Résurgence de Rochecolombe

ou source du moulin, ou de Vendoule


Carte : I.G.N. 1/25000 N° 2938 Ouest “Aubenas”
Commune : Rochecolombe (07)

Coordonnées : X : 767,49 – Y : 248,20 – Z : 200
Développement : 705m - Dénivellation : 35m - Réseaux noyés : 530m

Localisation
Vidéo
Récit

Le site, par Catherine Baudu

Par Jean-Pierre Baudu– Commission souterraine régionale Rhône-alpes)

Situation

Du village de Rochecolombe, continuer jusqu’au parking où on laisse les véhicules. Franchir le petit pont du ruisseau de Vendoule. Traverser le vieux village. A la sortie de celui-ci franchir un second pont. La source se situe à 140 m sur la gauche juste au pied du cirque (direction Sud/Est/Sud du vieux village).

Historique

De 1966 à 68, une équipe belge (la S.S.Namur) reconnaît la branche droite sur 120m, -20 après désobstruction subaquatique du laminoir d’entrée.
F. Poggia et J-L Camus explorent en plusieurs plongées cette cavité. Les chiffres et le croquis d’exploration sont incohérents (d’où l’importance de réaliser une topographie).

Du 17-04-04 au 20-06-04 : Jean-Pierre Baudu avec l’aide de Roland Oddes nettoient (vieux fils et plombs) et sécurisent la cavité. La topographie est levée jusqu’au S5 et ils réalisent 100 mètres de découverte à partir du point bas du S4.

Le 18/12/2005, Jean-Pierre Baudu, assisté de Sébastien Rocheil et Frank Vasseur plonge le S.5, rapidement impénétrable. Une couverture photographique est réalisée de l’entrée jusqu’à la sortie du S.4.

Le 02/04/2006, une sortie est consacrée à la confirmation de la justesse de la topographie par l’utilisation d’une balise électromagnétique, ainsi qu’au tournage d’images vidéo jusqu’au S.3.

Description

Cette résurgence se situe dans un cadre extraordinaire. La visite du secteur vaut le détour. Nous noterons tout proche de la résurgence un cirque où se déverse un talweg actif en hiver et lors de crues. Un peu en amont, au bord de ce lit de la rivière intermittente, en rive droite, il existe une petite cavité qui bute vite sur un siphon : Baume Claire (à revoir).

La résurgence de Rochecolombe est captée. L’entrée est située dans un petit bâtiment fermé (sujet à réglementation pour les accès). La vasque est de dimension modeste. L’eau est extrêmement limpide. La galerie descend rapidement avec le passage d’une étroiture à –5 mètres. Après les crues, la descente est encombrée de blocs de pierre, plus ou moins gros. C’est impressionnant. Ils sont bloqués en équilibre. Le nettoyage
ressemble à une avalanche dans un bruit inhabituel pour nous plongeurs.

Le cheminement est sinueux et mal aisé dans un méandre. Après un parcours de 50 mètres, la galerie devient plus confortable (tout est relatif). Au point 80 mètres, une remontée verticale de quelques mètres nous laisse le choix entre deux galeries :

  • à droite (appelé S1), la branche qui semble la moins évidente s’avère plus confortable et palmable. Seule la cheminée de remontée terminale est technique, impressionnante et pourtant superbe avec ces rognons de silex et ces rostres de Belenite. Un seuil permet d’accéder au court S2 pour arriver au carrefour de liaison du S2 bis.
  • la galerie de gauche au point 85 mètres (appelé S1 bis) est dans la continuité mais devient vraiment étroite avec quelques passages à négocier. A 120mètres, une fracture au sol semble pénétrable (à explorer). Une galerie part à droite au point 180 mètres. La sortie se termine dans une zone peu profonde (-1 mètre). Entre le S1 bis et le S2 bis, le passage des bouteilles est à négocier. A ce point, nous coupons une fracture avec à droite un tout petit siphon impénétrable. En face, après le passage d’un seuil, nous enchaînons dans un S2 bis confortable
    qui change de direction pour sortir au niveau d’un carrefour. Nous sommes à la liaisons avec le S2 et la possibilité de revenir par le S1.
    Nous continuons vers le Nord, nous pouvons entendre l’actif. La galerie se sépare ponctuellement, nous suivons l’actif pour plus de confort. Changement de direction à nouveau, nous laissons un S3 pour passer au-dessus de gros blocs. La galerie se découpe maintenant dans une grosse fracture inclinée. La progression se fait par une voûte mouillante et ensuite par des oppositions pour enfin rejoindre le S4. Ce siphon est court, mais à la liaison de deux fractures, celle d’entrée du S4 et une autre en sortie décalée. Nous entendons à nouveau l’actif, mais à droite alors que la suite pénétrable se trouve à gauche, sans doute un écoulement sous-jacent. La suite le confirme. L’exondé est peu confortable car la roche est très découpée. Les galeries se séparent pour se rejoindrent, le tout décalé dans la dimension de la hauteur. Au niveau de l’escalade de 5 mètres, une pellicule de glaise sur les parois indique une partie du remplissage en crue de cette zone. Le S5 est à ce moment là vite rejoint. Nous sommes à 420 mètres de l’entrée. Ce dernier siphon se dédouble et devient rapidement impénétrable.

Remarques
La cavité est captée pour alimenter la commune en eau potable. La vasque du S.1 est défendue par un périmètre immédiat (grillage et portail), puis par un bati également fermé par un cadenas.
Toute plongée est soumise à autorisation.

Je reviens juste sur la clarté de l’eau de cette cavité. En Ardèche, je connais qu’un autre siphon avec cette transparence, le S1 du Thiourre (30 mètres). Je souligne le caractère exceptionnel de l’aspect visuel de cette source.
Les Niphargus sont en nombre important, à tous les niveaux de cheminement du réseau.
Nous pouvons observer l’activité hydrologique à trois niveaux :

  • à l’entrée
  • entre le S2, S3 et S4
  • en sorti du S4

Le débit est moins de la moitié de celui de l’entrée.
Lors des explorations, j’ai fait une constatation. En revenant du S1 bis au niveau du carrefour de 80 mètres, j’ai ressenti et mesuré deux températures d’eau différentes. L’eau venant du S1 est plus froide de 1°C minimum (températures données par mes ordinateurs). Cette observation, je l’ai faite par la suite en revenant de pointes dans le
S1 entre le point 130 mètres et le points 100 mètres, sans pour l’instant découvrir la provenance. Une eau plus froide et sans doute venant d’une nappe plus profonde alimente le système hydrogéologique.
C’est un point à clarifier. Si nous avions des moyens de mesures plus précis et si je découvre la résurgence nous pourrions analyser l’eau et en déduire certaines informations.
Aujourd’hui nous connaissons mieux le système, mais malgré tout il nous reste beaucoup de travail à faire et je continuerai, dans la mesure de mes moyens à faire des constatations et à les relater.

Remerciement

Je remercie la Sidomca pour les autorisations ainsi que R. Oddes pour son aide en plongée…

Complément d’informations par la méthode de balisage

L’enquête publique sur la décharge de Rochecolombe a mis en doute mes compétences topographiques et à plus grande échelle la topographie en spéléo-plongée.
Cela fait 20 ans que je topographie sous terre et 13 ans en siphons.
Aujourd’hui, je suis responsable de la commission spéléo-plongée en Rhône-Alpe, je suis le responsable des secours en plongé spéléo au niveau national, je fais des formations internationales sur le sujet. Je ne rentrerai pas dans les détails mais cela représente une masse de travaux non négligeable. A plusieurs reprises, j’ai pu vérifier que mes topographies étaient juste grâce à plusieurs méthodes (balisage, liaison, bouclage…)
J’avoue que le procédé peu cavalier exprimé dans l’enquête publique m’a piqué au vif. J’ai voulu vérifier par la pose d’une balise la justesse de mes relevés. J’ai donc demandé à Daniel Valade, spécialiste du balisage, de venir avec des balises étanches d’une portée de 100 mètres de profondeur sous terre, pouvant passer des siphons de 50 mètres de profondeur sous l’eau et d’une autonomie de 4 heures (précision +/- 1m).

Ce matériel est éprouvé et le palmarès de l’équipe est impressionnant aussi bien pour des forages que sur des secours. J’ai utilisé également deux systèmes de communication par le sol dit « Nicola ».
Nous avons réalisé cette opération le dimanche 2 avril 2006. A l’aide de ma topographie, nous avons prédéfini une zone correspondant en surface à l’endroit où nous allions positionner la balise sous terre. Les équipes sont constituées de 4 personnes pour un repérage précis en surface (mesures et communication) et 5 plongeurs (vidéo, balise et communication). Nous avons bien sur l’autorisation pour plongée dans la
résurgence.

Après un portage court des 13 bouteilles de plongée et des charges associées, nous nous immergeons pendant que l’équipe de surface se dirige vers la zone pré-définie. 45 minutes après notre entrée sous terre, nous déclenchons la balise, 20 minutes après la communication est établie avec la surface. Nous positionnons à deux endroits différents la balise. Au total, il nous faudra 2h30 pour réaliser l’ensemble des opérations.
La mesure a donné entre la balise et la surface une valeur de 83 mètres de profondeur (+/- 1 mètre). La topographie en latitude/longitude est positionnée à 35 mètres.
Ainsi, nous avons pu démontrer que la topographie est exacte et que le réseau de Rochecolombe se dirige sud-sud-ouest.

Participant : Catherine Baudu (com surface), Jean-Pierre Baudu
(plongeur), Denis Grammont (plongeur), Roland Oddes (plongeur),
Sebastien Rocheil (plongeur), Jacques Teyssier, Daniel Valade
(balisage), copains de Daniel (balisage) et Frank Vasseur (plongeur)

 


l'entrée par Catherine Baudu


S1 - étroiture du début à -5m, par Frank Vasseur


à -20m dans le S1, par Frank Vasseur


à -20m dans le S1, par Frank Vasseur


S2 - vasque aval , par Frank Vasseur


S2, par Frank Vasseur


entre S2 et S4, par Frank Vasseur


S4 - remontée à l'aller, par Frank Vasseur


fracture finale à -15m, par Frank Vasseur


S4 - arche retour, par Frank Vasseur

 


S4 - retour, par Frank Vasseur


S1 - retour au carrefour, par Frank Vasseur

 



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