Plongée du 09/09/1995 :
Aven CAUDINE - BASCOUL
ou Gouffre d'EUZEDES

Participants:

S.C.M.N.E. :Jean-Michel ESCANDE, Guy et Carine GEHIN, Serge GROCHOCKI, David PUJOL.

CELADON : Frank VASSEUR.

 

 

Le siphon aval terminal du gouffre d'Euzèdes est accessible par un puits de 15m (en période de basse eaux) qu'il faut descendre sur agrès.

La vasque est profonde et il faut s'équiper en pleine eau car il n'y a pas pied.

Ne disposant d'aucun amarrage pour fixer le fil d'ariane, il faut traverser le plan d'eau et franchir une voûte mouillante pour trouver une vasque coalescente plus modeste (5x3m).

Là, une arche rocheuse est idéale et j'entame la descente dans un volume important (ce doit être un prolongement noyé du puits d'accès). Toutefois, la visibilité est très réduite et je ne vois pas à plus d'un mètre. Aussi, je dois longer la paroi pour trouver le cheminement sans trop perdre de temps. On descend très vite à -27 en effectuant un 180°. Là, je double enfin le nuage de limons et visualise une galerie plus modeste (4x3m) et horizontale, dont le sol est recouvert d'argile fine et parsemé de blocs.

Il est enfin possible de réaliser un amarrage, à 45m du départ. Après un point bas à -30, le conduit amorce une remontée à la faveur d'une dune de sable argileux, alors que le plafond s'abaisse. A -25, je débouche dans un vaste volume où l'eau est trouble (visibilité 3m maximum).

Posé sur la crête, à -24 (65m), je scrute les alentours. A ma droite, vers le nord-ouest, j'éclaire sur environ trois mètres sans accrocher de paroi, et les ripples-marks sur le sable indiquent que le courant provient de cette direction.

En face de moi et sur la gauche le volume semble s'infléchir. Ne disposant pas d'éléments probants, je pense que la meilleure alternative est de poursuivre à la boussole en conservant l'axe majeur de la cavité.

Un coup d'oeil à la boussole et je palme plein ouest en redescendant le long de la dune, pour retrouver une eau claire à -27. Je suis dans une galerie moins large (3x2m) qui se dirige sud-ouest jusqu'à une étroiture plus large que haute encombrée de blocs. Je retire les trois plus volumineux et amarre le fil au milieu du passage afin qu'il ne glisse pas latéralement dans la section la plus étroite du rétrécissement.

Une fois franchie la difficulté, le conduit accuse une brusque remontée de 15m, jusqu'à -10. Plusieurs niches sans continuation sont inspectées, car j'ai du mal à concevoir que le siphon sorte déjà. Mais le prolongement de la galerie est bel et bien en hauteur.

Passé un point haut, il faut replonger à -13 et franchir un nouveau rétrécissement. Le conduit remonte alors le long d'une dune de graviers fins que je quitte pour inspecter les parois, des fois qu'il y ait une lucarne.
C'est peine perdue, et je crève une surface à 140m du départ pour émerger dans une cloche sans continuation évidente.

Les parois abruptes s'élèvent hors de l'eau sur trois mètres jusqu'à rencontrer une couche de calcaire différent au plafond, très noir et finement délité.

Conscient de ne pas être dans la continuation principale de la cavité, je rentre en levant la topographie et scrute à nouveau les parois, des fois que j'aie raté un passage. L'eau ne s'est pas trop troublée lors de mon premier passage, et la visibilité est bonne (5m) jusqu'à 70m où je retrouve l'élargissement dont le centre est occupé par la dune. Les réserves d'air sont encore suffisantes pour chercher la suite à ce niveau, mais je ne trouve aucun point d'attache suffisamment fiable où fixer un nouveau fil.

Remontée jusqu'à la surface en terminant la topographie, avec quelques difficultés pour lire les instruments au point bas de -30. J'informe Guy descendu au bas du P.15, puis retourne dans le siphon après avoir amarré un nouveau fil sur la même arche que le précédent.

La descente s'effectue dans une eau très chargée en longeant à tâtons la paroi opposée, sans découvrir d'amorce supplémentaire de conduit. Arrivé à -30, je ne vois plus rien. Les particules en suspension opacifient totalement l'eau et il m'est impossible de lire quelque instrument que ce soit. Les réserves d'air n'étant pas loin des limites de sécurité, je préfère en rester là, les recherches ne seront d'aucune efficacité dans ces conditions (Profondeur et visibilité).

En remontant, j'observe en plusieurs points sur la paroi de droite un curieux phénomène: de minuscules chapelets de bulles, provenant de ma consommation dans la galerie à -30 et durant la remontée, fusent à travers la paroi par de minuscules interstices. Cela confirme la morphologie "tire-bouchonnante" du puits.

Matériel utilisé:

2x9l à 240 bars - Pression de sortie: 80 bars

La première plongée a duré 40 minutes, la seconde 9 minutes.

La partie explorée du siphon mesure140m avec un point bas à -30m.

Il pourrait être intéressant de plonger à nouveau avec pour objectif l'inspection de la salle dunée à -24. Avec les mêmes bouteilles (2x9l), en bénéficiant de l'expérience et des informations de cette plongée, il faudrait emporter une tige métallique (type sardine de camping ou broche à glace) afin de la planter sur le sommet de la dune pour y fixer le fil d'ariane.

Après l'avoir raccordé à celui déjà existant, il sera possible de rayonner vers le N.O et le S.E afin de trouver la suite de la cavité.

Il est intéressant de noter que cette salle se situe à deux mètres près à la même profondeur (sous l'eau) que le terminus du siphon amont de la grotte du Berdiau (-26), et qu'elle présente des conditions similaires de mauvaise visibilité.

Un grand merci à toute l'équipe qui n'a pas ménagé sa peine:

à Jean-Michel organisateur de la sortie qui ne craint ni le réveil matinal, ni les kilomètres qui le séparent de son foyer,

à Guy d'humeur égale qui tient la route en consommant vin rouge et cigarettes,

à Carine qui outrepasse son appréhension du vide et supporte les chansons paillardes,

à David stoïque malgré ses coliques frénétiques,

et à Serge, fort d'une expérience de trois sorties souterraines et qui découvre les joies du jümar avec un kit de surcroît.