Source de MARNADE

Commune de Montclus - Gard

Carte IGN 1/25000 2940 OUEST " Lussan "
X=767,9 Y=219,5 Z=88m
N 44° 15' 12" / E 4° 26' 26"

Développement: 1443 mètres
Dénivellation: 148 mètres (-128;+20)

Coupe Plan Topo
Récit Bertrand Leger 1979
Récit Meynié
Récit Meniscus 2004
Récit Volanthen 2006
la vasque, par J. Meynié

 

Toponymie

La cavité porte le nom d’une ancienne bergerie et de son moulin.
Marnade: qui naît de l'auge à huile (marno: auge de moulin à huile, nado: né.)

Situation

A partir de Montclus, traverser la Cèze par un gué étroit en amont du village, puis suivre la route qui redescend en rive droite.

L’asphalte disparaît au profit d’une piste pour, après plusieurs kilomètres, atteindre un cul de sac dans une ancienne vigne colonisée par les acacias. La source se trouve après la vigne, dans un talweg.

Historique

La carte publiée par Félix Mazauric en 1904 mentionne la grotte de la Marnade. D'après un courrier adressé à sa dulcinée, nous savons que le pionnier régional réalisa une brève incursion, rapidement stoppée par un plan d'eau.

Dès 1955, Robert LACROUX reconnaît en plongée la diaclase prolongeant le ressaut de mise à l'eau.

En 1976, Frédéric POGGIA et Fredéric VERGIER progressent de 150 mètres dans le premier siphon à une profondeur moyenne de 30 mètres, arrêt au sommet de la galerie, sans trouver la suite.

Le 15 Août 1979, F POGGIA et Bertrand LEGER découvrent, à partir du précèdent terminus, la suite du réseau en profondeur et franchissent le premier siphon, passé lequel 37 mètres de galeries butent sur un plan d’eau. Le 26 Août, ils franchissent le S.2 et explorent 247 mètres de galerie exondée jusqu’au S.3.
Une trémie dominant le S.3, est inspectée en détail sans succès.


par Richard Huttler

Le 13 Janvier 1980 F.VERGIER épaulé par Patrick PENEZ, plonge le S.3 sur 150 mètres (-27m).
Dans la nuit du 18 au 19 Janvier, B. LEGER et F. POGGIA remontent dans de grandes cloches sans suite apparente à 200 mètres dans le S.3, après un point bas à -30 mètres situé sur la lèvre d'un vaste puits.
B.LEGER y atteindra la profondeur de - 63 mètres le 17 Février 1980. A la suite de cette plongée, il envisage de revenir: "... si le siphon reste à -60, possibilité d'explorer 150 à 200m de plus."

 

A cette époque, Francis LE GUEN propose une poursuite conjointe de l'exploration.
Mais F.POGGIA continue seul, alors que son coéquipier s'est mobilisé sur d'autres cavités, en atteignant le point bas de -63 mètres à partir duquel il explore une diaclase remontante, jusqu’à -20 mètres.

Jean-Charles CHOUQUET trouve la suite du réseau à la base du puits en 1985 et stoppe à -72 mètres.

C'est une équipe de Gardois motivés (Régis BRAHIC, Claude GILLY, Richard HUTTLER, Jérôme MARTIN) qui entreprend, en septembre 94, d'ouvrir une vasque dans le cours aérien de la rivière. Suite à un considérable travail de désobstruction, qui soulage du transport du matériel dans la grotte, le cavité est accessible aisément et l'organisation d'expéditions lourdes devient envisageable.

Frédéric BADIER du G.S.P.C.C.D.F. (75) s'attache alors à poursuivre l’exploration du S.3 et, en décembre 1994, progresse jusqu'à 250 mètres (-88 mètres).
Le samedi 6 mai 1995, lors d’une nouvelle expédition il poursuit jusqu’à 310 mètres, arrêt à -108 mètres.
Une ultime pointe le 02/05/1996 porte le terminus à -121 (350m).

D' Août à Octobre 95, les plongeurs de la commission plongée Languedoc-Roussillon lèvent la topographie du réseau jusqu’à -43 mètres dans le S3.

En février 2002, une équipe internationale (Thomas Baum, Jean-Marc Belin, Stéphane Friedli, Michael Keimes,Dominique Victorin), permet à Jérôme Meynié de progresser d’une vingtaine de mètres supplémentaires jusqu’à -128m. Arrêt sur galerie horizontale orientée vers l’est. Plongée de 300 minutes dans le S.3.

 

Description

Le talweg encaissé, bordé d’une murette en rive gauche, débute sous une barre rocheuse.

Par un modeste orifice, un boyau conduit au ressaut dominant la vasque qui fut un passage redouté mais obligé jusqu'en 1994.Dans ses notes, Bertrand LEGER y fait référence:"...nos plongées en effet ont été de véritables croisades, surchargés avec un barda impensable à passer dans l'étroiture d'entrée."

Plus en aval dans le ravin, une petite vasque, artificiellement ouverte et temporairement émissive, permet d’accéder directement au S1 (362 m; -33). Après une mise à l'eau exiguë, un rétrécissement dominant un bloc coincé à -3 précède le puits diaclase qui trépane la galerie principale.
Au bas du puits, à -10 mètres, on accède à un élargissement à forte déclivité, dont le fond se situe à -15 mètres. Ici, se connecte, par -20 mètres, l’étroite diaclase noyée de l’entrée naturelle.
Au bout d’une quinzaine de mètres de pente rocailleuse, on atteint une zone plus étroite qui, par un dernier ressaut, rejoint la grande galerie. Elle s’oriente sud-ouest, ses dimensions sont pratiquement constantes et la profondeur relativement régulière, comprise entre -28 et -33 mètres. La largeur est de 3 à 6 mètres, le plafond parfois indiscernable, le sol recouvert d’un important dépôt d’argile compacte.

A une centaine de mètres de la vasque, une cheminée est équipée. Il s’agit d’une grande diaclase remontant à -12, en réduisant de volume. Après une baïonnette (150m) le conduit adopte une morphologie plus circulaire et conserve une profondeur constante (-29m) jusqu’à la côte 290m. La galerie amorce ensuite une remontée progressive pour émerger dans une salle.
Sur le même azimut, on accède au S2, par un confortable plan d’eau de 40 m.

Le deuxième siphon (126m; -6m) est vaste dans la première partie, ponctué d’une cloche dans les 20 premier mètres. La galerie se rabaisse ensuite jusqu’au point bas, puis après un parcours de 126 mètres émerge dans un lac.
Une progression aquatique de 247 mètres fait suite, parcourue par l’intégralité de la rivière. Les dimensions sont ici surprenantes: le plafond, haut dans un premier tronçon de 10 à 11 mètres, redescend après 60 mètres à 4 puis 5 mètres pour atteindre ensuite, 12m, 15m, et même 20 mètres de haut.

Deux arrivées d’eau principales percolent du plafond peu avant qu’une trémie marque le départ du S3 (350 m; -121).
La différence de morphologie est flagrante dans le S3, dont les 60 premiers mètres se développent à la faveur d’une fracture. Les parois sont blanches, aucun dépôt n’est présent, le courant est perceptible ici selon le niveau des eaux.
Une haute et étroite diaclase se divise au bout d’une vingtaine de mètres en deux galeries, qui se rejoignent à 70 mètres du départ, pour former une vaste conduite forcée. De là, et durant 80 mètres (-25m), le conduit gagne progressivement en volume, jusqu’à perdre de vue le plafond avant de recouper un vaste puits diaclase à -27 m.
Il est difficile, à cet endroit, de discerner la suite du réseau qui continue en profondeur tant les dimensions de ce vide noyé sont démesurées. Vers le haut le puits, dont le diamètre dépasse 15m, émerge dans une petite cloche.
De ce point, un départ de galerie en rive gauche émerge, après un point bas à -30, dans une cheminée englaisée supposée être l’autre côté de la grande trémie. Un conduit latéral remonte en cul-de-sac au bout de 50 mètres .

Passé la lèvre du puits, on plonge presque verticalement jusqu’à -60m, sur un palier bien marqué. Une lucarne donne sur une fracture étroite et argileuse remontée jusqu’à -25. Mais la suite du réseau se situe plus bas que le fond du puits. près le passage d’une fracture, la galerie reprend des dimensions plus importantes (4x3m) et descend progressivement sur 120 mètres jusqu’à la profondeur de -108. Ici, la largeur est de 10-12 mètres, tandis que le plafond n’est plus discernable.
Puis le conduit devient plus circulaire (6x6m) et se réduit brusquement, à -121m, en un laminoir (6m x 2m) suivi d’une joli puits dont le fond, à -128 débouche sur une galerie orientée plein est, à 1142m de l'entrée.

 

Recommandations

le chemin d'accès à la source de Marnade (Montclus-30) sera bientôt fermé par une barrière, afin de protéger les cultures, à l'initiative d’un propriétaire.

Les plongeurs-spéléo locaux, qui entretiennent de bonnes relations avec les divers propriétaires des parcelles traversées par la piste qui mène à la source, ont permis que cette barrière ne soit pas "hermétique" afin que les plongeurs puissent avancer leurs véhicules au plus près de la résurgence.

La seule condition sera de fermer la barrière systématiquement après chaque passage (aller et retour) et de respecter scrupuleusement les cultures (vigne mère).

Soyons conscients qu'un seul manquement à cette discipline élémentaire pourra avoir pour conséquence la fermeture radicale et définitive de l'accès à la cavité, comme cela se produit de plus en plus fréquemment de nos jours.

 

 

 

S1, par Eric Establie

 

 


par R. Hutller

 

 


par R. Hutller


par R. Hutller