Source de la Clautre
juin 1998


« Spéléo-Dordogne Activités » T3 - 1998
Par Philippe Marchive



 

Plongeurs : B.Gauche (ASPLF), P. Marchive (SCP).
En surface : T .Marchand (S.C.Corrèze), J.-P. et B. Bitard (SCP),
C.André (GSP), D.Durand (Maire de Tourtoirac)

Objectif : repérage balise magnétique, exploration, topographie et photos.

Les quelques séances de surcreusement de la fontaine de la Clautre permirent de baisser le niveau et de gagner encore 20 cm par rapport à juin 1996. D'après la topographie et son report, une série de forages à
près de 20m de profondeur ne fut pas suffisante, au cours de l'hiver dernier, pour percer la voûte du réseau. Justesse de la topo, report, profondeur : autant de paramètres qui semèrent le doute. Un autre accès au réseau (n'en déplaise aux grands spéléos puristes), compte tenu du peu de matériel que l'on peut traîner, de l'ensablement des siphons, serait nécessaire pour la poursuite des travaux (désobstruction,
escalade,& etc.) et là, il y a du boulot. Quant à une hypothétique exploitation de la cavité, le débat est ouvert !
Le repérage par al balise magnétique devenait le seul moyen d'obtenir un nouvel accès. Je contactais T.Marchand, Spéléo de Corrèze, qui possède la balise « Arcana » (fabriquée par Wilford O'YL, sachant que la deuxième, également montée par lui-même, du moins son récepteur de surface avait rendu l'âme un certain 25 janvier 1995 au Trou du Petit Homme, balise que nous avions amenée post-siphon au Plancat du Bugue avec Jean-Luc le 18/04/1992).
C'est grâce aux nombreux va et vient entre la Haute Vienne, la Corrèze et la Dordogne que notre ami Jean-Pierre Bitard put nous ramener cette balise. En effet, T.Marchand ne serait présent que vers 15 h. Ainsi nous avons pu pénétrer, munis de la balise, dans la Clautre sans attendre son arrivée. Après un casse-croûte rapide et conditionnement du matériel, à 13h30 nous entrons dans les siphons.
Bernard, opéré d'une vilaine sciatique cet hiver, ne portera pas de charge. Je vais donc transporter la balise (bien plus volumineuse que la deuxième de Wilford), le carbure, la nourriture&etc. Bernard plonge, je le suis. Visibilité plus que nulle. Le S.1 est franchi, à peine 10m.
Puis quatre pattes et S.2, le plus long, toujours étroit par endroit, le plus dangereux avec le matériel qui a tendance à se prendre dans le fil d'Ariane. Les 50m sont passés, et là tout est pratiquement désamorcé.
C'est un ramping éprouvant, les bouteilles sur le dos et tout le matériel. A mi-chemin, il va falloir déblayer le sable qui obstrue car on ne passe pas. Heureusement que le niveau est bas, sinon sous l'eau,
ce serait impossible. Bernard commence, teste le passage qui lui est noyé, mais en vain. Il faut déblayer davantage, tout coince. Enlever les bouteilles, à plat ventre avec le casque qui cogne le plafond relève
d'un numéro de contorsionniste. Je crains que nous ne soyons en retard pour le rendez-vous de 15h30.
Bernard essaie à nouveau, toujours en marche arrière, en tirant ses bouteilles, la tête dans l'eau, mais rien, le caque ne passe pas sur la tête. Je prends la relève, dégage encore du sable, enlève le casque et tête à l'avant en pussant les bouteilles, ça coince, je force, mon deuxième étage bien serré entre les dents, et finis par passer. Ouf !
J'ai cru ne pas y parvenir. Bernard me passe le matériel et me rejoint. La plaisanterie nos aura fait perdre au moins une demi-heure. La suite n'est qu'une succession de ramping, quatre pattes à tirer les bouteilles, à les pousser, hors de l'eau, sous l'eau. Décidément, ce sable n'en finit pas, après les crues, de modifier tous les passages. Le cinquième siphon franchi, nous sommes à présent « au sec ».
Nous rejoignons notre point topo de juin 1996 et, à compter de là, nous allons estimer la distance, au pas, pour placer la balise où le relief de surface (axe principal considéré au-delà) nous donne la plus faible
épaisseur de calcaire. A près de 300m, la galerie ébouleuse mais vaste, avec une diaclase assez haute, nous semble propice au repérage. Je suspens la balise, en espérant que le forage tombera dans la diaclase.
Elle bipe, on a du retard dans le timing. Il est 16 h, je la laisserai fonctionner un maximum de temps. En fait, le repérage se fait à peu près là où nous nous étions arrêtés avec Annie, Jean-Luc et Michel le 4/2/1995. La galerie est toujours aussi vaste et après une zone ébouleuse. Nous sommes à nouveau dans la rivière avec ses berges superbement concrétionnées, toujours de plus en plus beau. A 10m de haut nous croisons une diaclase ; une escalade sera indispensable. Sûrement une galerie fossile. Quelques photos, mais le flash de Bernard a pris l'eau et on se contentera de celui du Baroudeur. On a vraiment envie de faire partager aux copains spéléos une telle galerie d'un si beau calibre, en moyenne 10 x 10m.

Dans cette forêt de concrétions et de blocs calcifiés nous cherchons les passages, obligés même de monter en plafond, et là, depuis 2 ou 3m, nous sommes sur un plancher stalagmitique de&. quelques centimètres
d'épaisseur et dessous presque 10m de vide. Attention, il vaut mieux reculer. Nous n'avons rien pour nous équiper. On redescend et, en rive gauche, une superbe coulée blanche semble elle aussi à son sommet
repartir vers l'amont. On hésite, mais boueux comme nous sommes, on ne fera pas du bon travail. De plus, il nous reste le retour à topographier jusqu'à la balise, et on nous attend pour souper. En respectant les
horaires, on se fera moins de souci dehors. Trois à quatre cent mètres de topo de plus, avec un double décamètre souvent trop court pour les visées.

19h, la balise bipe toujours et nous espérons que le repérage s'est bien déroulé. Nous apprendrons le soir-même que de nombreux incidents de surface et une chaleur étouffante ont failli amener à l'échec et qu'en
dernier recours, aux environs de 19h, un essai concluant fut réalisé autour des forages de l'hiver dernier, quelle chance !

Après une petite pause casse-croûte, à 19h30, j'arrête la balise. Elle aura fonctionné presque 3h30. Retour vers les siphons, nous nous reéquipons, restons « zen » dans les étroitures. A 21h30, nous sortons dans le lavoir, la température extérieure est idéale !
Bilan très positif, objectifs atteints, avec un réseau qui développe à prséent près de 2 km dont pratiquement 1500m topographiés.
Un repérage magnétique qui tombe dans les forages pas assez profonds de janvier 1998, preuve que la topogrpahie et son report de surface n'étaient pas si mauvais.