Scialet du Satyre

Commune de Bouvante

Localisation

Etroitures par David Bianzani

Fiche rédigée par Laurent Tarazona (mise à jour 04/2008).

Historique - Description

Le scialet du Satyre est un gouffre sympathique constitué d'une succession de petits puits séparés par quelques rétrécissements ponctuels. A –100m, un boyau vertical étroit de 5m débouche sur le dernier ressaut de 5m au pied duquel une étroiture horizontale débouche sur une jolie petite rivière.

Celle ci est longue de 50m et bute sur des siphons en amont et en aval.

En 1980, de nombreuses séances de désobstruction par le G.S.Coulmes conduisent au collecteur (-120). Vers l'aval, Joel Favre-Novel franchit 5 siphons et bute sur le S.6. Il prolonge encore, en compagnie de Maurice Chiron jusque dans le S.9 reconnu sur 80m/-20.

En 1985, F. Poggia s'arrète dans le S12.

Cédric Clary franchit l'obstacle, et près avoir désobstrué une coulée de calcite s'arrête sur le S14

En 1980, à l'aval, Joel Favre-Novel franchit 5 siphons : S1: 15m/-3, S2: 2m/-1, S3: 25m/-4, S4:10m/-3, S5: 10m/-2. Arrêt sur 6eme siphon. Il prolonge encore, en compagnie de Maurice Chiron: S6: 15m/-3, S7: 20m/-3, S8: 15m/-3, S9 reconnu sur 80m/-20. En 1985, F. Poggia s'arrète dans le S12, après S9: 145m/-17, S10: 5m/-1, S11: 25m/-4.

Cédric Clary franchit l'obstacle, S12: 170m/-15, S13: 25m/-4. Après avoir désobstrué une coulée de calcite, il s'arrête sur le S14.

Explorations 2002-2003

En 2002 avec David Bianzani, nous décidons de reprendre les explos en vue de la plongée du S14. Pour cela, nous menons une plongée de reconnaissance qui nous permettra de vérifier et de parfaire l'équipement jusqu'à la sortie du S9. Le jour de la pointe, David, ayant cassé sa stab renonce à sortir le S9 et, par sécurité, fait demi- tour. Je poursuis seul, sors le S13 et m'arrête sur l'étroiture désobstruée estimant que je ne pourrai passer et faire passer également mon matériel dans ce passage à mi hauteur. Nous décidons donc de revenir.

Un an plus tard, le trou est de nouveau équipé. Malheureusement, pour des raisons personnelles, David ne souhaite pas s'engager dans cette exploration et, d'un commun accord, nous décidons que je ferai la pointe avec Fredo Poggia. C'est ainsi que le 17 mai 2003, avec Frédo, nous réussissons à franchir le S14 et le S15 et à explorer une centaine de mètres de petite galerie avant de buter sur le S16.

Pour ces deux années d'explorations, nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont aidé, notamment Laurent Ylla pour son omniprésence lors des équipements et des portages, David Bianzani, Xavier Meniscus, Stéphane Roussel, les pompiers de Grenoble, les citrons ficelés, Eric Tarazona. Assia Liotard et Nicolas Mottet pour leur présence et leur aide le jour de la pointe. Bernard Lips, Christophe Ferry, Robert Alonso, Audric Poggia pour la sortie des 9 kits depuis le fond.

Exploration 2006

Trois années déjà depuis ma dernière exploration. Des évènements personnels m'ont un peu éloigné des gros objectifs, mais l'image de ce S16 vierge reste bien présente.

Fin mai, avec Xavier Robert, nous équipons le scialet jusqu'à la rivière. Il ne reste plus qu'à porter les charges !

Ce sera chose faite en deux sorties dont la première avec mon frère Eric lors de laquelle nous descendrons 2 bouteilles de 7 litres, 4 bouteilles de 3 litres et du petit matériel. Une deuxième descente seul me permettra d'amener 2 bouteilles de 6 litres et du petit matériel et une troisième descente, la veille de la pointe me permettra d'amener mon sherpa rempli de matériel perso (détendeurs, dévidoirs, bouffe, carbure…) et de préparer l'explo du lendemain (montage du bi, préparation des détendeurs…).

17 juin 2006 : Michel Guis m'a rejoint la veille et c'est après une nuit pluvieuse sur Font d'Urle que nous nous engageons dans le scialet à 8H00. Nous descendons avec nous deux gros kits avec le matériel de Michel. Les passages s'enchaînent rapidement et, malgré quelques endroits intimes, nous parvenons à la rivière en 45min. La préparation est facilitée par mon passage de la veille, et à 10H00 nous sommes tous deux fin prêts dans la vasque.

Dernières vérifications, nous voilà partis. Les premiers siphons sont relativement courts et peu profonds, ponctués par de brefs passages à l'air libre nécessitant parfois d'enlever les palmes et parfois de faire un aller retour (avant le S4) pour acheminer les bouteilles de trois litres que nous portons en relais. Le premier siphon « conséquent » est le S9. Il mesure 150m pour une profondeur maximale de 17m. L'entrée et la sortie se font par des puits noyés lisses nécessitant un bon équilibrage (d'où l'obligation d'avoir un gilet stabilisateur).

La sortie du S9 se fait en rampant sur 1 m dans un conduit de 1m de diamètre. Juste après, nous posons notre bouteille de 7l, ré-organisons nos charges et repartons. Le S10 est très ponctuel (2m) et un ressaut de 2m lui fait suite. La descente ne pose pas de problème particulier, il suffit de se laisser glisser (pas trop vite quand même car c'est vertical !!). Ensuite, sur 50m environ, la rivière est agréable et propre bien que jamais très large. Nous franchissons encore 2 ressauts et arrivons sur le S11.

Celui-ci est court et le S12 enchaîne directement. Il mesure 170m pour 15m de profondeur. Il est taillé dans la roche vive et est assez tortueux, mais agréable à parcourir. Le S13 lui fait directement suite. Derrière le S13, nous abandonnons nos stabs, notre 6l et partons en configuration légère avec chacun notre bi 3 litres et un bout de corde de 20m qui nous aidera à faire passer les charges et éventuellement à équiper des ressauts derrière le S16. 10m après la sortie du S13, une étroiture à mi hauteur dans les concrétions oblige à quelques contorsions. Néanmoins, en 2003 avec Frédo, nous y avions mis quelques coups de massettes « bien sentis » afin de la rendre plus agréable !

Nous pouvons donc passer sans retirer le haut de la combi. A partir de là, il nous faut faire passer nos charges dans des conduits jamais très larges. Toutefois, nous progressons assez vite et atteignons le S14 sans encombre. S14 et S15 sont assez courts : respectivement 25 et 35m de long pour 5 m de profondeur, ce qui nous permet de ne pas gaspiller notre air précieux. Juste à la sortie du S15, un ressaut cascadant de 5 m nous oblige à descendre nos charges avec la corde, puis une centaine de mètres de galerie à taille « humaine » nous amène au bord du S16.

A ce niveau, on observe des traces de mise en charge du réseau (env 2m) caractérisées par des dépôts de boue sur les parois. C'est le seul endroit du gouffre où de telles traces sont visibles. Nous préparons notre matériel et faisons le point sur la plongée, étant relativement confiant dans le fait que ce siphon ne doit pas être bien long (c'est ce qu'on appelle l'intuition masculine !!!!). Dans le cas contraire, nous ferons demi-tour sur nos tiers (en comptant les consommations du S14 et du S15 bien sûr).

Je pars en premier tandis que Michel me suit de près en amarrant le fil. Le siphon est ramifié, mais les passages sont suffisamment larges pour ne pas hésiter. La première partie se déroule vers 8 m de profondeur, puis, à la faveur d'une chicane, une pente nous amène à –15m. A cette profondeur, la consommation d'air devient plus importante et l'autonomie de notre bi 3 litres va en prendre un coup si on ne ressort pas rapidement. Au bout de 90m, Michel me fait signe qu'il a atteint sa limite et fait demi-tour. De mon côté, il me reste 30 bars et je continue à dérouler le fil en espérant une sortie proche. Malheureusement, ça ne sera pas le cas et je devrai me résigner à attacher le fil au bout de 120m à 10m de profondeur alors que le conduit noyé continue devant moi….

Je ressors donc au bout de 19min de plongée en grelottant de froid. Nous restons 15 min assis en essayant de nous réchauffer un peu, puis repartons vers la sortie. Le retour se passera sans encombre et nous sortirons finalement dans la vasque du S1 à 19H30 après avoir passé 9H00 en post siphon.

 

Exploration 2007

Début novembre, je reprends la route désormais bien connue du scialet du Satyre. Ce vendredi soir, j'ai décidé de profiter égoïstement de mon trou « fétiche » et je vais donc l'équiper tout seul. Les premiers flocons ont commencé à tomber et le froid est vif : c'est plutôt bon signe en début d'hiver. Je rentre dans le trou vers 19H30 et en ressors vers 22H après avoir équipé jusqu'en haut du boyau vertical terminal (par fainéantise, je ne suis même pas allé voir la rivière !!). Je passerai la nuit sur Font d'Urle, profitant ainsi du calme, du froid et du lever du jour sur la montagne enneigée…c'est magnifique.

Deux semaines après, Michel et nos collègues toulonnais montent pour nous aider à descendre le matériel de plongée jusqu'à la rivière. Il a neigé et le paysage est féérique, nous en profitons lors de notre courte marche d'approche (env 20 min). La descente se passe bien, et tandis que Michel et moi commençons à préparer notre matériel (assemblage des bi avec les détendeurs), certains commencent à remonter afin de s'échelonner. Michel, Honoré et son collègue et moi emboîtons le pas rapidement, remontant une bouteille de 6 litres qui fuit (heureusement qu'on s'y est pris 15 jours avant !!!). Malgré un petit coup de fatigue imprévu, nous ressortons vers 16H, alors qu'Hervé, Laure et Eric commençaient à s'inquiéter. L'après midi se termine à l'auberge de Lente.

Samedi 1 er décembre : Michel et moi avons passé la nuit en gîte à Vassieux alors que Stéphane et les Lyonnais, étant à l'AG des Vulcains , sont montés plus tard et ont dormi à La Chapelle en Vercors. A 9H30, nous nous retrouvons au trou. Grâce à l'aide de nos amis lyonnais, les charges sont vite acheminées et, une fois notre préparation finie, nous nous engageons dans le premier siphon vers 12H. Côté Matériel, Stéphane a un bi 7litres, mon relai de 4 litres (pour le S16) et le kit de bouffe ; Michel et moi avons chacun un bi dorsal avec une 7L et une 6L plus deux relais de 3L. C'est la première fois que nous sommes trois à plonger, pourtant, la progression est rapide , presque plus rapide que les fois précédentes !

Derrière le S9, Michel et moi abandonnons notre 7L et continuons. Arrivés au S13, Stéphane quitte son matériel, il nous aidera à franchir les passages étroits menant au S14 puis nous attendra. Michel et moi prenons notre bi 3L et le relai de 4 L.

Après le S15, nous acheminons le matériel dans le ressaut de 6m cascadant, puis dans le méandre où coule la rivière jusqu'au S16. La préparation au bord du S16 est rapide grâce à l'assistance précieuse de Michel. Je pars avec mon bi 3L, mon relai de 4L ainsi que du matériel divers (corde, bouffe) au fond de mon sac. La visibilité au départ du S16 est quasi nulle car nous avons remué la boue dans la rivière en amont. Tant bien que mal, je me retourne vers -10m et progresse normalement dans une eau très claire. Après 1min de plongée, mon relai de 4l se met à fuir sur le premier étage.

Décidément, pas de chance. Je décide de fermer le robinet et de ressortir. Effectivement, une pièce s'est desserrée et un joint fuit. Rapidement, Michel remet tout cela en ordre et , n'ayant pas trop entamé mes consommations, je décide de repartir. Seconde tentative donc et cette fois-ci, tout se passe bien. Je vais jusqu'à mon terminus (120m) avec mon relai de 4 litres et le laisse sur le fil. Je continue sur mon bi 3L en déroulant mon fil .

Le siphon garde un profil remontant et, 20 m après mon terminus, j'aperçois le miroir de surface. Avec une grande excitation, je perce l'eau, m'attendant à trouver une belle galerie, mais à mon grand étonnement, la suite est étroite !!! J'attache donc mon fil et laisse mon sac pour partir en rampant dans l'eau sur 3 m, puis le méandre devient un peu plus haut, autorisant une progression plus agréable. La section du méandre est environ 80 cm de large pour 1,5 m de haut. La rivière court au fond, mais les parois et le plafond sont intégralement recouverts de boue attestant des mises en charges complète de cette partie de la cavité.

Au bout de 30m, je bute sur un siphon, pas très large mais pénétrable. Ayant pris mon masque, je tente de regarder le départ, mais la boue remuée en amont vient annuler la visibilité et je ne peux que sonder avec mes jambes. Déçu et ne voyant aucun départ à explorer, je retourne retrouver Michel puis nous rejoignons Stéphane. Ce dernier s'est fabriqué un point chaud confortable et nous fait du thé tiède en abondance, ce qui nous évitera sans nul doute les crampes du retour !! Retour sans problème dans les siphons dont nous ressortons vers 20H30 soit 8H30 après s'être engagés (nous avons été plus rapides que la dernière fois….ceci étant certainement du au fait que nous soyons 3 et que ça a grandement facilité le portage entre S13 et S14). Calmement, nous reconditionnons nos charges et regagnons la surface que nous atteindrons après avoir passé 13H30 sous terre.

Remerciements 

Un immense merci à Michel Guis et Stéphane Lips pour m'avoir aidé et permis de plonger le S16 en m'attendant chacun sous leur survie ! Un immense merci également à tous les spéléos qui nous ont aidés dans les portages et le déséquipement de la cavité. Les « toulonnais » qui sont venus prendre le « frais » (10 cm de neige le jour du portage !): Honoré et son collègue (Laurent ?), Hervé et Laure, Eric Tarazona (Lyonno-Toulounnais !!) Les Lyonnais pour la remontée du matériel et le déséquipement du trou : Mowgli (Carlos Placido), Xavier Robert, Bernard Lips, Fred Delegue, Laurent Morel, Christophe Ferry, Gaetan Poschmann, Nathalie Duverlie, Estelle Forbach, Fred JR,