Un premier mai au Berdiau

 

Par Frank Vasseur
Photographies : Laurent Parmenthelot

 


Emilie, Landru et Patrick a l'entrée

 

 

La grotte du Berdiau, dans le sud-ouest héraultais, fut une bergerie avant de devenir une cavité-école.
Le siphon aval fut plongé en 1966 par Jean-Louis Vernette (GEPS), l'amont en 1993 par Philippe Brunet et Christian Thomas.

Assemblage du megalodon

Cette plongée s'inscrit dans une série d'immersions en fond de (petites) grottes, destinées à tester, affiner puis valider le conditionnement d'un recycleur dorsal (Megalodon) pour des plongées de ce genre.
En augmentant progressivement les difficultés à franchir (étroitures, puits..etc) et les distances depuis l'entrée. C'est qu'avec ce genre de jouet, on réfléchit à deux fois avant de le « secouer ».

Aujourd'hui, 1er mai 2007 (c'est la fête !), les 10 sacs sont arrivés sans encombre jusqu'au siphon, via les deux petits puits.
Le recycleur est relativement vite assemblé, ainsi que les trois bouteilles de sécurité (deux 9l de nitrox 30 et une 6l d'Oxygène).

L'objectif du jour, le siphon amont, s'est même rapproché de l'entrée pour nous faciliter la tâche.
Du fait de récents orages, le niveau est plus haut de 3m à celui d'étiage et la galerie qui habituellement y mène est noyée. Il faut dérouler 25m de fil pour retrouver l'amorce du fil en place qui avait un peu souffert (coupé à trois endroits) mais, malgré tout, bien tenu le coup.
Dans une petite salle (-6), l'ancien fil est retrouvé enterré sous les galets. Ca doit quand même brasser un peu par ici, lors des crues. La bouteille d'O2 restera là, pour d'éventuels paliers.
Une petite voûte basse, ça racle un peu, mais ça passe en douceur. Le fil en place sinue dans la galerie argileuse, où la moindre turbulence soulève d'épais nuages qui achèvent de troubler l'eau déjà laiteuse (4m de visibilité environ).
Jusqu'au point bas (à -42 et des poussières), ça passe relativement bien avec la configuration « lourde » (recycleur dorsal + deux relais 9l + deux gros dévidoirs Bardès), moyennant quelques compositions avec l'espace d'évolution. La galerie est particulièrement irrégulière. Avec une section moyenne de 2 x 2m, parfois moins, il faut s'accommoder d'une réelle sinuosité, agrémentée de nombreuses lames d'érosion, arches rocheuses pour trouver une progression aussi « fluide » que faire se peut.
A l'amorce de la remontée, passé un passage dédoublé dans la largeur, le fil est rompu. Comme le terminus ne doit plus être trop loin, raccord du dévidoir et en avant Galinette !

Après le terminus (200m ;-40 à l'étiage) à -29, le siphon vire brusquement et &. les faisceaux des deux Barbolights se perdent dans le brouillard. La vis de chemin de fer solidement plantée dans l'argile
fixe le fil, puis on amorce rapidement une remontée dans un puissant volume. Le calcaire blanc clair est par endroits gravé de cannelures au sol.
Le plafond (vers -8) est rigoureusement étanche. A -11, une galerie plus modeste (3 x 5m) se prolonge ensuite jusqu'à 247m (-6). Là, un carrefour. Vers l'ouest c'est argileux on verra ça plus tard. A l'est, c'est LA direction : Euzèdes toute !
A 315m, on bute dans une petite salle (-8,6). Au sol, c'est colmaté par un dépôt de sable. La suite est en hauteur pour émerger (à 358m du départ) à la base d'une escalade de 4m prolongée par une jolie galerie exondée de 2 x 2m.
Les parois sont blanches, les formes lissées par le travail de l'eau. Nul doute qu'il y a de la galerie là, au-dessus.

La vasque est bordée de parois abruptes, la galerie noyée en forte pente. Impossible de déposer le matériel sans risquer de le voir dégringoler jusqu'à -8, dans la salle précédente.
Rien pour amarrer le fil non plus. Il sera fixé à une vis, posée sur un maigre replat.

L'objectif était de relier la grotte du Berdiau (1500 m / - 62 et + 30 m) au gouffre d'Euzèdes (5000 m env / - 170,50 m ) distant de 200m à vol d'oiseau. Si c'est bien la voie, ça passera par de l'escalade et du crapahut & retour en levant la topographie, histoire de faire le point entre les deux cavités, et en fouinant un peu histoire de s'assurer que rien d'autre n'aurait été raté.

Au retour, à 283m (-8,2) une vaste cheminée est remontée jusqu'à deux cloches coalescentes (h=1,8m) via une voûte mouillante. dans le siphon et un diverticule argileux, les deux émergent dans des cloches borgnes. La galerie qui part vers l'ouest à 247m s'infléchit illico au nord-est et remonte le long d'un talus d'argile fluide, qui engloutit mes deux dernières vis (j'ai bien fait d'en prévoir 6) et émerge dans une cloche borgne (h=1m).

 

Michel Plessier (Landru) et les 9 kits de plongée

Michel Plessier, qui a réalisé un magnifique travail de report et d'illustration, a ilico reporté la topo sur la synthèse cartographique du secteur. Il reste encore au moins 150m entre les deux terminus.
La prochaine plongée est déjà à l'état de cogitation.
Merci à Laurent Parmenthelot pour l'organisation « éclair » de cette sortie et pour l'obtention des autorisations de l'ONF pour circuler sur les pistes, à Christian Thomas et Philippe Brunet pour les informations relatives au siphon, à Yves André pour l'approvisionnement en vis de chemin de fer (pour lester le fil) ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué à cette plongée.

Le recycleur Megalodon a fort bien tenu la route (merci Aldo :http://www.bubnotbub.com), les deux U09 de Barbolight (http://www.barbolight.com) ont tenu tant la durée que la puissance avec force efficacité dans la touille, le dévidoir Bardès (bardes.b@wanadoo.fr) a bien déroulé et renroulé dans les périodes de fouille stratégique des divers recoins.

Ces sorties sont aussi l'occasion de retrouver les collègues spéléos du coin, dans d'amicaux interclubs fort.

Participants :
Spéléo-Club de Saint-Pons (34): Nicolas Brunet, Emilie Farré, Patrick Giro, Bastien et Laurent Partmenthelot. Ames (34) : Jean-Pierre Brieu, Thierry Garau, Jean-Pierre Sierra, Michel Thieron.
S.C.B.A.M. (34) : Jacky Fauré

Individuels : Ghislain Krizlzanowski, Michel Plessier (Landru).
Equipe Plongeesout : Frank Vasseur

Une pensée particulière pour Landru, qui vient de fêter ses 70 ans et qui a tenu à descendre et à remonter son kit, tout en donnant un coup de main au plus jeune de l'équipe.

 

Plongée du 24/06/2007

Parti plus léger (en ouvert cette fois pour m'équiper/déséquiper plus aisément en solitaire), je franchis le siphon tranquilou, avec deux Nitrox en relais et un dorsal d'air, en 18 minutes. Il faut dire que le niveau est descendu de 4 mètres depuis la dernière fois (début mai), la visibilité est supérieure à 10 mètres et la première partie du siphon, retopographiée a été ramenée de 200 à 150m effectifs.

Ce dernier totalise donc 282m au lieu des 333 annoncés la dernière fois.

Je profite de ces meilleures conditions pour zieuter assidûment tous les recoins, dans l'espoir de dénicher une continuation noyée qui m'aurait échappée la fois précédente. En vain. La suite se jouera bien de l'autre côté du siphon, par cette escalade de 4m qui m'avait arrêté.

Une fois le siphon franchi, coup de chance, le niveau, bien que beaucoup plus bas, correspond, côté amont, à une petite margelle dominée par une arche. Pile poil ce qu'il faut pour se déséquiper confortablement et assurer le matériel.

La première partie de l'escalade, noyée récemment encore, est glissante. Par contre les 4 derniers mètres, plus verticaux, sont en marbre blanc acéré. Pas de problème d'adhérence, les semelles (des « Jalatte » d'authentiques chaussures cévenoles de qualité, qu'un projet de délocalisation a dernièrement rendues orphelines) accrochent bien. Suit une jolie galerie immaculée confortable, ponctuée de flaques, qui se meut en fracture sensiblement inclinée avant de recouper perpendiculairement une grosse galerie.

Vers le nord-ouest, deux salles concrétionnées (6 x 6m) s'enchaînent avant de buter sur un colmatage d'argile.

La seconde est baignée par un lac, alimenté par une brève galerie (1,8 x 1,8m) terminée par une étroiture sévère, qui bloque l'accès à la continuation entrevue.

Au nord-est, la galerie bute rapidement sur une zone fracturée entièrement colmatée par une puissante trémie de marbre blanc.

Un modeste affluent sera exploré au retour, infléchi en impénétrable.

Retour en levant la topographie et en furetant, sans plus de succès. Le siphon sera aussi revu en détail.

Au total, 150m de première et une jonction (fortement) espérée non aboutie.

Si cette liaison existe, ce ne sera pas par là. L'ami Landru est actuellement en train de peaufiner les reports en surface et les bouclages entre les diverses cavités.

Nous projetons, cet été, de revoir le siphon aval, que nous sommes allés reconnaître hier. Merci à tous les participants, et tout particulièrement à Laurent et au Spéléo-Club de Saint-Pons pour l'organisation de ces plongées, et la bonne ambiance interclub qui règne à chaque fois.

A noter aussi la présence d'Yves dans l'équipe, qui plongeait au début des années 70.

Participants :

Spéléo-Club de Saint-Pons (34): Jean-Louis Barthès, Nicolas Brunet, Patrick Giro, Bastien et Laurent Parmenthelot.

A.S.C.O. (34) : Alexandre Paradis.

Ames (34) : Yves Besset, Jean-Pierre Brieu.

S.C.B.A.M. (34) : Jacky Fauré, Paul Redon.

S.C.M. (34) : Michel et Thierry Granier.

Individuel : Michel Plessier (Landru).

Equipe Plongeesout : Frank Vasseur

 

 


Bastien et Patrick.



Bastien, le benjamin de l'équipe


à gauche : Jean-Pierre, à droite : Laurent


Equipement


Habillage



Jacky Fauré


Le premier puits. Landru (le doyen) conseille Bastien le benjamin


Mise à l'eau dans la vasque


Mise à l'eau