Mega-teuf au Mas Neuf

 

par Frank Vasseur - avril 2007

 


par Michel Meilhac

 

Cet évent est un vieil amour (de jeunesse) que nous ne pouvions résolument pas laisser tomber. Avec le temps, vint l'expérience et l'équipement, il était temps de jouer les revenants.

Dans une remake de « la Belle et la Bête », le S.1 et le début du S.2 (jusqu'au premier point bas de –47) avaient été reéquipés dans le courant du mois de mars avec Cédrik Bancarel.

Samedi (21/04/2007), une équipe familiale (Richard et Benoit Villemejeanne, Frank et Laurent Vasseur) avait acheminé une partie du matériel dans la cavité, via l'étroiture d'entrée.

Dimanche (22/04/2007), Richard attaque de bonne heure en rectifiant à la hausse la section de l'étroiture d'entrée. Tout le monde arrive, après avoir accompli son devoir de citoyen.

On s'active, on fait la chaîne et rapidement les charges sont acheminées jusqu'au siphon. Le recycleur est assemblé. Tout fonctionne, il a bien supporté le transport en kit via les étroitures. Rapidement, Cédrik, Romuald et Jérôme s'immergent pour transporter les bouteilles nécessaires à la pointe et tirer quelques clichés.
Derrière l'objectif, Jérôme mitraille, malgré l'empressement des jeunes loups à filer droit sans trop prendre la pause.

Je ferme la marche, en négociant en douceur l'étroite fracture qui amorce le S.1. C'est que c'est ma première plongée en « fond de trou » (certes fort modeste, mais bon, il faut tout de même dépiauter la machine pour l'acheminer devant le siphon), et le prix du jouet incite à la modération.

Mauvaise surprise : mon VR3 flambant neuf s'éteint çà la mise à l'eau. J'ai beau le solliciter via les commandes, rien n'y fait, la pile devait être âgée et le choc thermique a porté l'estocade. La redondance est assurée par un Vyper (air) et surtout les tables VPM concoctées au cas où....

En sortant du premier siphon, trois des quatre bouteilles sont déjà au S.2. Les copains n'ont pas chômé. J'essaie de franchir l'étroiture qui sépare la vasque de la galerie, mais rien à faire ! Jérôme a beau jouer du chausse-pied, ça passe en 2 x 9l mais pas avec le Megalodon.

La machine est décapelée. Jérôme pousse, je tire, c'est passé. Puis illico rechaussée derrière le rétrécissement. Dans la vasque du S.2, Cédrik se prépare à la dépose des deux 6 l de sécurité pour la décompression : une d'O2 à –6, l'autre de 40/40 à –25. Romuald m'assiste (avec l'âge on est moins autonome) puis je glisse dans l'élément liquide.

Vérification de l'étanchéité de la machine, du bon fonctionnement des détendeurs des deux 10l de Trimix que je conserve sur moi, puis j'emboîte la palme à Cédrik, qui m'a distancé.

Il va vraiment falloir que je reprenne la course à pied, car ces jeunes pleins de sang deviennent agaçants.

A –22, la portion étroite qui amorce la fracture impose une négociation, conclue par un franchissement à l'égyptienne. Typiquement le genre de problème à ne pas aborder de front, « bille en tête ».

Ca cogne un peu, les sons semblent amplifiés en recycleur avec l'absence de bulles émises. Puis ça va mieux. –47, terminus du reéquipement. La galerie amorce une remontée et déjà il faut « pétasser » le fil d'Ariane qui n'a pas bonifié depuis 1998. A –40, un lambeau de fil encore en place indique la modeste galerie qui rejoint la fracture ascendante qui livra l'accès à la « suite ». Point haut à –30, tricotage, puis descente à –42 dans le collecteur.

Là, tout change, la galerie prend ses aises : 3 à 4m de large pour autant de haut. Roche claire, sol à nu, poli. Des marmites agrémentent le sol. Par endroit, le conduit est cintré en son milieu, avec de puissantes lames d'érosion saillantes. Ailleurs, il s'évase à la faveur d'une recoupement de fracture pour atteindre 5m de large. Le paysage est assez proche des souvenirs, demeurés vivaces malgré les années et la narcose à l'époque. Aujourd'hui, au sec dans l'étanche, bien clair avec un trimix et confortablement installé dans le recycleur, la donne est sensiblement différente. A une époque pas si lointaine, l'exploration de cette portion de la cavité fut réalisée à l'air, en combinaison humide, avec des bouées-collerettes Fenzy.

C'était le temps où les plongeurs tentaient de se réchauffer durant les paliers en buvant beaucoup, pour uriner plus….

Le point bas (-51) a été fatal à la ligne, qui jusque-là avait mieux supporté le poids des ans. Après le terminus de 1993, j'attaque la fracture ascendante en tricotant toujours avec les vétustés arianesques. Point haut –36, puis descente à –42.

Au précédent terminus (fracture étroite à 385m de l'entrée et par -43), la suite se trouve à 2m en hauteur, par une jolie galerie de 3 x 3m. Elle bute rapidement sur une fracture perpendiculaire (N330°) remontée de –42 à –36,5. Vue sur le plafond à –32.
Une suite serait possible en sinuant dans la fracture (exempte de points d'amarrages pour le fil d'Ariane) sur 5m vers –36. Au-delà, le conduit amorce un virage et semble s'élargir. Après 5 minutes à tenter de composer avec l'exiguïté du passage, il faut se rendre à l'évidence, ce n'est pas avec cette configuration que ça passera (ou alors avec un plongeur vraiment plus maigre). Demi-tour après 50 minutes de plongée. J'attaque le premier palier, à –24, 18 minutes plus tard, et inaugure ainsi une longue série de stations semi-mobiles.

Avec un manchon qui prend l'eau, l'aventure se « pimente », à la sauce fraîcheur.

Romuald rend une visite de courtoisie avant la fin de la décompression. Il se charge des deux bouteilles de trimix et les ramène jusqu'à la sortie.
Finalement, j'émerge et retrouve mon Cédrik en solitaire, affamé et refroidi aussi. Retour sans tarder au S.1, gymnastique décapelatoire en sens inverse, puis retour tranquilou en profitant du paysage particulier de cette magnifique cavité.

Le S.2 mesure à présent 405m (-51) en ligne directe.

Merci à tous mes compères pour leur précieux coup de main.

Participants (du Groupe de Recherches Spéléologiques du Vigan) : Hervé et Antoine Blois, Michel Meilhac, Xavier Meillac, Richard et Benoit Villemejeanne Laurent Vasseur.
Aquaphiles : Cedrik Bancarel, Romuald Barré, Jérôme Martin, Frank Vasseur.


vasque du S1 avec éclairage Barbolight, par R. Villemejeanne

Sortie de vasque du S1, par R. Villemejeanne

C. Bancarel et F. Vasseur, par R. Villemejeanne


 


Cédrik - Romuald et Jérôme. Mise à l'eau dans le s1, par Richard Villemejeanne


Vasque du s1 par Richard Villemejeanne


Cédrik transporte une 10l de trimix, par Jérôme Martin


Etroiture d'entrée, par Richard Villemejeanne


Jérôme et son matériel photo, par Richard Villemejeanne


La baionnette du s1 par Jérôme Martin


La fracture du S1, par Jérôme Martin


Le début du S1, par Jérôme Martin