EXPLORATIONS A GOULE NOIRE


18 janvier 2003, 15/16 février 2003
Fredo POGGIA, Laurent TARAZONA (G.S Provence)

 

 

Préambule : En 2002, Gaby HUDE avait franchi le S5 s'arrêtant derrière sur un ressaut argileux délicat à descendre sans corde. En bas de cet obstacle, il avait entrevu une galerie de taille importante:

" Puis la galerie se rétrécie, pour déboucher sur une fenêtre inclinée, par laquelle j'aperçois, 6 m en contre bas, une nouvelle grande galerie horizontale, qui part au loin. La portée de mes éclairages ne suffit pas en apercevoir la fin. L'accumulation d'argile dans cette pente et le risque de ne plus pouvoir remonter, me font stopper cette découverte. " GH

Notre tentative de février ayant avorté à cause du dégel, nous revenons tenter notre chance en 2003.

18 janvier 2003.

Après une longue année d'attente, nous voici de nouveau devant la vasque de Goule Noire. Le niveau est à 40 (contre 25 l'an passé), mais le froid est au rendez-vous.
La semaine passée, nos collègues (Gaby HUDE, Xavier MENISCUS, David BIANZANI, Stéphane ROUSSEL, Laurent YLLA) ont équipé une grande partie du S1 mais n'ont pus sortir à cause du débit (le niveau étant alors à 50).
Notre objectif aujourd'hui avec Jean Claude, Pascal et Michel est de rééquiper jusqu'à la sortie du S4 et de sécuriser les passages entre siphons. Pour cela, nous avons avec nous 130 m de corde, spits et amarrages.
Nous nous mettons à l'eau vers 16H00. Le S1, malgré un débit important sort bien si l'on s'éloigne de l'arrivée de l'eau.
Derrière, nous remontons la diaclase malcommode pour arriver à la base du P10 précédant le S2. Nous nous étageons et hissons les charges (2 bi 4l et un bi 6l) avec une corde.
Jean-Claude, comme convenu, ne plongera pas le S2, mais équipera le ressaut de 10m (depuis le haut : AN + 1spit, 2 AN et 1 spit sur le palier, 1 spit pour le ressaut du bas) et ressortira seul.
Pascal, Michel et moi continuons et équipons S2 et S3.
La sortie du S3 est assez délicate à cause du courant. Nous mettons une corde à nœuds pour le retour. Ensuite, nous passons sous une cataracte d'eau, escaladons une vire ascendante sur la gauche, puis arrivons dans la grande diaclase.
Ici, le matériel posé l'an passé (cordes, échelles) a été complètement arraché, ceci attestant de la violence inouie des crues dans ce réseau.
Michel passe en libre et installe une corde pour sécuriser la progression (Depuis le haut : 2 AN, 1 spit à 5 m du fond). Nous hissons alors le bi 6l, franchissons l'étroiture entre blocs en haut de la diaclase et arrivons au S4.
L'endroit change complètement. Nous sommes dans une vaste galerie et surtout, pour la première fois depuis la sortie du S1, nous n'avons plus le bruit de l'eau (elle part en fait dans le S4 pour ressortir par des fissures en haut de la grande diaclase entre S3 et S4).
Avec le bi 6l, Pascal, puis Michel se relaient pour équiper le S4.
Ensuite nous rebroussons chemin et ressortons du S1 vers 22H00.

15/16 février 2003.

17H00 : après presque un mois de redoux et la crainte de retrouver notre équipement arraché, les conditions sont de nouveau réunies pour tenter une pointe au-delà du S5. Aujourd'hui, Christophe Hemery, Christophe Lefoulon (dit Racko)et Pascal nous prêtent main forte…il y en aura bien besoin !!

Pour la pointe, nous avons prévu Fredo et moi : un relais de 3l pour le S1, un relais de 4l pour S2 et S3, un relais de 3l pour le S4, un relais de 10l pour le S5 et un bi 6l pour la pointe.
Cristophe, Racko et pascal ont un relais pour le S1 et un Bi 4 pour S2 et S3.

Ils partent en premier dans le S1 et rapprochent leur bi du S2. Avec Fredo, nous partons 30 min après et leur donnons nos charges en sortant du S1.
Commence alors la série fatigante de portages et de hissages des charges jusqu'au S2.
Le départ du S2 n'étant pas large à outrance, Cristophe, Racko et Pascal partent en premier. Nous les rejoindrons avec les relais ¼ d'heure plus tard.
Derrière le S3, l'histoire recommence et nous hissons les 2 bi 6l, les 2 relais de 10l et les 2 relais de 3l.
L'arrivée au S4 est un réel soulagement. Cet endroit paisible nous permet un repos bref mais réellement bienfaisant.
A cet endroit, comme prévu, Cristophe nous quittera pour ressortir tandis que Racko et Pascal nous attendront.
Nous franchissons le S4 sans problème, puis remontons derrière la rivière lourdement chargés (un bi 6l et le relais de 10l). Celle ci est magnifique (5 m de large pour 4 de haut), mais le courant violent et les marmites cachées ralentissent notre progression.
Après quelques efforts, nous atteignons le départ du S5. Nous attachons notre fil puis partons. Fredo, équipé d'un phare de 50W, passera derrière tandis que je déroulerai le fil. La visibilité est très mauvaise, à peine 2 m, et plusieurs fois, nous butons sur des coudes de la galerie sans les avoir anticipés.
La galerie noyée est très propre et présente de nombreuses formes d'érosion.
Après 200 m, nous plongeons pour atteindre -17m, et 100m plus loin, nous butons sur une grosse trémie.
Nous cherchons entre les blocs couverts d'argile, puis finalement trouvons la suite qui contourne en fait la trémie par la gauche.
Après une pente argileuse remontante, nous ressortons dans une faille boueuse à souhaits mais où le fil et le dévidoir de Gaby atteste de la suite.
Après avoir amarré le fil et laissé mon bi, je remonte des blocs, franchis un passage exigu et bute derrière sur un siphon.
Nous hissons les charges avec une corde et passons le court verrou liquide. Derrière, une autre escalade sur des blocs argileux nous permet d'accéder à une petite galerie avec un départ en haut et un en bas sur la gauche. A cet endroit, nous retrouvons la ceinture de plombs oubliée par Gaby l'an passé. Nous ne sommes plus loin du terminus.
10m plus loin, se présente effectivement un toboggan argileux de 3m nous amenant dans une galerie tapissée de boue et de taille modeste (1,5 m de diamètre) avec un départ à gauche et un à droite. Nous prenons à droite mais butons au bout de 20 m sur un siphon.
Nous revenons alors et prenons le départ de gauche. Celui ci revient en fait à la ceinture de plomb en shuntant le toboggan de 3 m.
De toute évidence, la suite du S5 n'est pas ici. Nous pensons être dans une faille annexe ou la décantation dépose des quantités de boue importantes que nous ne retrouvons nulle part ailleurs dans le réseau.
La suite logique doit se trouver dans le S5 avant la trémie, mais la visibilité médiocre ne nous permettra pas de chercher aujourd'hui.
Décidant de revenir dans de meilleures conditions, nous rebroussons chemin.
Nous retrouvons Pascal et Racko derrière le S4 et, après une soupe tiède, reprenons le chemin de la sortie.
La descente des charges à 4 sera longue et fatigante, mais le dimanche à 8H30, nous ressortons du S1 après 16H00 d'exploration.

Nos futures explorations dans le S5 nécessiteront non seulement un niveau d'étiage prononcé mais également une bonne visibilité.

Pour ces deux explorations, nous remercions encore les plongeurs nous ayant aidé dans cette œuvre engagée.

Jean Claude PINNA (FLT), Christophe HEMERY (FLT), Christophe LEFOULON ( SG CAF), Pascal CLECH (SG CAF), Michel GUIS (CRPS)