Expédition BOSNIE 2004

du 7 au 20 août 2004

par Laurent Tarazona

 

 

Participants :

  • Michel GUIS (Bat Club Toucassin, 83)
  • Laurent TARAZONA (GS Vulcain, 69)

Remerciements :
Pour cette expédition 2004, nous tenons à remercier la Fédération Française de Spéléologie pour son parrainage, la région PACA pour son aide financière ainsi que nos amis Bosniaques et croates : Alija Custo, Essad Humo, Damir Basara

Préambule  : Depuis 1999, la Bosnie a fait l'objet d'investigations régulières (4 expéditions sous l'égide de la FFESSM) ayant permis de réaliser des explorations intéressantes et de repérer des objectifs de plongée souterraine.

L'expédition Bosnie 2004 a eu pour objectif de poursuivre l'exploration de 4 objectifs précédemment repérés ainsi que de repérer des objectifs potentiels pour nos futures expéditions.

Source d'OBOD

Cette source temporaire s'ouvre dans Fatnicko Poljé à 60 km au sud est de Mostar.

Afin de faciliter les explorations, nous accédons en véhicule tout terrain à proximité de l'entrée au fond du poljé.

L'accès au siphon se fait en descendant un immense entonnoir (ci-dessus) avec des éboulis. En bas de celui-ci, une escalade de deux mètres donne sur un puits descendant de 10m dont le fond est noyé par le siphon.

En phase de crue, l'eau remonte dans l'entonnoir d'entrée et se déverse dans le poljé, le noyant partiellement.

Arrivant cette année sur les lieux, un berger local nous informe (dans sa langue) que des plongeurs hongrois sont venus 10 jours auparavant. Effectivement, nous trouverons une plateforme en bois aménagée dans la vasque du siphon, mais aucun fil d'ariane n'est en place dans le conduit noyé…peut-être l'équipe hongroise a-t-elle été rebutée par la mauvaise visibilité ??

Michel effectue une première plongée en bi 10l, ce qui lui permettra de ré-équiper la partie connue du siphon (130m, -18) sans toutefois retrouver son terminus exact et la suite de la galerie. (temps de plongée : 20 min).

C'est lors de la deuxième plongée (toujours en bi-10l), que nous retrouvons la suite et découvrons 100 nouveaux mètres de conduits (temps de plongée : 30 min)
Notre dernière tentative (en bi 10l avec un relai de 4l) se terminera à 270m où nous n'avons pu trouver le passage par manque de visibilité (temps de plongée : 45 min)

Conclusion  : Vraisemblablement, la galerie noyée se sépare en deux dans la vasque d'entrée. Une partie part aval (partie non explorée, allant sous le poljé) et une partie amont (partie explorée).

OBOD reste un objectif très prometteur en termes de plongée et tous les espoirs de trouver une galerie exondée restent permis tant que le siphon ne prend pas un profil trop descendant.

Cependant, seule une visibilité correcte permettrait une exploration systématique et une bonne compréhension du réseau.

Remerciements : Pour cette expédition 2004, nous tenons à remercier la Fédération Française de Spéléologie pour son parrainage, la région PACA pour son aide financière ainsi que nos amis Bosniaques et croates :

Résurgence de SUSICA

Située en bordure de route dans Dabarsko Poljé, la résurgence de Susica (prononcer Soussitcha) s'ouvre par un porche de dimensions respectables (photo ci-contre).

De suite à gauche à l'intérieur du porche, nous accédons à un lac de 150 m de long ayant été reconnu en 1969 par un explorateur local.

Au fond de celui-ci, le siphon débute.

Explorée pour la première fois en 2001, Bernard Giai Checa y découvre une faille descendante se rétrécissant vers –18m et interdisant la suite de l'exploration.

En 2003, lors d'une deuxième plongée, Laurent Tarazona trouve un passage au début de cette faille et explore alors une autre branche descendant jusqu'à –42 avec arrêt sur puits remontant.

Cette année, nous effectuons une première plongée de reconnaissance et de rééquipement. Le fil est resté en place jusqu'à –42m, par contre, comme à OBOD, la visibilité, d'habitude exceptionnelle, est cette année plus que médiocre.

La plongée d'exploration se fera à deux, ce qui permet dans certains cas de progresser plus vite avec une marge de sécurité accrue.

Nous partons donc en bi 10L avec un relai de 4l chacun pour descendre jusqu'à –24m.

Au terminus du fil, nous remontons dans la diaclase, mais celle-ci pince à –27m. Sur le retour, nous explorons les diverticules, mais ceux-ci s'arrêtent visiblement tous sur des pincements de faille.

A –6m, nous faisons nos paliers de sécurité à l'oxygène.

Conclusion  : La résurgence de Susica semble être agencée sur un système de failles enchevêtrées qui se rétrécissent. Les seuls espoirs sur le secteur seraient :

•  de revoir à l'anglaise le terminus de Bernard Giai Checa
•  d'avoir les autorisations de visiter le captage d'eau potable se situant à 200m de Susica et appartenant certainement au même système hydrologique.


Ponor de NEVESINJE

Situé à 40 km à l'est de Mostar, la perte (ponor) de Nevesinjé (prononcer Névésinié) draine une partie des eaux d'un immense poljé.

Les colorations montrent que ces eaux ressortent à la source de Bunica, située à proximité de Mostar et distante de 17 km à vol d'oiseau.

Lors de notre expédition de 2000, nous avions exploré la partie exondée de ce ponor.

Après le lac d'entrée, une vaste galerie sous creusée de marmites (passages en main courantes) nous amène sur une vire surplombant un puits de 10 m. En bas de celui-ci, une galerie de 4m de large par 10m de haut finit sur un puits de 80m constitué de plusieurs ressauts et encombré de branchages (amenés par les crues) en plusieurs endroits.

Au bas de ce puits, une énorme galerie (15m de large par 6m de haut) descendante bute sur un lac de 20m. Sur la gauche, un petit réseau où nous plongeons un siphons de 30m, -1 et stoppons ensuite sur un petit conduit descendant en partie obstrué.

La suite est derrière le lac où une superbe pente de galets remontante donne sur la suite de la galerie.

Après un dernier lac de 30m, nous butons sur le siphon terminal.

Cette année, afin de plonger ce siphon, nous rééquipons dans un premier temps le début du trou : 80m de main courantes et 8 spits plantés afin de sécuriser les passages sur des vires glissantes avec nos lourdes charges de plongée.

L'équipement du P80 est épique et relève plus du débroussaillage que de la descente de puits.

Toutefois, après une première sortie de 5H30, nous avons acheminé une majeure partie de notre matériel de plongée au bord du siphon.

Le jour de la plongée, nous descendons rapidement le reste du matériel (détendeurs, nourriture).
L'équipement au bord du siphon n'est pas des plus agréables (nous sommes à moitié dans l'eau ).
Etant donnée la morphologie de la galerie, nous avons prévu une plongée courte et partons avec des bi 3l gonflés à 250b.
Pour aller plus vite, l'un de nous déroulera tandis que l'autre amarrera le fil.

Dès le départ et contre toute attente, le siphon plonge et nous atteignons rapidement –17m, c'est pas bon signe pour les consommations !!!
Malgré une visibilité moyenne et quelques branchages, nous progressons sans trop de peine et trouvons rapidement une pente de galets qui remonte. Nous pensons alors que la sortie est proche, mais le siphon se stabilise et à 100m, nous sommes à –3m sur nos tiers.

Pensant que la surface est proche, je remonte tout droit mais bute définitivement sur un plafond à –1m.
Préférant jouer la sécurité, nous renonçons, attachons le fil et ressortons déçus…mais c'est la règle du jeu.
Disposant alors de temps pour remonter, nous décidons de tout déséquiper et ressortons charger comme des mules après 5H30 passées sous terre.

Conclusion  : Le ponor de Nevesinjé reste très prometteur vu le profil de la galerie et le potentiel du plateau. Les prochaines plongées nécessiteront plus d'autonomie et une équipe plus étoffée.

Source de DABARSKA

Située au nord de la Bosnie dans la région de Sanski Most, cette magnifique résurgence s'ouvre au fond d'une vallée encaissée, mais néanmoins accessible en véhicule tout terrain.

La rivière sort d'une superbe vasque de 5 m de diamètre se situant à proximité d'un immense porche de 25 m de large par 30 de haut.

Plongée en 2001 par Bernard Giai Checa, Christophe Lajoux et Michel Guis, le siphon présente deux branches :

Une branche remontante qui rejoindrait un puits noyé dans le porche et une branche descendant donnant à –38 sur une salle effondrée avec une faille descendante sur le côté.

Cette année, nous avons choisi d'explorer la faille descendante afin de valider la continuation du siphon.
Pour cette plongée, nous prévoyons de partir avec chacun un bi 10l, un relai de 9l et une décompression à l'oxygène.
La matériel est rapidement acheminé au bord de la vasque (5 min de marche) et l'eau semble assez claire.

Depuis 2001, le fil a été arraché et nous rééquipons depuis l'entrée. A –35, nous posons nos relais et partons sur le bi dorsal. Arrivés à la faille (sur le côté droit de la salle quand on descend), je m'engage dedans et me laisse glisser vers le fond.

En évitant quelques becquets accrocheurs, je me retrouve rapidement à –45m et la faille semble continuer. Je distingue le fond et imagine la suite.
Mes espoirs seront vites déçus car à –47, nous atteignons effectivement le fond de la faille, mais après avoir remonté 3m, nous sommes arrêtés par une trémie impénétrable.
Il semble en fait que le passage suivi ne soit qu'un conduit entre les blocs de la salle et la paroi, mais que l'eau n'arrive pas de là.

En remontant, nous admirons quelques protées qui nous apportent une maigre consolation (nous en avons vu 4 au total lors de cette plongée), puis finissons nos paliers à l'oxygène avant de rejoindre le soleil.

Conclusion : Compte tenu de l'ampleur des lieux, il serait intéressant de revoir le porche dans lequel nous avons perçu un courant d'air.

Il serait bon également de remonter la branche ascendante du siphon afin de valider la jonction avec le porche et de vérifier s'il y a un départ éventuel.


Grotte de VJETRENICA

Non prévue initialement sur notre planning, nous avons été invités par nos amis bosniaques à visiter la grotte de Vjetrenica. Cette grotte aménagée est le « Saint Marcel » local.

A l'entrée, un puissant courant d'air laisse imaginer des volumes souterrains gigantesques…la visite ne déçoit pas.

Une galerie imposante amène sur lac à 800m de l'entrée. Une fois traversé, la galerie continue, toujours imposante, puis se divise en deux. Avec des spéléos croates (Clubs de Karlovac et de Zaghreb) nous poursuivons dans un méandre se rétrécissant et faisons un peu de première au fond.

TPST : 6H