignoles pour une ultime pointe de 10h jusqu’au siphon terminal actuel, à 2023 m de l’entrée (+162).

Description

Une modeste entrée triangulaire recèle 350m de rivière souterraine, agrémentés de quatorze magnifiques cascades, dans du calcaire marbré noir veiné de blanc, jusqu’au siphon Banania (+42).
Ce siphon (35m ;-2.5) présente une cloche d’air à 10m du départ. Il est bas de plafond et ponctué d’un talus de sable en sortie. La visibilité diminue considérablement dès le premier passage.
Bien qu’il soit alimenté, ce siphon pourrait peut-être se désamorcer par gravité, en surcreusant le déversoir.
On retrouve immédiatement la rivière des « Gardaudoislotois », baptisée ainsi par une jeunesse désabusée, nourrie de jeux vidéo et de séries télé insipides made in US, dont la créativité poétique se résume aux repères géo-tribaux, à l’image des taggeurs des cités urbaines.
Suivent 30m de galeries (1 x 3,5m) et un laminoir de 6m. Un méandre se développe ensuite avec un départ fossile en rive droite. Il a été reconnu sur 40m.
Peu après cet embranchement, une voûte mouillante se shunte par un passage supérieur, en rive droite.
55m de méandre, entrecoupé de trois cascatelles d’un à deux mètres rejoignent la base de la cascade « Dalaï Nadir » (4m de haut), le terminus de 2003, à 165 m du siphon.
Suivent alors 50m de fracture aux dimensions plus réduites, dans un calcaire friable. Puis on change d’étage, la section augmente et on attaque bientôt une série de cascades, dont la plus haute (la cascade du Guigui transi – 15m), se shunte, en partie inférieure, par une fracture argileuse.
Une série de cascatelles rejoint un méandre ponctuellement étroit, qui devient rapidement plus humain. La cavité, jusqu’alors axée sur l’ouest depuis le siphon, s’oriente résolument plein sud.
Le méandre des « anciens jeunes » prend ici ses aises, se développe en hauteur (plus de 10m) tout en conservant son caractère abrasif. La largeur moyenne est de l’ordre d’un mètre. On soupçonne des étages supérieurs, à en juger par les morceaux massifs de concrétions retrouvés dans le fond de la rivière. C’est ici qu’un morceau de bois a été trouvé dans la rivière, à 835m de l’entrée, attestant de communications relativement directes avec la surface.
Mieux vaut être taillé comme un anchois que comme un cachalot en ces lieux … et adhérer à un club peu regardant sur le budget kit-bag.
A 1105m (-118) une voûte mouillante agrémentée de concrétions marque l’infléchissement au sud-est. Le méandre Bianca Castafiole reprend de plus belle, toujours parcouru par la rivière.
A 1184m de l’entrée, un petit affluent en rive droite est impénétrable.
A 1385m un départ en diaclase est visible en rive gauche. A 1623m (+130), un affluent en rive gauche suinte des voûtes. Il a été remonté sur 200m environ, pour un dénivelé positif de 20m. La roche semble plus friable, des blocs jalonnent le cours d’eau, on approche à grand pas de la « salle » (tout est relatif, mais c’est assez rare dans cette cavité pour être souligné) du terminus 2004, à 1740m de l’entrée (+142).
La cascade de la couvade (6m) se franchit et s’équipe tout en naturel (lancé de corde autour d’un modeste pont rocheux et amarrages sur concrétions), 5m en aval de la base de la cascade. On redescend ensuite dans la rivière, pour ramper pendant une vingtaine de mètres, avant de retrouver la station verticale. La morphologie dénote de tout ce qu’on a pu voir jusqu’alors. La hauteur dépasse rarement 3m, les parois sont joliment concrétionnées (excentriques), on progresse parfois sur un interstrate dont la partie supérieure a été érodée, le ruisseau décrit de larges méandres et le débit a diminué.
Un affluent (un litre/seconde), pénétrable sur 15m en rive gauche, augure le changement de section. Deux cascades (1,5m chacune) conduisent à une trémie de blocs instables, affectée de coulées de sable. A son aplomb, le conduit se prolonge sur une vingtaine de mètres en hauteur. Y aurait-il un accès supérieur par ici ?
A sa base, on s’agenouille à nouveau pour trouver rapidement le siphon des « mouille-colle », étroit et argileux mais pénétrable, le terminus actuel des explorations, à 2023m (+162).
La température de l’eau est comprise entre 7 et 8 °C.

Bibliographie

Spéléoc N° 21 – 1982