Aven de CAMELLIE

Lussan - Gard

Coordonnées : X= 762 Y= 219,33 Z=261m.

dévelopement: 6930m dont 1030m noyés


Topo
l'entrée par R. Huttler

 

Situation

De Lussan, suivre la route en direction de Mejannes-le-Clap. Au niveau d’une station de pompage, sur la droite, suivre une piste qui conduit dans une etendue cultivée au centre de laquelle bée l’aven.

Historique

En 1876, E.Dumas mentionne l’aven, dont le puits d’entrée est exploré et topographié le 17 août 1903 par Félix Mazauric.

En 1950 le Spéléo-Club Uzètien désobstrue une étroiture au sommet d’une escalade dans la Salle Mazauric et livre l’accès à la suite de la cavité. Jusqu’en 1974, les club d’Uzès, Groupe spéléo nîmois, Société nimoise de Spéléologie, Equipe nimoise de Spéléologie, Société d’études et d’explorations souterraines, Association Spéléologique Nimoise (topo.) explorent les grandes galeries fossiles et plusieurs galeries annexes.

En 1978, le Spéléo-Club des Vans, sous l’impulsion de Jean-Marie CHAUVET, découvre le P.11 et le réseau inférieur (réseau Jean-Pierre Lefebvre), dont la rivière. Par la suite, Le Groupe Spéléologique de Bagnols-Marcoule poursuit les explorations dans ce réseau inférieur et lève une topographie de la totalité de la cavité entre 1979 et 1981 (4500 m, -125).

En 1979, Jean-Charles CHOUQUET (Ragaie-84) plonge le siphon amont et bute sur une étroiture après avoir exploré environ 500m de galeries.
En 1984, la SCSP d'Alès reprend complètement la topographie de la cavité pour sa publication dans "Les cavités Majeures de Méjannes-le-Clap - Tome II " (4100 m + 550 m nt ; -124 m ).

Le siphon aval, situé à 1500m. de l’entrée (-124) fut plongé par Christian BAGARRE (S.C.S.P.) les 26/03 et 07/05/1994 (Info-Plongée n°68, p.7). Ces deux plongées le conduisent au S.8, à 2105m. de l’entrée (-127).

En 1998, l’idée de poursuivre l’exploration du collecteur a fait son chemin. L'équipe "désobstruction" du Spéléo-Secours du Gard et l'association Exploreurs de Saint-Privas de Champclos consacrent plus d’une année (1998-1999) au recalibrage du conduit au gabarit des kits et de certains gros aquaphiles...
La plongée du 18/03/2000 (Régis BRAHIC, Frank VASSEUR) avait permis l’exploration de 1164m. supplémentaires, toutes galeries cumulées, jusqu’à un dixième siphon, à 3100m. de l’entrée (-155).
Une nouvelle plongée (Régis BRAHIC, Richard HUTTLER et Frank VASSEUR) permet l’exploration du S10 - siphon de l’écrémage - (220 m, -16). Arrêt sur autonomie à 3220 m de l'entrée (27 & 28 mai 2001).

Le 17 avril 2003 François Tourtelier avec Thierry Rique (RESSAC), François Tourtelier (GEK), Alain Wadel (Spéléo Club Cugeois), prolonge le S10 de 210m, dont 100m à la profondeur de -30m au cours d'une exploration de 16h30.

Description (du cheminement jusqu’au collecteur)

La doline d’entrée (magnifique aven d’effondrement) débouche, via un toboggan, sur un p.15 dans une vaste salle (Salle Mazauric).
A la base de la verticale, une escalade (8m) permet d'atteindre une lucarne qui débouche au sommet d'un tobbogan argileux au bas duquel on progresse dans une jolie galerie jusqu’à une salle circulaire. Une étroiture entre les blocs mène au P.22 puis une haute diaclase (petit ressaut à franchir en désescalade) permet d’accéder au carrefour. En face, le conduit se prolonge par un couloir chaotique qui s’élargit une cinquantaine de mètres plus loin (Réseau des Montagne Russes).
 
par R. Huttler

En descendant vers la gauche, toujours entre les blocs, on traverse plusieurs salles modestes. Une courte escalade suivie d’un boyau donne sur un P.6 dans une salle active.

Une série de salle entrecoupées de passages bas (Le Métro) permet d'atteindre le Laminoir (30 m) derrière lequel on retrouve une belle galerie (15 m de haut pour 7 de large environ) au bout de laquelle on butte sur une énorme trémie remontante. Au pied de celle-ci, sous un bloc à gauche, on trouve un P11 étroit qui marque le départ du réseau Jean-Pierre LEFEBVRE, passage obligé et sélectif pour accéder à la rivière.

On a alors mangé son pain blanc, et les réjouissances commencent. Une succession de brèves étroitures permet d’atteindre un boyau. 50m de quatre pattes plus loin, plusieurs ressauts descendants conduisent à la voûte mouillante (-113). La galerie basse se prolonge, agrémentée d’une désescalade de 2m, où l’on apprécie de se redresser avant de replonger pour 120m de boyau. Une dernière étroiture, le célèbre " obus ", s’enchaîne avec un boyau qui rejoint, via une dernière désescalade, la rivière.

Au total, c'est près de 500 m de "joyeux" ramping que l'on doit parcourir pour atteindre enfin la rivière.

Bien que le débit de l’écoulement n’atteigne pas le litre seconde à l’étiage, on est dans la partie active de la cavité. Vers l’amont, un enchaînement de trois siphons (S1 (140m, -12) S2 (15m, -3) S3 (10m, -3) arrêt sur étroiture) développe 500m. Vers l’aval, il faut franchir une vire au-dessus d’un siphon, puis escalader vers les voûtes pour shunter un autre passage noyé.

Après une courte reptation et un ressaut à descendre, on retrouve la rivière et un lac à traverser. Guidé par l’eau, on enchaîne avec une belle fracture suivie d’une galerie et d’un nouveau lac surmonté d’un boyau. Un siphon S.01(10m ;-2) à la sortie étroite, double ce conduit surbaissé. Après que le boyau et le siphon se soient rejoints, le plafond se relève rapidement pour atteindre le premier siphon aval.

Le S.1 (80m ;-5) est une courte voûte suivie d’un lac (30m en hautes eaux) dont le niveau et la longueur fluctuent en fonction des conditions hydrologiques de la cavité. Le S.2 (90m. ; -10) s’encaisse en un puissant canyon, superbe conduit aux parois claires et cupulées. L’eau est limpide. Nous y observerons quelques niphargus et trouvons une vertèbre.

Par endroits, des vestiges des explorations antérieures rappellent qu’en crue, il ne fait pas bon rester dans les parages : dans le S.1, une banane à carbure (gros gabarit), est fichée entre deux blocs ; dans le S.2, c’est un bateau pneumatique qui a été charrié et littéralement " scotché " sur un gros bloc.

La galerie se relève brusquement et par un puits ascendant, on crève la surface.

Suivent 35m. de rivière avec une cheminée remontante active en rive droite et une galerie basse et argileuse en rive gauche, reconnue sur 70m.

Le S.3 (20m. ; -1) se réduit à une série de voûtes mouillantes à l’étiage. Un court bief (20m) rejoint le S.4 (60m. ; -3) qui émerge ponctuellement dans une cloche (fils connectés) d’où démarre le S.5 (60m. ; -5). Les dimensions sont plus modestes (3 x 3m) et le calcaire plus déchiqueté. Le sol est parsemé de galets roulés.

Il faut " sauter la marche " pour prendre pied dans la galerie exondée, où l’on progresse à quatre pattes pour retrouver un exceptionnel canyon (h.=8m.) au fond duquel caracole la rivière.

Le S.6 (30m. ; -3) est une vaste baignoire suivie de 30m. de lac ponctué d’un seuil.

A l’entrée du S.7 (30m. ; -3), le conduit décrit un brusque coude vers l’est pour conserver un temps cette orientation. Les 45m. de galerie active sont prestement avalés pour accéder aux deux plans d’eau. Le premier rencontré, en rive gauche est colmaté. Il faut progresser encore pour rejoindre le S.8, terminus des explorations de 1994.

Entre 1994 et 2000 des crues, démentielles pour certaines, avaient arraché le fil d’ariane. Vous avons consacré 180m. de fil au rééquipement des 7 premiers siphons.

Le S.8 (12m. ;-3) est un bref aperçu de ce qui arrive ensuite. Une piscine limpide, la roche à la chaude couleur ocrée, alterne avec des lits de galets. Dans la vasque de sortie, le silence indique que l’actif que nous suivons depuis le S.1 transite certainement par un sous-écoulement.

Entre une haute salle chaotique et une modeste rue d’eau, nous choisissons la seconde option. Un premier siphon : SA1 (15m. ;-2), modeste (1,5 x 1m.) et argileux, suivi d’une galerie basse et du SA2 (17m. ;-2) tout aussi argileux, débouche dans une fracture active remontée jusqu’à un troisième siphon. Là, l’évidence s’impose : nous avons quitté le collecteur principal pour un affluent (1 litre/seconde), remonté sur 65m au total : l’affluent des égarés.

Retour à la vasque de sortie du S.8, un joli lac de 6m de long, pour traverser la haute salle (15m) chaotique (la salle du silence) et trouver ce qui ressemble plus à la continuation de la cavité : une jolie vasque d’eau calme et claire (6m. x 3m.) encombrée de blocs.


post S9, par R. Huttler
Le S.9 (216m. ;-21) ou " siphon du débit vocal constant " est au siphon ce qu’une blonde à forte poitrine est au fantasme masculin : visibilité supérieure à 30m., 2 à 4m. de large, 4 à 6m. de haut.

Après un faufilement sous la voûte, on débouche dans un conduit de 3 x 4m. qui plonge rapidement à -10, puis très progressivement à -18. Un ressaut conduit à -21, où un talus de galets annonce la remontée dans un vaste puits. On émerge alors dans une superbe galerie active, dans laquelle la rivière s'écoule en cascatelles successives dans un canyon qui alterne avec de vastes galeries aquatiques (6 x 5m.). L’eau est translucide, les parois claires et cupulées, les vasques limpides....le rêve. C’est le collecteur des priapistes. Il faut prévoir un bout de corde pour équiper un ressaut (3,5m) qui tombe dans un long lac (58m.) à la couleur allez, on ne vous la refait pas cette fois, suivi d’un autre canyon.

247m. après la sortie du S.9, à 2600m. de l’entrée, une salle encombrée de blocs offre deux itinéraires :

Le siphon 10 : la galerie débute par 2 m de large pour 1,5m de haut pendant 6m à -3. Elle devient ensuite rectangulaire, le plafond est plat, le sol recouvert d’argile et parsemé de gros blocs (dalles). A -6, une galerie active (3m de diamètre) se greffe à main droite. Le conduit principal, affecté d’une faible pente, s’élargit jusqu’à 3 à 5m de large pour 3 de haut. A la cote 50m, une salle de 6 à 8 m de large plonge à -11.
 
départ S10 par R. Huttler

La morphologie évolue (conduite forcée 3 à 4 m de diamètre ascendante). A 110m de l’entrée (-3), une cloche d’air gazée occupe le plafond bombé.

La galerie retrouve une section rectangulaire, avant d’atteindre une grande salle, large d’une dizaine de mètres, avec un tombant sur la gauche, dans des blocs.

Les strates de la paroi s’inclinent dans la descente jusqu’à -16. Au point bas, un passage plus réduit (1,5m de diamètre) remonte progressivement en conduite forcée durant 70m. A -7, le conduit retrouve une section rectangulaire avec des graviers au sol.

Au terminus, à 220m (-5), la vue porte sur encore une quinzaine de mètres jusqu’à un virage plongeant sur la droite, à partir de -4.

La source de Marnade se trouve à 6 780m. de l’actuel terminus, 17m. plus bas que la vasque du S.10. Au point bas du S.6, on est donc au niveau de la résurgence, aux erreurs de topographie et de pointage près.

La perspective d’une longue zone semi-noyée, voire noyée, cumulée au caractère physique des portages et à l’importante logistique à mettre en place ne nous encourage pas à poursuivre l’exploration. Il faudrait plus de bouteilles, plus de plongeurs, plus de portage, envisager aussi un bivouac à l’entrée du collecteur pour les plongeurs, etc

Ceci dit, si un nouvel accès, plus direct, permettait d’accéder au collecteur, nous serions certainement sur les rangs. Alors à bon prosprecteur,..salut !