Planinska Jama

 

 

Gilles raconte:

"C'est à mon tour de m'immerger au fond de PLANINSKA JAMA.

L'eau est très claire, le niveau a encore baissé depuis la dernière plongée de Quichou, mais j'ai le trac, est-ce la couleur de la roche si noire qu'elle absorbe la lueur de nos phares, où la peur de ne pas trouver le bon fil ? Pendant la séance d'équipement que je fait volontiers durer, Christian me redonne quelques consignes que je connais par coeur maintenant.

Le niveau de l'eau étant deux mètres plus haut que lors des explorations de nos prédécesseurs ( J.P.STEFANATO ), la difficulté est de trouver le bon fil!

Heureusement grâce à la plongée de Quichou et au compte rendu de Jean-Pierre, j'ai espoir de trouver le bon départ et la rage de faire de la première.

Dernier réglages et je quitte Frank et Quichou, franchis le premier passage noyé long de trente mètres, traverse le petit lac et atteint après cent mètres le fil des slovènes. Ici-même Quichou a longuement cherché le départ de Stéfanato en vain.

A ce moment je raccorde mon propre fil et théoriquement au bout de 5 mètres vers l'Est, je dois apercevoir le fil de J.P.S.

Lentement, je suis la voûte à moins deux mètres, seul repère dans l'immensité des lieux, soudain un fil blanc solidement amarré à une belle aspérité me barre le chemin et m'invite à le suivre.

Après avoir accroché mon propre fil, je le suis sur 195 mètres terminus des explorations antérieures.

La galerie est de grande dimension et un phare de 20 W est parfois insuffisant pour dévoiler la deuxième paroi, où même le plafond du long tunnel.

L'exploration du reste de la galerie commence donc, la roche toujours aussi noire oblige le plongeur à suivre l'une des parois de très prés. Le sol est jonché de gros blocs et quelques dépôts de sables jaunes rendent l'exploration un peu moins austère.

Au bout de 25 mètres, après le terminus de J.P. le sable occupe une grande partie de la galerie et recouvre presque totalement certains blocs. C'est alors que j'ai la curieuse impression que mes bulles ne roulent pas sur un plafond mais rencontrent une surface 10 mètres au-dessus, je pense alors avoir franchi un siphon et pourquoi pas trouvé de nombreux départs de siphons!

Doucement je remonte et lorsque j'émerge, il faut que je me rende à l'évidence qu'il ne s'agit juste que d'une grande cloche à l'échelle de Planinska Jama. En effet cette salle mesure 12 à 15 mètres de long pour 10 mètres de large, le plafond 4 mètres au dessus de la surface ne présente aucune concrétion, et la couleur toujours aussi noire de la roche prouve que cette cloche est totalement noyée en période de hautes eaux.

Il faut donc replonger, la direction de la galerie est toujours nord /nord-est, et celle ci semble devenir de plus en plus vaste, rapidement je perd la parois que je suivais. J'attache donc mon fil au sol que je suis toujours dans la même direction.

Au bout de 100 mètres je bute sur une paroi dont je discerne ni le plafond ni le sol, je me demande alors si je ne suis pas complètement désorienté mais ma boussole me donne toujours la même direction, la galerie semble donc continuer plein est ce qui correspondrait au pertes du Rak dans Tkalca jama. J'amarre mon fil sur ce mur et j'ai la curieuse impression que la galerie continue aussi sous mais palmes mais plus en profondeur.

Je ne suis pas sur mes tiers et décide de continuer un peu plus profond. Ici les dépôts de sable ont complètement disparu, pas de doute il y bien un départ de galerie, très vite je discerne l'ensemble de la galerie qui prend des dimensions plus habituelles.

Mais jusqu'où va nous conduire Planinska Jama ? C'est alors que je me sent totalement aspiré par un courant, la galerie mesure moins de 2 mètres de large pour 3 mètres de haut et je ne sais comment m'arrêter! Heureusement avant un autre rétrécissement j'arrive à me coincer les pieds en avant sur le cotés du siphon. Le courant est très violent et le faisceau de mes lampes éclaire mes bulles qui disparaissent devant moi.

Il ne fait pas bon rester ici. Tant bien que mal j'attache mon fil qui bat comme un drapeau au vent, et ressors de cette galerie en palmant sauvagement tout en me tractant sur les bras, heureusement les dimensions du conduit s'agrandissent et le courant est nettement plus faible. Il me reste alors qu'à revenir vers mes frères d'exploration qui m'attendent 500 mètres plus en aval. Je viens de faire 150 mètres de première fabuleuse, je suis heureux et de retour à l'air libre laisse éclater ma joie.

Frank et Quichou sont frigorifiés mais les nouvelles toutes fraîches réchauffent nettement l'atmosphère."

 

planinska jama quichou et gilles naviguent par frank vasseur