EXPLORATION SOUS LE CAUSSE-DE-LA-SELLE


 

Plongées dans le système des Cent Fonts
par

Benoit POINARD
et
Frank VASSEUR

Dossier CELADON N° 5 - Mai 995

Du haut de la crête du Longuet, la vue embrasse la vallée de l'Hérault, sauvage, chatoyante.
Le fleuve joue ici de rapides en marmites, coule en de larges gorges évasées, s'évade loin des barrages et retentis.
Flanqué de massifs trapus, foisonnants de maquis et crénelés de falaises au grisé dolomitique caractéristique, l'élément liquide conserve ici sa puissance et sa majesté.

Depuis ce secteur du causse, le regard couvre le versant opposé sur la montagne de la Sellette. Le roc de l'enclume et le roc blanc s'érigent en caps altiers dominant les méandres du cours d'eau.
Entre les deux promontoires, le ruisseau des chambrettes incise profondément le versant, isolant ainsi le mourre pourri.
Rapaces, sangliers et autres espèces de la faune méditerranéerme y ont élu domicile.

En ce lieu perdu et retiré sourdent les sources des Cent Fonts. Un delta de résurgence amalgame ici les eaux de la Buèges, désertant la surface quelques huit kilomètres plus au Nord, et celles de l'Hérault.
Durant la dernière guerre, dès 1943, les maquis locaux mettaient à profit ces sources aux débits conséquents pour s'abreuver.

Depuis cinquante ans, les spéléologues se sont relayés pour repousser les limites de l'inconnu. Avides de dévoiler les mystères de ces contrées en apparence si arides, plusieurs équipes se sont succédées pour révéler ces dédales du sous-sol.
Au fil des temps, la carte des arcanes s'est précisée, affinée, gagnant sur l'inconnu des portions de galeries révélatrices dinformations nouvelles.
Aujourd'hui, une nouvelle campagne orchestrée à grand renfort de matériel, une nouvelle équipe régie par une logistique rigoureuse, a apporté sa contribution à l'exploration de la caverne.

Puisse ce modeste dossier contribuer à la connaissance et à l'étude du domaine souterrain, où tout reste à découvrir.
Puisse-t-il donner des indications sur l'organisation des circulations souterraines et apporter des éléments à la quantification des aquifères, dans lesquels nous puiserons peut-être notre eau potable de demain.
Puissent ceux qui nous ont soutenus et encouragés dans cette entreprise trouver en ces quelques pages l'expression de notre reconnaissance et de notre sympathie.

HISTORIQUE

La première incursion spéléologique remonte à 1945. L'équipe du C.A.F. de Montpellier explore systématiquement le gouffre et bute sur des siphons à quelques dizaines de mètres de l'entrée. La pérennité des sources situées en bordure de l'Hérault est vérifiée à cette occasion.

Le 07/08/1950, J.Du CAILAR (C.A.F.) invité par le S.C.M. effectuait une ce dans le plan d'eau principal. Au bout de 12m, d faisait demi-tour car son masque prenait l'eau et laissait Hem LOMBARD, illustre pionnier de la plongée souterraine, capeler le scaphandre autonome.
Sa prose d'alors est éloquente:
"...Avec déjà de l'habitude il enfile le scaphandre et puis pénètre dans cette eau froide sans autre façon que je n'en fais pour rentrer dans de l'eau de mer à la même époque. Son rythme respiratoire ne varie pas et tout de suite il plonge. Je suis stupéfait d'un pareil calme. La corde se déroule: 10 mètres, 15 mètres, 25 mètres, nos camarades ont déjà l'habitude et trouvent cela normal mais je suis inquiet et pense à la défaillance physique ou matérielle toujours possible. Trente mètres ... le corde se déroule toujours. Dix mètres de plus et puis c'est le retour. La cordelle revient lentement, mètres après mètres et bientôt c'est le plongeur: aucune trace de fatigue ni d'essoufflement. Il est descendu d'une quinzaine de mètres en profondeur mais il n'a pas atteint le coude et considère le siphon comme infranchissable. Nous sortons de la cavité; je me dis que je serais incapable de faire de telles plongées."

Lombard avait parcouru 35m dans une vaste galerie dont la pente s'accentue progressivement. La continuation entrevue plongeait presque verticalement, laissant la jeune équipe sans espoir:
"...Pas le moindre indice de sol horizontal ou de remontée ! L'énorme masse d'eau est encore bien plus profondément enfoncée sous terre bien au-dessous du niveau de l'Hérault. L'extrémité de la branche aval du siphon n'est donc pas atteinte et il ne reste aucun espoir d'une exploration normale des galeries exondées d'amont, si elles existent. Le problème des Cent-Fonts se trouve résolu par la négative..." écrivait alors Maurice LAURES.

Michel LETRONE (Eclaireurs de France-Clan des Tritons de Lyon) plonge le Gouffre le 20/05/1961 sur 30m jusqu'à une salle, mais la turbidité qui l'indispose ne lui laisse que le temps d'entrevoir deux départs de boyaux noyés, proches du précédent terminus.

C'est en 1972 que les plongeurs du C.L.P. A. de Montpellier (Daniel BOSC, Yves GIi LES) révèlent l'ampleur du système en explorant la résurgence jusqu'à -40m sur 80m, le siphon principal du Gouffre jusqu'au terminus de LOMBARD (24/06), ainsi que le siphon annexe menant à la source (08/06).

En 1975, le GERSAM porte le terminus de la résurgence à 150m de rentrée pour une profondeur de -42.

Laurent PONSET, assisté de Pierre ATTAL (S.C.Montpellier) prolonge, en 1981, la résurgence d'une trentaine de mètres et stoppe sur une étroiture à -40, vue à -45.

C'est avec Eric SEGOND (S.C.Paris) que le terminus de Henri LOMBARD dans le gouffre sera enfin franchi. Accompagné de quelques collègues, il transporte tout son matériel à dos d'homme depuis la combe du Cor du 25 au 31/12/1982.

Parvenu à la petite salle terminale, il s'engage dans Détroit passage vertical et progresse au-delà par une succession de redans jusqu'à la base d'un puits, à -60.

"...La suite vers le fond se négocie dans un laminoir en pente à 45°. Vers -20m, la galerie reprend plus vaste, jusqu'à un puits. Je fractionne le fil dAriane, vérifie les instruments de bord et descend lentement.

Vers -30m, raccord du» dévidoir de cordelette métrée. Le trou bleu exerce une attraction irrésistible, l'apesanteur est grisante et je me compare à un astronaute évoluant à gestes lents dans l'espace. A -58m, je me pose sur le fond, attache le fil, vérifie les instruments et ayant calculé rapidement les paliers nécessaires, je progresse encore d'une vingtaine de mètres jusqu'à -60 où je fixe le dévidoir sur une arrête rocheuse..."

Le 01/01/1984, il poursuit et atteint la profondeur à -93m. Malheureusement cette incursion profonde, effectuée à l'air, lui sera fatale. Il décédera au cours de la remontée, son corps sera retrouvé à -69.
La même année (10/05), Dominique GOUJON (G.S.F.RMontpeyroux) franchit en décapelé l'étroiture terminale dans la résurgence à -45m et s'arrête 50m plus loin à -54 dans un grand puits.
Le 14/09/1985, il réalisait la jonction entre le gouffre et la résurgence en recoupant le grand puits terminal du gouffre, à -65.

En juin 1984, C.TOULOUMDJLAN (C.RP.S.) atteint la cote -95m Là, une étroiture ponctuelle stoppe la progression, revue sans plus de succès en juillet 1993 par Frédéric BERNARD (CRPS).

Le 06/06/ 1993, Frank VASSEUR remonte à partir du premier terminus dEric SEGOND (-60) une cheminée jusqu'à un cul de sac à -54.

Lors d'un camp organisé par l'association CELADON (13-18/04/95) regroupant cinq plongeurs, Benoit POINARD, alors que le niveau de l'eau est au plus bas (2m de moins que la normale), franchit le rétrécissement qui avait jusque-là arrêté les plongeurs (-93), et descend ensuite jusqu'à -95.

Cette incursion est réalisée avec des mélanges gazeux à base d'hélium afin de minimiser les effets de la narcose (ivresse des. profondeurs), impliquant une logistique lourde (multiplication du nombre de bouteilles de sécurité, allongement des paliers de décompression).

 

DESCRIPTION

Le système des Cent Fonts est constitué de trois orifices à partir desquels les conduits se rejoignent en convergeant sous le massif.

La résurgence, sise dans le fit d'un talweg, sous la piste, est à 102m en aval du gouffre. La source se trouve 68m en amont, également sous le chemin.

GOUFFRE:

X=703,76 Y=163,03 Z=91 m Dénivellation: -104 Développement: 300m

La cavité, après un ressaut dans le porche d'entrée, débute par 40m de galerie parfois basse et accidentée (ressaut de 4m) conduisant au plan d'eau calme de 5x5m Peu avant, en rive gauche, une galerie mène au siphon passé lequel on émerge dans la source.

Le siphon, dont le niveau varie de 3m, débute par un passage relativement bas jusqu'à un gros bloc qui divise le conduit dans le sens de la largeur. On est ici à -6. En rive gauche, une jolie fracture ascendante émerge dans une cloche d'où un conduit semble se prolonger en hauteur. A -6, un départ modeste conduit à -8 dans un élargissement argileux marqué au sol de traces de souliers.
La galerie principale se prolonge dans des dimensions confortables (4x3m) jusqu'à -7, où elle s'incline en une fracture ponctuellement étroite. Elle s'élargit en plongeant à -20 où s'amorce un conduit horizontal long de 18m toujours orienté nord-est.

La pente s'accentue ensuite brutalement, alors que le bas de la faille se resserre par endroits. On atteint -40 à la faveur d'un bref tronçon horizontal qui débouche sur un superbe puits.

La verticale est puissante, irrégulièrement érodée par les eaux, elle présente des caps rocheux avancés en proue. Elle se resserre le temps d'un palier à -55 puis rejoint un conduit horizontal plus modeste (2x2m) qui se développe à -60 durant une quarantaine de mètres, direction Sud/sud-ouest. En plafond, une cheminée remonte dans un cul-de-sac à -54.

On passe un bref seuil à -58 pour plonger dans le puits terminal, dans lequel on retrouve le fil provenant de la résurgence, par -62m.

La cavité s'infléchit alors vers le Nord-Ouest. Un fil latéral s'engage à l'horizontale à -73, puis le puits devient moins vertical dès -80. Des blocs sont coincés dans le bas de la fracture, et la descente décrit plusieurs ressauts jusqu'à -93, où un chaos de gros blocs semble obturer la galerie. Par-un étroit méat (0,8xlm) il est possible de passer au-dessous pour retrouver un élargissement ne présentant pas continuation évidente, à -95.

RESURGENCE:

X=703,66 Y=162,96 Z=88m Dénivellation: -71 Développement: 245m

Dans le talweg chaotique situé sous la piste, entre les blocs dolomitiques recouverts de mousse, une étroiture ponctuelle suivie d'un ressaut haut de 6m livre l'accès à un plan d'eau. Selon le niveau de l'eau, ses dimensions peuvent varier de 3x5m à lx5m. La fracture qui détermine la cavité est visible dès la vasque au-delà de laquelle elle se prolonge en immersion.

Passée la surface, un passage étroit encombré de blocs ébouleux conduit rapidement à -10, à la faveur d'un élargissement.
II faut planer à la verticale dans un volume plus conséquent jusqu'à -16, pour accéder à l'amorce du conduit (5x3m) long de 35m, qui dévale régulièrement jusqu'à -26.
On débouche alors au sommet d'un puits hélicoïdal qui plonge après un palier à -31, puis s'infléchit vers -40. On y effectue un tour complet de 360°.

A -41, un forage (1,2m de diamètre) trépane la galerie qui descend encore jusqu'à un point bas, à -43. Après 10m à cette profondeur, le conduit amorce une nette remontée à -40, dans une belle fracture prolongée en hauteur. Un départ de galerie s'engageant en profondeur est ici à investir.
Passé un point haut à -33, la faille s'étire: en plafond le conduit est pénétrable jusqu'à un cul-de-sac à -24, en profondeur une courte verticale rejoint une étroiture, à -41. Le décapel ag e est de rigueur pour poursuivre au-delà. A -45, on descend progressivement à -50 dans une galerie confortable (5x3m) qui remonte à -45 et débouche dans un puits à -54. La jonction avec le puits terminal du Gouffre s'opère à -62m.

SOURCE:

Développement: 48m Dénivellation: -10

Dans le talweg situé en amont du gouffre, une ouverture exiguë entre les blocs conduit au bout de 6m au siphon (28m;-6) présentant une branche latérale dans la partie ascendante. Depuis la vasque de sortie, 37m de galerie rejoignent la galerie principale du gouffre.

Développement total du système: 593m


CHRONOLOGIE DE L'OPERATION

En 1993, Mr SICARD nous accorde l'autorisation de plonger dans la cavité, en-dehors des périodes de chasse.

27/03/93: Christian BAGARRE, Bruno NARANJO et Frank VASSEUR, lors d'un premier contact avec la cavité, reconnaissent la résurgence jusqu'à -42 à la base du forage, puis le gouffre jusqu'à -60 où un départ ascendant est observé.

06/06/93: F.VASSEUR, assisté de B.NARANJO, remonte le départ observé lors de la précédente plongée. e. II s'agit d'une cheminée sans suite à -54.

21/01/1995: Benoit POINARD et F.VASSEUR entament la topographie du siphon du gouffre, mais a an nnent devant la nécéssité de rééquiper le fil qui a été rompu par les crues succéssives.

22/01/1995: B.POINARD installe un fil neuf dans l'amorce de la galerie à -60. G.LORENTE et r".VASSEUk lèvent la topographie des conduits éxondés du système, ainsi que le cheminement aérien entre les diverses entrées.

29/011995 : G.LORENTE et F.VASSEUR lèvent la topographie jusqu'à -44 dans la résurgence.

05/02/1995: G.LORENTE et F.VASSEUR lèvent la topographie jusqu'à -60 dans le gouffre, Pascal BERNABE et B.POINARD effectuent une reconnaissance jusqu'à -70, pendant que Henri BENEDITTLNI, Gilles CARMINE et deux plongeurs audois rééquipent la résurgence jusqu'au point bas de -44.

20/02/1995: B.POINARD et G.LORENTE descendent à -60 pour lever la topographie de la galene qui se développe à cette profondeur. F.VASSEUR topographie le siphon par lequel on rejoint la source, fouille les départs situés à -6 dans le gouffre et inspecte sans résultat le fond de l'Hérault sous le système de sourcettes échelonnées le long du fleuve.

25/02/1995: G.LORENTE et F.VASSEUR poursuivent la topographie de la résurgence jusqu'à etroiture e -41.

14/04/1995: B.POINARD, Hervé LEVANO et F.VASSEUR installent cinq bouteilles de décompression dans le gouffre, en vue de la plongée de pointe du lendemain.

15/04/1995: P.BERNABE, Ludovic GIORDANO et H.LEVANO installent deux bouteilles l'oxygène assistent la pointe de Benoit POINARD qui franchit l'étroiture terminale et descend à - 95. Toutes les bouteilles sont ressorties de la cavité avec le concours de C.BAGARRE et F. VASSEUR.

8/04/1995 : H.LEVANO et B.POINARD inspectent un départ latéral à -60 (fil ascendant) et recuppèrent e petit matériel laissé durant la pointe.

Benoit raconte son exploration :

"...Je pars sur le surox 40% jusqu'à -35, profondeur atteinte en 9 minutes. Après avoir déposé une bouteille, je déclenche le chronomètre et passe sur le relais d'air, que j'utilise durant toute la galerie horizontale de -60. Je l'abandonne à -58 juste avant le puits terminal. Le fil est très mal équipé, la carence de points d'amarrage, la mauvaise tension qui en résulte lui autorise une marge de manoeuvre un peu trop libre que je réduis en le raccrochant par endroits.

A partir de -80, le puits perd de sa verticalité et présente de nets ressauts encombrés de blocs.

A -90, le fil rejoint un dévidoir abandonné sur une grande dalle. Sans perdre de temps à raccorder le mien, je m'en saisis et déroule quinze mètres pour atteindre, à -93, un chaos de gros blocs semblant obturer le passage.

En cherchant entre les rochers, je découvre un passage relativement étroit (0,8x1 m) pour être tenté à cette pro ondeur, dans lequel je m'engage palmes en avant, pensant avoir découvert la suite de cavité.
Malheureusement, , je ne suis que dans un élargissement situé sous l'amas de blocs, sans continuation évidente.

A ce moment-là les instruments annoncent une profondeur de -95 pour un temps de 26 minutes: il est temps d'entamer la remontée (entre 5 et 9 mètres/minute).

A -60 je récupère le relais air pour respirer dessus à partir de -55, profondeur à laquelle je marque un arrêt, ainsi qu'à -50 et -45. A -40, une bouteille d'air de sécurité supporte les tables de décompression: j'intègre comme paramètre 20minutes à -95.

La première jonction a lieu avec Pascal à -35, puis toute l'équipe se relaiera pour me tenir compagnie et évacuer au fur et à mesure les bouteilles devenues inutiles.

L'em loi d Argon pour gonfler la combinaison m'évite de souffrir du froid. Par contre, la iminution de la visibilité complexifie les échanges avec l'assistance, mais la décompréssion se déroule sans aucun problème. La plongée aura duré un peu plus de quatre heures."

MATERIEL MIS EN OEUVRE

Envisager de poursuivre l'exploration à une telle profondeur impliquait de gros moyens matériels, du fait de l'emploi obligatoire de mélanges gazeux à base d'hélium pour la progression en profondeur, et suroxygénés en décompression.

Cette technique se justifie pour minimiser les effets de l'ivresse des profondeurs, et la durée des paliers de décompression induite par la profondeur atteinte et l'emploi de l'Hélium, gaz plus long à désaturer par l'organisme que l'azote.

Lors de la plongée de pointe effectuée le 15/04/1995, Benoit disposait d'un scaphandre dorsal de 2x20 litres de Trimix (Helium 50% Oxygène 15%, Azote 35%).

A l'immersion, une 121 de surox 40% a été utilisée jusqu'à -35, puis une 121 d'air jusqu'à -58 après le point bas de -60. La suite de l'exploration s'est déroulée en respirant sur le scaphandre dorsal.

Lors du retour, le relais air a été utilisé de -55 à -35, profondeur à partir de laquelle la décompression s'est effectuée au surox 40% (1x121+1x201) de -35 à -24, au surox 50% (1x181+1x201) de -24 à -18, au surox 60% (1x181) de -18 à -9, et à l'oxygène pur au-delà (2x151).

De l'Argon, gaz quatorze fois moins conducteur que l'air, était utilisé pour gonfler la combinaison étanche durant l'intégralité de la plongée, afin de prévenir les problèmes de froid.

Au total, douze bouteilles ont été nécéssaires pour le plongeur de pointe. Autant de détendeurs-manomètres, deux jeux de tables de décompression, de la nourriture, des sur-gants et des tablettes (communication par écrit entre les plongeurs) avaient également été installées.

Les plongeurs de soutien ont utilisé principalement des scaphandres dorsaux de 2x91 et 2x121 en fonction des tâches à effectuer et des profondeurs d'intervention.

L'EQUIPE DES RECENTES EXPLORATIONS

Christian BAGARRE (S.C.S.P., Alès-30)
Pascal BERNABE (E.S.D.R.S.-81, H20, Luzech en Quercy-46)
Ludovic GIORDANO (A.S.P.L.F., Libourne-33)
Hervé LEVANO (C. S.A.T., Toulouse-31)
Gilles LORENTE (CÉLADON, Montpellier-34)
Bruno NARANJO (CELADON, Montpellier-34)
Benoit POINARD (C. S.A. T., Toulouse-31, H2O-46)
Frank VASSEUR (CELADON, Montpellier-34)

Fic. 3. - Réseau souterrain de la Buèges.

Le réseau se développe dans l'axe du synclinal Jurassique supérieur du Causse de la Selle; la faille de la bordure est constitue la zone préférentielle d'écoulement. - P. DUBOIS

KARSTOLOGIE

Le système des Cent Fonts est la plus importante émergence du Causse de la Selle, elle se développe dans les calcaires dolomitiques du Bathonien.
Le tracé de la circulation souterraine est calqué sur des failles formant drains dans le synclinal faillé du causse de la selle.

Une expérience de coloration à prouvé sa relation avec les pertes de la Buèges, rivière issue de la montagne de la SERANNE, plus de 20 Km en amont. Son bassin d'alimentation s'étend donc sous la montagne de la Séranne.

Historique des colorations:

Dès 1950 les spéléologues du S.C.Montpellier, dans le cadre d'une étude approfondie sur la Buèges, auguraient justement une relation avec les Cent Fonts "...Nous arrivons donc sans transition à l'exsurgence des Cent Fonts dont le débit d'étiage correspond à peu près à celui des pertes de la Buèges. Nous pensons que les Cent Fonts ont le plus de chances d'être la vraie résurgence de la Buèges..." écrivait alors Maurice LAURES.

Ils tentèrent alors (25/07/1950) une coloration des pertes de la Buèges (12 litres de fluoresceine) au niveau du pont de Saint-Jean, dont le résultat ne fut pas visible à l'oeil nu malgré la surveillance draconnienne qui fut organisée. II fut envisagé de réitérer l'expérience avec une quantité supérieure de colorant.

Le 20/06/1955, Paul DUBOIS (S.C.A.L.) réalisait une nouvelle coloration des pertes (20011s) avec 12 Kg de fluoresceine. Au bout de 245 heures (soit 33m/h) le colorant apparaissait 8200m plus au sud et 53m plus bas, par le complexe des Cent Fonts.

De études approfondies ont été menées récemment pour une éventuelle exploitation de cette ressource en eau potable.

Nous avons réitéré de multiples démarches auprès des services et sociétés concernés afin d'avoir accès aux documents graphiques (topographies du gouge des Cent Fonts et de la grotte­ exsurgence des Fontanilles).

Après nous en avoir, dans un premier temps, promis la communication, nous nous sommes vus opposer "une conjoncture politique défavorable à la divulgation d'informations confidentielles".

LEGENDE TOPOGRAPHIQUE

Pour des motifs d'ordre pratique, des abréviations sont nécessaires pour la clarté des documents graphiques:

Et = étroiture

Nm = Nord magnétique

Terni. = terminus des précédents explorateurs

(120m) = distance parcourue dans la cavité, depuis le début du siphon. -95 = profondeur depuis la surface du plan d'eau.

 

BIBLIOGRAPHIE SPELEOLOGIQUE

MONTEL R., SEGULJ.: 1948 "Recherches dans l Hérault Explorations effectuées par la section Languedoc-Méditerranée du C.A.F." Annales de Spéléologie N°3, P. 193-194.

DU CAILAR J.: 1950 "A la mémoire d'Henri LOMBARD" Bul!.. N°41 du C.A.F.

LAURES.M: 1952 "Les plongées souterraines d'Henri LOMBARD dans la région de MONTPELLIER" SPELUNCA annales 3°série, P. 13-30.

LAURES.M: 1954 "Explorations souterraines dans la région de Montpellier" Activités du SCM Campagnes 1948, 1949, 1950 Annales de Spéléologie, SPELUNCA 3°série, Tome 9 Fasc 2, P.94­ 96.

DUBOIS P.: 1958 "Etude des réseaux souterrains Buèges-Vistrenque" 2° congrès international de Spéléologie, BARI? T.1, P. 167-175.

LETRONE M.: 1962 "Plongées souterraines 1961" SPELUNCA N°2, P.11-15.

DUBOIS P.: 1964 "Les circulations souterraines dans les calcaires de la région de Montpellier" Bul. B.R.G.M. N°2, P.1-31.

CAUMONT.D.: 1972 "Section spéléo du C.L.P.A.-Résumé des activités 1971-1972" Bul. F.S.H. N°2, P.42-50.

GERSAM: 1975 "Compte rendu sommaire des explorations effectuées par les différentes sections du club en 1975" Bull. FSH 1975 n°5, P.51.

BRUN J.F.: 1976 "Principales découvertes 1968-1975 dans l'Hérault, l'Aveyron et le Gard." SPELUNCA N°2, P.80.

SCP: 1983 "Explorations" INFO PLONGES n°37, P.8.

SCP: 1983 "Echo des profondeurs" SPELUNCA N°11.

SECOND.E: 1983 "Le gouffre des Cent Fonts" Grottes et Gouffres N°87, P.14-16. GSFRM: 1986 "Explorations" INFO-PLONGEE N°46, P.7.

VASSEUR.F: 1993 "Les explorations de l'Association CELADON" INFO-PLONGEE N°63, P.17-21.

VASSEUR.F: 1993 "Echo des profondeurs" SPELUNCA N°51, P.6-9.

VASSEUR.F.: 1994 "Sur les palmes d`Henri LOMBARD. Inventaire spéléologique des siphons héraultais et des secteurs limitrophes." Chap. Historique, P. 19-43.

 

REMERCIEMENTS

Mr Joseph SICARD prgpriétaire de la cavité, pour sa compréhension et son consentement.

Maurice LAURES et Daniel CAUMONT qui mettent leurs imposantes documentations spéléologiques à notre disposition, avec une diligence et une sympathie toujours égale.

Daniel BOSC pour ses croquis d'exploration de l'époque et inédits.

Michel LETRONE qui répondit favorablement à nos requêtes concernant sa plongée.

La commission plongée du Comité Départemental de Spéléologie pour son soutien matériel.


Dossiers CELADON déjà parus:

1. "Évent de Gornies" par Frank VASSEUR, Décembre 1991.

2. "Rivière souterraine de Laval de Nize" par Bruno NARANJO et Frank VASSEUR, Mars 1993.

3. "Historique , des plongées souterraines dans le département et secteurs limitrophes" par Frank VASSEUR, Août 1993.

4. "Plongée dans la Foux du Mas de Banal" par Frank 'VASSEttn Mars 1994.