Planinska Jama

 

Grotte de Planina,
village agricole situé dans le poljé de la Unica au nord de Postojna.

D= 6000 G= 13 Z= 453m

Développement total: 6567m

Localisation

planinska jama juillet 95 par frank vasseur


Situation

A l'entrée du village, en arrivant de Postojna, un panneau indicateur sur la droite de la route invite à suivre une piste qui conduit à un cabanon d'accueil. De la terrasse dominant une tour caractéristique, on suit une sente qui descend à la rivière. En remontant le cours d'eau on atteint rapidement la reculée abritant l'immense salle d'entrée.
La cavité est fermée par une grille dont la clé est disponible auprès du club de Planina.

Spéléométrie - Développement total: 6567m

Branches principales:

De l'entrée à la confluence des deux rivières: 480m
Branche de la Pivka: 1565m
Branche du Rak: 2500m
Galeries latérales:
Tiha jama: 185m
Mrtvaski rov: 150m
Rov mrtvih netopirjev: 195m
Katernov rov: 195m
Rudolfov rov: 200m
Paradiz: 435m

Siphons:

(la majorité des plongées ayant été effectuées à l'étiage, les longueurs des siphons plongés cet été ont été décotées pour correspondre à des niveaux bas).

siphon terminal de la Pivka: 50m (-24)
Dotocni sifon (Javorniski tok): 187m (-56)
siphon terminal du Rak, cul-de-sac latéral: 80m (-6)
siphon terminal du Rak: 345m (-16)

Historique

Les premières incursions remontent au 17° siècle (J.V.VALVASORJA), fait qui n'est pas exceptionnel dans ce pays de grande richesse karstique.
Elles furent réitérées à plusieurs reprises (F.A.STEINBERGA-1761, T.GRUBERJA-1781, A.URBAS-1849) jusqu'au 19° durant lequel les recherches s'intensifièrent.
Avec A.SCHMIDL (1854), les deux branches de la cavité étaient investies, puis prolongées par W.PUTICK (1889) et notre célèbre compatriote E.A.MARTEL (1894).

PIVKA:

En 1930-33, la branche de la Pivka est topographiée jusqu'au siphon terminal.
Une incursion de E.BOEGAN, A.PERCO est mentionnée en 1928.

Durant l'entre-deux guerres, la Slovénie est annexée par l'Italie et la frontière est tracée sur le Javorniki. L'armée italienne a dans l'idée de percer un tunnel reliant Postojna à Planina en profitant des vides karstiques préexistants, afin d'acheminer discrètement troupes et matériel en cas de conflit. Les aménagements pratiqués dans le cadre de ce projet (passerelles, tunnels) sont encore valides aujourd'hui.

En 1962, une première plongée a lieu dans le siphon terminal (J.STIRNA) jusqu'à -17m, puis en 1966, J.HASENMAYER et A.WUNSCH (R.F.A.) progressent de 100m.
Depuis les années 1980, Marko KRASEVEC (Slo.) a plongé ce siphon sans découvrir de suite évidente.

Durant le mois de juillet 1995, l'association CELADON (Fr.) plonge jusqu'à -24m en longeant une paroi jusqu'à un sol chaotique sans suite évidente. Une petite galerie exondée, en rive droite du lac donne sur un plan d'eau reconnu jusqu'à -6.
La visibilité n'excède pas 50cm dans le meilleur des cas, du fait de l'importante concentration de pollution organique.

RAK:

G.SPÔCKER (1831) puis A.MUHLHOFER (1933) et I.MICHLER (1955) poursuivent l'exploration de la branche du Rak, dont la topographie est levée en 1969 (compléments en 1972-IZRK).
Les conduits latéraux et annexes (rov mrtvih netopirjev, katernov rov, mrtvaski rov) sont inventés à la fin des années soixante (P.HABIC, R.GOSPORADIC).

Toujours en 1969, le siphon terminal est atteint par le club de Ljubljana, qui réalise une première plongée dans le Dotocni siphon en vue d'investir l'arrivée d'eau provenant du Javorniki. A cette occasion, Primus KRIVIC et Anton PRAPROTNIK (Slo.) véritables pionniers de la plongée souterraine slovène, descendent à -25 dans un modeste conduit.

Les plongées ne reprendront qu'en février 1989: Marko KRASEVEC (Slo.) prolonge ce conduit sur 64m, arrêt à -48.
Il s'engagera également dans le siphon terminal sur 80m (-6) mais butera sur un cul-de-sac.

Début août 1992, Jean-Pierre STEFANATO (Fr.) découvre la galerie amont dans le siphon terminal et progresse de 195m (-15) dans une vaste galerie dénuée de courant.

En juillet 1995 l'Association CELADON mène une nouvelle campagne dans ces siphons. Le niveau de l'eau est supérieur de 2 m à celui de l'étiage et la cavité siphonne dès la dernière salle (Podorna dvorana). Malgré ce et des distances et profondeurs supérieures à celles d'étiages, le siphon dotocni est prolongé de 123m (-56), et le siphon terminal de 150m.

En 1997, Beno avait prolongé de quelques mètres la branche du Javorniski tok, jusqu'à un poassage impénétrable à –57.
Depuis, plusieurs plongées de Samo Morel ont permis de poursuivre les explorations dans le cours du Rak.

Description

La grotte de Planina est constituée de deux rivières souterraines: la Pivka et le Rak, qui confluent à 480m de l'entrée. A partir de là, on remonte l'une ou l'autre branche sur plusieurs kilomètres jusqu'aux siphons terminaux.

PIVKA: Un chemin foré dans la roche, ponctué de passerelles délabrées, se remonte sans encombres, si ce n'est le franchissement de la rivière à plusieurs reprises, jusqu'à environ 300m avant le lac terminal.Seule la navigation permet d'y accéder après le franchissement de deux rapides, dont l'un impose un débarquement.
Passé un léger virage, le plan d'eau prend de l'ampleur puis bute contre une haute muraille. En rive droite, sous une imposante concrétion, deux fils s'enfoncent dans l'eau noire.
Ainsi guidé, on descend par paliers en longeant la paroi jusqu'à un chaos de gros blocs, 24 mètres sous la surface. Aucune continuation évidente n'a été trouvée.

De retour à l'air libre, en s'approchant de la paroi terminale, une petite galerie rejoint un plan d'eau plus ténu reconnu jusqu'à -6m.
De nombreux protées ont été observés dans cette branche, où la pollution annihile toute visibilité.

RAK: A partir de la confluence des deux rivières, le couloir aménagé traverse la Pivka et aboutit à un belvédère dominant un vaste lac.
L'itinéraire le plus simple débute au niveau du lac, et poursuit par une série de vires et d'escalades qui shuntent une superbe cascade.
En cas de problème, il suffit, pour s'orienter, d'aligner les catadioptres installés en fixe dans cette branche de la grotte.

Suivent une série de salles immenses jusqu'au premier plan d'eau incontournable. Il annonce après trois franchissements de rapides sportifs, pour lesquels nos quelques rudiments de nage en eau vive furent mis à contribution, une longue étendue bleutée de plus d'un kilomètre.
Trois voûtes mouillantes et deux chenaux parcourus par le courant constituent les seules difficultés rencontrées.
Au-delà du dernier abaissement du plafond, les canots sont abandonnés pour une progression sur les éboulis qui occupent les trois salles à traverser (smidlova, kapniska, podorna). Les dimensions des conduits sont à l'échelle de la cavité: démesurées. La largeur moyenne est de 30m au moins pour une hauteur similaire.

Le cours temporaire de la rivière a été noirci par un phénomène d'oxydation dont les limites attestent des mises en charge colossales dans le réseau.
Au bas du dernier éboulis, en rive gauche, un plan d'eau (15x8m) annonce la zone siphonnante. A l'étiage, une succession de lacs conduit aux deux passages noyés terminaux. Mais le niveau de juillet 1995 étant supérieur de 2m, la galerie est immergée à partir de ce point.
Pour peu de temps, car le S.1 (30m;-3) est suivi d'un lac long de 10m qui contourne un chaos en rive gauche.
Dans le second siphon, on parcourt 20m à -9 jusqu'à l'installation de pompage. Ici commence réellement le dotocni siphon, d'où provient un courant d'eau considéré comme potable.

Une zone de puits calquée sur une fracture plonge par crans successifs jusqu'au terminus à 64m (-50) de la pompe. Le dévidoir de cordelette appartenant au plongeur précédent est abandonné là, sur le sol.

La galerie qui suit présente une section confortable (largeur = 3 à 4m, hauteur = 3m) et un profil accidenté. Après une rapide remontée à -40, elle plonge à -48 ponctuellement pour rejoindre -45. Une cheminée se prolonge jusqu'à un cul-de-sac, à -40. En retrouvant le conduit principal, on descend à -50 avant de remonter à nouveau à -45. Là, la fracture amorce une descente, accentuée dans les derniers mètres jusqu'à -56. Au delà, le conduit semble revenir à l'horizontale et se prolonge sans obstacle apparent, dans les ténèbres.

Le siphon du javorniki mesure 187m (-56) depuis l'installation de pompage.

Revenus au début du passage noyé, la grande galerie immergée se prolonge dans des dimensions conséquentes (largeur = 6m, hauteur = 5m) en s'élargissant au fur et à mesure que l'on remonte le courant.

Parvenu à l'amarrage du fil des plongeurs précédents, une galerie s'embranche vers le nord-est et bute 80m plus loin dans un cul-de-sac (-6). L'amont du conduit se trouve en fait vers l'est. Le gabarit du conduit revient à des dimensions plus réduites (l=6m, h=4m) dont le sol est encombré de gros blocs et 220m plus loin, après deux points bas à -14 et -12, une cloche d'air occupe le plafond, sans continuation apparente. Ensuite, la galerie plonge à nouveau (-14) alors que les parois s'éloignent à perte de vue, Azimut plein nord.

En conservant ce cap, on bute à 320m sur une muraille. La suite logique doit être dans une autre direction éventuellement vers l'est, vers Tkalca jama où disparaissent les eaux du Rak.

En profondeur, à -15, une galerie plus modeste (l=2, h=3m) s'engage vers le nord. Une partie du courant s'y engage avec force, en direction de la source de Malnih.

Le terminus se trouve à 350m du départ, à -16m.

Karstologie

Au cours de nos plongées, nous avons observé un phénomène peu commun. En effet, nos prédécesseurs dans ces siphons témoignaient d'une eau froide (8° Celsius) et de conduits sans circulations d'eau perceptibles.
Pour ce qui est de notre expérience, l'eau était à 16° C et le courant puissant.

Dans le dotocni siphon, un fort courant aspirant était sensible jusqu'au troisième point bas (-50) et brusquement, le courant a disparu et la température de l'eau est tombée à 8°C.

Il semblerait qu'en période de hautes eaux le Rak s'infiltre dans les galeries qui bordent son cours et refoule à l'intérieur du massif les arrivées d'eau latérales telles le Javorniski tok.

Ceci résulterait d'un déséquilibre de pression favorable au Rak.

Bibliographie

GOSPODARIC Rado: 1976 "Razvoj jam med pivsko kotlino in planinskim poljem v kvartarju" 139 P.

 

planinska jama quichou et gilles naviguent par frank vasseur