Grotte du PRE ROUGE

Commune d'Arith,
département de la Savoie

Situation

Description

Historique


En 1942, Pierre Chevalier, à la recherche de grande relations hydrogéologiques verticales, vient à la grotte du Pré-Rouge et explore une partie du réseau auquel il a été donné son nom par la suite. Il pénètre jusqu'au passage clé numéro 24, où il signe à la date du 10/08/1942. Puis il arpente les sommets de la montagne de Bange et recense de nombreux gouffres. Entre temps, la grotte reçoit la visite du Groupe Suisse des Boueux de Genève et du Spéléo Club de Lyon.

En 1948, le réseau d'entrée, le réseau Chevalier ainsi que le réseau d'Aix, sont inventoriés par les spéléologues d'Aix les Bains, notamment par MM. Turrel et Mercier. De 1950 à 1953, avec le concours précieux de M. Clerc, meunier du moulin du Pré-Rouge, Jean Vertut, André Hamard, Louis et S. Conduché, M. & MT. Gruet, Claude Goguyer, P. Chalet, D. Meyrand, J. Beché, Jean Pierre Delisle, Yves Henri & L. Dufour, A. Goin, P. Hauser, L. Mercier, B. Moussier, Y. Radas, ainsi que les équipes du Spéléo Club de Paris et Armoricain, mènent à bien les explorations dans le Super, découvrent la Diaclase de la Pluie et réussissent, grâce à la désobstruction à la charge creuse du Trou Souffleur, l'escalade périlleuse de la cheminée du Néotoma. Ils dressent ainsi la toute première topographie du réseau au 1/500. L'équipe se permet une expérience de survie et installe un campement souterrain, ceci lors d'une crue qui les coupe de la surface pendant trois jours. Jean Vertut, le photographe des expéditions, qui plus tard deviendra celui attitré du célèbre anthropologue et archéologue André Leroi-Gourhan (voir Préhistoire de l'Art Occidental paru chez Massenod), réalise un film et tente avec ses camarades des expériences médicales de résistance au froid. Avec Louis Conduché, il pronostique également une liaison avec le plateau par le Trou Souffleur, et projette, avec le docteur YH, Dufour, d'organiser une plongée dans le siphon Loubens et de réunir le matériel rendant ce projet abordable.

En 1954, Guy de Lavaur, précurseur de la plongée souterraine en France, alors président du Spéléo Club de Paris, confirme, avec son compagnon le docteur Yves Henri Dufour, (vainqueur en 1956 du siphon du Gouiel di Her à Arbas) la liaison entre le Lac des Touristes et les Galeries 35 et 38 des Petites Marmites, inaugurant ainsi les toutes premières incursions en scaphandres dans les galeries noyées du réseau. En 1955, plusieurs cavités sont inventoriées sur le massif par Jean Pierre Delisle. En 1965, Claude Mugnier entame une campagne approfondie de recherches sur le massif de Bange dans le cadre de son étude des karstifications antépliocènes et plioquaternaire dans les Bauges. Il émet alors pour la première fois l'hypothèse d'une relation entre les pertes du Mariet et la résurgence du moulin du Pré-Rouge.

Le 7 avril 1968, Bernard Daviet et Jean Baptiste Robert du Groupe de Plongée Souterraine du Club Subaquatique d'Annecy, lesquels plongeurs réussirent avec succès à forcer les siphons des grottes de Bange voisines, visitent à leur tour les siphons de la zone d'entrée.

A partir de 1972, à l'instigation de Bruno Cabrol, le réseau de Chambéry est partiellement exploré grâce au pompage du siphon de l'Egout, ceci lors d'une forte sécheresse. Cette tentative, qui permettra de parcourir la Belle Galerie menant au siphon Suspendu, sera émaillée d'incidents comme l'engazement de l'équipe par le groupe électrogène mis en service pour l'occasion. Les sorties furent notamment dirigées par Bernard Lyonne et les frères Raymond et Robert Durand accompagnés de leurs camarades de la Maison des Jeunes et de la Culture de Chambéry, notamment Philippe Fiel, dit « Fifi », qui prolongea en 1978, et ceci grâce à sa frêle corpulence, le haut de la diaclase de la Conquête Impérialiste. La grotte du Pré-Rouge totalise pour lors, dans son ensemble mis bout à bout, près de 4875 mètres de galeries.

En 1975, Christian Hermen, Jacques Nant et Jean Louis Fantoli s'aventurent sur les pas des pionniers dans les siphons de la zone d'entrée et topographient 235 mètres de conduits noyés débouchant dans les parties connues de la grotte, conduits scindés en quatre siphons longs respectivement de 30, 80, 50 et 75 mètres.

Le 13 juin 1976, Jacques Nant et Jean Louis Fantoli franchissent pour la première fois le siphon Loubens situé à 750 mètres de l'entrée de la grotte. Long de 175 mètres, la zone noyée, profonde de 8 mètres, débouche dans le réseau de Chambéry, complexe de galeries préalablement explorées par le petit siphon temporaire de l'Egout. Ce nouveau passage, beaucoup plus commode pour atteindre ce réseau difficile d'accès, se termine 200 mètres en amont sur le siphon Suspendu (seule la galerie affluente de la diaclase de la Conquête Impérialiste permet d'atteindre 98 mètres d'élévation).

Le 12 juin 1977, Robert Durand opte de reconnaître cet étage noyée du réseau qu'il parcoure sur une distance de 170 mètres.

Le 24 janvier 1981, Jean Louis Fantoli s'affranchit de son coté de cet obstacle long de 210 mètres et profond de 22 mètres. Au-delà du verrou liquide il découvre plus de 1100 mètres de galeries étagées et actives parcourues par le collecteur du massif. Débute alors la grande saga des explorations du réseau des Argonautes, dans lequel Jean Louis Fantoli, qui, en une féconde campagne de 17 expéditions en plongée étalées sur plusieurs années dans le siphon Loubens, réalisera l'exploit et la performance de parvenir à plus de 4000 mètres de distance depuis l'entrée et de porter ainsi le réseau topographié dans son intégralité, à plus de 15000 mètres de développement.

Le 20 juin 1981, Robert Durand et Jean Louis Fantoli réalisent les premiers relevés topographiques de ce grand réseau post siphon, ceci sur plus de 1500 mètres.

Le 17 juillet 1982, Jean Louis Fantoli, assisté de Marc Staticelli, choisi de grimper dans une nouvelle branche du réseau qui se dirige au Nord-Ouest , en direction des géantes salles terminales du réseau de la Litorne lesquelles sont situées non loin en amont. Ils topographient 500 mètres de nouvelles galeries et stoppent sur les lèvres d'un puits qu'ils estiment à 20 mètres de hauteurs.

En août 1982, Jean Louis Fantoli descend seul cette verticale et explore plus de 700 mètres de conduits de vastes dimensions et retrouve la rivière de Bange, laquelle, vers l'amont, émerge d'un gigantesque éboulis infranchissable sur le moment.

En 1983, Jean Louis Fantoli continue vers le Sud-Ouest l'exploration de la branche de Prépoulain et découvre plus de 2000 mètres de galeries nouvelles donnant ainsi naissance au réseau des Héspérides.

Le 24 juin 1984, assisté de Pierre Laureau du Spéléo Club de Dijon, après avoir ensemble topographié 1052 mètres de couloirs dans ce nouveau complexe, Jean Louis Fantoli franchit seul, à 2800 mètres de l'entrée, un nouveau siphon long de 30 mètres par 5 de profondeur, puis s'engage dans le Chemin des Prodiges sur 300 mètres de distance jusqu'à buter sur un ressaut surplombant défendant l'accès d'un étage supérieur.

Le 30 juin 1984, Jean louis Fantoli complète la topographie et réalise 704 mètres de relevés. Le 24 août 1985, de nouveau aidé par Pierre Laureau, Jean louis Fantoli refranchit le troisième siphon, escalade le puits ascendant de 4 mètres de hauteur qui l'arrêta lors de sa dernière incursion, puis découvre près de 1000 mètres de nouvelles galeries. Le 14 décembre 1985, il reprend les explorations, topographie le réseau des Argonautes et découvre près de 300 mètres de galeries annexes portant le développement post-siphon à plus de 6000 mètres.

Deux grands réseaux distincts furent de ce fait parcourus sur plusieurs kilomètres d'extension, progressant aussi bien à travers les dalles calcaires du massif de Bange que celles de Prépoulain.

C'est dans le réseau Chevalier, le 13 septembre 1986, que Jean Louis Fantoli parvient pour la première fois à franchir le magnifique Lac Vert pour rejoindre au bout d'un petit parcours noyé de 45 mètres de longueur les galeries du réseau d'Aix situées à proximité de la Grande Diaciase, établissant ainsi la communication entre ces deux réseaux.

Le 8 février 1987, Jean Louis Camus et Jean Louis Fantoli s'associent pour topographier le réseau actif de Bange et découvrent les Colonnes d'Hercule et d'immenses salles qu'ils explorent sur 815 mètres de distance et 105 mètres de dénivellation.

Parallèlement, à l'extérieur du réseau souterrain à propement parlé, la résurgence fut dégagée de ses galets et blocs qui l'obstruaient complètement.. Vaste chantier qui occupa pas mal de weekend pour les plus motivés d'entre nous ! Explorations à la source du moulin du Pré-Rouge et première plongée pour Jean Louis Fantoli ce 9 mai 1987. Assisté par Agnès Masseboeuf pour la première fois une galerie de 2 x 0,8m est découverte restant pénetrable jusqu'à 4 mètres de profondeur. Après de gros travaux de désobstruction et d'aménagement de la vasque, nouvelles tentatives les 12 & 13 mai 1988. Dégagement au tirefort de blocs barrant le passage par -4 par Pierre Michaud & Jean Louis Fantoli assisté en surface par le propriétaire Bernard Colombo, Gilles Choupin et Agnès Maseboeuf. Reconnaissance d'un conduit de 3 x 1 m pour Jean Louis, sur 65 mètres par 12 mètres de profondeur et avance dans une galerie latérale sur une dizaine de mètres. En plusieurs tentatives la longueurs des galeries noyées est portée à 105 mètres, arrêt sur étroitures dans les deux branches (pour mémoire, il aura été nécessaire de dégager près de 30 m3 de roches, galets & gravier pour offrir cette belle et unique vasque qu'est devenu la source du Pré-Rouge).

Le 21 juillet 1988, Jean Louis Fantoli fouille les parties basses et étroites du réseau des Argonautes et explore 300 mètres de nouvelles galeries.

Le 23 juillet 1988, il retourne de nouveau seul plonger le siphon 3 dans le réseau des Héspérides et explore plus de 1300 mètres de galeries nouvelles jusqu'aux siphons 4 et 5.

En 1989, une nouvelle jonction interne entre le réseau d'Aix et le réseau Chevalier, par passage d'une voûte mouillante, ceci à partir de la salle de l'Echo, permet à Jean Louis Fantoli de réaliser une traversée inédite.

Le 27 janvier 1991, Jean Louis Fantoli et Cédric Clary de la Chapelle en Vercors explorent et topographient 135 mètres de galeries nouvelles après l'escalade d'un ressaut de l'autre côté du siphon 3. Le 2 février 1991, la même équipe découvre un ensemble de passages sur 431 mètres dans le réseau des Héspérides. La plongée du siphon 4 est programmée, Jean Louis Fantoli progresse de 20 mètres par 2 de profondeur dans ce siphon puis s'immerge dans le siphon 5 sur 130 mètres jusqu'à la profondeur de 15 mètres. Parallèlement, grâce à un chantier d'envergure, la vasque du Moulin du Pré-Rouge est dégagée de son éboulis d'entrée. Jean Louis Fantoli peut y reconnaître à 14 mètres de profondeur près de 105 mètres d'étroites conduites jusqu'à un passage qu'il considère sur le moment comme infranchissable. Le 20 novembre 1993, sur les indications de Jean Louis Fantoli, les efforts sont portés sur le réseau actif de la grotte et c'est Cédric Clary qui reconnaît à son tour la branche active du siphon Loubens, progressant ainsi sur 150 mètres dans une nouvelle branche du réseau noyé jusqu'à 48 mètres de profondeur.

Le 9 juillet 1994, Jean Louis Fantoli poursuit l'exploration de cette partie profonde du réseau et atteint 62 mètres de profondeur au bout de 450 mètres de distance.

Au cours de l'été 1996, Patrick Maniez et Jean Bottazzi plongent sur mes traces dans le réseau des Argonautes et tentent infructueusement de shunter le siphon 3 en septembre, mais explorent avec succès le réseau des Carillons qu'ils topographient sur 680 mètres. Le 18 avril 1997, l'équipe entame des désobstructions et des escalades à la salle Fitoja du creux de la Litorne, et assure la topographie de 80 mètres de nouveaux conduits explorés dans l'Afflufaille. Ils tentent en vain une jonction à la voix et à la radio à travers l'énorme trémie qui les empêchent toujours de rejoindre les galeries libres du réseau des Argonautes. Ils attaquerons une désobstruction du coté de Pré-Rouge sur une dizaine de mètres. Enfin, le 26 juillet 1997, en 3 séances de persévérantes désobstructions, coté salle Fitoja, ils assurent la liaison avec le réseau des Argonautes en franchissant l'épaisseur de la trémie terminale, au travers de laquelle, 126 mètres de distance y seront parcourues. Le torrent collecteur, qui dénivelle à ce niveau de 54 mètres, traverse cette portion instable du réseau et chaque nouvelle crue remet en cause son équilibre. Deux autres explorations leur permettent également de shunter le siphon 3 qui relie la branche Sud du réseau des Héspérides.

Depuis, de nouvelles équipes de spéléo-plongeurs dont Manu Tessanne et Stéphane Lips ont réussi successivement l'exploit de remonter le cours souterrain du réseau des Héspérides jusqu'au siphon 11 de la rivière de Prépoulain complétant ainsi les pièces du puzzle.

Karstologie

Bibliographie

Mise à jour le 06/04/2014 - Proposition de Jean Louis FANTOLI - Mise en forme de Franck GENTILI - Intégration de l'historique, du plan et de la coupe fournis par Jean Louis FANTOLI