Fontaine de Nimes


Commune de Nimes

COORDONNEES : X=761,8 Y=173,14 Z=51,1m

Localisation

par G. Jouanen

extrait du site de Gilbert Jouanen : http://compo.free.fr/fontaine/

Situation

En plein coeur de la ville de Nîmes, de nombreux panneaux indiquent les jardins de la Fontaine. La vasque, bordée d'hémicycles antiques, sied au
pied de la colline sur laquelle est perchée la tour Magne.

Historique

C'est en 1905, que Félix Mazauric, géologue et spéléologue nîmois, mettant à profit une année de forte sécheresse, entreprend pour la première fois l'exploration de la Fontaine de Nîmes. Pénétrant dans le réseau souterrain par l'aven qui jouxte l'issue naturelle de la source, il accède à une salle demi noyée. De cette dernière, il entrevoit ce qui semble être le sommet d'une grande galerie sans toutefois pouvoir y accéder.
En août 1955, une équipe de plongeurs du CAMA d'Alès effectue sans succès une première tentative de jonction entre la vasque et la galerie aperçue par Félix Mazauric. En 1956, nouvelle tentative et nouvel échec. Mais, en 1957, deux plongeurs, M. Poudevigne et Y. Girault, établissent la jonction et réussissent l'exploit de progresser de 80 mètres dans une large galerie.

Au début des années soixante, l'activité spéléologique est en plein essor et l'idée s'impose progressivement, dans plusieurs clubs de la cité gardoise, d'une exploration de la Fontaine de Nîmes. La décision est prise en 1965 et la technique retenue est celle du pompage. L'aventure, pour les membres de l'Association Spéléologique Nîmoise (fusion du Spéléo-Club Nîmois et de l'Equipe Nîmoise de Spéléologie), commençait et dure depuis avec la même passion.

L'expédition NEMAUSA II - La première expédition portera le nom de Nemausa II, Nemausa I regroupant tous les travaux effectués avant 1966. Elle débutera le 1er octobre 1966 et se terminera 12 jours plus tard.
Cette première expédition aura été celle de ...l'apprentissage et de la découverte. Pour la première fois depuis la fondation de la cité, le 5 octobre 1966, une équipe parvient, en canot, et à l'air libre, à pénétrer dans une vaste galerie, longue de 90 mètres, et qui portera désormais le nom de galerie Mazauric, en hommage aux travaux du géologue spéléologue. Elle sera parcourue à pieds secs quelques heures plus tard. Au-delà, la galerie plonge verticalement dans l'eau. C'est le siphon 1966 qui sera le terminus de cette première expédition. Ses enseignements seront essentiels pour la suite à venir.

NEMAUSA III - Forte des enseignements de Nemausa II, Nemausa III débute le 1er septembre 1967. Le jeudi 7, le siphon 1966, terminus de Nemausa II, est franchi. Devant les spéléologues se déroule alors une vaste galerie remontante à laquelle succède une salle horizontale. Puis la galerie plonge à nouveau verticalement dans l'eau. C'est le siphon 1967. Ce nouvel obstacle, après des efforts coûteux en énergie et en matériel, sera vaincu le jeudi 14. Un fantastique paysage souterrain s'ouvre alors devant les spéléologues : le Seuil, le passage de "Capou", puis la Cascade Nord et la Cascade Ouest, le passage du "Yéti", puis un vaste et inquiétant plan d'eau. C'est le siphon terminal, sondé à -20 mètres, dont la profondeur ne permettra pas d'envisager le pompage avec le matériel de l'époque.

NEMAUSA IV - Au cours de cette expédition effectuée exclusivement en plongée en juin et juillet 1969, deux plongeurs de l'Association Spéléologique Nîmoise, G. Bernieux et R. Lienhart réussiront à progresser sur quelques centaines de mètres dans le réseau Nord, ce qui permettra d'envisager une nouvelle tentative de pompage en 1970.

NEMAUSA V - Programmée en septembre 1970, l'expédition Nemausa V permettra d'effectuer une reconnaissance importante, en plongée, du réseau Nord au-delà du terminus de 1969. Par contre, la tentative de désiphonnage du siphon Ouest, baptisé siphon 1970, malgré les moyens importants mis en place, sera un échec. Nemausa V apporte la preuve que seules les plongées sont à l'époque susceptibles d'obtenir des résultats. Aussi, pour plusieurs années, le relais est passé aux plongeurs. En reconnaissance des travaux effectués depuis 1966, l'Association Spéléologique Nîmoise recevra la médaille de la ville de Nîmes et, en 1972, la plus haute récompense spéléologique française : le prix Robert de Joly. Cette expédition a fait l'objet d'un reportage télévisé dans la célèbre émission Les Coulisses de l'Exploit, diffusée le 17-8-1971.

DE NEMAUSA VI A NEMAUSA XI - Ces six expéditions, effectuées exclusivement en plongée, vont faire évoluer considérablement la connaissance du réseau. La branche nord est explorée et topographiée sur plusieurs centaines de mètres, dans des conditions particulièrement difficiles (puits de 40 m, étroitures, boue, etc...). En 1984, au cours de l'expédition Nemausa X, le plongeur P. Penez franchi, pour la première fois et en solo, le siphon 1970 et son empilement de blocs (la Trémie). Au-delà, il explore quelques centaines de mètres de réseau.

NEMAUSA XII - Au cours de l'année 1990, la faisabilité d'une nouvelle exploration par pompage et plongée est mise à l'étude. La décision est prise fin 1990 et l'expédition Nemausa XII est programmée du 15 août au 15 septembre 1991. Elle débutera le 13 août de cette même année. Quelques nouveautés importantes sont mise en oeuvre au cours de cette expédition. Tout d'abord le transport des pompes, par les plongeurs, dans les galeries inondées pour les mettre en attente dans les zones stratégiques. Ensuite la puissance du matériel de pompage par rapport aux précédentes expéditions, et le synchronisme avec les travaux de plongée. Enfin, l'infrastructure de surface où les spéléologues pouvaient se restaurer et se reposer sur place. Il ne faudra que quelques jours pour assécher le réseau jusqu'au siphon 1970 (1000 m3 en début de pompage).

Le dimanche 25 août, le plongeur Guy Peigney, parti avec une équipe, trouve et franchit un passage au milieu de l'empilement de blocs du siphon 1970. A son grand émerveillement, il débouche à l'air libre dans une grande salle. Au-delà, une galerie aux dimensions imposantes se développe. Plusieurs journées seront nécessaires pour continuer l'exploration et effectuer les relevés topographiques et scientifiques.
Au cours d'une des plongées, Serge Gilly, incrédule, tombe nez à nez avec des poteries à même le sol d'une galerie en voie d'exploration. En synchronisme avec les plongées, le siphon 1970 est équipé en matériel de pompage. Le 28 août les essais sont satisfaisants et l'eau se met doucement à baisser. Malheureusement, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, des précipitations importantes, nous obligeant à déséquiper le réseau, mettent fin au pompage de 1991. La totalité du réseau souterrain de la Fontaine de Nîmes est porté alors à environ 2900 mètres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NEMAUSA XIII - Nemausa XIII regroupe tous les travaux entrepris sur le réseau souterrain de la Fontaine de Nîmes et sur son bassin d'alimentation durant les années 1992 à 1997. Des explorations en plongée sont organisées et débouchent sur de nombreux résultats. Parmi ces derniers c'est, d'abord, le relevé topographique des galeries découvertes, puis la récolte de deux des poteries vues par Serge Gilly au cours de l'expédition Nemausa XII. La première est d'époque gallo-romaine, datée du 1er siècle avant notre ère, et la seconde d'époque médièvale (Pégau), datée entre le XIIe et le XVe siècle.
Cette découverte très importante, au point de vue spéléologique, et l'écart de datation existant entre les deux poteries, confirme qu'au moins un puits naturel était ouvert durant plusieurs siècles sur le réseau souterrain où, pense-t-on, les habitants allaient puiser de l'eau. Aussi, après la mise à jour de la topographie, les spéléologues sont persuadés que ce puits se trouvait au lieu-dit Creux de Moulery" (Clos des Pins), exutoire maintenant colmaté de la Fontaine en période de crue et qui a pu être créé accidentellement par l'exploitation d'une carrière par les Romains.

A partir de ces nouvelles données, un puits artificiel situé à quelques mètres de cet ancien exutoire, et connu depuis quelques temps, devient pour les spéléologues de l'Association Fontaine de Nîmes (créée en 1994) une priorité. Hélas, ce puits sert de dépotoir depuis de nombreuses années, d'où son nom peu glorieux : le puits Poubelle. Quelques travaux de nettoyage avaient bien été entrepris par l'Association Spéléologique Nîmoise en 1990, mais les conditions sont telles que les travaux cesseront au bout de trois mètres. En 1994, les travaux de déblaiement reprennent et en septembre enfin le puits est vidé complètement. A sa base, l'eau arrive par une série de micro-trous le long d'une ligne de fracture. Après deux années de travaux de désobstruction pour agrandir la base du puits, les spéléologues accédent à une petite galerie étroite et, le 9 février 1997, deux plongeurs, Claude Gilly et Richard Huttler, réussissent, après une trentaine de mètres de progression, à recouper la galerie principale du réseau Ouest de la Fontaine. Et celà, quasiment à son terminus de l'époque. Enfin, après tant d'années de recherche, un deuxième accès au réseau souterrain vient d'être mis à jour.

Fort de ce résultat, la perspective d'une expédition par pompage, depuis le puits Poubelle, est envisagée pour 1998, et c'est la solution du pompage par forage, jouxtant le puits, qui est retenue. Les forages sont effectués en juillet 1998.

NEMAUSA XIV - L'expédition commence le 8 août 1998 et le pompage le lundi 10 août. Le réseau est accessible le 15 août et délivre toute sa beauté : cascades, galerie des Chailles, réseau aval... La galerie des Chailles, vient apporter la solution pour la suite du réseau amont. En effet, le terminus, avant l'expédition Nemausa XIV, était un passage quasiment infranchissable (laminoir) pour les plongeurs.La galerie des Chailles permet de court-circuiter cette difficulté et ouvre l'accès sur une galerie de belles dimensions.

Du 15 au 23 août, les équipes se succèdent : explorations, relevés topographiques, plongées, prélèvements de sédiments, prélèvements d'eau, reportages photographiques et vidéo, récolte d'ossements. Sept ans de travaux, un an de préparation, huit jours de collecte d'informations. Cette expédition est sans doute la plus riche depuis 1966. 1000 mètres de nouvelles galeries ont été découverts. Le réseau souterrain de la Fontaine de Nîmes, avec quasiment 4500 mètres de développement, prend une des premières places parmi les 20 plus grandes cavités du Gard et en bonne place des réseaux noyés de France.

 

 

 

 


par G. Jouanen

 


 

 

 

JP Letendre

 

par claude Gilly

 

 

 


M. Lacroix et G. Bernieu - 1970


F. Poggia et B. leger - 1980

 


le puit poubelle par C Gilly

 

 

 


le forage par R. Reboul

 

 


La fontaine en crue, par G. Jouanen

 

 

 


par G. Jouanen

 

 

 


par Claude Gilly