Plongées d'avril et mai 2002 dans la Fontaine De Nimes

par Serge GILLY

Plongeurs : Claude et Serge GILLY, Damien VIGNOLES.
Soutien de surface : Marceau LACROIX, André COSTE, Eric BERTODON, Dominique DUC.
Matériel utilisé : 1 bi/18 litres gonflé à l'air, 3 relais 12 litres nitrox (2 à 46%, 1 à 26%), 3 bi/09 litres, 1 relais 11 litres air, 1 relais 9 litres air, 1 relais 7 litres nitrox 56%, 1 bouteille d'oxygène médical de 5 litres pour le cas ou !.

Fort de mon expérience du mois de février et du fait que la galerie continue en remontant, je me décide à récidiver dans le réseau ouest.
La préparation du matériel et des nitrox ne fut pas le plus difficile, ni le choix des dates pour les plongées. Le plus dur fut la météo qui en raison de fortes précipitations manqua particulièrement de clémence ces derniers temps.
Finalement avec Claude nous décidons de tenter le coup le dimanche 28 avril. La météo ayant été propice ces derniers jours, nous voilà route d'Ales devant le puits poubelle. L'objectif de cette plongée est de faire passer tous les blocs nécessaires pour la pointe, derrière la galerie des chailles. Comme d'habitude ce n'est pas une mince affaire !
Le samedi suivant, 4 mai, avec Damien, nouvelle plongée. Cette fois pour convoyer 1 relais 12 litres de nitrox 46% jusqu'à B10 (la partie la plus semi-exondée de ce secteur du collecteur principal) et d'un relais 12 litres de nitrox 26% jusqu'à la tête du puits de moins 42 mètres. Après la descente du matériel dans les 18 mètres du puits poubelle, nous voilà partis. Passage des chailles assez rapide, remise à l'eau et nous arrivons dans le vif du sujet. Chacun est équipé d'un bi 9 litres air, plus pour Damien, 1 relais 9 litres air destiné à la première partie de la progression ainsi qu'un des deux 12 litres nitrox, pour moi un 11 litres air et le deuxième 12 litres nitrox.
La progression est relativement facile dans les 400 premiers mètres malgré le débit de l'eau. Juste avant d'arriver à B10 c'est la surprise. Du fait que la municipalité a vidé les canaux de la fontaine pour le nettoyage annuel, le niveau de l'eau a baissé de plus d'un mètre. Nous voilà donc à quatre pattes sur les derniers mètres avec les blocs sur le dos et les relais à tirer. Dur ! Dur ! Nous voilà arriver au point prévu pour le changement de relais et nous continuons vers la tête de puits. Re-surprise, les deux autres endroits semi-exondés et facilement négociables en temps normal se retrouvent pour le premier être transformé en cascatelle qu'il me faut passer comme un saumon en m'accrochant bec et ongles et le deuxième à franchir également à quatre pattes sur quelques mètres juste pour arriver sur la tête de puits où je laisse mon deuxième relais de nitrox à 26%.
Pour le retour, re-crapahut à quatre pattes et re-passage façons saumon vers B10 où patiente Damien qui, pour ménager ses oreilles, ne m'a pas suivi.
Récupération des relais de progression, re-quatre pattes et retour vers les chailles dans un courant qui nous porte très gentiment vers notre destination. Tout le trajet retour se fait relativement vite, nous sortons avant 17h00. Temps sous terre environ 3h00. Temps en plongée entre 1h20 et 1h40. Le passage ou l'on perd le plus de temps, bien sûr, est comme toujours la galerie des chailles. Heureusement que lors du pompage du mois d'août 2000 l'équipe de désobstruction de l'Association Fontaine De Nîmes a travaillé de la massette et du burin pour élargir ce passage qui été particulièrement étroit.


Dimanche 5 mai 2002.

10h30, lieu-dit "le puits poubelle" sur l'ancienne route d'Ales. Avec Claude nous voilà à pied d'oeuvre. Eric nous rejoindra peu de temps plus tard.
C'est pour moi le jour "J". Je prépare soigneusement mon équipement, détendeurs, vêtement étanche, sous-combinaison chaude en polaire, instruments. A croire que je recule l'échéance. Claude va m'accompagner jusqu'aux chailles et m'aider à me mettre à l'eau. Nous descendons dans le puits et c'est le départ pour la galerie des chailles.
Sur place j'équipe le bi/18 avec le wings et les détendeurs. Claude m'aide à le mettre sur le dos et ensuite à descendre dans l'eau. Le niveau n'est pas remonté depuis la veille et se trouve à plus d'un mètre en dessous du seuil normal. J'accroche mes deux relais, un 12 litres de nitrox à 46% pour la progression et le 7 litres de nitrox à 56% à laisser en tête de puits pour les paliers de décompression. Voilà je suis prêt. Une dernière vérification de mes éclairages, masque sur la figure, détendeur en bouche, un petit signe à Claude et me voilà parti dans la galerie que je connais si bien. Il est 14h05.
Toujours autant de courant, mais je progresse tout de même rapidement, malgré le bi-bouteille de 18 litres que j'ai sur le dos, les deux relais et le vêtement étanche. Cette fois je me suis équipé pour combattre le froid.
B10, premier changement de relais, comme le niveau de l'eau dans les galeries dépend du niveau de la vasque des jardins de la Fontaine, je me retrouve donc à quatre pattes dans cette partie des galeries. Avec mon bi-18, j'ai une pensée émue pour les tortues luth qui vont pondre sur les plages des mers du sud.
Me voilà de nouveau dans l'eau. J'ai échangé mon premier relais 12 litres par le n°2 et je tire toujours mon 7 litres de déco. Toujours bonne visibilité et progression correcte, la petite cascatelle où je me refais mon numéro de saumon, bout de galerie, nouvel et dernier exondé négocié façon tortue et je suis enfin en tête de puits.
Là, je dépose mon bloc de déco et échange le relais 12 litres au nitrox 46 pour le12 litres de nitrox 26 qui va me permettre de passer les moins 42 mètres du puits. Je descends rapidement vers le départ du fils que Marc et moi avons posé il y a trois mois déjà. Je le retrouve coupé net au bout de 15 mètres. Le courant l'a sans doute frotté sur une partie coupante de la parois. Vais-je devoir rabouter durant toute la plongée ? Non ! Le reste du fil a très bien tenu. J'avance et dépose mon relais vers moins 30 après avoir consommé 40% de sa capacité. Me voilà maintenant avec l'autonomie en air que me confère mon bi-18. A moins 10 mètres, je retrouve le dévidoir toujours bien calé dans la petite faille où je l'avais laissé (et oui, Gilles, pas de pelote !), l'étiquette 200 mètres bien en vue.
Je regarde devant moi. Cette galerie inconnue qui remonte m'excite et me stress tout à la fois. Un coup de palme et j'avance tout en cherchant la continuité ainsi que des points d'amarrage pour le fil. La galerie remonte toujours en pente très douce et à moins 7 mètres part à l'horizontale avec un franc changement de direction plein Ouest alors que jusqu'à maintenant la direction était nord-nord-ouest. Je regarde le dévidoir, et l'étiquette qui apparaît est celle des 230 mètres. Alors en avant pour la conquête de l'Ouest.


Aïe ! La galerie se met à descendre, un puits, me voilà à moins 15 mètres. Terminés mes grands rêves de super rivière souterraine. Je regarde le compas, la direction est toujours Ouest, un becquet, j'attache le fil et continu. Etiquette 250 mètres, un autre puits, moins 18 mètres. Pourquoi descends-tu encore ma belle ?
Un bout de galerie bien droite et un autre puits, moins 22 mètres. J'arrive dans une assez grande salle qui doit bien faire 8 mètres de diamètre sur 2 à 3 sous plafond. Au milieu de la salle se trouve un beau champignon de pierre sur lequel j'attache le fils. A partir de là, je fais le tour de la salle en commençant par la gauche pour chercher la suite. Elle se trouve sur la droite de mon point de départ en allant plein nord. Le passage est un laminoir de 1 mètre de haut sur 3 à 4 de large et la suite se présente plus haute et plus large que le passage lui-même.
Je commence à ressentir de la fatigue et une méchante appréhension viens me taraudée le ventre. Alors en pensant au retour tout de même difficile, je décide de faire demi-tour.
Je coupe le fils et repars lentement dans le courant en vérifiant tous les amarrages au fur et à mesure de ma progression.
Au passage, je récupère mon relais et me voilà dans la remontée du puits. Remontée lente, car paliers oblige, me voilà maintenant à 3 mètres et j'y reste 45 minutes à respirer mon nitrox 56 sans bouger, dans le seul endroit, étroit, où le paliers est possible. Le froid viens, et la fatigue se fais de plus en plus ressentir.
Je repars. Enfin du mouvement je me réchauffe un peu. Les deux passages sont encore plus difficiles car je traîne plus de bouteilles qu'à l'aller. Enfin le point B10, je sors la tête hors de l'eau et une petite joie me viens. Je ne serai plus seul pour le retour car Claude est là, je vois ses lumières.
Après quelques mots échangés sur la plongée, il se charge des autres bouteilles et repart devant moi car il me faut avancer lentement. Bien que j'ai pris la précaution d'emporter des boissons, les crampes me guettent
Je dépasse le tuyau du forage et me voilà dans le siphon 2 des chailles. Aidé de Claude pour me débarrasser de mon équipement, je sors de l'eau. Je prends un peu de repos tout en discutant avec mon frère. Nous décidons de sortir tout le matériel dans la même journée. Après plusieurs allers et retours a traîner le matériel nous sortons du puits poubelle. Il est aux alentours de 17H30.

En conclusion, cette plongée m'a bien fait comprendre les limites de la plongée à la palme dans ce réseau très prometteur. Une meilleure préparation, le choix du matériel et l'utilisation de scooters deviennent indispensables pour pouvoir aller plus loin.
Cette fois, 85 mètres ont été ajoutés au développement du réseau. La taille de la galerie ne varie pas ou très peu. Que donnera la suite ?
Depuis cette plongée, aucune autre n'a pu être réalisée, ni en été car les eaux sont trop chargées, ni cet automne pour cause de très fortes précipitations dans le Gard.
Une plongée est en préparation pour le début de l'année 2003. Si le matériel nécessaire peut être réuni, notamment deux scooters, Appolo ou Mako, qui part leur taille réduites sont les plus adaptés pour la taille des galeries.