Le Rupt du Puits


Commune de Robert Espagne

Commune de Robert Espagne (entrée du puits artificiel)

X=797,14 Y=119,52 Z=201m

Commune de Beurey sur Saulx (résurgence temporaire sous l'ancien chemin de fer)

X=797,48 Y=119,8 Z=155m

Carte IGN 1/25 000 3015 Est


Développement : 17 000m

Localisation
Coupe Plan
Système

Par D.Jacquemin

 

Fiche élaborée par Dominique JACQUEMIN , compléments Michel Pauwels 2007.


Historique

En 1966, Bertrand Léger progresse de 400 m , en plusieurs plongées, dans les siphons de la résurgence temporaire.

En 1971 Jacky Bourgin, Jean-Louis Camus, Patrice Lucion et Gérard Paquin, des plongeurs meusiens, progressent de cinquante mètres après le terminus de Bertrand Léger et explorent dans la foulée 1800 m de galeries exondées. Avec la participation de Yves Aucant, puis de Bertrand Léger, le développement exploré en un an et demi dépasse 10.000 m, ce qui constitue un record mondial d'explo post-siphon à l'époque.

Le S1 amont, à 2225 m de la vasque d'entrée, est plongé par Bertrand Léger , puis par Jacky Bourgin, Jean-Louis Camus, Patrice Lucion et Gérard Paquin dans un contexte post-siphon.

Après le percement du puits artificiel, Gérard Ancement plonge le S2 amont sur environ 500 m (estimation d'époque) jusqu'à une trémie, que Marc Douchet parviendra à franchir en décapelé, pour déboucher 30 m plus loin dans un tronçon exondé précédant un troisième siphon. Les frères Douchet poursuivent l'exploration dans ce S3 amont jusqu'à environ 350 m.

A partir de 2001, le « Collectif du Rupt du Puits » réattaque l'amont, en collaboration avec Pierre Boudinet pour la topographie et le rééquipement des S1 et S2 amont. Michel Pauwels poursuit dans le S3, et parallèlement dans le siphon aval du gouffre de la Béva. En juillet 2003, il jonctionne l'aval de la Béva avec le S3 amont du Rupt du Puits, réalisant ainsi une traversée en siphon de près de 2 km. Le développement du réseau passe à +/- 17.000 m.


Description

Aval (émergence temporaire) : S1 (97 m) ; S2 (91 m) ; S3 (68 m) ; S4 (259 m). Visibilité médiocre. Le premier siphon débute par une série de passages bas dans les blocs, la trémie d'entrée est souvent à désobstruer après les crues. Ensuite la galerie s'élargit (3 à 4 m de large pour 2 ou 3 de haut). Point bas -8.

Partie exondée : un forage de 45 m débouche en amont des siphons d'entrée. 1200 m de parcours en rivière dans une vaste galerie amènent au S1 amont.

Amont : S1 (20 m, -2) ; S2 (430 m, -4,5) avec étroiture sous trémie à 400 m.; S3 (1500 m, -6).

Rivière souterraine de la Béva : restent +/- 1,2 km de rivière dont 800 m pénibles (galerie basse), un laminoir et un P30 à remonter pour boucler la traversée.

 

Récit d'exploration

Bertrand Léger (1968) :

« A 300m de Robert-Espagne, au fond d'un talweg, une voûte maçonnée abrite la vasque limpide du Rupt du Puits. Cette résurgence à l'apparence paisible présente parfois des crues extrêmement violentes. En 1885, lors des travaux de construction de la voie de chemin de fer Révigny-saint-Dizier, les ingénieurs décidèrent de combler le Rupt à l'aide de plusieurs tombereaux de pierraille, la voie devant passer juste au-dessus de la résurgence.

L'hiver suivant, la pression des eaux libéra le puits naturel noyé, et le Rupt reprit son aspect primitif. Une vûte maçonnée fut alors construite afin d'endiguer les crues brutales de cette émergence. En 1934, l'une de celles-ci emporta un petit pont de pierre situé sur le lit habituellement à sec du Rupt ; Le niveau de l'eau, lors de cette crue exceptionnelle, atteignit le haut de la voûte maçonnée.

F.Descaves pressentit tout l'intérêt qu'offrirait l'exploration du siphon du Rupt du Puits.

En 1950, M.V.Stchepinsky, ingénieur géologue, découvrit une faille longue de 2 km, se dirigeant vers le Rupt.

Il y avait de grandes chances pour que les eaux aient emprunté cette faille et on pouvait donc supputer un réseau assez important pour cette région.

F.Descaves lança alors un appel aux groupes spéléo-plongeurs de la région parisienne, dans les colonnes de Spelunca, en 1962. C'est le G.S.et Arch. Du Camping-Club de France qui répondit à cet appel, et qui, assisté du groupe des plongeurs de Collioure, effectua quelques plongées au Rupt du Puits. Au bas du puits naturel noyé, à –5m, une chatière, longue d'environ 4m fut désobstruée et livra l'accès, à la côte –7m, à une vaste galerie noyée, estimée, mais non reconnue, à une vingtaine de m de long.

 

Le 12/11/1967, Dubois et Léger effectuent une première reconnaissance dans cette galerie. L'eau a été troublée par un précédent orage et la visibilité est presque nulle ; de surcroît, la chatière s'est re-obstruée. Nous réouvrons le passage, et en deux plongées, à l'assurance corde, nous parcourons aisément la galerie sur 30m. elle continue au-delà, toujours aussi imposante.

Le 26/11/1967, nous sommes de nouveau au Rupt du Puits. Nous disposons de deux bi-monobouteilles de 4,2 m3 et d'un dévidoir d'une contenance de 140m de cordelette. L'eau est merveilleusement limpide cette fois, et sa température est très clémente pour la siason : 11°5. Leger s'immerge à 12h26 ; une fois la chatière franchie, la galerie n'offre guère de difficultés. Sa profondeur moyenne est 7m ; elle atteint par endroits 5 à 6m de largeur. Son plancher est en majeure partie constitué par de la roche en place très érodée. Mis à part un décrochement sensible du conduit vers la droite, à environ 50m du départ, l'axe de la galerie reste à peu de choses près rectiligne. Vers 70m, des dépôts glaiseux occupent le plancher. A 87m, le plafond se relève brutalement, et c'est par un véritable puits noyé que le plongeur remonte et crève la surface d'une nappe d'eau stagnant dans une galerie haute de 5m environ. Siphon franchi, Leger est à 95m de la vasque d'entrée. Un coup d'œil vers l'amont éteint tous ses espoirs : la voûte replonge. L'exploration du Rupt du Puits passera encore par des siphons ; Une lame d'érosion émerge dans ce tronçon de galerie exondée et permet de fixer la cordelette du dévidoir, une fois celle-ci coupée. Retour en surface après 36min de plongée.

Le 3/12/1967, en une séance délicate de 5 h, Dubois et Léger franchissent le siphon de 95m et remplacent la cordelette par un câble électrique à 4 conducteurs ; ce câble, marqué tous les 5m, permettra d'effectuer le relevé topographique de la galerie noyée. Nous pouvons ainsi établir une liaison téléphonique avec l'extérieur, ceci grâce à F.Descaves qui mit aimablement à notre disposition deux combinés et que nous remercions ici. Nous équipons la cloche, au cours de cette journée, en relais confortable, car nous désirons disposer d'une base sûre pour nos futures plongées vers l'amont.

Le 22/12/1967, la section plongée presqu'au complet se retrouve sur les berges du Rupt. Mais la grotte est en crue et un torrent boueux sort du siphon. Force nous est donc de remettre à plus tard l'exploration du siphon n°2 du Rupt du Puits. »