SOURCE DE LA DRAGONIERE
30 Labastide de Virac

x=767,90 y= 230,65 z= 80

 

Philippe Imbert, relecture Philippe Brunet


 

 

Exploration décembre 1999

SITUATION

La source de la Dragonière (ou Dragonnière de Labastide) s'ouvre en rive droite et à 12 mètres au dessus de l'Ardèche, au sommet du méandre de Gaud. La source de l'Esclapaire, qui lui est liée, est située plus bas et en aval, au bord de l'Ardèche. Elle constitue avec d'autres venues immergées, les exurgences pérennes du système.

L'accès se fait depuis un sentier provenant du hameau des Crottes ou par le domaine de Gaud, en rive gauche de l'Ardèche. . Il faut alors franchir l'Ardèche profonde de 1,6 mètres à cet endroit lors de l'étiage, bien plus avec l'augmentation du débit de la rivière. . La route donnant accès au domaine de Gaud est interdite et réservée au personnel de la réserve et au service de sécurité.

La source est située dans la réserve naturelle des gorges de l'Ardèche et est soumise à autorisation et préavis d'exploration.

DESCRIPTION

La grotte s'ouvre par un vaste porche se prolongeant par une galerie sinueuse de 80 mètres de longueur, orientée au Sud Ouest. Après avoir franchis deux ressauts et évité un petit puits, le couloir est régulièrement descendant pour atteindre un lac recouvert d'une pellicule de calcite à certaines époques. Ce lac se poursuit sur plusieurs mètres avant de rencontrer une voûte basse puis de se poursuivre jusqu'au siphon amont.

Une galerie étroite formant déversoir part au Sud Est sur 40 mètres, en partie immergée et se poursuit par une cascade de 3,50 m, pour aboutir à un petit siphon aval

Une galerie avant le lac et deux autres au niveau du lac rejoignent un étage supérieur fossile débouchant 20 mètres au dessus de l'entrée principale, au bord du chemin d'accès.
Un système de 3 autres petites grottes inférieures, au dessous et en aval, dont l'une avec un plan d'eau, totalisent près de 100 mètres de développement.

Le siphon amont débute par un seuil sableux puis descend très régulièrement dans une fracture majestueuse.
La faille qui détermine l'écoulement est ici très visible avec une galerie haute et étroite. Des amas de fil, la plupart en paroi droite, montrent la fréquentation de la cavité ou plus précisément le peu de compétence de certains visiteurs.

Vers – 40 mètres, la galerie se transforme pour devenir laminante, le sol étant toujours formé de sable.

La sortie du laminoir vers les – 50 mètres pour une galerie quadrangulaire montre l'arrêt des visiteurs sans doute très narcosés. Tous les fils se raccordent au même crochon, au plafond de la galerie, en pleine eau. Sans doute le pire endroit pour stopper une descente, sans appuis, sans repères. Choix incohérent de qui a suivi sans réfléchir le fil précédent.

Notre fil lui, s'est déroulée en paroi, sur la gauche de la galerie. Celle ci descend régulièrement puis se stabilise vers les – 75 mètres. L'arrêt des explorations en octobre 1999, se fait à –76 mètres de profondeur dans une sorte de cuvette.

Les fils en place sur la paroi de droite, n'ont pas tous été nettoyés. Ceci fera l'objet d'une partie des prochaines plongées.

EXPLORATIONS

Ce camp s'est déroulé en 3 week end prolongés, du 8 au 14 juillet, du 17 au 18 juillet, du 1er au 3 octobre. Les premières plongées ont permis de rééquiper le départ du siphon amont et la pose de la ligne de décompression jusqu'à la cote – 50m.
Pour cela, des anneaux de cordes et des spits ont été posés. Nous espérons que les crues hivernales épargneront ce travail.

Ultérieurement, 4 plongées au mélanges ternaires permirent d'atteindre – 60 mètres (Philippe B.), - 65 mètres (Christophe D.), - 70 mètres (Philippe B.) en juillet, puis – 76 mètres (Christophe D.) en octobre 99.

Paradoxalement, deux périodes opposées sont néfastes aux explorations, l'été pour cause de chaleur et tourisme intense avec la rivière et la plage de Gaud envahies par les candidats au bivouac, et les périodes de crue lorsque la rivière est infranchissable.

L'utilisation de bouteilles 18 litres et les nombreux portages pour les plongées aux mélanges nous ont incité à installer une main courante dans la partie ascendante de la galerie, en particulier lors du franchissement du puits. Cette aménagement permet d'assurer une bonne sécurité pour les aides non spéléos.
Après avoir essayé différents éclairages, nous avons adoptés l'acétylène pour son confort lors des portages. Quelques bougie au siphon sont une aide appréciable.

La mise à l'eau se fait au début du lac mais le portage en plongée du matériel est rendu inconfortable par le franchissement d'un seuil rocheux au bout de 20 mètres. Ce point peut également être atteint par la galerie supérieure fossile après une courte escalade. L'assistance peur attendre là.
Il serait cependant judicieux de supprimer ce point gênant en redressant le rocher qui forme cet obstacle. A effectuer lors de la suite des explorations.

APPROCHE DU FONCTIONNEMENT DE LA SOURCE

Cette source pérenne (de l'Esclapaire ) s'écoule au niveau de l'Ardèche. Des sources immergées existent également à l'aplomb du porche. D'autres orifices plus en aval, au niveau de la rivière, évacuent les eaux des crues les moins importantes.

La galerie principale de la Dragonière et l'évent situé a 10 mètres du niveau d'étiage sont très rarement réutilisés et constituent l'exutoire des fortes crues actuelles.

Le réseau fossile à la cote z=100, forme un ancien exutoire.
Le réseau noyé, plongé sur 250 mètres semble se stabiliser à –76 m (étude en cours).
Le réseau est limite au Nord par un accident pluri kilométrique NORD 50, qui abaisse le compartiment sud est. Le réseau se développe dans des calcaires barremien inférieur. L'accident N 50 a jouer le rôle de faille écran et forcé la source à résurger.

La question se pose de savoir si cette source a toujours fonctionnée en résurgence où si elle constitua une perte à certaines époques.

Cette question, au delà de l'exploration pure de la source et de son étude biologique va nous guider dans la suite de nos recherches et observations.

BIOLOGIE

Cette cavitée est connue depuis longtemps, le domaine de Gaud ayant été exploité par un ancien grognard de Napoléon. De Joly, Balazuc et bien d'autre (pour finir par le Guen et Monvoisin) se sont intéressés à sa faune. Voici quelques unes de leurs observations.

Dans la cavité on été observés plusieurs chiroptères :
Rhinolophum frrrum-equinuum,
Rhinolophum hipposideros,

Des coléoptères :
Catops fuscus
Aranides :
Tegenaria parietina

Amphibie :
Niphargus orcinus Virei
Isopodes, Spheromides Raimondi

La plupart des observations biologiques ont été faite dès le début du 20 ème siècle.

Gael Monvoisin (AVENS) a entrepris un complément à ces recherches, projet biologie de l'ardèche avec la réserve et l'aide du CIF.

EXPLORATEURS ET REMERCIEMENTS

Ces recherches ont été menées par plusieurs plongeurs Ile de France issus de nombreux clubs FFS et FFESSM. La plupart sont membres d'AVENS : Philippe Imbert, Frédéric Bonacossa, Philippe Brunet, Isabelle Calvora, Christophe Depin, Anne Dutheillet, Sylvie Fontaine, Gael Monvoisin, Christophe Sohier.

Nous remercions Michel Bosse responsable du bivouac de Gaud de son aide, Roger Estève, Directeur de la réserve pour ses autorisations, Annie Flahaut pour son accueil et son aide toujours aussi efficace ainsi que tous nos amis ardéchois qui nous soutiennent régulièrement.

Merci également à la commission Ile de France de plongée souterraine de la FFESSM, de nous avoir promis une aide matérielle très précieuse, quand la CNPS refusa ce projet et à Eau Noire pour la mise à disposition de son compresseur.


Exploration 2000

PRESENTATION

La source de la Dragonnière (ou Dragonnière de Labastide) s'ouvre en rive droite et à 12 mètres au dessus de l'Ardèche, au départ du méandre de Gaud (actuel bivouac de la réserve). La route donnant accès au domaine de Gaud est interdite et réservée au personnel de la réserve et au service de sécurité. La source est située dans la réserve naturelle des gorges de l'Ardèche et est soumise à autorisation et préavis d'exploration.

La source résurge à travers des fissures impénétrables directement dans le lit de l'Ardèche. Cependant une grotte située environ 5 mètres au dessus du niveau d'étiage permet d'atteindre après une centaine de mètres, un lac qui siphonne peu après. Cette source est connue depuis très longtemps, citée dans l'inventaire des grottes de l'Ardèche par Balazuc. Il y indique la présence d'animaux cavernicoles spécifiques : Spheromides Raymondi. Olivier Issler aurait entamé l'exploration de cette source jusqu'à – 50 m. Plus récemment, Francis Leguen dans le cadre de planète bleue replonge la source, redécouvre ces animaux et publie sa plongée dans l'eau du tertiaire.

La topographie de la source qui n'avait pas à notre connaissance été levée jusqu'à maintenant, a été réalisée en 1999 jusqu'à – 70 mètres.

OBJECTIFS 2000

Il était prévu en 2000, de poursuivre l'exploration de la source au delà du terminus de 1999, en effectuant la topographie et l'étude géomorphologique du conduit.

L'utilisation systématique de mélange par les plongeurs de l'équipe et la situation du siphon en fond de trou, imposent la présence d'une équipe de soutien importante.

La localisation de la source dans la réserve complique son exploration par la limitation de circulation imposée aux visiteurs même si l'équipe a obtenu préalablement l'autorisation d'utiliser les routes de la réserve dans le cadre de ce projet.

RESULTATS 2000

Les objectifs prévus dans le projet 2000 ont été atteint : nous avons porté le développement topographié de la Dragonière à 880 mètres , le siphon principal faisant 390 m de longueur pour une profondeur maximale de - 88 m .

Un siphon aval actif, accessible à travers une trémie exondée a été approché. Son accès a été topographié, mais la plongée n'a pas été faite compte tenu du danger représenté par la trémie et l'étroitesse des passages entre les blocs.

Les explorations ont été réalisées en 2 périodes, du 1 er au 4 juin et du 8 au 17 juillet 2000. Le regroupement des plongées facilite le travail en optimisant l'utilisation (ou plutôt la non utilisation) des bouteilles de sécurité. Par contre, les nombreux aller et retours destinés à préparer la plongée de pointe (nettoyage des fils dessablés depuis la dernière pointe, mise en place des relais et des blocs de décompression,…) ou durant celle ci (visites des plongeurs d'assistance) altèrent profondément la visibilité. L'équilibre n'a pas été trouvé , sachant qu'il n'est pas possible d'abandonner le matériel dans cette grotte trop proche des touristes en canoé, et que le transport de l'équipement des plongeurs et de leurs bouteilles se fait pour une grande part pédestrement dans le sable puis les galets avant de traverser l'Ardèche… comme on peut ! !

Au niveau organisation, nous avions systématiquement 2 plongeurs d'assistance prêt à intervenir. Enfin, les paliers réalisés profonds et l'absence d'utilisation d'air pour la décompression ont permis une excellente décompression et une absence de fatigue étonnante malgré la longueur des paliers (4 heures). L'ensemble des informations sur les plongées ont été communiquées à Philippe Bigeard afin d'enrichir la base de donnée sur la plongée aux mélanges ternaires.

DESCRIPTION DE LA DRAGONIERE

La grotte s'ouvre par un vaste porche se prolongeant principalement par une galerie de 4 à 6 mètres de large pour une hauteur identique. Cette galerie, globalement orientée au Sud-Ouest, est sinueuse durant les 80 premiers mètres. Une courte escalade de + 5 mètres puis une descente régulière mènent à un lac de 35 mètres de longueur et de 3 à 6 mètres de large, pour une profondeur de 3 mètres maximum.

En fait, la grotte un véritable labyrinthe comprenant un accès supérieur (en retrait et au dessus de l'entrée principale) et de nombreuses sorties basses. Certains de ces conduits, très étroits n'ont pu être totalement parcourus. D'autres débouchent sous le porche principal, directement au niveau de l'eau.

Le siphon amont (voir topographie) débute par un seuil sableux puis descend très régulièrement dans une fracture majestueuse de 4 mètres de large. Un rétrécissement vers les – 12 mètres oblige à passer dans une fenêtre rocheuse de 1 m de haut pour 0,5 m de large. Vers – 40 mètres, la galerie se transforme et devient laminante. La sortie du laminoir se fait vers les – 52 mètres dans une belle galerie quadrangulaire. C'est ici le terminus classiques des anciens visiteurs. Un becquet providentiel au plafond est solidement lié par 5 ou 6 fils.

La galerie poursuit sa descente régulièrement puis se stabilise vers les – 75 mètres. Deux brusques changement de direction conduisent à – 81 m. La galerie reprend alors la même direction jusqu'à –90 mètres (point 350 m), point bas actuel encombré de gros blocs.

Le changement est alors complet, le conduit devient très ascendant avec une pente de 45 °, entrecoupé de légers replats qui laissent espérer une suite horizontale. Nous avons stoppé à –61(point 390m), profondeur de nos premiers paliers.

Les très nombreux fils en place, de la surface jusqu'à –50, ont été presque tous nettoyés. 500 mètres de fils de toutes sorte (du kevlar au fil de pèche, en passant par du fil d'Ariane de 1,4 mm et du 3 mm) ont été ressortis de la grotte. Les derniers fils volants (et piégeant) se trouvent dans la zone des 40 à 50 mètres.

PROJET 2001

En 2001, il est prévu de poursuivre l'exploration de la source tant dans sa partie profonde amont que dans son aval étroit.

La profondeur et le profil de l'amont implique la poursuite de l'utilisation de mélange gazeux. De plus , il est nécessaire d'installer une cloche de décompression compte tenu de l'allongement de la durée des paliers (5 heures en 2000). L'aménagement d'une partie de la cavité sera sans doute nécessaire pour faciliter le portage du matériel.

La fin du nettoyage des fils de la partie profonde (environ 50 mètres) est impérative.

A l'aval, il sera nécessaire de stabiliser la trémie dans laquelle s'écoule la rivière. Les plongées s'effectueront avec des blocs de petite à très petite capacité.

EXPLORATEURS ET REMERCIEMENTS

Ces recherches ont été menées par plusieurs plongeurs Franciliens issus de nombreux clubs FFESSM. Philippe Imbert (responsable du projet), Frédéric Bonacossa, Philippe Brunet, Laurent Rouchon, Nicolas Brucher, Philippe Cabrejas, Christophe Depin, Anne Dutheillet, Sylvie Fontaine, Pierre Boudinet, Christophe Sohier.

Nous remercions Charly responsable des bivouacs de la réserve et François responsable de Gaud pour leur aide, Emmanuel Buis, Directeur de la réserve pour ses autorisations, Annie Flahaut pour son accueil et son aide toujours aussi efficace ainsi que tous nos amis ardéchois qui nous soutiennent régulièrement.

Nous remercions également la FFESSM qui a aidée financièrement l'expédition.

L'EQUIPE

Plongeurs pointes :

Philippe IMBERT (responsable du projet)
Christophe DEPIN
Philippe BRUNET

Plongeurs soutien fond :

(plongeurs nitrox)
Pierre Boudinet
Frédéric Bonacossa
Laurent Rouchon
Christophe Sohier

Plongeurs assistances

(gentils sherpas)
Philippe Cabrejas
Anne Dutheillet
Nicolas Brucher