Makta Vrelo

 

Coordonnées GPS N 41°55.810' E021°17.545' 338947201 ; 7

Développement: 550m.
Dénivellation: -80

 

 


Localisation

La « Matka house » et le retour du bateau vus du haut de la rive droite du canyon.
Photo. : Frank VASSEUR.

 

Situation

Cette émergence sous-lacustre sourd en rive droite du lac, 46m. en amont du débarcadère. Un décrochement dans la berge, ainsi qu'un chenal de voûte au ras de l'eau, précisent l'emplacement. Le porche d'entrée bée 7 mètres sous la surface.

Historique

La source est connue de longue date, bien avant la mise en eau du barrage. Il y a environ une dizaine d'années, des plongeurs macédoniens, commandités par la ville de Skopje pour effectuer des prélèvements d'eau se seraient engagés dans le porche d'entrée.

En 1995, une équipe bulgare (Krassimir PETKOV, Ivaylo VULTCHEV) atteint la cote 180m. (-34). Le fil en place atteste de leur progression.
L'expédition « Matka 2000 » poursuit jusqu'à 425m, arrêt à –67 avec vue à –90 environ.
La fouille minutieuse des galeries latérales permet quelques découvertes supplémentaires qui portent le développement total à 550m. .

Description

La plongée débute dans l'eau glauque du lac, au pied des falaises de Matka. Les matières végétales en décomposition stagnent en surface, réduisant la visibilité à néant.

à –2 m, la couche opaque se dissipe, et à –7 m, une gueule triangulaire de 4 m de côté exhale plus d'1 m 3 /s d'eau douce et claire.
Un talus de graviers plonge à –15. La vision de l'entrée découpée en contre-jour est purement sublime.
Là, s'embranche la galerie Meliès, petit diverticule de 35m. qui bute sur une trémie.

Dans les 120 premiers mètres, un violent courant rend la progression « physique » malgré une section d'environ 30 m². Les conduits sont spacieux, le sol sableux et parsemé de blocs. Après un point bas à –15, on remonte sensiblement, survolant les blocs calcaires effondrés couchés sur lit de sable gris.
Une imposante dune de sable, masse grisâtre, scintillant de débris rocheux insolubles, annonce la fin de la « galerie salamandar ».
Un point haut, surmonté de deux cloches d'air parallèles, à –10 et voilà la salle Peoni.

Dune de sable avant la « Peoni Sala ». Photo. : Roger COSSEMYNS.
Les dimensions sont colossales: 52 m de haut (dont 5 m hors de l'eau avec départ de galerie exondée), 50 m de long et 20 à 30 m de large ! Des stalactites agrémentent le siphon jusqu'à –11 m sous la surface, suite à une remontée des eaux de 8 à 10 m, due à la construction d'un barrage hydroélectrique vers 1945.
Le courant devient imperceptible. Et le sol se dérobe progressivement. Des blocs anguleux de plusieurs tonnes sont enchevêtrés là. Une fine pellicule de limon les recouvre.
Perdu dans l'immensité de ce vide aquatique intérieur, la main se fait tendre et délicate sur le fil d'Ariane, alors que le regard suit les faisceaux lumineux des phares, dans le noir.
A –35 : le plafond s'abaisse, le sol apparaît, ridé de « ripples marks ».

Blocs effondrés dans la « galerie Salamandar ».
Photo. : Roger COSSEMYNS.

Pour faciliter la progression et surtout « lisser » le profil de plongée, nous avons abandonnéle point bas, à –48, et la galerie « do it deeper ».
Une autre galerie, le « by-pass » qui, après le point bas de –35 remonte à –12. Nous faisons ainsi l'économie d'un « yo-yo » dont l'organisme se passe volontiers.
Le fil vient jouxter le plafond, sous les palmes, 12 m plus bas, l'autre fil fuit dans l'espace lointain.

Le puits « céouladon », superbe cheminée de section ovoïde, ramène aux réalités de la caverne. Le courant « pousse » à nouveau, bien qu'à moitié du débit de la source – le débit se divise en deux lors de son passage dans les galeries superposées du shunt et du point bas -.

A 200 m de l'entrée (–12), retour à l'horizontale dans le « by-pass ». Les dimensions plus modestes (4 m de large pour 7 de haut) ont tendance à fausser la perception de la vitesse de progression. Les parois, sculptées dans un calcaire à la chaude couleur ocrée, sont hérissées de lames d'érosion, bienvenues pour l'amarrage régulier du fil d'Ariane.

À la cote 250 m, le sol de la galerie s'éventre. Un puits dégringole à –48, ce fameux point bas que nous prenons soin d'éviter. Ici commence la galerie « Greencard », baptisée ainsi en souvenir d'une aventure croustillante lors d'un passage de frontière. Plus large que la précédente, elle est parcourue par l'intégralité de l'écoulement.
Ça y est : l'étiquette 300 m. Le conduit s'agrandit encore d'un cran. Un puits, prolongé par une galerie en « trou de serrure » vient trépaner la « twilight zone ». À –25, on recoupe cette salle oblongue, inclinée sur une pente d'éboulis.
Le sol est à –40, la paroi d'en face à plus de 20 m.
Plus on remonte cette rivière, la Patiska souterraine, plus les conduits prennent de l'ampleur. Cette source est exceptionnelle de beauté, de variété des paysages, de démesure. Tel le bon vieux film où l'on découvre un détail nouveau à chaque rediffusion, chaque plongée dans Matka Vrelo est un émerveillement.

Dans la « Peoni sala ».
Photo. : Roger COSSEMYNS.
Au point bas de la salle, à la côte 390 m, à –49 m, le fil s'arrête.
Voilà la lucarne, ce « rétrécissement » de 8 × 6 m. Sur la droite, l'étiquette 390 m., puis ça plonge dans le noir. Les éclairages de casque (35 W) sont insuffisants pour apprécier l'intégralité de ce puits.
Sur la droite, un large palier est encombré de blocs à –61. Au-delà, le cylindre se verticalise radicalement. Un coup de phare révèle un vide circulaire de 10 à 15 m de diamètre.
On progresse encore en plafond jusqu'à l'aplomb de ce puits titanesque. Le fil-guide est amarré sur une grosse arête, au plafond, à 425 m de l'entrée (-67).
La verticale est absolue jusqu'à –85 m environ. Les parois se rapprochent ensuite et une puissante fracture s'enfonce au-delà de –90. La visibilité est supérieure à trente mètres.
Nous n'avons pas baptisé ce puits, laissant ce soin à ceux qui auront le privilège de le descendre.
Le point bas de –35, avant le « puits Céouladon ». Photo. : Roger COSSEMYNS.

Resultats des analyses d'eau de Matka Vrelo – lac Matka -Skopje (Août 2000)
by « Water-supply and sewers »- Skopje, Center for sanitar controle and survey , Skopje, September, 2000 (Traduction: Roman OZIMEC).

Caractéristiques chimiques
Les proportions de Kation et d'Anion attestent d'une eau typiquement karstique avec un fort taux de calcium et une forte dureté totale. La teneur en Anion est faible, nitrates inclus.

Conclusion: La qualité chimique est satisfaisante pour les critères de potabilité de l'eau.

Caractéristiques microbiologiques
Les échantillons de Krishtalna attestent d'une pollution fécale récente.

Les échantillons 1,3,4 et 5 attestent la présence d'hydrobactéries et de bactéries colifomrs, témoins d'une ancienne pollution fécale, peut-être due aux plongeurs.
Conclusion: La qualité microbiologique ne satisfait pas aux qualités de potabilité.

Conclusion générale : A l'heure actuelle, l'eau de Matka Vrelo peut être utilisée seulement pour l'irrigation et les activités de loisir.

Les prochains échantillonnages devront être réalisés dans de meilleures conditions, sans risque de pollution possible due à la présence de plongeurs.

Observations

Observation d'une salamandre à 80m. de l'entrée. T°=13°C

 

CANYON MATKA Coordonnées de Matka house : N 41°57.036' E021°17.939' 338947201 ; 11

Ce phénomène naturel majeur de Macédoine se trouve aux portes de la capitale.
A une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Skopje, ce puissant défilé, occupé par un lac artificiel sur la rivière Treska, est des plus remarquables.

Le calcaire, gris clair, dans lesquels le canyon est creusé semble très ancien , voire métamorphisé, riche en oxydes métalliques. Il est organisé en écailles majeures recoupant perpendiculairement le cours d'eau. La tectonique a ici batifolé allègrement, et les strates sont parfois redressées à la verticale.

Nous étions hébergés dans la « Matka house », un gîte-restaurant appartenant à la Société spéléologique Peoni, situé 500m. environ en amont du barrage hydroélectrique et du parking des véhicules.
L'approche des cavités du canyon s'est faite en bateau à moteur, depuis le débarcadère du gîte.
La rive gauche s'élève de 200 à 380m. au-dessus de la rivière, alors que la rive droite, plus abrupte, domine le cours d'eau de 200 à 800m. .
C'est d'ailleurs en rive droite que se trouvent les cavités connues et la source de Matka (Matka Vrelo), résurgence de la Patiska.

Cette source est la résurgence d'une percée hydrogéologique majeure (longueur : 12000m.. Dénivelé : -500m.) Entre la zone de pertes de la Patiska (au fond d'un canyon de 600m de haut) et Matka Vrelo, un massif karstique quasiment vierge de toute prospection spéléologique reste à investir.

Quelques altitudes :
Lac artificiel : 300m.
Matka vrelo : 293 m.
Pertes de la Patiska: 800m. une cavité pointée à 1000m. sensiblement en amont.

Nous avons replongé les siphons connus des trois cavités aquatiques (une résurgence et deux plans d'eau en fond de grotte). Une équipe a prospecté plusieurs secteurs en quête de cavités fossiles supérieures. Plusieurs porches, sans continuation, ont été vus.

Description du canyon entre Matka house et la source de Matka :
Remontée du lac et retour par le chemin en rive droite jusqu'à une centaine de mètres en amont de Makta Vrelo.
Le chemin longe la rive gauche du lac, tantôt taillé à flanc de falaise, surplombant le lac de 10 à 15 mètres, soit traversant des zones de végétation arbustive plus basses et ... plus fraiches.

Cette portion des gorges présente, en rive droite, deux parties aux caractéristiques différentes :

- La partie aval, qui remonte vers l'est (120 à 160°), est bordée de reliefs à la géologie tourmentée. Ont été observés deux trous en falaise de forme rectangulaire, d'origine sans doute tectonique. Pas très loin de Matka house s'ouvre un grand porche au niveau de l'eau au fond duquel un départ semble bouché par un gros bloc. Un peu plus loin, sur un rang de falaise à mi pente s'ouvre un petit porche visible seulement en remontant le lac.

- La partie amont change de direction et file vers le sud sud-ouest puis plein ouest pour ensuite continuer vers le nord-ouest et garder cette direction à perte de vue avec un parcours, semble-t-il, méandriforme. La rive droite de cette partie des gorges présente des reliefs moins tourmentés, avec des rangs de falaise bien marqués en calcaire plus massif et avec des strates sub-horizontales.

Makta Vrelo se situe bien en amont du changement de direction de la rivière quand elle reprend une direction constante vers le nord-ouest. La grotte de Vrelo se situe une vingtaine de mètres en aval, à une quinzaine de mètres au dessus du niveau du lac. Bien à gauche, presque au sommet de la montagne, s'ouvrent, au même niveau, sur une ligne d'une dizaine de mètres, trois porches. D'environ deux mètres de haut, ils sont de formes triangulaire pour les deux de droite et arrondis pour celui de gauche. En haut, à gauche, on peut observer un ouverture circulaire (conduite forcée ?) d'environ 1,50 mètre de diamètre et en bas, plus à droite, une autre de diamètre supérieure.

Porche situé 400m en amont de MAKTA VRELO :

S'ouvre est-nord-est. Accès depuis la rivière, après un replat terreux, par un éboulis en forte pente d'une quarantaine de mètres, qui coupe le sentier de la rive gauche des gorges.
Escalade (par Gilles) de 6\7m et arrivée sur un nouvel éboulis légèrement pentu. En face la baume se poursuit en forme triangulaire pour ressortir de l'autre coté. Sur la droite la baume se prolonge, moins profonde sur 7 à 8 mètres de large.